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Laure Terilli (Traducteur)
EAN : 9782277226437
415 pages
J'ai lu (28/11/2007)
3.86/5   157 notes
Résumé :
Embastillé pendant dix-huit ans pour délit d'opinion, Alexandre Manette est enfin libéré. Sa fille Lucie, qui le croyait mort, quitte aussitôt l'Angleterre, où elle vivait en exil, pour le retrouver à Paris, le ramener à Londres et lui rendre la santé.
Cinq années ont passé lorsque la fille et le père sont appelés à la barre des témoins lors du procès d'un émigré français, accusé de haute trahison par la Couronne britannique. Il s'appelle Charles Darnay et de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Imaginez...
Imaginez que vous soyez un journaliste, un journaliste anglais, par exemple, et que vous soyez chargé d'écrire des articles sur la situation de la France dans les années 1789 à 1794, à peu près. En tant que journaliste anglais, vous seriez nécessairement loyaliste. Qu'écririez-vous ?

Vos yeux sortiraient de votre tête, vous seriez épouvanté, terrorisé par ce à quoi vous assistez quotidiennement. Vous écrieriez que le démon s'est abattu sur ce pays naguère si beau, naguère si civilisé, naguère si désirable qu'était la France. Vous diriez que des hordes de terroristes assoiffées de sang tuent pour un oui pour un non des innocents, qu'on casse tout, qu'on descelle toutes les idoles, qu'on détruit les églises, etc. À peu de choses près, vous décririez l'apocalypse, la fin des temps, la monstruosité humaine à l'état brut, l'enfer, etc. À peu de choses près, vous écririez : « Ce sont des Talibans !!! »

Croyez-moi, les Anglais de l'establishment de l'époque le vivaient comme ça, les Autrichiens également, bref, ceux qui étaient aux commandes le vivaient comme ça. Comme c'est étrange, tout de même, par rapport à la façon dont on nous a seriné la Révolution à nous. Je me souviens encore des cérémonies du bicentenaire (j'avais treize ans à l'époque, c'est l'âge où ça nous marque, ce genre de chose), les slogans débiles et mensongers qu'on y accolait " fin de la tyrannie ", " début d'une ère de liberté ", " prise de pouvoir par le peuple ", toutes ces d'âneries mélodieuses qu'on nous demandait d'ânonner bien consciencieusement, avec émotion et admiration.

On ne nous disait jamais que c'était une révolution bourgeoise qui consacrerait l'ère des banquiers et associés, non, c'était le peuple, soi-disant, c'était la République, la démocratie même, car on a toujours essayé de nous faire croire que république et démocratie étaient des notions synonymes, alors qu'on sait très bien qu'à partir du moment où quelqu'un nous représente, nous sommes comme des enfants mineurs face à leurs parents, mais, c'est pas grave, démocratie que ça s'appelle, c'est ce qu'on m'affirme, donc je le crois, moi, je ne suis pas regardante, j'avale tout ce qu'on me dit d'avaler, les orvets, les couleuvres et... les anacondas ! J'ai l'estomac solide et habitué, depuis le temps, vous verriez ça...

Pourtant, souvenez-vous, dans la ritournelle qu'on nous balance avant chaque cérémonie officielle, lors des commémorations sportives, etc., celle à laquelle on est censés s'identifier, il y a le passage suivant (j'ai vérifié) : « Entendez-vous dans nos campagnes, mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras égorger nos fils, nos compagnes. Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons. » Bref, c'est un truc dans ce genre. Et qui étaient ces " féroces soldats " ? Rien d'autre que des soldats des forces d'ingérence étrangères, notamment tous les loyalistes royalistes des environs, désireux de remettre vite fait sur pied le système d'avant et qui leur convenait mieux.

