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Claire Malroux (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070347599
448 pages
Gallimard (22/11/2007)
4.31/5   67 notes
Résumé :
« Celle qui a tant écrit sur l'adieu a dit adieu au monde il y a cent vingt ans, léguant à d'hypothétiques lecteurs, tandis qu'une mouche venue de ses propres poèmes cognait contre la vitre de sa chambre, "la part d'elle transmissible" : une longue lettre sans signature, composée de centaines de feuillets déposés dans un coffret au fond d'un tiroir de commode. Un tendre et solennel héritage à partager. Une énigme à résoudre par les générations à venir.
Ce mo... >Voir plus
Que lire après Car l'adieu, c'est la nuit - Edition bilingue français-anglaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
En préambule, je trouve que la poésie est le parent pauvre de la littérature, c'est ce que je ressens, réussir à décrire un sentiment, un état d'esprit en quelques phrases ça tient de la magie.
" Car l'adieu, c'est la nuit" d'Emily Dickinson à cette magie.
Ce recueil de poème reflète assez bien la tendance du 19ème siècle, la solitude du poète, le " spleen" pour emprunter le mot au grand Charles Baudelaire.
Les mots d'Emily sont crépusculaires, la mort y est présente comme la tombe, dieu est omniprésent, nous sommes dans cette Nouvelle-Angleterre puritaine et dévote.
Le temps semble s'arrêter à la lecture de ses mots magnifique, j'ai retrouvé cette ambiance dans les écrits de Charlotte et Emily Brontë .
la poésie a quelque chose d'intemporel.
j'ai aimé les mots d'Emily Dickinson et j'espère que cette critique attirera d'autres lecteurs qui feront des critiques qui attireront d'autres lecteurs.....
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Lecture mitigée.

Tout d'abord, allez savoir pourquoi, j'étais persuadée qu'Emily Dickinson était anglaise. Mais il n'y a pas eu de doute possible, dès la première page, elle ne pouvait être qu'américaine. Sa langue, son écriture, ce n'était pas de l'anglais. Très juste me direz-vous, Emily Dickinson est reconnue comme la première grande poétesse américaine... Et voilà ! Avec en plus une langue du 19e siècle. Bon, l'édition est bilingue. Donc on s'en sort.

Mais mon sentiment partagé découle surtout de l'ambiance de plomb des poèmes. Mysticisme et noirceur du propos sont les caractéristiques essentielles de l'ensemble des poèmes. Pour la très grande majorité, pas un seul poème qui ne contienne le mot de 'mort' ou de 'tombeau' ou de 'Dieu', de 'ténèbres', d' 'immortalité', d' 'angoisse', d' effroi', etc ou ne soit marqué par le sceau de la disparition.


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« Some things that fly there be -
Birds - Hours - the Bumblebee-
Of these no Elegy.

Some things that stay there be -
Grief - Hills - Eternity -
Nor this behooveth me.

There are that resting, rise.
Can I expound the skies?
How still the Riddle lies!

Il est des choses qui s'envolent
Oiseaux - Heures - le Bourdon -
Sur celles-ci point d'Élégie.

Il est des choses qui demeurent -
Tristesse - Monts - Éternité
Cela non plus ne me sied.

Il en est qui du repos, ressuscitent.
Puis-je expliquer les cieux?
Ah! que muette est l'Énigme! »

Car l'adieu, c'est la nuit - Emily Dickinson @editions_gallimard #poesiegallimard

Que muette est l'énigme…

J'aimerais revenir sur ces mots qui pour moi résument l'oeuvre de cette grande poétesse qui connut le succès après sa mort… Les vers qu'elle nous a laissés, d'une grande beauté, d'une sensibilité peu commune, mâtinée de mélancolie, recèlent pour nous un mystère non résolu, un sens caché profond qu'il est difficile de cerner!

