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EAN : 9782070109531
1744 pages
Gallimard (16/10/1979)
4.5/5   20 notes
Résumé :
Traduction de l'anglais par Sylvère Monod. Édition de Sylvère Monod.

"Malgré le modernisme de la pensée et de la manière de Dickens dans La Maison d'Apre-Vent et dans les Récits pour Noël et autres, ce roman et ces contes et nouvelles restent des oeuvres marquées par leur époque. Il serait vain de dissimuler que, dans la mesure où ces livres cherchent à défendre et illustrer des valeurs, ce sont celles du coeur plus encore que celles de l'intelligenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Lorsqu'on s'immerge dans ce genre de roman fleuve (ici pas moins d'un millier de pages dans la collection de la Pléiade chez Gallimard) on sait qu'on s'engage pour quelques belles soirées au coin d'un feu réconfortant et crépitant dans l'âtre, les reflets mordorés d'un verre de Brandy dans la main droite, l'envoutante fragrance de l'un des meilleurs havanes dans l'autre, un Border Collie sagement couché sur l'épais tapis brodé, les rideaux tirés sur un paysage de lande détrempé et hostile.
Ce sont des conditions idéales sinon uniques pour entreprendre un pavé tel que Bleak House (la maison lugubre, ventée et glaciale) mais il sera pardonné à tout lecteur d'engager sa lecture bien au chaud dans son lit ou pleinement concentré à un bureau, confortablement assis dans son fauteuil préféré ou toute autre disposition permettant d'y passer des heures sans craindre un mal de dos ou quelque autre désagrément. de toute façon, je ne possède ni manoir battu par les vents sur une lande désolée, ni chien de berger pas plus qu'un épais tapis brodé, je ne cours pas après un bon scotch et l'odeur du tabac m'indispose. Oui, lorsqu'on s'invite parmi cette galerie de personnages, mieux vaut être à son aise.
Bleak House est le roman de la maturité dans l'oeuvre de Dickens et, à l'intention de tous ceux et toutes celles qui n'ont pas eu la curiosité de mettre le nez dans les papiers posthumes du Pickwick club (premier roman, jubilatoire, qui m'offrit quelques-uns de mes plus mémorables fou-rires littéraires!), il ne manque pas d'humour, mais plus subtil, comme infusé. L'intrigue (un procès qui n'en finit pas & une naissance suspicieuse) n'est que le faire-valoir et le décor d'une formidable galerie de personnages tournant autour du quartier où siégeait la Chancellerie qui rendait la Justice à Londres au XIXème, du moins qui persistait dans des procès au long cours comme celui de Jarndyce & Jarndyce. Au passage, Dickens raille ces institutions barbares que sont ces procès sans fin, broyant tout sur leur passage, en premier lieu les hommes, et, en définitive, engloutissant des héritages entiers en frais de cour.
Puisqu'il est physiquement impossible de terminer ce roman en deux jours, je recommande aux lecteurs ayant une mémoire d'oiseau (ou, pire, de poisson rouge) de se faire quelques fiches afin de s'y retrouver parmi cette faune haut en couleur. Chaque personnage est campé à la limite de la caricature, saupoudré d'une bonne dose d'humour. Cela va jusqu'aux patronymes.
Skimpole, qui n'entend rien à l'argent est un gentil irresponsable qu'on excuse volontiers (jusqu'à un certain point).
Snagsby, le papetier, possède toute une collection de toux, soulignant ses propos.
John Jarndyce, le tuteur des orphelins, homme bon et généreux sans aucune restriction (c'est d'ailleurs un peu trop, il n'a aucun angle négatif), parle souvent de « vent soufflant de l'est » lorsque les choses prennent mauvaise tournure.
Richard, le neveu, a une façon bien particulière de compter l'argent en additionnant à son pécule tout ce qu'il entend économiser, « ce qu'il n'aurait pas dépensé ».
Boythorn est un personnage expansif (on raconte que Dickens avait prit pour modèle une de ses connaissances), qui n'est pas assez récurrent dans le roman à mon goût.
Le vieillard Wellwood ayant une manière très personnelle de faire taire sa femme en lui envoyant un oreiller sur la figure.
L'antique mademoiselle Flite qui se rend chaque matin au tribunal, espérant voir la conclusion d'un procès sans fin.
Turveydrop, le père d'un professeur de danse, dont la seule et unique occupation dans la vie est de conforter son maintien exceptionnel.
Bucket, policier au grand coeur, dont il est difficile de ne pas voir l'influence (l'aide?) de Wilkie Collins, ami et concurrent de Dickens.
Miss Jellyby qui oeuvre pour le tiers-monde à grand renfort d'une correspondance soutenue mais oublie parfaitement sa propre progéniture.
Krook qui tient une échoppe où il conserve absolument tout et dont la fin fera couler beaucoup d'encre : Dickens était persuadé de l'existence de combustion spontanée.
Il y a des enfants, bien sûr, impossible d'imaginer un roman de Dickens sans gavroches. Ainsi Jo, victime d'avoir été un témoin trop précieux, fait naitre quelques larmes.
Jusqu'à la gouvernante française (Madame Rouncewell) dont la traduction montre ses limites quant à rendre son anglais imparfait (à ce propos, pour tous ceux qui se passionnent pour la langue, je conseille de lire la préface et la notice dans lesquelles le traducteur explique les difficultés rencontrées sur un tel texte).
Toutefois, cette légèreté de façade partage aussi de plus sombres dénouements. Tout n'est jamais tout rose dans le quartier de la Justice à Londres. Les différents protagonistes vont l'apprendre souvent à leurs dépends. La justice des hommes dans l'Angleterre Victorienne broie aussi bien que, un siècle plus tard, la haute finance mondiale.
Cela foisonne de partout, les personnages s'intriquant comme dans la meilleure trame d'un tissu mordoré.
Contrairement à ses oeuvres plus austères, on a l'impression d'une merveilleuse bienveillance de la part des personnages et même les plus âpres se révèlent d'une bonté étonnante, d'une grandeur d'âme qu'on attendait pas. C'est le cas de Mrs Dedlock, aristocrate froide et hautaine ou même de son mari qui saura montrer une vraie noblesse de coeur dans l'adversité. C'est oublier bien vite que ces âmes nobles évoluent dans un bourbier où la pauvreté côtoie le misérable destin de ceux qui n'ont rien. Il n'en ressort pas moins que Bleak House (désolé, je ne me fais pas au titre français, trop proche du roman d'Emilie Brontë) est un roman revigorant. A lire quand on a le blues.
Petit conseil de lecture à ceux qui ne sont pas habitués à cette verve propre au XIXème parfois désarçonnant, faite de l'emploi immodéré des négations et des tournures d'un autre siècle. On peut raisonnablement escamoter les deux premiers chapitres et commencer par le récit d'Esther, qui selon mon humble avis, aurait dû démarrer le roman, lui donnant d'emblée le bon rythme, quitte à intercaler la description de la Chancellerie et l'introduction des Dedlock et leur avoué, Mr Tulkinghorn après s'être rodé sur quelques chapitres plus récréatifs.