Alors je vais me faire l'avocate du diable, je vais me faire cracher dessus une fois encore, mais je vais prétendre que ce qui se passe en ce moment en Afghanistan n'est pas, par nature, différent ce qui s'est passé chez nous dans les années 1789-1794. Selon moi, ça n'est ni pire ni mieux, c'est comparable. Ne croyez-vous pas que les Afghans, en tant qu'Afghans, n'en avaient pas marre de " ces féroces soldats qui venaient jusque dans leurs bras égorger leurs fils, leurs compagnes ? "

Aussi critiquables, imbuvables, intolérables que puissent être les Talibans, ils valent au moins autant pour un pays qu'une ingérence étrangère. Après la Guerre d'Algérie, on ne peut pas prétendre que ce soient de fervents adorateurs des droits du peuple qui aient pris le pouvoir là-bas. Pourtant, ça a fait partie d'un processus. le peuple algérien, petit à petit, étape par étape, se forge un système. Il est encore loin, loin, loin d'être correct et acceptable, mais il est déjà cent fois mieux que ce qu'il a été : cela s'appelle, l'histoire en marche d'un peuple qui se construit par lui-même.

C'est long, c'est bancal, c'est fait parfois d'un pas en avant et de deux en arrière, mais c'est comme ça. Un peuple doit trouver lui-même ses propres marques, sans qu'aucune puissance étrangère n'ait à lui dicter quoi que ce soit. Si le peuple se trompe ? Eh bien, tant pis, il se trompe ; il apprendra, par tâtonnements, par essais et erreurs, mais je crois au peuple et à sa sagesse immanente, au bout du processus. Assisterons-nous de notre vivant à l'aboutissement de ce processus ? Rien n'est moins sûr, mais il progresse, à son rythme, indépendamment de quiconque et surtout, indépendamment des intérêts étrangers de l'instant t.

Au départ d'une révolution, le nouveau système est toujours violent, et il est logique qu'il le soit : comment imaginer que les anciens apparatchiks laissent à la fois les commandes et leurs privilèges sans riposter ? On disait de la Révolution iranienne à l'époque exactement ce qu'on dit de l'Afghanistan aujourd'hui. Est-ce que la condition des femmes est merveilleuse en Iran à l'heure actuelle ? Absolument non, mais est-elle incomparablement pire que celle des autres femmes des pays musulmans du Golfe et même un peu plus loin ? Je n'en ai pas l'impression.

Vu de chez nous, les Talibans apparaissent comme les derniers des barbares rétrogrades et sanguinaires. Si tel est le cas, pourquoi se sont-ils imposés si rapidement dans le pays ? Les raisonnements primaires s'autojustifient en disant " précisément parce que ce sont des barbares sanguinaires ". Un peu comme on nous a bourré le mou quand nous étions enfants avec les fameuses " invasions barbares ". Comment imaginer qu'une poignée de sauvages puisse mettre à genou un empire tel que l'empire romain si les populations locales n'avaient pas été partie prenante pour le mettre à plat ?

Comment imaginer que les Talibans aient pu prendre l'Afghanistan aussi vite, si le peuple n'en avaient pas ras-le-pakol de l'état en place et de ses corruptions et pourritures généralisées ? Les Talibans se sont imposés surtout — ça nous fait mal au derrière de l'admettre — parce qu'ils rendent la justice de façon plus juste, plus fiable auprès du peuple que les autorités d'avant. Les fascistes, à l'origine, ont pris le symbole des faisceaux, justement en rapport avec l'impartialité et le refus de la corruption qui les caractérisait comparativement aux systèmes capitalistes qui les précédaient. En somme, ce qui a pu séduire dans le fascisme à une certaine époque est exactement ce qui peut séduire aujourd'hui dans les Talibans pour les Afghans.

Est-ce que c'est un système parfait ? Non. Est-ce que des horreurs seront commises ? Oui. C'est le remous, c'est le temps de stabilisation nécessaire pour passer d'un système d'ingérence et de corruption généralisées à un système autonome, émanant des Afghans eux-mêmes, et qui, un jour, sera acceptable. Je prends le parti de faire confiance aux Afghans. Ils ne sont ni plus arriérés, ni plus bêtes, ni plus sauvages que quiconque. le peuple a des défauts, c'est vrai, il peut être haineux, injuste, vengeur, tout ce qu'on veut, mais il est le peuple. Soit on l'accepte tel qu'il est, avec ses qualités et avec ses défauts, soit l'on n'a rien compris à l'humain.

