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EAN : 9782070375400
256 pages
Gallimard (22/03/1984)
4.07/5   14 notes
Résumé :
À travers la quête de Jean Colligant, jeune ingénieur agronome, qui poursuit la mystérieuse Irène Morin, la perd, la retrouve, plusieurs personnages s'affrontent avec violence. Le tourment de toutes ces vies est tempéré par le bonheur inoubliable qu'apportent des paysages familiers, les senteurs de la terre et de la forêt, dans la Bourgogne et le Jura.

"Les chemins du long voyage", un roman d'André DHÔTEL, Gallimard, collection Blanche, 1949, 272 page... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Chronologiquement le 9ème des 49 "romans et récits" d'André DHÔTEL, publié en 1949, ce roman frappe immédiatement par la multiplicité - prodigalité donnant au récit des allures de "Comédie humaine" - des personnages peu à peu introduits : Jean Colligant le jeune ingénieur agronome, René Cervier le propriétaire du domaine de Champlevent (près Pondeuvre) qui accueille ce jeune homme, Mme Aline Cervier (mère), le neveu Daniel Cervier, Julienne (la servante du domaine), Pierre Cervier "l'aventurier de la famille" (frère de René et père de Daniel), Amélie Cravart (ancienne servante et future compagne de Pierre Cervier), Mme Choivant "aux trois rengaines", Marville ("l'entomologiste du département"), Giromandin (et sa fille Agnès), la demoiselle Edwige Chabet et ses parents (gros marchands de Chalon), Daniel Morin et sa fille : Irène... et encore nous n'en étions alors qu'au chapitre IV (sur les XX que compte le roman...). C'est dire que nous sommes plongés d'emblée dans l'univers réjouissant des "figures" peuplant les premiers chapitres d "Eugénie Grandet" (Saumur, début XIXème siècle) De Balzac, transposé dans l' "après-guerre" champenoise...

Le suspense est sentimental. Traversé de lumières du matin ou du soir, la pluie qui vient des cieux bas champenois, la vive lumière ou l'obscurité des sentiers du Jura ! La belle Irène aurait bien du souci à se faire avec pas moins de trois amoureux à ses trousses : (le jeune prétendant "héros") Jean Colligant... l'oncle René Cervier (qui en devient dingue au point de tuer, au chapitre XIX)... Grégoire, (le pauvre gars au "pied-bot") très jaloux...

Nous nous perdons parfois dans les péripéties des personnages (sans doute trop nombreux) mais les éclairs de poésie dominent : la jeune Amélie Cravart fauchant le briquet du soldat Pierre Cervier... le couple misérable des parents Cravart... le détail du saxo qui joue dans la cour de ferme... le pauvre bougre de Graiste qui a reçu une commande de 2.000 boîtes de fromage à assembler sur sa table de ferme dans son hameau perdu jurassien...

Mais c'est aussi - à 49 ans - une "oeuvre de jeunesse" ! En raison des 3 ou 4 derniers chapitres nous semblant quelque peu "bâclés" (J'ai imaginé que dans l'après-guerre et sous contrat chez Gallimard, il fallait AUSSI survivre...), avouons que nous ne sommes pas encore ou plus tout à fait dans l'inaltérable perfection des "Nulle Part" [1943], "Les Premiers Temps" [1953], "Le Pays où l'on n'arrive jamais"[1955], "L'île aux oiseaux de fer"[1956], "Les voyages fantastiques de Julien Grainebis" [1958], "Ma chère âme"[1961], "La tribu Bécaille"[1963], "Pays natal"[1966], "Un jour viendra" [1970], "La maison du bout du monde"[1970], "L'honorable Monsieur Jacques" [1972] et surtout de "ce chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre tardifs" que restera dans nos mémoires le 100 % méconnu "Les Disparus" [1976] ...

