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Critique de TheWind


Dimanche matin. Il pleut. Autant rester au lit avec un (bon?) livre.

«  Maman, qu'est-ce que tu lis ?
- Un navet.
- On ne les lit pas les navets ! On les mange !
- Oui, tu as raison, ma chérie. On peut même les dévorer. »

C'est bien ce que je fais depuis samedi matin. Je dévore, sans les mâcher, les feuilles de ce navet, - euh pardon- les pages de ce pavé qui en contient presque 700 et qui comptabilise à ce jour 841 critiques sur Babelio.

«  Et il est bien ton livre ?
- Non.
- Non ? Pourquoi tu le lis alors ? (Autrement dit : «  C'est complètement idiot de lire un bouquin qu'on n'aime pas ! » )
- (Je ne te le fais pas dire...) J'ai juste envie de savoir qui a tué la fille et pourquoi il l' a tuée. Alors je me dépêche de le lire. Et puis, comme ça, plus vite je le lirai, plus vite j'en serai débarrassée ! »

Yououh !! C'est quoi cette excuse bidon ? D'habitude, quand un livre ne me plaît pas, je n'ai aucun remords à le lâcher. Tsss..

«  Si tu veux savoir la fin, regarde sur Internet !  me dit mon cher et tendre qui a l'esprit pratique.
- Oui, enfin, c'est plus compliqué que ça .. »

Ah Non ! Je ne vais pas me mettre moi aussi à faire des répliques à la Harry Quebert quand Marcus – le super héros de cet illustre roman- lui demande d'éclaircir les zones d'ombre qui subsistent et qui l'empêchent de vraiment comprendre ce qu'il s'est passé ce jour-là, le jour du meurtre de Nola. Jugez par vous-même de la richesse du dialogue :

«  C'est compliqué, Marcus.
- Mais je suis là pour comprendre..
- C'est trop compliqué...
[...10 lignes plus bas...]
- Je ne peux pas vous dire. Vous ne comprendriez pas.

Ça c'est juste un aperçu. Il y a bien pire ! Hormis la pauvreté des dialogues, Joël Dicker nous abreuve, à travers le personnage d' Harry, de conseils, de phrases philosophiques d'une rare éloquence sur la manière d'écrire un livre du style « Parce qu'écrire des livres, ce n'est pas rien. », « Écrire un livre, c'est comme aimer quelqu'un : ça peut devenir très douloureux. » ou encore « Un livre, c'est une bataille. » C'est joliment dit tout ça, c'est tout plein de bons sentiments..mais quand l'auteur continue son délire en faisant passer les deux personnages principaux Harry et Marcus pour de « grands écrivains » ayant écrit des « chefs-d'oeuvre », ça coince. Dîtes, Monsieur l'auteur, vous vous moquez de nous ? C'est une mauvais blague ?
Vous allez me dire, il est auteur, il fait ce qu'il veut..S'il a envie que ces personnages soient de sublimes écrivains de génie, il a le droit, non ?
Oui, mais dans ce cas, il aurait dû s'abstenir de nous dévoiler des passages de leurs prétendus « chefs-d'oeuvre ». Des extraits médiocres et insipides. En exemple, cette fin de roman écrite par Quebert jugée « tellement belle » par Marcus, que je ne résiste pas au plaisir de vous en dévoiler quelques phrases. Mesdames ! Attention ! C'est de très haute volée ! Sensation garantie : papillons dans le ventre, jambes qui flageolent, petite larme intempestive !
Extrait : «  Ma chérie, vous me manquerez. Vous me manquerez tant. Mes yeux pleurent. Tout brûle en moi. Nous ne nous reverrons plus jamais ; vous me manquerez tant. »

Ahh ! Vous êtes sur le cul, là, hein ?! Moi aussi.. mais c'est parce que je suis sagement assise devant l'écran de mon PC.

Vous l'aurez bien compris, côté romanesque, inutile d'attendre le grand frisson. Il ne viendra jamais. Je n' ai jamais lu la collection «Harlequin » mais j'imagine que ça y ressemble fort.
Quelle torture tous ces chapitres évoquant la relation amoureuse d'Harry Quebert avec Nola ! L'écrivain mûr d'une trentaine d'années avec une gamine de quinze ans. Histoire déconcertante, peu crédible à nouveau..Qu'il est tarte cet Harry de tomber fou amoureux de cette adolescente en manque d'affection ! Au point de passer ses journées à noircir des pages et des pages de son seul prénom : N.O.L.A.
Affligeant et pathétique.