Eh bien c'est exactement ça dont nous parle Charles Dickens dans Un Conte de deux villes. Il nous dit que le système d'avant était inique, épouvantable, inhumain, que ceux qui le subissaient avaient supporté tellement d'horreurs, de brimades et de vexations que, dès qu'ils purent inverser la tendance, ils se montrèrent parfois plus violents, plus sanguinaires, plus impitoyables que leurs oppresseurs eux mêmes.

En somme, semble nous dire Dickens, c'est dommage, mais c'est comme ça : on n'y peut rien, c'est humain. J'imagine que tous les Français de la métropole assassinés lors de la Guerre d'Algérie n'avaient pas tous été d'odieuses personnes vis-à-vis des populations locales. J'imagine qu'il y a eu des injustice de faites, certains ont payé pour les crimes des autres. J'imagine qu'il en va de même en ce moment en Afghanistan.

Charles Dickens s'emploie, avec toutes les qualités de conteur qu'on lui connaît, à nous présenter justement ce point précis des révoltes. (Il l'avait déjà un peu traité dans Barnabé Rudge.) Il veut nous faire bien comprendre que la foule est aveugle, qu'elle ne fait pas de détail, pas de cas par cas, que du gros et pas de quartier. Untel a fait une mauvaise action dans sa vie ? Très bien, je note, ce sera la mort. Untel est le fils d'Untel qui a fait une mauvaise action ? Très bien, je note aussi, ce sera la mort également...

La narration se déroule sur plusieurs périodes de 1775 à 1793 avec, à un moment, un retour en arrière sur les années 1757 et 1767. L'auteur tient à ce qu'on ressente bien l'injustice, il veut faire pleurer dans les chaumières et, c'est selon moi le plus gros défaut de ce roman. Trop larmoyant. Quoique non, à la réflexion, je lui en trouve d'autres, des défauts, et pas des moindres. le fait, par exemple, que Dickens utilise systématiquement des cas limites, du type jumeaux, du type précisément celui qui était embastillé, du type la frangine d'Unetelle qui vit précisément avec M. Untel pour que l'histoire se goupille bien. À un moment, trop c'est trop, quand on voit à l'excès la mécanique sous-jacente, on peine à se laisser embarquer dans la narration.

Ajoutons à cela le caractère trop univoque des personnages : les gentils sont gentils, invariablement gentils. D'ailleurs, ils sont presque à coup sûr gentils ET victimes, histoire que les violons grincent à plein tube. C'est le cas de l'infortuné docteur Manette et de sa fille Lucie. Dans le genre " vivante incarnation de la gentillesse et de la fidélité ", nommons également Jarvis Lorry, le banquier de la Tellson, ainsi que Charles Darnay, le gentil et fidèle professeur de français... On y croit, on y croit.

Bien évidemment, il y a le pendant, c'est à dire le méchant, méchant et invariablement méchant. C'est le cas, par exemple du Marquis d'Évremont. Dans une certaine mesure, l'avocat Stryver appartient lui aussi au domaine de la grosse et grasse caricature de ce type.

Les personnages les plus réussis, d'après moi, sont probablement les autres, c'est-à-dire, ceux qui naviguent entre deux eaux, dont on ne sait trop s'ils sont bons ou méchants. Je les trouve incroyablement plus humains, plus crédibles, quoique la crédibilité ne soit résolument pas le fort de ce roman. Ainsi le troublant couple Defarge, l'hirsute Cruncher ou le placide Sydney Carton appartiennent à cet entre-deux intéressant pendant un bon bout de temps. Mais à la fin, notre bon Charlie di répugne à nous les laisser crédibles et s'emploie, en tout cas pour l'épouse Defarge et Sydney Carton, à nous les rendre enfin univoques et caricaturaux, parce que la petite larme en dépend, vous comprenez...

