Après ma période
Voltaire (qui n'est pourtant pas complètement close), j'entame la période
Diderot, par l'ouverture d'un très vieux livre poche "
Paradoxe sur le comédien, précédé de "Entretiens sur le Fils naturel" qui a dû se balader de mains en mains, se poser de bibliothèques en bibliothèques avant de finir dans la mienne, croyant innocemment y vivre au calme. Mais il fut surpris quand je le sortis du rang, le préférant aux autres, les plus récents, les petits nouveaux, pour lire ou relire les
oeuvres de ce grand philosophe des Lumières.
C'est probablement mon intérêt pour le théâtre qui a influé sur mon choix, pourtant
Diderot n'a pas construit sa renommée sur ce genre, d'autant plus que les auteurs du XVIIIe siècle – on l'a vu avec
Voltaire – souffriront (et souffrent encore) de l'écrasant prestige du théâtre de l'époque classique.
Sous la forme de longs dialogues,
Diderot interroge le théâtre de son temps ainsi que la manière et les codes qui le régissent. L'intérêt de ces deux discussions fictives réside dans les propositions novatrices et originales du philosophe, cherchant à sortir des règles trop strictes du théâtre classique dérivé des préceptes d'
Aristote. Il précède ainsi la volonté d'un
Victor Hugo, en axant surtout sa réflexion sur l'art de l'acteur, ce dernier devant jouer sur ses techniques et sa réflexion pour bien interpréter un rôle, au lieu de chercher à atteindre le sentiment juste par une identification trop proche du personnage et de la situation, identification qui peut probablement émouvoir dans un instant, une représentation, mais certainement pas sur le long terme, sur plusieurs représentations.