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EAN : 9782020790321
192 pages
Seuil (25/02/2005)
3.76/5   80 notes
Résumé :
" Omar avait fini par confondre Dar-Sbitar avec une prison.
Mais qu'avait-il besoin d'aller chercher si loin ? La liberté n'était-elle pas dans chacun de ses actes ? Il refusait de recevoir de la main des voisins l'aumône d'un morceau de pain, il était libre. Il chantait s'il voulait, insultait telle femme qu'il détestait, il était libre. Il acceptait de porter le pain au four pour telle autre, et il était libre. "
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Premier volet de la trilogie "Algérie", ce roman nous plonge dans la ville de Tlemcen vers la fin des années 30.
Dar-Sbitar, une grande maison dans laquelle s'entassent plusieurs familles démunies, dont celle du petit Omar, un garçon d'une dizaine d'années.
Aïni sa mère veuve, maudit son mari de l'avoir laissée dans cette difficile situation où elle est forcée de travailler dur pour faire survivre son fils, ses deux filles et sa mère paralytique.
L'auteur nous fait parcourir leur triste quotidien.

Le thème récurant du livre est la faim. Trouver le pain quotidien est le principal sujet de préoccupation de cette pauvre famille. La faim occupe tous les esprits, surtout celui du petit Omar qui nous accompagne pendant toute la durée du roman.
On ressent l'engagement politique de l'auteur à travers le réalisme de son histoire. Il décrit la misère et les difficultés des habitants à cette époque du colonialisme, pour tenter une prise de conscience de la part des lecteurs.

J'avoue avoir eu beaucoup de mal à terminer ce roman malgré qu'il soit relativement court (179 pages). En effet, les descriptions sont longues, les dialogues répétitifs avec un grand manque de rythme.
L'écriture de l'auteur est pourtant assez subtile et le thème me plaisait, mais je n'ai pas réussi à accrocher.
Je ne regrette pas pour autant cette lecture qui reste utile selon moi pour dénoncer la réalité de cette époque et garder en mémoire les difficultés et la tristesse qu'a vécu le peuple algérien colonisé.
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J'avais entendu beaucoup de commentaires positifs à l'endroit de la grande maison et, si je n'ai pas détesté, je ne peux pas dire non plus que j'ai aimé. Pourtant, le début m'a plu. Omar, un garçon de onze ans, fait preuve de débrouillardise pour trouver du pain, n'importe quelle nourriture. Et il protège les plus petits. Et il assiste à ses leçons à l'école sans vraiment tout comprendre. Je dois au moins admettre que ce personnage est attachant. Très rapidement, on assiste à des scènes de famille. La mère Aïni, qui se plaint constamment du travail, de la belle-mère paralytique dont elle doit s'occuper, de ses trois enfants qui lui réclament à manger et du père qui est mort sans s'être assuré de leur sécurité financière. Puis il y a les autres familles du carré de maison, du quartier, Dar-Sbitar. Une faune intéressante. Ce roman, c'est une galerie de personnages.

Je crois que mes réserves sont dues au fait qu'il n'y a pas vraiment d'histoire dans le sens où on l'entend habituellement. Omar, pas plus que les autres résidents de Dar-Sbitar, n'accomplit pas beaucoup à proprement parler. Il est surtout le témoin d'une situation, d'un mode de vie. Il peut témoigner des conditions pénibles dans lesquelles il vit avec sa famille et les gens de son quartier. Et il en va probablement ainsi pour beaucoup d'autres habitants de Tlemcen et de l'Algérie des années 1930. Mohammed Dib nous présente la grande misère, la pauvreté, la promiscuité, mais également le courage. Car, à aucun moment, même dans le désespoir le plus profond, les personnages n'abandonnent. Ils retroussent leurs manches et triment encore plus fort.

Quand la police a fait irruption dans Dar-Sbitar pour chercher Hamid (en vain, car il s'était sauvé) et ramasser ses papiers, j'ai cru que l'action allait décoller. Pareillement avec la Seconde Guerre mondiale qui éclate, même si l'Europe est loin. Mais non. La grande maison, c'est une collection de tranches de vie. C'est agréable à lire mais, moi, je préfère une trame narrative, avec un début, un milieu et une fin. Bref, qu'il y ait un but, une mission. Ici, j'ai l'impression que l'auteur m'amène quelque part et m'y abandonne. Notez bien, mes préférences n'enlèvent rien à l'importance de cette oeuvre ni à ses qualités.

