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EAN : 9782290347133
251 pages
J'ai lu (25/09/2006)
3.74/5   192 notes
Résumé :
Chuck Rittersdorf est programmeur de simulacre pour le compte de la CIA, un travail médiocre et répétitif dont il s'accommode parfaitement. Ce n'est cependant pas le cas de sa femme, Mary, une brillante psychologue qui a décidé que son mari devait employer ses talents créatifs à de meilleures fins. Hélas, sa demande de divorce ne produit pas sur Chuck l'électrochoc espéré, initiant au contraire une longue et pénible déchéance qui le mène au bord du suicide. Sur le p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Qu'est-ce que la folie ? Qu'est-ce que la normalité ? Où se situe le bon équilibre mental, et d'après quels critères ?

C'est en se questionnant ainsi que Philip K. Dick a décidé d'inventer l'intrigue de ce roman : une ancienne lune terrestre servait uniquement d'hôpital psychiatrique géant. Puis cette lune s'est retrouvée abandonnée, vouée à elle-même, mais demeurant peuplée par tous les malades qui y étaient internés. Pendant des années, plus personne ne s'y intéressait jusqu'à ce que la Terre souhaite à nouveau la revendiquer. Mais pendant ce temps une société y a été créée et s'est organisée, par un système de castes regroupant chacune les personnes souffrant de la même maladie.

Les personnage sont tous bien travaillés, fouillés et se revèlent donc être fascinants. L'auteur a bien bossé son sujet pour faire correspondre chacun à une case, et ainsi respecter la logique de son scénario.
On retrouve avec plaisir l'aspect âge d'or de la SF avec une légèreté dans les événements, une certaine naïveté même parfois et sans jamais perdre un ton souvent ironique et humoristique. Les situations peuvent être cocasses mais toujours en servant habilement son propos, toujours dans la critique du comportement humain, en mettant en avant ses défauts, ses vices, ses perversions.
Au final, on en vient à se demander, à juste titre, qui sont les plus fous entre cette fameuse lune et la Terre elle-même.

Une lecture simple, pour un style efficace. C'est un bon petit bouquin, divertissant avec une certaine intelligence, ce qui est très appréciable. Toutefois, j'ai trouvé quelques moments un peu confus dans la narration mais également dans les rebondissements, mais K. Dick ne tombe jamais dans le pompeux ou dans des réflexions longues et incompréhensibles. Les moins bons passages sont bien vite lus.


Challenge SFFF 2019 K. Dick - Vance


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Les humains ont le projet de reprendre le contrôle de la lune Alpha III M2, délaissée lors d'une guerre entre Alpha et la Terre. Cette lune avait toutefois un rôle particulier, puisqu'elle accueillait un hôpital psychiatrique. Les patients ont été laissé livrés à eux-mêmes pendant plus de vingt-cinq ans. Et ils n'ont d'ailleurs aucune envie de se laisser envahir et de se faire à nouveau enfermer. En vingt-cinq ans, ils ont réussis à former une société stable, divisée en clans, selon leurs particularités : aux Manses (les maniaques), la sécurité et l'armée ; les Pares (paranoïaques) forment la classe politique, toujours prompts à inventer des solutions tortueuses, même aux problèmes qui n'existent pas ; Les Ob-Comp (obsessionnels-compulsifs) s'occupent des tâches administratives ; Les Deps (dépressifs) ne servent pas particulièrement à grand chose, de même que les Skitz (schizophrènes), toujours perdus dans leurs visions.

Côté terrien, le couple Rittersdorf joue un grand rôle dans la réussite du projet. Mary est conseillère matrimoniale et tyrannise son époux. Chuck travaille comme programmeur de « simulacres » (des robots qui agissent comme des humains) pour le compte de la CIA. À leur séparation, Mary part pour Alpha III M2, tout en essayant de détruire son mari à distance. Lui compte utiliser un simulacre présent dans le même voyage pour assassiner son ex-femme incognito. Mais il va se retrouver bien malgré lui au centre de plusieurs complots politiques.