En somme, un roman pas fantastique quant aux grosses ficelles scénaristiques utilisées, des personnages dont le passé ou le futur se retrouve toujours pile là où il faut et quand il faut. C'est gros, c'est très gros. Un roman que je trouve en revanche plus intéressant quant à son propos sur l'essence du peuple et sur ce qu'on peut en attendre lors des bouleversements révolutionnaires. Enfin, ma note finale tient compte du talent de conteur de Dickens, qui, même quand il se prend un peu les pieds dans le tapis comme ici sur la crédibilité de l'ensemble, est capable de produire un roman malgré tout très agréable à lire. Chapeau Charlie et puis, gardez à l'esprit que, comme d'habitude, ceci ne représente que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Le conteur Dickens se fait ici chroniqueur, tendance historiographe. Avec la conscience de rendre fidèlement témoignage des "temps anciens" - comprendre la période fort trouble et troublée de la Révolution française - le père du roman social anglais nous offre avec "Le conte de deux cités" un tableau romancé très vivant, aux nombreux personnages attachants.

Sa plume experte s'exprime comme toujours avec une précision et un art consommés, toutefois j'ai été moins envoûtée qu'à l'ordinaire. La faute en revient sans doute moins à Dickens qu'au fait qu'après avoir lu le cycle en quatre volets "La Révolution" de Robert Margerit - grand prix du roman de l'Académie française - j'ai le sentiment qu'aucune oeuvre romanesque n'arrivera à m'immerger avec autant de talent dans cette période complexe et effrayante.

Plus objectivement, le récit accuse quelques longueurs dans sa première partie pour gagner en intensité au fur et à mesure que la fièvre révolutionnaire prend de l'ampleur et dévore goulûment ses petits. Quoi qu'il en soit, il n'est pas inintéressant de découvrir quel le regard portait un auteur anglais sur cet événement charnière qui fut un traumatisme pour le meilleur comme pour le pire, bien au-delà des frontières de la France.


Challenge BBC
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Si tout le monde connait et est capable de citer certains romans de Charles Dickens, ce n'est cependant pas « Un conte des deux villes » qui va être cité en premier.
Même si ce n'est pas le roman le plus connu de Dickens, il fait cependant parti de la sélection des 110 romans les plus plébiscités par les anglais. Sélection qui se retrouve chez Babelio sous la forme d'un challenge créé par Gwen. C'est d‘ailleurs grâce à ce challenge que je viens de terminer cette lecture et qui m'a permis de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur.
Cette oeuvre est un peu singulière chez Dickens car il la fait se dérouler au dix-huitième siècle et plus précisément aux heures les plus sombres de cette période , c'est-à-dire pendant la Révolution Française. de plus, Dickens fait évoluer ses personnes dans deux pays : l'Angleterre et la France, théâtre d'évènements tragiques et sanglants.
Il est intéressants de lire un livre traitant de cette thématique écrit par un anglais (et pas n'importe lequel !)qui de surcroît n'a pas vécu ces évènements.
J'ai retrouvé le style de Dickens dans cette histoire, avec son humour si reconnaissable, même s'il n'a pas été trop présent dans cette oeuvre plutôt sombre.
Ce livre souffre selon moi de quelques longueurs au début et un peu trop de rebondissements à la fin de l'histoire, ce qui ne m'a pas cependant pas empêché d'apprécier cette lecture.
A noter le personnage plus que sinistre de la tricoteuse Mme Defarge, qui a tout fait sa place dans cette période appellée à juste titre « Terreur ».
Pour terminer, c'est clairement grâce à ce challenge que je me suis réconciliée avec cet auteur, mais mes deux favoris resteront « David Coperfield « et « Oliver Twist »

Challenge A travers L Histoire 2024
Challenge BBC
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“Et Mme Defarge suivait toujours sa route, s'approchant de plus en plus.”
Cette phrase, en apparence anodine, répétée de diverses manières, amène un suspense quasi hitchcockien à la fin de ce roman de Dickens, qui a décidément compris avant tout le monde quels sont les “trucs” qui maintiennent l'intérêt du lecteur.

