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EAN : 9782264041937
313 pages
10-18 (04/05/2005)
3.76/5   189 notes
Résumé :
Jack Isidore a des théories fumeuses sur tout et une collection d'objets aussi farfelus qu'excentriques.
Ce garçon est si inadapté à la réalité que, lors de leur déménagement dans la banlieue de Los Angeles, sa sœur Fay et son beau-frère Charley Hume se sentent obligés de l'héberger. Mais sous le regard de Jack, le vernis de la famille modèle se craquelle vite pour laisser exploser au grand jour les névroses de ses deux tuteurs. Entre paranoïa et amour fou, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Un très bon roman du maître de la science-fiction et pourtant celui-ci n'est pas du tout porté sur ce genre. L'auteur nous emmène dans l'Amérique rurale des années 50 dans laquelle se trouve des personnages névrosés et psychotiques mais très réalistes!
La structure narrative est très riche: selon les chapitres, on a les points de vue de différents personnages qui donnent un rythme particulier à la lecture. Un livre très plaisant à lire.
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Vous pensiez tout savoir sur votre couple, sa fibre textile, son élasticité, la qualité de ses liens ? Et si Philip K. Dick faisait tout chanceler pour mettre un grand coup de ciseaux dans vos certitudes ? Rangez vos sentiments bien à couvert, « Confessions d'un barjo » va bringuebaler vos neurones en fusion, va jongler avec vos convictions amoureuses. Moi-même, à peine le roman fermé, je doute. Quand le romancier prend « le ménage » à bras-le-corps, autant vous dire que ça déménage. Il essore le sujet jusqu'à nous tirer les larmes, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien d'humide, jusqu'à l'ultime sécheresse des sentiments.

Dans cet ouvrage de littérature blanche (non codée, non SF), haut en couleurs, tout d'abord, il y a l'humour et la forme, essentiels à mes yeux. Les premiers chapitres sont irrésistibles de loufoquerie et d'invention stylistique. Un peu labyrinthique, le lecteur chahuté verra ses interrogations dissipées plus tard. Voilà de l'écriture, au sens raffiné, de la fichue littérature stylisée, des effets, des tournures, du jargon, des ordureries, tous les niveaux de langues y passent. C'est jubilatoire au possible ! Je me marrais tout seul devant ces pages généreuses et foldingues, en pleine ébullition intellectuelle, alors que ma femme roupillait sévère à-côté. le personnage de Jack Isidore mériterait à lui-seul toute une oeuvre et à dire vrai, on l'aimerait encore plus présent dans ce récit.

Ensuite, il y a le jeu. K. Dick nous perd avec délectation de temps à autres, passant, d'un chapitre à l'autre, d'un narrateur à l'autre, d'une femme à l'autre. Il faut parfois trente lignes pour savoir qui parle, la technique est précieuse et appréciable et offre une autre vision d'un même événement. On se poile. Ça change du quotidien avec Madame Ronflette.

Vient de suite la finesse de la psychologie. Et alors là, je ne m'attendais pas à pareille leçon. Certes, passé 60 pages, le roman devient plus conventionnel (ce sera mon unique bémol), il suit une trame plus classique. Une fois tous les éléments narratifs posés, Philip K. Dick déroule son intrigue et ses rebondissements, délaissant quelque peu la jubilation initiale. Mais ce travail est remplacé par une force d'introspection des personnages, une pénétration dans chaque ciboulot, une connaissance aiguë des mécanismes de soumission et concession. La psychologie du couple y est disséquée au scalpel. Pour moi, c'est le roman du piège amoureux, du traquenard passionnel, de la souricière des tourtereaux. Chacun va gratter au plus profond de ses vérités, créer des sillons d'analyse, des logiques propres, douter de l'autre, douter de lui, douter de tout. Est-on vraiment libre ? Tous azimutés, tous siphonnés, tous jobards, comment vivre ensemble dans ces conditions, comment bien vivre, comment survivre ? le grand manège de la vie va en secouer plus d'un.