Ainsi, je dois toutefois reconnaître le grand talent de Mohammed Dib pour décrire avec réalisme la situation dans les quartiers pauvres. Et la faim. Cette faim terrible qui occupe tous les esprits. Trouver son pain quotidien est le thème central du roman, qui s'ouvre sur cette préoccupation : « - Un peu de ce que tu manges ! » Et il termine avec elle : « Omar s'accroupit lui aussi avec les autres, devant la meïda, et surveilla sa mère qui rompait le pain contre son genou. » Cette obsession (pourtant un besoin primaire !) guide Omar et sa famille tout son long mais cela peut donner l'impression que l'on va nulle part, que l'histoire tourne en rond. Et ce n'est qu'un début, car l'aventure du garçon continue avec les deux tomes suivants de cettre trilogie nommée Algérie.
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A Dar-Sbitar, un quartier pauvre de Tlemcen, une petite ville d'Algérie, la famille du petit Omar survit difficilement ; la mère Aïni, veuve, a la charge de cinq bouches à nourrir, la grand-mère laissée provisoirement par les frères et soeurs, un provisoire qui va durer, Omar et ses deux soeurs. Une vie difficile dans La Grande Maison, une cohabitation, vivante, truculente, mais quelquefois pesante, constamment sous le regard et la critique des autres familles, tantôt envieuses, tantôt solidaires. Mais ce qui prédomine surtout, c'est la faim, cette faim constante qui est comme le personnage qui régule les sentiments de habitants, une faim qui transforme la mère de famille en harpie, chassant ses enfants de la maison pour qu'ils se débrouillent, le jeune Omar offrant à l'école sa protection contre un quignon de pain extorqué à ses petits camarades, ou glanant ça et là quelques légumes pourris pour préparer la soupe bien claire du soir. Heureusement la solidarité épisodique permet à la famille de survivre et à la mère de pouvoir compter sur les aides des voisines, particulièrement quand ces dernières sentent une situation particulièrement difficile pour la famille. Dans les moments de répit, on sent beaucoup d'amour, mais ces moments restent très éphémères, la mère, cumulant plusieurs emplois restant harassée et incapable de tendresse.
La Grande Maison est une chronique douce et très amère qui nous est proposée par Mohammed Dib, un premier opus d'une trilogie qui permettra d'en apprendre plus sur l'évolution du petit Omar...
J'ai aimé l'ambiance générale de ce roman d'apprentissage, malgré sa dureté, une dureté des conditions de vie et surtout ses conséquences sur la cellule familiale. J'ai été moins séduite par le style, quelquefois très poétique et quelquefois très naïf, un effet peut-être voulu par l'auteur.
Une lecture intéressante, sur les conditions vie difficiles, ou plutôt de survie, dans une Algérie des années cinquante, encore département français.
A suivre, L'Incendie et le métier à tisser .
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L' auteur, Mohamed DIB, est né en 1920 à Tlemcen. Cette dernière est une
ancienne cité, au riche passé culturel de l' ouest algérien .
Mohamed DIB est considéré comme un classique de la littérature
algérienne . Il est, aussi, poète et dramaturge .
Ses premiers romans : -La Grande Maison ( 1952 ) - L' Incendie ( 1954 ) -
le Métier à tisser ( 1957 ), peuvent considérés comme une trilogie se dérou-
-lant , toujours dans la même ville, Tlemcen. On retrouve, assez souvent les
mêmes personnages d' un livre à l' autre .
" La Grande Maison", roman publié en 1952, est appelée, aussi," Dar Sbitar "est un "Immeuble de pauvres".
le héros de ce récit , est l' enfant Omar. C' est à travers , ses yeux que
l' auteur nous laisse découvrir la réalité de la vie quotidienne des habitants
qui est, par extrapolation la vie de la grande majorité des Algériens.