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Ne nous trompons pas, le rôle principal de ce foisonnant roman est le procès Jarndyce-Jarndyce, procès sans fin, ruineux et mystérieux. Tout, en définitive tourne autour de ce procès dont nous ne savons pas grand chose, sinon qu'il engloutit, comme un siphon de lavabo, tous les protagonistes. Dans le vieux Londres, les ruelles qui convergent vers la Cour de Justice du Chancelier, sont les fils d'une gigantesque toile d'araignée qu'avoués, avocats, marchands, intermédiaires, policiers tissent minutieusement. Tout est gris, poussiéreux, obscur. Cela sent la papiers timbré, la tabac à priser, la sueur collée à la chemise, la crotte de chat.
Bien sûr, il y a de grandes respirations où l'amour le dispute à la fidélité, la charité à la peur du scandale. La campagne anglaise avec ses cotteges douillets et ses austères châteaux vient éclairer le roman d'une douceur de vivre et de bons sentiments mais la boue, le suint et le brouillard de Londres n'est jamais loin.
Il y a là une galerie de portraits magnifiques, hauts en couleurs, pleins d'humanité et d'extravagance. Celui-ci qui escroque son monde sous figure d'ingénuité enfantine, celle-là qui laisse courir ses enfants sans culotte pour mieux se consacrer à une oeuvre de charité hypothétique, ou encore ce père qui vit du travail de son fils pour se consacrer à son maintien, sa posture, image du Régent,…
Dans l'intrigue, il y a du Wilky Collins, auteur de roman policier et ami de Dickens.
Je ne doute pas que Virginia Woolf n'ait aimé Dickens, car lisant cette maison d'Âpre-Vent, j'ai souvent pensé à elle. Ils ont tous deux cette même façon de faire parler les lieux, les objets : ces conversations, ces murmures qui s'infiltrent dans nos esprit, nous enchantent, mêlant réalité, rêves et cauchemars.
Il faut plonger dans la Maison d'Àpre-Vent, alors s'ouvre à vous un Monde à la limite du fantastique. Un conte pour adulte. du très grand art.
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Récemment, je vous parlais d'un projet insensé. Il a fini par se réaliser au bout d'un mois et une semaine de lecture presque continue, interrompue de temps en temps par des ouvrages plus simples. Je suis partagée entre le soulagement et la tristesse de quitter tous ses personnages qui ont largement occupé mes trajets quotidiens.
Soulagement car ce livre est très riche, très dense avec une multitude de personnages qui sont, même pour le plus insignifiant, extrêmement détaillés par l'auteur. Même pour un lecteur aguerri, il faut du temps pour se familiariser avec tout ce beau monde. Je ne pourrais pas commenter ici chacun de leurs traits de caractère mais certains sont inoubliables : le redoutable avoué Tulkinghorn, la famille Dedlock, le généreux Mr. Jarndyce, l'infatigable Mr. Bucket, Mr. Skimpole sans oublier Esther, Ada, Jo, Richard, M. Guppy, les Snagsby, la famille Smallweed, etc. Dickens a souvent tendance à créer des personnages très manichéens : ce livre n'échappe pas à cette règle, ce qui donne quelques situations niaises, des gens d'une extrême méchanceté, ou à l'inverse, d'une bonté infinie.
L'histoire est racontée alternativement par deux personnes : Esther Summerson et un narrateur omniscient. L'intrigue met du temps non seulement à démarrer mais aussi à avancer puisqu'elle est étouffée par un nombre impressionnant de descriptions qui s'étendent sur des sujets divers et variés, depuis l'état de la ville de Londres jusqu'aux gouttes de pluie tombant sur Chesney Wold.
L'auteur critique aussi la société de son époque : les abus du pouvoir judiciaire anglais, la pauvreté, la saleté et la pollution qui règnent dans Londres, les femmes qui négligent leur foyer à force d'être préoccupées par des oeuvres humanitaires, les comportements hautains et condescendants des aristocrates, les dévots qui prêchent chez les gens afin de remplir en premier lieu leur estomac etc.... Chaque élément est décortiqué, analysé soigneusement par Dickens qui ne se prive pas pour lancer des piques ici et là.
Le style d'écriture est très riche et très soutenu, avec beaucoup de sarcasme, des apostrophes au lecteur et plusieurs digressions. Ce chef-d'oeuvre se savoure doucement mais modérément. Si vous n'avez pas accrochez dès les premières pages, je vous conseille de le laisser de côté car il n'y aura pas de changement notable durant les 1000 prochaines pages. La fin est très prévisible mais ravira les fans de Dickens.
Selon moi, ce livre est réservé aux gens qui connaissent bien - et aiment de tout leur coeur - le style particulier de Charlie !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Mais comment les 30 000 anglais qui ont lu la première livraison de ce roman en 1852 ont-ils pu supporter une publication étalée jusqu'en 1853? Comment ont-ils pu rester haletants à la fin d'un chapitre et devoir attendre la suite?

