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EAN : 9782918135449
118 pages
Editions Dialogues (16/02/2012)
3.54/5   67 notes
Résumé :
Une jeune femme et sa petite fille vivent enfermées dans leur maison. A l’origine de cette claustration, il y a Enola Game, une catastrophe dont on ne connaît pas la nature exacte : accident nucléaire ? Conflit mondial ? Guerre civile ? Au fil des semaines, malgré sa peur et son chagrin, la mère puise dans sa mémoire et ses lectures mille raisons de célébrer la vie. Les mots de Mallarmé qu’elle recopie dans son journal intime trouvent une résonance particulière dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 67 notes
Avant, il y avait le printemps, le soleil, l'insouciance et le superflu. Puis, il y eut Enola Game, cette grande lumière et ses nombreuses détonations. Depuis, la mère et la petite vivent recluses dans leur maison, sans savoir ce qui se passe à l'extérieur. Chaque jour, elles écoutent un morceau de musique et font une photo pour le père qui n'est pas là. Dehors, l'armée distribue des rations d'eau et de nourriture que la mère stocke avec appréhension. Elle sent que la pénurie finira par les condamner à la fuite, qu'il faudra quitter la maison, quitter cet univers.

« La mère s'aperçoit qu'elle a toujours considéré l'hygiène et le confort comme définitivement acquis. » (p. 33) le quotidien sans eau, ni électricité est devenu une succession d'économies et de rationalisation. Il ne faut plus rien gâcher, le temps n'est plus au superflu et chaque chose compte puisqu'elle pourrait être la dernière. La mère voudrait tout donner à son enfant, mais c'est par amour qu'elle apprend à compter. « Elle voudrait que sa fille n'ait pas besoin de subir l'épreuve de la prodigalité pour apprendre à suspendre mille fois le temps et choisir de révérer mille choses, que sa fille, d'instinct, ne claque jamais les volets au nez du printemps. » (p. 41) Quand une crêpe cuite au-dessus d'un feu de fortune devient une fête et un cadeau, quand la petite se met à raisonner comme un adulte, la mère sait qu'elle perd le combat contre l'inconnu.

Alors que l'anarchie envahit les rues, la mère veut maintenir une apparence de normalité dans la maison. Pour combattre le froid, la solitude et la peur, elle met en place une organisation salvatrice. « Elle respecte le rituel matinal du maquillage comme les quelques autres habitudes qu'elle a pu conserver. Il s'agit de baliser les journées pour ne pas se perdre dans le néant. Elle refuse de donner à son enfant l'image d'une femme qui se laisse aller. » (p. 50) La survie est aussi un état d'esprit et la mère veut donner à la petite l'illusion d'une réalité normale. Et pour se sauver elle-même, elle s'impose d'écrire un journal, de tenir l'espoir au bout de la plume. Elle raconte le passé et évoque les proches dont elle ne sait plus rien. « Elle se demande comment on en vient à se laisser aller. Au bout de combien de temps. Elle se demande ce qu'il faut de lassitude pour faire pencher la balance du côté du renoncement. » (p. 97)

Petit à petit, les mots deviennent des souvenirs puisqu'ils désignent des réalités disparues. Quand le langage devient relique, la pensée est plus solennelle, mais elle est également plus pratique : il faut dire l'utile, le concret et l'immédiat et ne pas se perdre, ni perdre la raison, à évoquer ce qui n'est plus. « Enola Game l'a débarrassée de sa vanité en lui volant son insouciance. » (p. 51) Enola Game est à la fois l'évènement fondateur et le nom d'une nouvelle époque. Enola Game a créé une nouvelle réalité qui demande de nouveaux mots et une nouvelle façon d'être au monde.

Enola Game a un air de déjà vu et la référence à la première catastrophe nucléaire est explicite. Au-delà de la survie en autarcie d'un petit groupe de survivants, le roman évoque le comportement de l'humanité devant un évènement traumatisant majeur. Cette réflexion alimente les terreurs de la mère. « Elle ne se fait pas d'illusions. Elle sait que chaque époque est capable de générer sa propre barbarie. Il suffit d'un déclic et les pires instincts se réveillent. Depuis plusieurs jours, des hordes sillonnent les rues. » (p. 71) Comme les deux femmes, le lecteur est enfermé dans cette maison qui ne pourra se suffire à elle-même. Dans ce huis clos narratif, le découpage en paragraphes plus ou moins courts évoque des fragments de conscience, des sursauts d'humanité après Armageddon.
Si le sujet n'est pas neuf et si le traitement n'est pas spécialement original, ce roman est toutefois très réussi. Il dégage une atmosphère profondément oppressante et une angoisse palpable. Les rapports duo/duel entre mère et fille, entre intérieur et extérieur, entre passé et présent alimentent une dialectique qui tend à devenir cyclique et à générer la folie. Un roman que je recommande aux amateurs de dystopies et de science-fiction postapocalyptique.