La réflexion sur la société créée par les malades mentaux est assez intéressante : si les terriens essaient souvent de justifier la nécessité de les ramener dans des asiles pour les soigner, ils ont beaucoup de mal à expliquer en quoi la société qu'ils ont créée diffère de celle des gens « normaux ». Surtout que les envahisseurs ne sont pas aussi sains d'esprit qu'ils le pensent !
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A la surface de la Lune Alphane vivent des individus séparés à l'intérieur de différents clans : il peut s'agir du clan Manse, Heeb, Pare ou Dep. Si la mention de ces catégories ne vous évoque rien, c'est parce que ces dénominations ont justement été choisies afin de dissimuler une certaine vérité. Que diriez-vous si je vous apprenais qu'aujourd'hui même, sur notre planète Terre, de tels individus vivent –librement ou sous contrôle des hôpitaux psychiatrique- et font partie intégrante de notre quotidien ? Peut-être êtes-vous d'ailleurs l'un des leurs… En tout cas, certains d'entre eux ont laissé une trace historique sur le parcours de l'humanité : Adolf Hitler était un Pare –paranoïaque dépassé par des visions de destruction le visant en premier lieu- ; Léonard de Vinci était un Manse –maniaque à l'intellect et à la perversité débordants- ; et combien compte-t-on de Dep –dépressifs- et de Heebs –psychotiques aux visions hallucinées ?


Les terriens imaginés par Philip K. Dick dans ce roman ont trouvé un bon moyen de se débarrasser du poids morts de ces individus. Profitant de l'acquisition de la Lune Alphane, ils décident d'en faire un gigantesque hôpital psychiatrique et d'y déporter tous les malades mentaux diagnostiqués par l'institution médicale. le système fonctionne quelque temps mais, suite à une guerre qui oppose les terriens aux insectoïdes d'Alpha, le personnel se fait la malle et laisse les déments livrés à eux-mêmes. Une nouvelle société s'organise. Les terriens, un peu dépassés, regrettent d'avoir filé si vite de cette Lune finalement pas si inintéressante qu'elle ne le paraissait… et ils organisent une nouvelle mission pour en reprendre possession.


Expliquer l'intrigue des Clans de la Lune Alphane dans ses moindres détails relèverait de la gageure. Philip K. Dick est un Manse, qu'on n'en doute pas. Et sans doute partage-t-il également des traits communs avec les Heebs. Son écriture traduit un monde fantasmagorique qui se déroule certainement sans anicroche dans son esprit. En tout cas, il ne lui semble pas utile d'approfondir et de définir la quasi-totalité des néologismes qui parsèment le texte. Et si les difficultés ne relevaient que du vocabulaire… mais Philip K. Dick nous laisse également nous débrouiller pour comprendre sur quelle planète Terre nous avons malencontreusement atterri, et tant pis pour nous si nous loupons l'unique indice qui permettra peut-être de débroussailler la jungle luxuriante dans laquelle nous nous empêtrons en ouvrant son roman.


Toutefois, même si le fonctionnement de cet univers nous échappe souvent dans ses détails, le génie Manse de Philip K. Dick se révèle dans l'entremêlement d'intrigues qui peuvent se comprendre indépendamment les unes des autres –ou presque. Chaque lecteur peut y trouver son compte, et le plus assidu se passionnera peut-être triplement pour les Clans de la Lune Alphane, qu'il s'agisse de mener à bien cette nouvelle mission de reconquête de la Lune, de résoudre le jeu des complots entre la C.I.A. et l'organisation du comique Bunny Hentman, ou d'étudier l'évolution des relations entre Chuck et Mary Rittersdorf à travers le diagnostic de leurs propres déficits ou incompatibilités psychologiques. D'ailleurs, cette dernière intrigue semble être celle autour de laquelle sont bâties les intrigues secondaires des luttes cosmologique et policière. Autour de ces deux atomes instables que sont Mary et Chuck –tantôt anions, tantôt cations, se rejetant ou s'attirant en toute imprévisibilité- se joue un conflit interplanétaire qui n'a d'autre but, semble-t-il, de mettre à jour les fondements psychologiques de l'ambivalence de leurs sentiments. Si les Manses, les Pares, les Deps et les Heebs forment des coalitions, si la C.I.A et Bunny Hentman s'affrontent à coups de lasers, si les fongus meurent sous forme de spores puis régénèrent sur une autre planète, si les télépathes ne laissent passer aucune des pensées les plus secrètes, c'est, ne semble-t-il, que pour mieux cerner et conduire le parcours de maturité affective de Chuck et de Mary. En tout cas la psychologie ni l'étude de la complexité des tourments de l'âme n'échappent à l'oeil quasi-télépathe de Philip K. Dick. Lui aussi semble lire dans les pensées de ses semblables…


