" Si les femmes n'étaient pas là, on parlerait voitures et chevaux de course, on raconterait des blagues graveleuses. La civilisation n'existerait pas."
Nous vivons dans un monde psychotique.
Les fous sont au pouvoir. Depuis quand en avons-nous la certitude ?
Depuis quand affrontons-nous cette réalité ? Et... combien sommes-nous à le savoir ?
Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est l’impuissance de l’homme. Je suis faible, petit, je ne compte pas dans l’univers. On ne m’y remarque pas ; je vis sans être vu. Mais pourquoi est-ce mal ? N’est-ce pas mieux ainsi ? Celui que les dieux remarquent, ils le détruisent. Soyez petit… et vous échapperez à la jalousie des grands.
La guerre ! se dit-il. La Troisième Guerre mondiale ! Deux milliards d'entre nous tués, notre civilisation balayée. Les bombes à hydrogène tombant comme la grêle.
"Oy Gewalt !" pensa-t-il. Qu'est ce qui se passe ? Est-ce que j'ai mis cela en mouvement ? Ou bien est-ce quelqu'un d'autre qui serait en train de tripatouiller on ne sait quoi, quelqu'un que je ne connais même pas ? Ou bien... nous tous. C'est la faute de ces physiciens et de cette théorie du synchronisme, selon laquelle chaque particule est en relation avec toutes les autres ; on ne peut pas faire un pet sans modifier l'équilibre de l'univers. Cela fait de la vie une drôle de plaisanterie, sans personne pour en rire.
(Frink en train de tirer le Yi King)
Nous pourrions signer un engagement, lui et moi, pour l'un des vaisseaux spatiaux de colonisation. Mais les Allemands le refuseraient à cause de son teint basané et moi à cause de mes cheveux noirs. Ces espèces de pédés nordiques SS, maigres et pâles, dans leur châteaux d'entraînement, en Bavière. Ce type, Joe, n'a même pas l'expression de physionomie qui convient. Il devrait avoir cet air froid mais tout de même enthousiaste de celui qui ne croit en rien, tout en professant cependant une sorte de foi aveugle. Oui, c'est ainsi qu'ils sont. Ce ne sont pas des idéalistes, comme Joe et moi ; ce sont des cyniques doués d'une foi absolue.
(Juliana)
Voici qu'apparaissait l'hexagramme, produit par les mouvements aléatoires des tiges végétales. Aléatoires, et pourtant enracinés dans le moment dans lequel il vivait, dans lequel sa vie était liée à toutes les autres vies et particules de l’univers. L’hexagramme indispensable, dont le motif de traits pleins et brisés représentait la situation. Lui, Juliana, l’usine de Gough Street, les Missions Commerciales dominatrices, l’exploration des planètes, les milliards de tas de produits chimiques en Afrique, qui maintenant n'étaient plus des cadavres, les aspirations des milliers de gens alentour dans les bidonvilles de San Francisco, les créatures démentes de Berlin, avec leurs visages calmes et leurs projets maniaques – tout lié dans ce moment, où les tiges d’achillée étaient jetées pour choisir la sagesse exactement appropriée dans un livre commencé au trentième siècle avant Jésus-Christ. Un livre créé par les sages chinois sur une période de cinq mille ans, raffiné, perfectionné, cette superbe cosmologie – et science –, codifiée avant que l’Europe ait seulement appris à poser des division.
Le sang n'est pas comme l'encre, rien ne peut en effacer les taches.
(Tagomi)
Suis-je réellement le frère de cet homme, d'un point de vue racial ? se demanda Baynes. En suis-je assez proche pour être de fait semblable ? Dans ce cas, cette fameuse nuance psychotique se trouve également en moi. Nous vivons dans un monde psychotique. Les fous sont au pouvoir. Depuis quand en avons-nous la certitude ? Depuis quand affrontons- nous cette réalité ? Et... combien sommes-nous à le savoir ?
Même si une seule personne trouve sa voie… cela signifie qu’il existe une Voie. Même si pour ma part je ne réussis pas à la découvrir.
Je te le dis : un Etat ne vaut que ce que vaut son chef.
(Joe à Juliana)