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Une femme et sa fille de quatre ans vivent confinées dans leur appartement depuis le jour de la grande lumière selon le mot utilisé par l'enfant; la maman l'appelle Enola game en référence à l'avion qui bombarda Hiroshima en août 1944.
Elles réunissent leurs forces, leurs vitalités pour ne pas sombrer sous cette avalanche de cendres. La mise en place des éléments de survie prend tout leur temps et leur énergie. Trouver des solutions pour se nourrir, s'abreuver, se chauffer, s'occuper tout en gardant un oeil sur l'extérieur pour guetter un signe familier et réconfortant ou plus souvent une raison de plus de craindre et d'avoir peur.
Tout comme le lecteur qui avance à vue les personnages sont dans un flou total depuis ce jour apocalyptique. Les autres personnes du foyer sont absentes. La jeune femme a choisi d'obéir aux ordres donnés par les cosmonautes (en référence à ces hommes harnachés de combinaisons et de casques) et de rester dans sa maison plutôt que s'en aller pour essayer de se réfugier chez sa mère. Elle ne veut pas mettre en danger la vie de la petite et lui faire respirer la toxicité de l'extérieur.
Le lecteur profite de pauses, de respirations initiées par cette maman courage. Lorsqu'elle propose des activités à son enfant, une cabane, un découpage, un puzzle ou même la confection d'un gâteau d'anniversaire, c'est pour nous aussi le temps d'un sourire le temps de déchirer ce carcan, cette atmosphère pesante et angoissante.
Ce roman qui fait penser à « La route », m'a aussi rappelé ce film italien où le papa cache la vérité à son fils et imagine un grand jeu dans le camp de concentration : « La vie est belle ».
Une très belle lecture malgré le thème angoissant, une histoire indélébile dans ma mémoire.
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Sur un sujet qui peut rappeler La route de Cormac McCarthy, versant sombre, ou En un monde parfait de Laura Kaschichke, versant un peu plus léger, Christel Diehl nous fait surtout apprécier la magie de son écriture. Une femme et sa fille restent confinées dans leur maison depuis un événement, qu'elle a nommé Enola game, en référence à la bombe lâchée sur Hiroshima. Nous n'en saurons guère davantage sur ce drame extérieur, si ce n'est que l'électricité et les communications sont coupées. le mari et la fille aînée sont au loin, les services publics recommandent de rester enfermés et distribuent de l'eau potable. Pour ne pas perturber sa fille de quatre ans, et ne pas sombrer, la mère institue des rituels, et dans les moments où la petite dort, trouve refuge dans ses souvenirs et dans l'écriture.
Le roman raconte son quotidien, ses peurs, son organisation, ses occupations. Elle constate très vite le dérisoire de tout ce qui pouvait paraître indispensable ne serait-ce que quelques jours auparavant. Une vie réduite au minimum vital, voilà ce qu'elle doit affronter maintenant, et sans savoir jusqu'à quand…
Je n'ai noté aucune phrase, fait aucun repère dans le livre, tant j'aurais eu du mal à choisir, tant tout sonnait juste à mon oreille, tant l'émotion jaillissait de chaque ligne, de chaque paragraphe. Un texte court, mais fort, à découvrir, assurément !
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Une jeune femme tente tant bien que mal de maintenir un semblant de normalité dans la vie de sa petite fille. Mais ce n'est pas facile quand on doit vivre cloîtrée dans sa maison suite à un événement non identifié. Une guerre ? Une catastrophe nucléaire ? Tout ce qu'elle sait, c'est qu'une grande lumière accompagnée de bruits d'explosions les a réveillées et que depuis c'est le chaos. L'électricité est coupée, il n'y a plus de chauffage, plus de téléphone et pas moyen de savoir ce qu'il est advenu de son compagnon parti travailler, ni de sa fille aînée en vacances chez son père sur un autre continent. Des chars sillonnent la rue, avec des soldats qui crient de ne pas sortir pour éviter toute contamination et qui déposent des vivres tous les trois jours.
La jeune femme surnomme l'événement Enola Game, en souvenir de cet avion qui avait largué la bombe atomique sur Hiroshima et parce qu'elle essaie d'en faire un jeu pour sa fille et pour s'empêcher de paniquer.

J'ai accepté de recevoir ce roman proposé par les éditions dialogues, car je n'avais encore jamais lu de roman post-apocalyptique et que le résumé, pour une fois, me tentait. Je ne le regrette pas car, en peu de pages, la romancière réussit à nous plonger dans une ambiance angoissante et terrible. Bien que la mère tente de maintenir une certaine stabilité au sein du foyer, la situation extérieure s'insinue avec tout ce qu'elle comporte d'incompréhensible et de stressant. le lecteur ignore ce qui s'est passé mais il voit par l'oeil de la jeune femme et l'angle limité de la fenêtre de l'étage les différentes étapes du chaos qui s'installe : les chars de l'armée qui vont viennent avant de faire place aux pillards pour finalement voir arriver des rafles. Et toujours, cette mère qui lutte pour le bonheur et la survie de son enfant.