C'est ici que la présence de cet univers dégénéré et morcelé prend tout son intérêt. Il permet à un discours psychologique qui n'a finalement rien d'exceptionnel en soi de se renouveler et de s'exprimer à travers des concepts qui trouvent toute leur pertinence dans ce conflit d'intérêts entre la Terre et la Lune Alpha ; entre les terriens et les membres des castes Manse, Heeb, Dep et Pare.


« - Ne vous tuez pas parce que vous l'avez quittée […]. Dans quelques mois, ou même dans quelques semaines, vous vous sentirez entier à nouveau. En ce moment, vous vous sentez comme la moitié d'un organisme qui vient de se séparer en deux ; la scission est toujours douloureuse ; je le sais à cause d'un protoplasme qui a vécu ici quelque temps… il souffrait à chaque fois qu'il devait se scinder, mais cette scission était nécessaire, il devait croître. »


Philip K. Dick est un auteur frémissant parce qu'il donne ses règles universelles à ce qui aurait pu n'être qu'une histoire réduite à sa sphère individuelle. Même s'il l'exprime avec des termes et des notions qui nous sont inconnus, elle entre en résonnance avec notre propre expérience et la transcende en nous permettant de l'observer presque objectivement –en tout cas en modifiant radicalement notre référentiel d'observation. Tout cela sur la pointe des pieds, sans jamais envahir le texte de développements alambiqués. Un peu comme ce fongus qui s'excusait en ces termes devant Chuck : « J'avais projeté de vous emprunter un pot de culture de yogourt, mais en regard de vos préoccupations, cela me semble être une requête outrageante », Philip K. Dick laisse son imagination se délier pleinement, mais se repent finalement devant son lecteur en lui donnant la possibilité de trouver son propre intérêt à cette écriture fondamentalement individuelle.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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On peut lire ce livre comme un simple roman de SF très bon, bien rythmé, prenant, facile à lire et offrant une agréable détente.
Ou bien voir aussi une critique de la société, une vision noire de l'avenir. Un livre où P K Dick a mis beaucoup de ses propres névroses.
Brf un super livre avec de vrais morceaux de Dick dedans!
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Sur une lune dont les terriens se sont servis pour créer un hôpital psychiatrique, les malades mentaux livrés à eux-mêmes ont créé une société faite de "castes" correspondant à chacune de leur particularités. On trouve ainsi les Dep pour les dépressifs, les Mans pour les maniaques, les Ob-com pour les obsessionnels compulsifs ou encore les Pare pour les paranoïaques. Chacun vit paisiblement, d'une certaine façon, dans une ville nommée d'après un personnage historique célèbre atteint des mêmes troubles, jusqu'à ce que la Terre décide de remettre la main dessus en envoyant une équipe ayant pour mission de réévaluer l'état mental de ses habitants.
Dans ce contexte un couple de terriens, une psychologue et un employé de la CIA tout deux en rapport avec la mission, se déchirent. Ils vont servir d'excuse au développement de toutes ces personnalités et aux interrogations habituelles de l'auteur, à savoir quelles sont les limites de la folie, qu'est-elle réellement, et n'en sommes-nous pas tous un peu atteints.