Il faut dire que cette chère Thérèse Defarge est LA teigne numéro un de ce roman qui en comporte pourtant beaucoup. Avec sa camarade, sobrement surnommée La Vengeance, elle peut se vanter d‘avoir envoyé à l'échafaud un grand nombre d'aristocrates et apparentés pendant ces années de Terreur révolutionnaire. Et elle a de bonnes raisons pour ça...

Ce roman de Dickens n'a pas la puissance de ses chefs-d'oeuvre mais il reste tout à fait honorable et passionnant. J'imagine qu'on pourrait lui reprocher d'être parfois trop démonstratif, peu vraisemblable aussi. En réalité il semble que Dickens se soit senti frustré pendant sa rédaction car il a été gêné par les contraintes de la publication dans sa revue “All the Year Round” : lui qui aime tant multiplier les pages et les personnages, a ici été obligé de faire preuve de concision.

On retrouve pourtant toute une galerie d'originaux, tels Melle Pross, Jerry Gruncher et Jarvis Lorry mais sans l'humour qu'on peut trouver dans certains autres de ses romans. le fond du roman est pessimiste. Pour Dickens les massacres de la Terreur sont la conséquence directe des souffrances imposées au peuple par les puissants d'avant la Révolution. Et l'enchaînement des violences était inévitable. Mais il ne les cautionne pas pour autant. Les scènes entourant la guillotine sont des plus effrayantes et désespérées.

La fin, assez abrupte, est en partie énigmatique. Un personnage projette sur l'avenir ses espoirs mais du coup le doute reste : et si ce n'était qu'un voeu pieux ?
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Entre Londres et Paris, de 1775 à 1793, Charles Dickens tisse avec le Conte de deux cités une fresque à la fois politique, sociale et romantique où les acteurs subissent et doivent affronter revers de fortune et poids du passé ; c'est le cas du jeune Charles, d'essence aristocratique qui se réfugie à Londres pour y travailler, renonçant ainsi à la fortune familiale en France, ou celui de Lucie qui, se croyant orpheline, retrouve son père après plusieurs années passées à la Bastille, ou les destins plus ténébreux du tenancier de taverne et de sa femme qui vont se trouver tous mêler aux évènements tragiques de la révolution française. Des intrigues diverses, concernant chacun des personnages vont s'entrecroiser de façon dramatique.

Unique roman historique, le Conte de deux cités permet à Charles Dickens de mettre non pas en opposition mais plutôt en comparaison les deux capitales en évoquant milieux d'affaires - la banque pour l'Angleterre et l'aristocratie pour la France, les conséquences désastreuses du régime monarchique français, incapable de se réformer et pour illustrer ces différences Dickens imagine une intrigue où toutes les classes sociales ont leur rôle à jouer. Une intrigue qui navigue non seulement entre les deux cités mais également dans le temps puisque des vieux secrets du passé ressurgissent aux moments les plus tendus de la révolution française.
Un roman dense, avec une mécanique bien huilée, dans un contexte historique français revisité par un écrivain anglais.
Un regard intéressant
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Mme Defarge […] était assise derrière le comptoir […]. C'était une grosse femme, […] avec un œil vigilant qui, cependant, avait rarement l'air de regarder quoi que ce fût, de grosses mains chargées de bagues et un visage inflexible aux traits accentués qui exprimaient le plus grand calme. Il y avait en elle un je ne sais quoi qui permettait de prédire qu'elle se trompait rarement à ses dépens dans les comptes qu'elle avait à faire. Comme elle était sensible au froid, Mme Defarge était vêtue de fourrure, et un long turban de couleur vive lui enveloppait la tête sans toutefois cacher ses immenses boucles d'oreilles. Elle avait son tricot près d'elle, l'ayant laissé momentanément pour se curer les dents […], le coude droit soutenu par la main gauche […].