Voici donc un roman fichtrement adulte, pour ne dire expérimenté, chevronné, désarmant de sincérité et de cruauté. Certains avancent qu'il est tissé sur des nerfs autobiographiques, comme toute production artistique, ai-je envie de dire, chaque roman contient son auteur. Il est en tout cas le fruit d'une expérience personnelle, romancée à bloc, c'est certain. Aussi désopilant que cynique. Faut-il avoir aimé pour en comprendre toute la dentelle ? En tout cas, je ne sors pas intact de cette lecture. Madame Ronflette non plus. Fini le bourdonnement pendant que je lis. Marre des roupillons routiniers, de la rouille des jours, de la fausseté des fossettes. Dès demain, je demande le divorce. A bon entendeur !
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USA, années 50. Jack Isidore est un inadapté social, sociétal. Il est revenu de la guerre avec d'étranges idées dans le crâne. Un barjo, voilà ce qu'il est selon son beau-frère et ce n'est pas sa propre soeur qui dira le contraire.

Michael, le beauf en question finira par se suicider après avoir buté tous les animaux de la propriété. Fay, la soeur de Jack, avait remplacé son mari depuis un moment par un universitaire, beau et malléable, marié (mais ce n'est qu'un détail pour Fay).

Jack, pris dans la tourmente de ses pulsions à ne rien faire de construit, va adhérer à un cercle de soucoupistes... et sera choisi pour prédire la date de la fin du monde prochaine.

Qui est le plus barjo finalement? C'est une des questions que pose P.K. Dick. Malgré le fait qu'il s'agisse d'un pur roman (dépourvu de SF), Dick reste fidèle à ses habituelles interrogations: la place dans le monde, nos motivations, les rapports à autrui, le temps qui passe, le passé qui nous conditionne...

L'écriture se fluidifie à mesure que le roman progresse (et les fans de Dick savent à quel point l'auteur peut être hermétique). Et finalement, le roman s'arrête alors que j'en aurais bien repris 250 pages... Par contre, j'ai eu du mal à me départir de l'impression qu'il y avait de l'humour en permanence dans le propos de Dick. Bien sûr, Dick aime faire preuve de cynisme, de causticité... mais très souvent dans ce roman, on est au premier degré. Dick détricote la société, ses convenances, ses faux-semblants... Les personnages sont souvent hystériques ou hystérisés, sauf Jack Isidore qui trace son chemin sans trop se poser de question.

Dans un registre bien occupé (roman écrit vers 1975), par exemple par Elmore Leonard, Dick signe un roman convaincant sur l'American Way of Life et sur les prémisses de la contre-culture, dont Dick sera un chantre. Cerise sur le gâteau, même si l'action est supposée se dérouler dans les années 50, le roman possède un caractère intemporel.

Mon édition (nouvelle traduction 2013) est agrémentée d'un article sur Dick et le cinéma qui aboutir à "montrer" que les adaptations de l'oeuvre de Dick sont quasiment toutes ratées (2 ou 3 exceptions que je laisse à votre sagacité). Par contre l'auteur de ce court essai veut à tout prix démontrer que tous les meilleurs films étranges et barrés des années 1970-2010 doivent quelque chose à l'oeuvre de Dick. Je pense plutôt que les thèmes abordés par Dick sont suffisamment porteurs et larges pour que l'on puisse avoir l'impression que tout réalisateur qui les aborde soit un disciple du Maître du Haut Château.
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Apparemment, "Confessions d'un barjo" est un roman à part dans l'oeuvre de Philip K. Dick, réputé pour être un célèbre auteur de science-fiction.
Ce titre, en effet exempt de tout aspect fantastique ou surnaturel, n'en est pas moins fort réussi.

Nous sommes dans l'Amérique rurale des années 50. Jack Isidore est accueilli dans la gigantesque demeure de sa soeur Fay et son mari Charley. Ce n'est pas de gaieté de coeur que Fay héberge cet imbécile patenté qu'elle a toujours méprisé, elle y a été contrainte par l'incapacité de son frère à mener une existence autonome et "normale".
Ce dernier a toujours fait preuve d'un comportement étrange, accumulant d'étranges collections, et se passionnant à l'extrême pour tous les phénomènes paranormaux.
Mais ce n'est pas pour autant que Jack est débile, comme nous le réalisons assez rapidement à la lecture de ses "confessions", dont la transcription alterne avec la narration par Fay de leur cohabitation, et des passages écrits à la troisième personne, qui nous livrent une vision plus globale et plus objective de l'existence mouvementée de cette improbable famille...

Jack porte sur son entourage un regard perspicace, car dénué de toute interférence émotionnelle. Candide des temps modernes, doté en plus d'une sorte d'assurance bornée, il dépeint sans fard ni complaisance les relations qui président au sein de ce foyer soi-disant modèle, dont le vernis de respectabilité et d'aisance sociale se craquelle pour révéler névroses et sauvagerie.