Dimanche après-midi. Retour du soleil. Youpi !

Je m'installe dans le jardin, le chat sur les genoux, avec le polar de Dicker. Il y a des mauvaises langues qui disent que c'est un livre qui se lit très bien à la plage. Dans mon jardin, y a pas la plage, mais les lunettes de soleil et le transat feront l'affaire pour tester cette théorie.
Eh bien, croyez-moi ou pas, ça marche !
Me voilà dans de meilleures dispositions à l'égard de ce roman que j'ai gentiment incendié ce matin.
Il faut dire aussi que j'en suis à la deuxième partie et qu'on a largement dépassé le stade des présentations. Je me suis familiarisée avec Marcus et j'ai même adopté son acolyte Gahalowood, le flic de choc bourru. Ceci dit, je n'en suis toujours pas à apprécier le portrait caricatural de certains personnages mais au moins, Quebert se fait plus discret. Ouf ! Je respire...(Ce qu'il m'agace celui-là avec son air niais et ses leçons de vie !).
Cette deuxième moitié du roman se concentre plus sur l'enquête à proprement dit et c'est tant mieux.
Le scénario est truffé de rebondissements, de fausses pistes, de nombreux suspects à ne plus savoir qu'en faire. Mordue par l'enquête, j'ai fait abstraction de tout ce qui me dérangeait...C'est sans doute cet aspect qui a donné à ce roman toute la notoriété et le succès qu'on lui connaît : une trame haletante et bien construite.
Je ne suis pourtant pas fervente de roman policier, mais je me prends doucement au jeu et cherche de mon côté qui pourrait bien être le coupable. A partir de la page 450, j'ai bien cru l'avoir trouvé ! Un homme qui ne figurait même pas sur la liste des suspects ! Celui auquel personne ne pense. le mec sympa mais pas très futé, vous voyez auquel je pense ?! J'étais sûre de moi. Mais, quelques pages plus loin, j'ai abandonné cette piste. Ça ne collait plus du tout avec ce que je m'étais imaginé.
Bah, je ne suis pas douée à ce jeu-là. Quand on regarde des séries policières à la télé avec mon chéri, c'est toujours moi qui perds !



Lundi. Très tôt le matin.

Hier soir, j'ai repris « L'affaire Quebert ». Oui, je sais, j'escamote le titre mais je ne me souviens jamais des titres à rallonge.
Repris à 22 heures. Terminé à 1heure 40.
C'est un record. Je suis une lève-tôt, ça c'est certain, et la plupart du temps, je me couche avec les poules, en m'endormant sur un livre.
Cependant, hier soir, je n'avais pas sommeil. Je voulais absolument savoir le nom du coupable. Maintenant, je sais. (Petit sourire en coin.)
Ouh la la ! Quelle fin ! le dernier conseil donné à Marcus par Harry, enfin plutôt le premier ..
Bref ! Ultime conseil du livre : « Le dernier chapitre d'un livre, Marcus, doit toujours être le plus beau. » Décidément , Dicker a des problèmes de formulation ! Elle n'est pas « belle » cette fin, encore moins magnifique, elle est juste palpitante !
Là, pour le coup, j'ai eu le coeur bondissant  !
Dicker a bien mené sa barque. Il trimbale le lecteur là où il veut, l'emmène dans les remous, le perd dans des coins broussailleux, le pousse dans une cascade, l'inonde, le noie, le repêche un peu plus loin...La promenade est loin d'être envoûtante mais elle a le mérite d'être surprenante !
Voilà, que dire de plus ? le scénario est bien ficelé. Ce livre fera sans doute un très bon film …

Alors, bon ou mauvais  ?
Soupir...
Si on met d'un côté de la balance les dialogues médiocres, la mièvrerie de l'histoire d'amour, les gros clichés, le style commun, les personnages trop caricaturaux et peu crédibles, la psychologie de bas étage, la philosophie de comptoir, et de l'autre côté l'intrigue policière très bien menée, cette dernière ne pèse pas bien lourd, c'est indéniable.


Mot de la fin : Si vous n'avez pas encore lu ce roman et que ma critique vous en donne l'envie, je tiens à préciser que je décline toute responsabilité !

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