Omar est orphelin de père, il vit avec sa mère, Aini, ses deux soeurs,
Aouicha, Meriem et sa grande-mère , maternelle.
Les habitants de "Dar Sbitar" forment un microcosme qui représente la
société algérienne, tout au moins la majorité de cette celle-ci.
Ces habitants s' évertuent à vivre au jour le jour, envers tous et contre tous
Ils font face et luttent contre la faim, le froid car il neige en hiver,la jalousie
et la méchanceté des autres, des voisins par exemple et l' indifférence des.
Européens .
le lot de misère que vit cette très modeste famille est celui de la majorité
des Algériens . Ces derniers sont abandonnée à eux-mêmes face au
chômage, la faim, la maladie, l' ignorance, la discrimination ....
Un grand et beau livre de Mohamed Dib qui témoigne de ce que fut la vie
de ses compatriotes algériens durant l' ère coloniale.
Un grand livre à lire et à méditer .



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« Grande et vieille,Dar Sbitar était destinée à des locataires qu'un souci majeur d'économie dominait ; après une façade disproportionnée, donnant sur la ruelle, c'était la galerie d'entrée, large et sombre : elle s'enfonçait plus bas que la chaussée, et, faisant un coude qui préservait les femmes de la vue des passants, débouchait ensuite dans une cour à l'antique dont le centre était occupé par un bassin. A l'intérieur, on distinguait des ornements de grande taille sur les murs : des céramiques bleues à fond blanc. Une colonnade de pierre grise supportait, sur un côté de la cour, les larges galeries du premier étage."
Cette maison - dans un quartier ancien de Tlemcen - c'est celle où habite Omar, un petit garçon de dix ans.
Le thème de la grande maison est souvent utilisé comme en coupe illustrative d'une société donnée depuis les romans réalistes du XIXe siècle jusqu'à "La Ruche" de Camilo Jose Cela ou "La Vie. Mode d'emploi" de Georges Perec.
Ici, c'est dans le but de montrer l'extrême misère de cette société algérienne et provinciale à travers la famille d'une veuve, Aïni, de ses enfants, Omar et ses deux sœurs, et d'une grand-mère grabataire.
L'auteur explore le non-dit et les fissures psychologiques de ce monde clos et sans espoir.
Cependant, la sirène qui annonce la guerre,viendra remuer ce petit monde et le sortir de sa routine : Omar en oubliera d'aller chercher le pain alors qu'Attyka -une pauvre possédée - prédit la fin du monde dans quarante jours,s'effondre au milieu de la cour en criant : " Le quatorzième siècle ! Satan ! Satan! "
La misère extrême se traduit par l'omniprésence de la faim qui exerce sa dictature sur leur quotidien;et quand ce n'est pas la faim, c'est la chaleur estivale torride, qui jour et nuit, pèse sur ce petit monde.
On entend Attyka chanter : "Donnez-moi de l'eau fraîche / Du miel et du pain d'orge "...et plus loin, Aouïcha et Meriem, les deux sœurs d'Omar rêveront de couscous royal...
La situation coloniale est un thème présent dès le premier chapitre quand, à la surprise d'Omar, s'ouvre la parenthèse en arabe dans la leçon de morale de l'instituteur, M. Hassan, sur la patrie. C'est aussi l'arrestation d'Hamid qui tente d'organiser les ouvriers agricoles.
L'origine espagnole d'une partie des colons, tel Gonzales - le petit patron qui emploie Aïni,à coudre des empeignes d'espadrilles - fait que les gamins des rues savent comment interpeller le menuisier ivrogne dans la langue de Cervantès :"borracho" !
Mais toute "lingua franca" est exclue...
Ce roman est le premier volet d'une trilogie; suivront:
"L'incendie" et "Le métier à tisser".
M.Dib,c'est un peu Zola...

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
A peine s'emboîtèrent-ils dans leurs pupitres que le maître, d'une voix claironnante, annonça:
- Morale !
Leçon de morale. Omar en profiterait pour mastiquer le pain qui était dans sa poche et qu'il n'avait pas pu donner à Veste-de-Kaki.