J'ai été touchée par cette poésie où la nature a une grande place, les matins, ces levers de soleil porteurs d'espoir, les couchers de soleil aussi, les oiseaux (le rouge-gorge revient souvent), les abeilles, les papillons…

« Like Flowers, that heard the news of Dews,
But never deemed the dripping prize
Awaited their - low Brows-

Or Bees - that thought the Summer's name
Some rumor of Delirium,
No Summer - could - for Them-

Or Arctic Creatures, dimly stirred -
By Tropic Hint - some Travelled Bird
Imported to the Wood-

Or Wind's bright signal to the Ear-
Making that homely, and severe,
Contented, known, before-

The Heaven - unexpected come,
To Lives that thought the Worshipping
A too presumptuous Psalm-

Comme des Fleurs, ayant oui parler de Rosées,
Sans penser que cette humide couronne
Attendait leur - humble Front-

Ou des Abeilles - prenant le nom de l'Été
Pour la rumeur d'un Délire
Dont nul Été - ne Les pourrait - emplir-

Ou d'Arctiques Créatures, troublées-
Par l'Accent Tropical - qu'à la Forêt
Apporte l'Oiseau Voyageur-

Ou le vif signal du Vent à l'Oreille-
Rendant banal, et austère,
Ce qui, connu, comblait hier-

Le Ciel - à l'improviste advient
Aux Vies qui croyaient l'Adoration
Un trop présomptueux Psaume »

L'émotion principale qui se dégage de ses vers est la mélancolie… Emily parle souvent de la mort, mais sans affect, elle en parle comme d'une amie, d'une rencontre prochaine, comme d'un repos doux que l'on peut espérer à la vesprée…

« We never know we go - when we are going -
We jest and shut the door
Fate following behind us bolts it
And we accost no more.

On ne sait jamais qu'on part - quand on part -
On plaisante, on ferme la porte
Le Destin qui suit derrière nous la verrouille
Et jamais plus on n'aborde. »

Lire Emily Dickinson, c'est toucher à l'immortalité, à la survivance, par-delà le temps et les âges!

« The Poets light but Lamps-
Themselves - go out -
The Wicks they stimulate
If vital Light

Inhere as do the Suns -
Each Age a Lens
Disseminating their
Circumference -

Les Poètes allument des Lampes -
Eux-mêmes - s'éteignent -
Ils remontent les Mèches
Si la Clarté vitale

Perdure comme les Soleils
Chaque Age sera un Verre
Qui diffusera leur
Halo de lumière »

Lire cette poésie empreinte de magie et de mystère, c'est goûter à la beauté du monde contenue en quelques mots…

« The largest Fire ever known
Occurs each Afternoon -
Discovered is without surprise
Proceeds without concern -
Consumes and no report to men
An Occidental Town,
Rebuilt another morning
To be burned down again

Le plus vaste Incendie
A lieu chaque Soir -
On le découvre sans surprise
Il se poursuit sans souci
Consume à l'insu des humains
Une Cité d'Occident,
Rebâtie un autre matin
Pour cendres redevenir »

Lire cette grande poétesse c'est prendre conscience qu'il ne faut pas un vaste horizon pour toucher, entrevoir, s'émerveiller de la profondeur du monde qui nous entoure!

« Water, is taught by thirst.
Land - by the Oceans passed.
Transport - by throe -
Peace, by it's battles told -
Love, by memorial mold -
Birds, by the snow.

L'Eau, s'apprend par la soif.
La Terre - par les Mers franchies.
L'Extase - par les affres -
La Paix, par le récit de ses combats -
L'Amour, par l'effigie -
L'Oiseau, par la neige.»

Emily Dickinson, une énigme certes, mais une poésie d'une richesse profonde et envoûtante 🌟
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'Parce que je ne pouvais pas m'arrêter pour la mort -
cet homme eut la bonté de s'arrêter pour moi -
Il n'y avait que nous dans la voiture – rien que nous -
Et l'immortalité.'
Ainsi commence l'un des poèmes les plus connus de la langue anglaise. Écrit par Emily Dickinson, le poème est en six quatrains. le narrateur meurt après le premier, et voyage vers l'éternité en calèche avec la Mort.

Le narrateur voudrait établir que le monde des vivants est structuré et rationnel. À la fin de la vie, nous voyons la seule période de tout le poème, signe d'un arrêt définitif et complet. Qu'en est-il de la Mort ? le narrateur suggère qu'on ne peut pas s'arrêter à la mort. La vie est continue, son sujet ne sachant pas quand elle devrait se terminer. C'est, comme le suggère Dickinson, comme si la mort était basée sur le caprice d'un homme, qui peut choisir de s'arrêter et de prendre une âme dans sa voiture. Mais qu'y a-t-il dans ce carrosse de la Mort ? La mort apporte avec elle l'immortalité. Cependant, il n'y avait qu'elle et Mort dans la voiture, nous ne pouvons donc que la prendre au mot.