Une lecture qui sans être exceptionnelle n'en reste pas moins intéressante, les événements se suivent et ne se ressemblent pas, sans compter que le thème central ouvre la porte non seulement à des interrogations psychologiques mais aussi à des situations rocambolesques ou absurdes. Rajoutons à cela quelques pouvoirs étranges et des créatures improbables comme les ganymédiens et on a la garantie de ne pas s'ennuyer.
Même si ce n'est pas le meilleur roman de l'auteur tout cela nous donne un livre divertissant et intelligent sans en abuser pour passer un bon moment. Et puis même si on ne veut pas se l'avouer nous sommes sans doute tous un peu concernés.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
De toute façon, si - et ce serait désolant - leurs efforts n'aboutissaient pas, comme Mary l'avait dit, ils auraient d'autres enfants, qui ne remplaceraient pas ceux qu'ils perdraient, mais ce serait un bon présage...
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Avec précaution, la femme s'adressa à Omar :
- Excusez-moi, mais je me suis toujours demandé... y a-t-il une vie après la mort ?
Omar dit :
- La mort n'existe pas. (Il fut stupéfait par cette question; elle révélait une ignorance monstrueuse.) Ce que vous voyez et que vous appelez la mort n'est qu'une phase de germination durant laquelle la nouvelle forme de vie repose endormie, attendant l'appel pour revêtir sa prochaine incarnation. (Il leva le bras, désignant un point.) Vous voyez ? Le dragon de vie ne peut être battu; alors même que son sang se répand en ruisseaux rouges sur la prairie, de nouvelles formes de lui naissent de tous côtés. La semence enfouie sous la terre renaît.
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[…] à la différence du maniaco-dépressif ou de l’hébéphrène, ou même du simple schizophrène catatonique, le paranoïaque semblait rationnel. Les modèles formels de raisonnement logique paraissaient intacts. Mais, en profondeur, le paranoïaque était affligé de la plus grande distorsion mentale possible chez un être humain. Il était incapable d’empathie, incapable de se voir dans la situation d’une autre personne. En conséquence, pour lui, les autres n’existaient pas vraiment –sauf en tant qu’objets animés qui affectaient ou n’affectaient pas son bien-être. Durant des décennies, l’idée avait prévalu que les paranoïaques étaient incapables d’aimer. Ce n’était pas le cas. Le paranoïaque pouvait parfaitement aimer, il le ressentait à la fois comme quelque chose que les autres lui donnaient et aussi comme un sentiment de sa part envers eux. Mais cet amour présentait un léger inconvénient : le paranoïaque l’éprouvait comme une variante de la haine.
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Une aura environnait Bunny, une aura de souffrance. Son visage, son corps en semblaient imprégnés. Oui, songea-t-elle, c'est ce qu'expriment ses yeux. Le souvenir de la souffrance. Une souffrance qui a eu lieu il y a longtemps mais qu'il n'a jamais oubliée – et qu'il n'oubliera jamais. Il a été conçu, placé sur cette planète pour souffrir ; pas étonnant que ce soit un grand comique. Pour Bunny la comédie était une lutte, un combat mené contre la réalité de la souffrance physique ; c'était une forme de réaction d'une gigantesque ampleur.
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— Suis-je fou ? demanda [Chuck] à lord Running Clam, qui s'était éloigné à une dizaine de mètres, se glissant vers un endroit marécageux. Est-ce vraiment la pire chose de toutes les pires choses possibles, que ce que je viens de faire ?
— Fou, répondit le fongus, est, à proprement parler, un terme légal. Je considère que vous êtes très stupide.
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Depuis Jules Verne, de Philip K. Dick au groupe Limite, la science-fiction n'a cessé d'évoluer jusque dans ses propres définitions. Ainsi, ses différentes déclinaisons se démarquent d'abord entre elles pour mieux se mêler ensuite. Quand le genre mille fois déclaré mort sort du cadre et rebat les cartes pour mieux se réinventer…
Avec : Serge Lehman, Olivier Paquet, Hervé de la Haye, Guilhem Modération : Caroline de Benedetti
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Un collègue de travail vous apprend qu'il a malencontreusement écrasé un petit insecte. Quelle est votre réaction ?

Vous êtes infiniment triste
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Vous compatissez, mais au fond, vous vous en fichez un peu
Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

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Thème : Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) de Philip K. DickCréer un quiz sur ce livre

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