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EAN : 9782221037393
548 pages
Robert Laffont (02/04/1976)
4.52/5   135 notes
Résumé :


Guy Sajer n'a pas dix-sept ans quand, en juillet 1942, il endosse l'uniforme de la Wehrmacht. Il est français par son père, allemand par sa mère ; il habite alors l'Alsace.

A cause de son jeune âge, il n'est pas affecté à une unité combattante, mais dans le train des équipages. Dès novembre, l'hiver s'abat sur la plaine russe ; le froid, la neige, les partisans rendent la progression des convois extrêmement difficile : jamais l'unité d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Une note de l'éditeur indique que le Soldat Oublié , paru en 1967, est l'oeuvre de Guy Sajer, un homme malade qui a retracé sur "dix-sept cahiers, écrits au crayon, illustrés par des dessins précis comme des planches d'anatomie", son parcours dans la Vermacht de 1942 à la capitulation. Alsacien, Français par son père, Allemand par sa mère et par les jeux de la guerre, ce Malgré-Nous a seize ans lorsqu'il rejoint le front de l'Est et la division Grossdeutschland.

Précisons d'emblée que son récit fait preuve d'une conviction dérangeante : "Qu'Adolf Hitler repose en paix", s'épanche-t'il, "je ne lui en veux pas plus à lui qu'à tous les autres grands dirigeants de ce monde. Lui, au moins, bénéficie du doute puisqu'il n'a pas eu l'occasion d'établir ces lendemains de victoire". Et, pour enfoncer son clou : "Les Allemands ont fait une grave erreur pendant toute cette guerre. C'est de faire mener à leurs soldats une vie pire que celle des prisonniers au lieu de nous laisser le droit de viol et de pillage pour lesquels nous avons été en fin de compte jugés."

Dommage : si l'auteur ou l'éditeur avaient expurgé ces rares passages et quelques observations déplacées et agaçantes sur un moniteur auto-école "pauvre pédéraste" et sur le "flic parisien, londonien, belge - qui dresse une contravention à un petit bourgeois chiasseux", on obtenait un récit romanesque à classer au Panthéon des meilleurs ouvrages du genre. En effet, il décrit d'une manière frappante la vie et les préoccupations des combattants, les tracasseries de la hiérarchie, l'arrière, l'animalité de l'homme face à la mort. Il le fait avec maestria, tant dans les effets comiques (la garde du wagon de matériel militaire de la page 30 ; les oeufs de la grosse Polonaise de la page 418) que dans les passages dramatiques (l'inquiétante infanterie en déroute de la page 449, le pillage du véhicule d'intendance de la page 454). La permission de Sajer dans Berlin dévasté donne aussi lieu à quelques très bonnes pages (page 160). Un souffle cinématographique traverse le lecteur de ce récit, à peine ralenti par les émanations citées dans le paragraphe précédent.

Tant et si bien qu'au fil des 540 pages, il devient de plus en plus douteux que l'auteur soit vraiment ce Sajer amateur et malade, dont les manuscrits n'ont donné naissance au livre que par l'effet d'une sorte de hasard. Le mystère est vite élucidé par les recherches : Sajer est un pseudo de circonstance du nommé Guy Mouminoux, à l'époque dessinateur au magazine Pilote. Démasqué, Mouminoux perdra son travail pour cause de réminiscence fasciste. Il rebondira sous le pseudo Dimitri chez Charlie Mensuel ou L'Echo des Savanes.

La reconstruction malaisée de Mouminoux, ("Mes parents m'imposeront un silence absolu et jamais conversation sur ce qui me soulagerait de raconter ne sera envisagée. J'écouterai avec beaucoup d'attention l'histoire des héros d'en face, des héros tout court auxquels je n'ai pas eu la chance d'appartenir."), les immenses qualités littéraires du Soldat Oublié, qui décroche en 1968 le prix des Deux Magots, valent qu'on néglige ces quelques pages dérangeantes. Selon la revue Guerre et Histoire, la lecture du Soldat Oublié fut recommandée aux officiers américains comme un exemple de ce que vit un soldat dans une guerre de haute intensité. On veut bien y croire !

Unique et indispensable malgré ses défauts, le récit de Sajer / Mouminoux / Dimitri, quels que soient au fond son nom et son camp, est celui d'un individu emporté par la folie des hommes. Éloigné des thèmes traditionnels de la seconde guerre mondiale, il m'a rappelé les classiques de la grande guerre (Les Croix de Bois, Ceux de 14, A l'Ouest Rien de Nouveau) et contribue finalement aussi efficacement, par les chemins inexplorés qu'il emprunte et ses solides qualités narratives, à dénoncer l'horreur universelle des guerres.
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Guy Sajer, jeune alsacien, sera incorporé dans la Wehrmacht, puis partira pour le front de l'Est.
Il y découvrira la « Kameraderie » et l'enfer des combats face aux « Ivan ». C'est un récit d'une rare intensité, d'un réalisme étourdissant, les descriptions des affrontements sont impressionnant, on y découvre le quotidien de ces soldats lors de leur retraite de Russie. Ils étaient partis au son de la chevauché des Walkyries, c'est à celui du crépuscule des « Dieux » qu'ils rentreront.
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« Quand la guerre commence, l'enfer s'ouvre ». Ce proverbe polonais, Guy Sajer l'a vécu en plénitude, une bien terrible plénitude. Celui qui est connu sous le pseudonyme de Dimitri a laissé un témoignage d'une rare intensité en écrivant le Soldat oublié.