'Nous allions lentement - Il avait le temps
Et j'avais écarté
Mon travail, aussi mes loisirs ,
réponse à są courtoisie...4

C'est un thème qui reviendra. Dans l'éternité, il n'y a pas de temps. La mort, que nous considérons comme dure et froide, conduit lentement et 'ne connaît pas la hâte' . Dickinson nous rappelle que la mort est une âme bienveillante .

"Nous sommes passés devant l'école, où les enfants s'efforçaient
À la récréation – en une ronde –
Nous sommes passés devant les Champs d'épis -
Nous avons dépassé le soleil couchant - '

D'abord, elle passe devant son école, racontant sa récréation dans la ronde. Elle passe devant les champs de céréales, qui évoquent des images de longues journées de labeur –– sa vie professionnelle. Et enfin, elle passe le soleil couchant, après quoi la lumière de la vie s'estompe et tout ce qui reste est la mort. le plus intéressant est la brièveté du passage, combinée à l'accent mis sur son enfance. Peut-être que Dickinson aimerait dire que la vie est courte, et que la meilleure partie de celle-ci était son enfance, quand elle 's'efforçait à la récréation – en une ronde'.

'Ou plutôt – Il nous adépassa–
les rosées tombèrent froides et nous apportant des frissons -
ma robe n'était que de gaze-
Mon étole – uniquement du tulle – '

Dickinson semble se moquer d'elle-même avec są robe de gaze, Il semble que la mort, cependant, soit omniprésente, ayant déjà été avec le narrateur. Ce quatrain se veut humble ; tous les petits soucis de la vie sont passés en un instant à la mort, et à l'âme après la mort. Peut-être est-il clair ici que ce que le narrateur appelle la Mort, nous pouvons l'appeler Dieu.

'Nous nous sommes arrêtés devant une maison qui semblait
'Un gonflement du sol –
Le toit était à peine visible -
La corniche – enfoncée dans le sol – '

Une corniche est une doublure ornée entre le toit d'une maison et son mur. Cette maison est soit comiquement petite, soit plus probablement enfoncée dans le sol. Ce quatrain est l'un des plus énigmatiques, mais il semble montrer une maison autrefois ornée d' ne corniche s'enfoncer dans le sol et dans l'obscurité. du point de vue de la mort, qui ne voit pas le temps, tout, même les bâtiments les plus hauts, finira par s'enfoncer dans le sol et être enterré.

'Depuis lors – il y a des siècles - et pourtant
cela semble moins qu'un jour
J'ai d'abord supposé que les têtes de chevaux
regardaient vers l'éternité - "

Il y a une éternité après la mort, qui ignore le temps. L'idée de Dickinson du monde des morts se termine cependant de manière étrange. Elle décriTsa conviction que la voiture fonctionnerait pour toute l'éternité, suggérant qu'elle ne sait pas pourquoi il pourrait en être ainsi, sauf par son intuition.

Alors que doit retenir le lecteur ? La vie est courte, les petites choses qu'elle contient seront oubliées avec le temps et la mort n'est pas à craindre. Au contraire, il doit être considéré comme un lieu où le temps n'a pas de sens dans le voyage sans fin vers l'horizon de l'éternité.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Cela fait un petit moment que je voulais me plonger dans la lecture de recueils de poésie écrits par des femmes, et l'un des noms qui me revenaient sans cesse à l'esprit était celui d'Emily Dickinson. Commençons donc par là !

Et le titre de ce recueil n'y est pas pour rien dans ce choix de lecture : Car l'adieu, c'est la nuit. Quelle image grandiose pour évoquer la douleur, la peine qui peut nous envahir lorsque nous nous séparons de quelqu'un ! Mais quel désarroi de ne pas trouver ce vers dans le présent ouvrage... (si quelqu'un sait me dire de quel poème il s'agit, je suis preneur).