Livre I, Chapitre V : La boutique du marchand de vin.
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C'est un fait étonnant, quand on y songe, que chaque être humain constitue pour tous les autres un secret, un mystère insondable. C'est chose impressionnante, quand on entre dans une cité, le soir, de se dire que chacune de ces maisons groupées dans l'ombre, chacune des pièces qui la composent, renferme son propre secret, que chacun des cœurs qui battent dans ces cent mille poitrines est, par certaines de ses spéculations, un secret même pour le cœur qui en est le plus proche.

Livre I, Chapitre III : Les ombres de la nuit.
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La prison était un lieu abominable où se pratiquaient toute sorte de débauches et de crapuleries ; où s'engendraient d'horribles maladies qui parvenaient jusqu'au tribunal avec les prisonniers et s'élançaient même parfois du banc du prévenu jusqu'au premier magistrat pour le terrasser. Il était arrivé plus d'une fois que le juge en bonnet noir prononçât sa propre sentence en même temps que celle de l'accusé, et même qu'il mourût avant lui.

Livre II, Chapitre II : Un spectacle.
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-France, less favoured on the whole as to matters spiritual than her sister of the shield and trident, rolled with exceeding smoothness down hill, making paper money and spending it.

-the mob fired on the musketeers, and the musketeers fired on the mob, and nobody thought any of these occurrences much out of the common way.

-My friend is dead, my neighbour is dead, my love, the darling of my soul, is dead; it is the inexorable consolidation and perpetuation of the secret that was always in that individuality, and which I shall carry in mine to my life's end.

-A bottle of good claret after dinner does a digger in the red coals no harm, otherwise than as it has a tendency to throw him out of work.

-He didn't call it a particularly curious coincidence; most coincidences were curious.

-He knew enough of the world to know that there is nothing in it better than the faithful service of the heart;

-with a jargon about "the Centre of Truth:" holding that Man had got out of the Centre of Truth—which did not need much demonstration—but had not got out of the Circumference, and that he was to be kept from flying out of the Circumference, and was even to be shoved back into the Centre, by fasting and seeing of spirits.

-With a wild rattle and clatter, and an inhuman abandonment of consideration not easy to be understood in these days, the carriage dashed through streets and swept round corners, with women screaming before it, and men clutching each other and clutching children out of its way.

-"For the love of Liberty;" which sounded in that place like an inappropriate conclusion.

-Above all, one hideous figure grew as familiar as if it had been before the general gaze from the foundations of the world—the figure of the sharp female called La Guillotine. It was the popular theme for jests; it was the best cure for headache, it infallibly prevented the hair from turning grey, it imparted a peculiar delicacy to the complexion, it was the National Razor which shaved close: who kissed La Guillotine, looked through the little window and sneezed into the sack.

-he was virtually sentenced by the millions, and that units could avail him nothing.

-The hours went on as he walked to and fro, and the clocks struck the numbers he would never hear again. Nine gone for ever, ten gone for ever, eleven gone for ever, twelve coming on to pass away.
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La nouvelle ère commençait. Le roi était jugé, condamné, décapité. La République, celle de « la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité ou de la Mort » seule contre l’Europe entière sous les armes, se déclarait prête à vaincre ou à mourir. Le drapeau noir flottait nuit et jour au sommet des hautes tours de Notre-Dame. Trois cent mille hommes, incorporés pour lutter contre les tyrans de la terre, arrivaient de tous les points de la France, comme si les dents du dragon de la fable, semées à pleines mains, avaient également fructifié sur la montagne et dans la plaine, dans le sable et dans la boue, sous le ciel bleu du midi et sous les nuages du nord, dans les prairies et dans les forêts, dans les vignes et sous les oliviers, dans l’herbe coupée et dans le chaume, au bord des fleuves et au bord de la mer.
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"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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