Avançons encore qu'en 1949, expédiant sans doute un peu trop vite "Les chemins du long voyage", Dhôtel faisait encore ses gammes avant de remplir sa musette de cette flopée de chefs d'oeuvre qui resteront en lettres d'or dans une histoire sérieuse de la Littérature... chefs d'oeuvre cités, restant toujours inconnus de 99,5 % du "gros public francophone" actuel [qui a pour tropisme - hélas, à peu près indéboulonnable - de se précipiter "first" en foules rassurantes sur les habituels "sommets" artistiques que sont les ouvrages inoubliables de Nothomb, Foenkinos, Houllebecq, Musso, Levy, (etc.)... à digérer ensuite paisiblement... Burp !!] ... et alors ? Mais quelle injustice, bon sang ! Ah, si nous pouvions vous donner ici l'ENVIE de lire année après année L'INTEGRALITE de ces 49 "romans et récits" du petit père DHÔTEL (1900-1991) !!!! Près d'une trentaine sont disponibles car ENFIN réédités en éditions de poche depuis une bonne dizaine d'années : éd. Phébus coll. "Libretto", éd. HORAY (Sophie, fille de Pierre, ce très chanceux éditeur du distingué Prix Femina de 1955 "Le Pays où l'on n'arrive jamais"... ), éd. Grasset coll. "Les Cahiers Rouges", éd. "Gallimard coll. "Folio"... Thats All, Folks !
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La forêt de la Frasse est limitée au sud par le chemin de Lamoura, mais, au-delà de ce chemin, une autre forêt recommence toute semblable qui descend jusqu'à Morez. Des fleurs éclatent par endroits dans les éclaircies de sapins, érines, roses, lourds adénostyles et mulgédies. Irène et Grégoire ignoraient les noms de ces fleurs qui leur servaient de points de repère dans la forêt sombre.
Ce fut l'hiver suivant, un jour de neige, qu'Amélie tomba morte sur un trottoir de Lons-le-Saunier, alors qu'elle allait voir Irène dans sa pension. Un effrayant malheur.

[André DHÔTEL, "Les chemins du long voyage", Gallimard, 1949 - réédition en collection "folio", 1984/2003 : page 183]
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La petite ferme des Cravart était bâtie sur un léger penchant, ua-dessus du ruisselet de la Valserine, à une petite distance de Mijoux. La maison s'ouvrait sur un terre-plein où l'on empilait le bois de hêtre pour l'hiver. Deux bouleaux s'y dressaient, et l'on venait s'asseoir sur les bancs, après le repas de midi, en attendant de reprendre le travail.

[André DHÔTEL, "Les chemins du long voyage", Gallimard, 1949 - réédition en collection "folio", 1984/2003 : page 182]
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Le soir, il fallait endormir la petite Irène, qui était toujours inquiète d'on ne savait quoi.
Amélie chantait, mais Irène exigeait des histoires. Amélie, après avoir épuisé ses souvenirs de contes de fées, en vint à parler de Pierre Cervier.
C'était un voyageur, disait Amélie, et il avait parcouru le Mexique, l'Abyssinie et la Chine. Pourquoi ces pays plutôt que d'autres, on l'ignorait.
Cet homme cherchait quelque chose dans ces pays. Amélie croyait pouvoir affirmer qu'il s'agissait de mines. Des mines de quoi ? Pas de l'or, ni de l'argent, ni du plomb. Ça devait être plutôt du pétrole.
Mais Pierre Cervier se moquait du pétrole, car il aimait surtout marcher à travers ces contrées lointaines et connaître les habitants, les arbres, les fleuves.
Oui, il marchait toujours sous les forêts, et dans les savanes où la chaleur est écrasante.
Parfois il s'arrêtait à l'ombre d'une cabane. Que faisait-il quand il s'arrêtait ? Il écoutait le bruit du vent à travers les paillotes, les chants d'une maman qui berçait un bébé, ou bien les proverbes d'un vieux sauvage aux yeux de feu. Puis il reprenait sa marche.
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Mme Cravart faisait courir son aiguille avec une rapidité extraordinaire.
- Voilà: il nous dit toujours qu'il y a des contrées curieuses tout près de Paris, et que plus loin c'est des pays encore plus bizarres. Et puis il répète que partout, dans Paris même et dans les villes qui sont là-bas (mais loin de toute façon), il y a des hommes pas comme les autres, des gens savants par exemple qui ont des yeux très aigus, et qui sont habiles à faire des choses que nous n'avons même pas dans l'idée. Il faut que je vous pose la question, Monsieur Payardel: est-ce que cela est vrai?
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Vidéo de André Dhôtel
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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