Une des premières choses qui interpelle à la lecture, c'est la forme des poèmes. On ne sait pas trop quel rythme il faut adopter avec ces tirets. Sont-ils l'équivalent de points ? de virgules ? C'est assez déstabilisant au début (essayez de lire à voix haute, vous verrez) et après la lecture devient plus naturelle.

Même si une majorité des poèmes sont ardus et ne se laissent pas apprivoiser aussi facilement, on relève plusieurs thématiques qui se dégagent au fur et à mesure qu'on avance dans le recueil. Emily Dickinson célèbre autant la nature, que les grands espaces ; les espaces géographiques et métaphysiques (Dieu, la mort, etc). Comment en pourrait-il être autrement lorsqu'on a passé une partie de sa vie cloîtrée chez soi, avec une éducation religieuse rigoureuse ? Nous sommes aussi à une époque de découvertes géographiques, avec la colonisation américaine des terres de l'ouest. Comment vit-on ce bouleversement à domicile ?

D'ailleurs le mystère entourant la vie (et la poésie) de Dickinson me donne envie d'en découvrir plus sur le personnage, et ses motivations d'écriture. Si les biographies se trouvent aisément, les analyses stylistiques sont plus compliquées à dénicher (en tout cas en bibliothèque). Et si cela vous intéresse, je vous conseille de feuilleter la thèse de Sophie Mayer «Formes du mouvement dans la poésie d'Emily Dickinson – déplacements, réécritures, conversions.» (dispo en ligne). Alors oui, comme ça, ça à l'air assez compliqué. Mais à la lecture de l'introduction, vous aurez déjà des pistes pour mieux appréhender l'oeuvre de Dickinson, et notamment comprendre comment le contexte de l'époque, même s'il ne transparaît pas ouvertement dans les vers, influence son écriture.

Sinon, vous pouvez toujours lire en posant votre propre interprétation sur ces poèmes, et même ne rien tenter de comprendre, car au final on se laisse facilement bercer par la beauté des vers, des sons (lisez en anglais, même si vous être anglophobe...) qui pour moi m'apportent paix et réconfort.
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Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
On ne sait jamais qu'on part - quand on part -
On plaisante, on ferme la porte
Le destin qui suit derrière nous la verrouille
Et jamais plus on n'aborde.

We never know we go - when we are going -
We jest and shut the door
Fate following behind us bolts it
And we accost no more.
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J'aime mieux me souvenir d'un Couchant
Que jouir d'une Aurore
Bien que l'un soit superbe oubli
Et l'autre réel.

Car il y a dans le départ un Drame
Que rester ne peut offrir -
Mourir divinement en une fois le soir -
Est plus aisé que décliner -

I'd rather recollect a Setting
Than own a rising Sun
Though one is beautiful forgetting
And true the other one.

Because in going is a Drama
Staying cannot confer -
To die divinely once a twilight -
Than wane is easier -
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L'Eau, s'apprend par la soif.
La Terre - par les Mers franchies.
L'Extase - par les affres -
La Paix, par le récit de ses combats -
L'Amour, par l'effigie -
L'Oiseau, par la neige.

Water, is taught by thirst.
Land - by the Oceans passed.
Transport - by throe -
Peace, by it's battles told -
Love, by memorial mold -
Birds, by the snow.
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Du cœur, l'esprit se nourrit
Comme tout parasite
Si le cœur est riche
L'esprit profite
Mais si le cœur faillit
L'esprit s'émacie
Si absolu ce qu'il
Y puise.

The mind lives on the heart
Like any parasite
If that is full of meat
The mind is fat
But if the heart omit
Emaciate the wit
The aliment of it
so absolute.
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C'était un Poète -
Cet Être
Qui extrait un sens surprenant
De Signes Ordinaires -
Une si vaste Essence

Des espèces familières
Ayant péri à la Porte -
Qu'on s'étonne de ne pas Soi-même
L'avoir captée - d'abord -

D'Images, Révélateur -
Le Poète - Lui et nul autre -
Nous investit - par Contraste -
D'une incessante Pauvreté -

De la Partie - si inconscient -
Qu'un Vol ne le saurait léser -
Lui-même - pour Lui - Trésor -
Au Temps - étranger -
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