Un roman poignant qui ne peut laisser indifférent en ces périodes où l'on parle beaucoup de fin du monde, de guerres et autres pénuries des ressources. Mais ce récit aborde aussi la surconsommation et les problèmes qui se posent à notre société sans cesse en train de vouloir plus et qui passe à côté des petits bonheurs. L'écriture de Christel Diehl est raffinée et érudite, rendant le récit plus intense encore.
Lien : http://www.chaplum.com/enola..
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Catastrophe naturelle ? Accident nucléaire ? Guerre chimique ? le ciel est gris, le soleil semble avoir disparu. Cette prof d'université se retrouve cloîtrée chez elle avec sa petite fille de quatre ans. Comme leurs voisins, elles sont sommées de ne sortir sous aucun prétexte, de ne pas consommer l'eau du robinet. Une patrouille sillonne les rues et les approvisionne.

Cette lecture m'a fait penser à 'La route' (McCarthy) et 'En un monde parfait' (Laura Kasischke), pour l'ambiance post-apocalyptique, ainsi qu'à 'Room' (Emma Donoghue) pour le côté séquestration, isolement. J'ai donc été stressée, prise de sentiments croissants de claustrophobie et de peur (= de manquer de l'essentiel, de mourir de faim ou de soif, d'être violée, tuée).

Mais comme dans 'Room', il y a une femme, une mère qui sait rassurer son enfant, remplir leurs journées à partir de trois fois rien, raconter le passé pour faire rêver d'un avenir... Et c'est déjà énorme.

Une écriture très "efficace", donc, selon l'expression consacrée, pour un petit livre aussi émouvant qu'angoissant, à lire d'une traite.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Avant Enola Game, elle se sentait submergée par le flux d'informations qui l'assaillait chaque jour. Internet était devenu pour elle un fleuve charriant devant ses yeux d'orpailleur des milliers de pépites qu'elle ne pouvait toutes saisir . Un sentiment de panique l'étreignait parfois quand elle prenait la mesure de toutes les connaissances qui ne seraient pas mes siennes. De tous les messages qu'elle ne lirait pas. De toutes les expériences qu'elle ne tenterait pas. De tous les départs qui seraient pris sans elle. Les psychiatres appelaient cela « syndrome de débordement cognitif ».  (p.18)
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Les livres rescapés la nourrissent et l'enivrent. Quand elle n'a plus envie d'écrire, elle a encore faim de lire. Alors, elle lit passionnément, elle lit goulûment, jusqu'à l'épuisement. Et sa troupe de spectres familiers ne la quitte pas même dans le sommeil.
Dans les ténèbres de ses rêves, elle tombe amoureuse d'un lutteur rencontré dans un hôtel du New Hampshire, puis d'un privé du Montana, qu'elle quitte après un dernier baiser. Passagère du vent, elle décide ensuite de rallier l'Europe. Après une douce ballade de la mer salée, elle fait une escale idéalement épicurienne dans les bras d'un crétois qui la traite de souris papivore."
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Elle s'aperçoit qu' Enola Game revêt maintenant deux sens dans sa sémantique intime. Elle a d'abord choisi ces mots pour pour désigner un repère chronologique, et petit à petit, Enola Game est devenue l'ère qu'elle a inaugurée. Enola Game comme une pâte de temps qui s'étire depuis le premier jour, invasive et informe, constituée de molécules dont on ne connaît pas le degré de nocivité. Intuitivement, elle a choisi le gendre féminin. Le même que celui du mot tumeur, qui peut comme chacun sait être bénigne ou faire la maligne.
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Elle se dit aussi qu'elle n'a pas toujours su appliquer elle-même la métaphore de l'escalier. Qu'elle n'a pas toujours su chérir l'unicité des jours. Ni reconnaître que chaque marche, même ébréchée, même ratée, participe de l'ascension.  (p.41)
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"Quand elle se réveille, elle sait exactement pourquoi elle a rêvé de bois et cette pensée la glace : elle a déjà fait brûler tous les meubles. Il ne reste plus que le coffre en chêne que son père a fabriqué et que sa mère lui a offert quand elle a emménagé dans cette maison. Elle ne se sent pas la force de lever la hache sur le plus beau souvenir qu'elle garde de lui. De ses mains d'ébéniste à ses heures.
Elle préfère se résigner à avoir froid".

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Vidéo de Christel Diehl
On refait le monde RTL - Enola Game - 28 mars 2012
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