Pour avoir lu nombre de romans de guerre, il m'a rarement été donné de percevoir un si profond élan de vérité sur ce que peut ressentir un homme confronté aux affres de la guerre, de la guerre totale. Et quand je dis un homme, je devrais plutôt dire un adolescent devenu un homme malgré lui (Sajer pris l'uniforme à 17 ans), par la force impitoyable des événements disloquant les éléments.

Guy Sajer, né de père français et de mère allemande, s'est retrouvé de l'autre côté du miroir, du mauvais côté de l'Histoire, malgré lui. Par les caprices hasardeux de la destinée, il revêtit l'uniforme allemand et s'incorpora à cette terrible machine de guerre, se plia à sa terrible discipline qui nourrit son efficacité. Son destin fut orienté, dès la tenue vert-de-gris mise, à l'Est. Convoyeur dans un premier temps, il rejoignit ensuite les effectifs de la division « Gross Deutschland » pour combler les pertes que la terre de Russie avalait sans discontinuer.

Il s'agit d'un grand livre, un très grand livre à mon sens, parce qu'il s'agit d'un témoignage d'une suffocante humanité. On ne peut qu'à peine imaginer, encore moins ressentir, ce que vécurent tous ces hommes, ces milliers, ces centaines de milliers d'hommes, quelle que soit la couleur de leur uniforme. Ce qui transparaît de façon éclatante à la lecture de ces pages, c'est l'absolue nudité du combattant sous l'uniforme, face à toutes les aberrations qui surgissent du chaos.

On comprend en lisant ce livre, que celui qui a connu la guerre, qui l'a vécue, se retrouve sur une rive qu'il ne pourra jamais vraiment quitter. Une part de lui restera retranchée du monde à jamais. Vérité singulièrement frappante et entière pour tous ceux qui se sont battus « à l'Est », ceux qui sortir vivants de ce chaudron glacé y ont cependant enterrer une partie d'eux-mêmes. Guy Sajer fut de ceux-là.
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Voilà un roman-témoignage qui m'a laissé un profond sentiment de malaise. Je vais tenter d'expliquer pourquoi.

Les récits des soldats de "l'autre camp" ne sont pas rares, et ont le mérite de contrebalancer l'adage qui affirme que L Histoire est écrite par les vainqueurs. Cependant, peu de ces récits possèdent le souffle, l'envergure, l'ambition et les qualités littéraires du soldat oublié.
Cette oeuvre imposante souffre de certaines baisses de rythme et d'un style inégal. Mais il faut reconnaître le talent avec lequel l'auteur nous immerge en première ligne d'une guerre hallucinante, succession de batailles desespérées contre un ennemi sans pitié, contre le froid mortel, contre l'immensité russe, contre l'absence de ravitaillement et le délitement inéluctable de la wehrmacht. Nous suivons en sa compagnie la retraite sur plus de 2000 kilomètres de cette armée qui semblait invincible trois ans plus tôt.

J'ai donc refermé ce livre avec un sentiment de profond malaise. Ce ne sont pas les mots que j'ai lus qui ont provoqué ce malaise : ce sont ceux qui manquent.
Il est indéniable que l'auteur sait décrire les souffrances intolérables des soldats allemands, et qu'on peut difficilement ne pas compatir. La brutalité inhumaine de l'Armée rouge est puissament soulignée, et on ne peut la nier (elle est incontestable et documentée).
Mais un rappel historique s'impose. le 13 mai 1941, le maréchal Keitel (chef d'état-major de l'armée allemande, inféodé à Hitler) signa le décret Barbarossa. Ce document stipulait que la guerre à l'est serait une guerre d'extermination. Il amnistiait d'office tous les soldats allemands pour les crimes qui seraient commis contre les civils, les prisonniers de guerre ou les partisans russes (que l'auteur conspue abondamment, leur reprochant d'utiliser des techniques de guerilla et ne pas mener une guerre propre...).
Rappelons ici que la guerre à l'est a causé 20 millions de morts (estimation) dans la population russe, dont 9 millions d'enfants.
On sait aujourd'hui que la Wehrmacht a participé de manière active à de nombreuses exactions, et ce dès l'invasion de la Pologne. Tout cela est documenté, notamment dans l'ouvrage remarquable Les crimes de la wehrmacht de Wolfram Wette, sorti en 2009. On sait aujourd'hui que la wehrmacht a agi en compagnie des SS et des einsatzgruppen, ce n'est pas une supposition. Cela ne signifie pas pour autant que tous les soldats ont approuvé ces exactions. Mais les historiens estiment qu'entre 60 et 80 % des soldats sur le front de l'Est (sur un total de près de 10 millions) participèrent à des actes qualifiables de crimes de guerre.