Le maître fit quelques pas entre les tables , le bruissement sourd des semelles sur le parquet, les coups de pied donnés aux bancs, les appels, les rires, les chuchotements s'évanouirent L'accalmie envahit la salle de classe comme par enchantement : s'abstenant de respirer, les élèves se métamorphosaient en merveilleux santons. Mais en dépit de leur immobilité et de leur application, il flottait une joie légère, aérienne, dansante comme une lumière.
M Hassan, satisfait, marcha jusqu'à son bureau, où il feuilleta un gros cahier. Il proclama - La Patrie.
L'indifférence accueillit cette nouvelle. On ne comprit pas. Le mot, campé en l'air, se balançait - Qui d'entre vous sait ce que veut dire Patrie ?
Quelques remous troublèrent le calme de la classe. La baguette claqua sur un des pupitres, ramenant l'ordre Les élèves cherchèrent autour d'eux, leurs regards se promenèrent entre les tables, sur les murs, à travers les fenêtres, au plafond, sur la figure du maître ; il apparut avec évidence qu'elle n'était pas là. Patrie n'était pas dans la classe. Les élèves se dévisagèrent Certains se plaçaient hors du débat et patientaient benoîtement.
Brahim Bali pointa le doigt en l'air. Tiens, celui-là ! Il savait donc ? Bien sûr Il redoublait, il était au courant.
- La France est notre mère Patrie, ânonna Brahim. Son ton nasillard était celui que prenait tout élève pendant la lecture. Entendant cela, tous firent claquer leurs doigts, tous voulaient parler maintenant. Sans permission, ils répétèrent à l'envi la même phrase.
Les lèvres serrées, Omar pétrissait une petite boule de pain dans sa bouche. La France, capitale Paris. Il savait ça. Les Français qu'on aperçoit en ville, viennent de ce pays.Pour y aller ou en revenir, il faut traverser la mer, prendre le bateau… La mer : la mer Méditerranée. Jamais vu la mer, ni un bateau. Mais il sait : une très grande étendue d'eau salée et une sorte de planche flottante. La France, un dessin en plusieurs couleurs. Comment ce pays si lointain est-il sa mère ? Sa mère est à la maison, c'est Aïni , il n'en a pas deux. Aini n'est pas la France. Rien de commun. Omar venait de surprendre un mensonge. Patrie ou pas patrie, la France n'était pas sa mère.
Les élèves entre eux disaient: celui qui sait le mieux mentir, le mieux arranger son mensonge, est le meilleur de la classe.
Omar pensait au goût du pain dans sa bouche : le maître, près de lui, réimposait l'ordre. Une perpétuelle lutte soulevait la force animée et liquide de l'enfance contre la force statique et rectiligne de la discipline.
M. Hassan ouvrit la leçon.
- La patrie est la terre des pères. Le pays où l'on est fixé depuis plusieurs générations.
Il s'étendit là-dessus, développa, expliqua. Les enfants, dont les velléités d'agitation avaient été fortement endiguées, enregistraient.
- La patrie n'est pas seulement le sol sur lequel on vit, mais aussi l'ensemble de ses habitants et tout ce qui s'y trouve.
Impossible de penser tout le temps au pain. Omar laisserait sa part de demain à Veste-de-Kaki. Veste-de-Kaki était-il compris dans la patrie ? Puisque le maître disait… Ce serait quand même drôle que Veste de Kaki… Et sa mère, et Aouicha et Mériem, et les habitants de Dar-Sbitar? Comptaient-ils tous dans la patrie ? Hamid Saraj aussi ?
- Quand de l'extérieur viennent des étrangers qui prétendent être les maîtres, la patrie est en danger. Ces étrangers sont des ennemis contre lesquels toute la population doit défendre la patrie menacée. Il est alors question de guerre. Les habitants doivent défendre la patrie au prix de leur existence.
Quel était son pays ? Omar eût aimé que le maître le dit, pour savoir. Où étaient ces méchants qui se déclaraient les maîtres ? Quels étaient les ennemis de son pays, de sa patrie ? Omar n'osait pas ouvrir la bouche pour poser ces questions à cause du goût du pain
- Ceux qui aiment particulièrement leur patrie et agissent pour son bien, dans son intérêt, s'appellent des patriotes.