La personnalité de Fay, notamment, qui exaspère et fascine tout à la fois, est passée au crible du regard fraternel, pointant ses limites et ses contradictions, et son incapacité à faire coller sa vision idéale de la famille avec la réalité que lui renvoie la médiocrité de son époux, mais aussi ses propres faiblesses. Cette femme semble incapable d'éprouver de l'affection pour quiconque, y compris pour ses propres enfants, incapable également d'éprouver le moindre plaisir, la moindre joie. Pétrie de certitudes confortées par les soi-disantes affirmations de l'analyste très onéreux qu'elle consulte régulièrement depuis des années sur le comportement de ses proches et des individus en général, elle se pose vis-à-vis d'eux en moralisatrice omnisciente et intraitable.

Une attitude qui finit par mettre Charley à bout, déclenche des scènes parfois très violentes, et instille peu à peu au sein du couple une haine réciproque.

"Confessions d'un barjo" est un récit loufoque et cocasse, l'humour y côtoyant l'horreur avec pour résultat un impitoyable jeu de massacre, dont la cible est l'apparente perfection vendue par "l'American way of life". L'auteur semble rire aux dépens de ses catastrophiques héros qu'il met en scène dans des épisodes parfois hilarants, pour la plus grande joie du lecteur, qui ne manquera pas de sortir fort réjoui de cette pitoyable mais épique aventure...

Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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"Je me rappelle, qu'un jour où nous étions tous les trois sur leur terrasse à nous dorer au soleil, et où j'avais émis par hasard, une remarque, sans doute en rapport avec les voyages dans l'espace, Charley m'a lancé :
- Isidore, tu es vraiment un barjo fini.
Fay a rigolé, parce que ça m'avait blésé. Peu importait à ses yeux que je sois son frère. Elle se moquait de savoir qui Charley insultait. L'ironie qu'il y avait à me faire traiter de "barjo" par un tel paysan du Midwest, un béotien buveur de bière et bedonnant qui n'avait jamais fini le lycée, m'a marqué mentalement. C'est ce qui a guide mon choix pour le titre incisif en exergue de cet opus." (page 50)

Certains critiques pensent que "Confessions d'un barjo" est un livre "autobiographique" où Philip K.Dick est Jack Isidore....

Si vous lisez attentivement les quelques lignes de mon introduction, empruntées à cette oeuvre, on peut se pose la question de savoir qui est le barjo en question...

J'ai adoré ce livre, car il se moque des à-priori, des faux semblants, et ce qui peut être "fou" aux yeux de certains est "sage" aux yeux d'autres...
Le roman est truffé de personnages pittoresques. Certains marchent à côté de leurs pompes, certains ont la tête dans les étoiles, mais tous ont plus ou moins pété les plombs...mais la marginalité de Jack Isidore, quant à elle, est constante....

Dick est d'une grande lucidité de l'état de ce monde, et de sa vie, aussi... je vous laisse, ce passage à la fin du livre, une réflexion de Jack Isidore :

"Non seulement Charley Hume n'était pas ressuscité, mais la fin du monde n'était pas survenue. J'ai saisi qu'il avait vu juste en m'affublant de ce qualificatif de barjo il y a longtemps. Toutes les certitudes que j'avais consignées étaient un ramassis de délires.
Dans le fauteuil, j'ai pris conscience que j'étais dingue.
Quelle nouvelle!
Toutes ces années gâchées !
Je l'ai vu clair comme de l'eau de roche : ces innombrables récits autour de la Mer des Sargasses, de l'Atlantide disparue, des soucoupes volantes et des gens qui sortaient des entrailles de la Terre - c'était de la folie, rien d'autre.
Le titre soi-disant ironique de mon ouvrage n'avait donc rien de caustique.
Ou alors, il l'était doublement : c'était vraiment barjo, mais je ne m'en rendais pas compte...bref."