Pour ma part, une fois bien rentrée dans ce gros roman de plus de 1000 pages, je ne l'ai guère quitté. C'est foisonnant à souhait et les premiers chapitres où apparaissent chacun leur tour les différents personnages peuvent déconcerter, mais patience, les fils se relient et petit à petit la vision de cet immense roman apparaît, au grand bonheur du lecteur ébahi et enthousiaste! Avec un peu de recul j'ai admiré comment Dickens a maîtrisé la construction, comment de tous petits détails au début se révèlent importants ensuite et contribuent aux nombreux rebondissements.

Impossible de raconter l'histoire, de parler de tous les personnages, de tous les thèmes : quel monde!!! Et Dickens est à son meilleur pour ficeler les intrigues, pour inventer des personnages ayant encore une fois tant de relief. Bien sûr parfois les traits sont forcés, les personnages sont reliés de façon étonnante, mais on est emporté par son style, ses descriptions, ses dialogues... Lisez ce livre. Lisez Dickens. Ne vous privez surtout pas de cette découverte par peur d'un "classique". Tout y est, des histoires d'amour, des réflexions sur la société, des mariages et des enterrements, une mort mystérieuse, un meurtre, le premier policier de la littérature anglaise, une extraordinaire recherche en voiture dans la nuit et la neige, un procès sans fin, du rire, de l'ironie, de l'émotion...

Lire la suite: http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-la-maison-d-apre-vent-39476354.html#ixzz0ZUocLjLM

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Magnifique roman-fleuve remarquablement construit. Magistral travail d'orfèvre. Une très belle découverte.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Confiez-vous à moi, mon enfant. N'ayez pas peur de moi. Je voudrais que vous soyez heureuse et je vous rendrai heureuse... si je puis rendre heureuse qui que ce soit en ce monde. "
Rosa, de nouveau en larmes, s'agenouille à ses pieds et lui baise la main. Lady Dedlock prend la main qui a saisi la sienne et, debout, les yeux fixés sur l'âtre, la tourne et la retourne entre les deux siennes, puis la laisse progressivement retomber. En la voyant absorbée de la sorte, Rosa se retire sans bruit ; mais Lady Dedlock garde les yeux fixés sur l'âtre.
En quête de quoi ? De quelque main qui n'est plus, de quelque main qui n'a jamais existé, d'un toucher qui eût pu lui changer magiquement la vie ?

LA MAISON D'ÂPRE-VENT, Chapitre XXVIII : Le Maître de forges.
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Vidéo de Charles Dickens
"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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