La voix du maître prenait des accents solennels qui faisaient résonner la salle. Il allait et venait.
M Hassan était-il patriote ? Hamid Saraj était-il patriote aussi ?
Comment se pourrait-il qu'ils le fussent tous les deux 7 Le maître était pour ainsi dire un notable , Hamid Saraj, un homme que la police recherchait souvent. Des deux, qui est le patriote alors ? La question restait en suspens.
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À Dar-Sbitar s'élevaient encore les protestations véhémentes du vieux Ben Sari ; mais les forces de l'ordre étaient parties.
- ... Je ne veux pas me soumettre à la Justice, clamait-il. Ce qu'ils appellent la justice n'est que leur justice. Elle est faite uniquement pour les protéger, pour garantir leur pouvoir sur nous, pour nous réduire et nous mater. Aux yeux d'une telle justice, je suis toujours coupable. Elle m'a condamné avant même que je sois né. Elle nous condamne sans avoir besoin de notre culpabilité. Cette justice est faite contre nous, parce qu'elle n'est pas celle de tous les hommes. Je ne veux pas me soumettre à elle... Aïe, cette colère, on ne l'oubliera pas! Ni la prison où des ennemis enferment nos hommes. Des larmes, des larmes et la colère, crient contre votre justice... elles en auront bientôt raison, elles sauront bientôt en triompher. Je le proclame pour tous : qu'on en finisse! Ces larmes pèsent lourd et c'est notre droit de crier pour tous les sourds... s'il en reste dans le pays... s'il y en a qui n'ont pas encore compris. Vous avez compris, vous. Allons, qu'avez-vous à répondre? ...
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Ce n'est qu'une femelle. Hon ! Et encore une fille vaut mieux que lui. Tout le temps fourré à la maison. Ma pauvre Aïni ! Tu es la proie de ces enfants sans cœur qui te sucent les sangs. Avec eux, tu n'arriveras à rien.
- Je vais à l'école, moi, intervint Omar, sans considération pour les paroles de sa tante. Et j'apprends des choses. Je veux m'instruire. Quand je serai grand, je gagnerai beaucoup d'argent.
- Renonce à tes idées, dit Lalla avec humeur. Il te faudra travailler comme une bête si tu veux seulement vivre. Ceux qui n'ont pas mis les pieds dans une école meurent de faim ? L'instruction, ce n'est pas pour toi, ver de terre. Qu'est ce que tu crois pour prétendre à l'instruction ? Un pou qui veut s'élever au-dessus de sa condition. Tais-toi, graine d'ivrogne. Tu n'es que poussière, qu'ordure qui colle aux semelles des gens de bien. Et ton père, lui, a-t-il été à l'école ? Et ton grand-père, et tes aïeux ? Et toute ta famille, et tous ceux que nous connaissons ? Tu auras à être un homme, ou tu seras écrasé. Il te faudra supporter la dureté des autres, être prêt à rendre dureté pour dureté. N'espère pas le bonheur. Qui es-tu, qui es-tu, pour espérer le bonheur ? N'espère pas vivre tranquille, n'espère pas.
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Mais elles témoignèrent à Hamid plus de respect encore, un respect nouveau, qu'elles ne comprenaient pas elles-mêmes, qui s'ajoutait à celui qu'elles devaient de naissance à tout homme. Elles regardèrent désormais Hamid comme celui qui serait en possession d'une force inconnue. La considération dont il jouissait à leurs yeux grandit dans une proportion presque inimaginable.
Leurs maris le saluèrent avec plus de respect aussi. Tant il est vrai que chez nous la science bénéficie d'une grande vénération, si grande que parfois elle se laisse facilement abuser par de faux savants, comme par de mauvais prophètes.
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...il feuilleta un gros cahier. Il proclama:
-La Patrie.
L'indifference accueillit cette nouvelle.On ne comprit pas.Le mot, campé en l'air, se balançait.
-Qui d'entre vous sait ce que veut dire: Patrie?...
Les élèves cherchèrent autour d'eux, leurs regards se promenèrent entre les tables, sur les murs, à travers les fenêtres, au plafond, sur la figure du maître; il apparut avec évidence qu'elle n'était pas là.Patrie n'était pas dans la classe.
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