Quelle meilleure conclusion PKD aurait pu trouver pour résumer son oeuvre...?
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Après tout, le choix est impossible à l'homme sans la connaissance, et un choix judicieux n'est possible que si la connaissance est totale et scientifiquement organisée. C'est ce qui nous différencie de la brute.
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POSTFACE DE Sam Azulys :
Reflets dans l’œil d’un barjo
Panorama sur le cinéma dickien
« En dépit de mon point de vue personnel sur cette usine à androïdes que j’appelle Hollywood, je dois avouer que j’adore le cinéma. » Philip K. Dick

Philip K. Dick était-il barjo ? Ses tendances paranoïaques étaient avérées, et il est indéniable qu’il se droguait aux amphétamines pour accroître son rendement (comme le faisait, par exemple, un certain Stephen King à la même époque). Mais réduire un grand artiste à ses excès est un peu trop facile, et ceux qui ont connu l’homme se souviennent surtout de son immense culture, de sa grande sensibilité et de sa curiosité toujours en éveil. Alors, si Dick peut effectivement être considéré comme un « barjo », c’est avant tout parce qu’il était un écrivain de science-fiction prophétique, un artisan de génie qui travailla parfois dans des conditions misérables pour accoucher de l’une des œuvres littéraires les plus marquantes de son siècle. Quant à son rapport au cinéma, il était compliqué. Le romancier adorait le 7e art et s’intéressait tout particulièrement au travail des cinéastes du Nouvel Hollywood comme Scorcese, Altman ou De Palma. Mais il confessait, dans le même temps, avoir toujours l’impression d’assister à « un show porno minable » en regardant un film. Un manque de considération affiché qui peut en partie s’expliquer par les difficultés que Dick éprouva lui-même à voir adapter ses romans de cinéma.
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Le ton si particulier de l’écrivain mariant un humour noir surréaliste à une vision tragique et foncièrement désabusée de l’homme et de la société. On attend l’apocalypse avec le Barjo et celle-ci finit effectivement par avoir lieu au sein du couple que forment sa sœur et son beau-frère. Les gens normaux sont, en définitive, les vrais barjos. Quant au Barjo lui-même, ce marginal déconsidéré mais débordant de créativité, il est l’un des personnages incarnant le mieux la figure archétypale de l’artisan dickien. L’artisan – qu’il soit écrivain de science-fiction, orfèvre ou potier – est un « crap artist », un artiste merdique (ou plutôt considéré comme tel) que l’on retrouve souvent dans les romans de Dick.
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"(...) Un enfant est un animal crasseux et amoral, sans instinct ni bon sens, qui souille son propre nid dès qu'il en a l'occasion. A première vue, je n'arrive pas à trouver le moindre trait attirant chez un gosse, si ce n'est que tant qu'il est petit, on peut lui secouer les puces. (...)"

Philip K. DICK, Confessions d'un barjo, 1975, Robert Laffont, p. 64 (traduction de Janine Herisson, 1978).
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A l’époque où la série de livres du Magicien d’Oz a été écrite (les années 1900), tout le monde les prenait pour de la pure fiction, comme les œuvres de Jules Verne et de H.G. Wells. On commence aujourd’hui à se rendre compte que si les personnages individuels comme Ozma, le Magicien ou Dorothy étaient le pur produit de l’imagination de Baum, l’idée d’une terre creuse renfermant un monde perdu n’est pas tout à fait tirée par les cheveux. Richard Shaver a récemment décrit en détail une civilisation de ce genre, et d’autres explorateurs guettent des découvertes similaires. Il se pourrait que les continents disparus de Mu et d’Atlantis relèvent d‘une culture antique dans laquelle ces royaumes engloutis jouaient un rôle majeur.
De nos jours, les années cinquante, chacun se focalise sur les hauteurs, le ciel. La préoccupation dominante, c’est la vie sur les autres planètes. Alors que le sol pourrait se mettre à béer sous nos pieds d’une seconde à l’autre pour laisser des races étranges et mystérieuses émerger parmi nous. Cette question vaut le coup qu’on l’étudie – surtout en Californie, où le problème se révèle particulièrement pressant. A chaque nouveau tremblement de terre, je me demande si notre heure est venue, si les secousses vont enfin ouvrir la faille qui révèlera cet univers perdu.
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Depuis Jules Verne, de Philip K. Dick au groupe Limite, la science-fiction n'a cessé d'évoluer jusque dans ses propres définitions. Ainsi, ses différentes déclinaisons se démarquent d'abord entre elles pour mieux se mêler ensuite. Quand le genre mille fois déclaré mort sort du cadre et rebat les cartes pour mieux se réinventer…
Avec : Serge Lehman, Olivier Paquet, Hervé de la Haye, Guilhem Modération : Caroline de Benedetti
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Un collègue de travail vous apprend qu'il a malencontreusement écrasé un petit insecte. Quelle est votre réaction ?

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