Guy Sajer faisait partie d'une division d'élite, la Grossdeutschland, et ne quittait que rarement la première ligne. Il est vrai que ces crimes avaient lieu en général sur les arrières des lignes, et on pourrait avancer l'idée que les divisions les plus avancées ne savaient pas ce qui se passait plusieurs centaines de kilomètres sur leurs talons. Sauf que d'une part, étant donné l'ampleur, le volume inoui de ces violences, cela semble peu réaliste. Mais surout, il aurait été impossible de ne pas le savoir lors de la retraite, lorsque ces divisions de première ligne sont repassés par ces mêmes endroits envahis à l'aller... Tout comme il est difficile à croire que l'auteur n'ait pas même entendu de simples rumeurs.

Le fait que Guy Sajer (alias Guy Mouminoux, alias Dimitri) ait fait partie d'une division aussi prestigieuse que la Grossdeutschland doit faire tiquer le lecteur. On ne parle pas ici d'une division montée à la va-vite, mal équipée, mal commandée, qui recevait les restes de munitions et de ravitaillement, comme les divisions Roumaines et Hongroises, par exemple. Il s'agissait au contraire d'une des rares divisions qui n'était pas désignée par un numéro, mais par un nom, preuve de son immense prestige. N'importe qui ne pouvait y entrer, et de fait, Guy Sajer se porta volontaire (il ne s'en cache pas et relate en détail son entraînement). Pour suivre ses copains, et un peu sur un coup de tête. Pourquoi pas. Mais j'ai du mal avaler la légende vendue par la maison d'édition et par la presse, qui parle d'un engagé "malgré nous". Qu'il ne fut pas volonatire à la base, c'est possible, mais Guy Sajer, à aucun moment, ne cache son idéologie. Son témoignage prouve à de multiples reprises qu'il versait totalement dans celle du Troisième reich. Il ne conçoit pas que la France se trouve du côté des alliés et cela le révolte. Plusieurs fois, il fait part de ses regrets que les Français n'aient pas, selon lui, choisi le bon camp. Là non plus, aucun mot n'est dit sur les déportations, les délations, la Gestapo, les civils torturés, les résistants exécutés. On peut admettre qu'à l'époque, il n'avait pas connaissance d'Oradour-Sur-Glane, Tulle, Ascq, le Vecors. Soit.
Mais ce livre fut publié en 1967.

Les derniers chapitres décrivent une apocalypse cauchemardesque, dans laquelle l'auteur fait montre d'une grande émotion pour les civils allemands et notamment les enfants, piégés en compagnie de la wehrmacht en totale déroute. le lecteur ne peut que partager cette émotion. L'auteur, à juste titre, dénonce les actes condamnables de l'Armée rouge. de manière naive, il juge que les alliés de l'ouest menèrent une croisade aveugle et acharnée contre l'Allemagne. Pourtant, jamais il ne s'interroge sur un fait crucial : l'Allemagne a bel et bien mené une guerre d'agression et d'invasion contre la Pologne, la France, l'Angletterre, les balkans, l'URSS. Personne ne mérite le sort qui fut réservé aux civils allemands, ni même à ces soldats. Mais ce ne sont pas les alliés qui ont poursuivi la Guerre envers et contre tout, comme le laisse entendre l'auteur : c'est l'obstination de Hitler et de sa garde rapprochée, fanatiques, psychopathes jusqu'au boutistes qui préféraient voir leur peuple et leur pays détruit de fond en comble que subir la défaite. Ce Hitler que l'auteur ne condamne à aucun moment, prenant même sa défense.

Cette absence de regard critique ne peut que jeter une lumière obscure sur ce témoignage néanmoins important. Ce récit est ainsi l'un des meilleurs qui a été écrit sur le quotidien d'un soldat pendant la guerre de l'est (ou sur le quoitidien d'un soldat en temps de guerre, tout court).

En résumé, ce témoignage poignant de l'aventure post-traumatique d'un adolescent de 17 ans confronté aux pires batailles que l'humanité ait connue, est aussi le roman de la négation. Alors que les derniers survivants de cette époque disparaissent peu à peu, alors que de vieux spectres qu'on espérait oubliés resurgissent sur l'Europe et le monde, le devoir de mémoire devient plus que jamais une nécessité. le but de ce long article n'est pas le faire le procès absurde de l'homme qui a écrit ce document, mais d'expliquer que ce genre de livre doit s'accompagner impérativement d'une mise en garde, à tout le moins d'une explication de contexte.
Un impératif dont l'éditeur semble bien peu se soucier...



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Au risque de déplaire...
Cette autobiographie m surprise,saisie,anéantie.
Ce long travail de mémoire n est que souffrance,sang et inhumanité.
Mais c est aussi un ouvrage qui raconte les malheurs,les affres d hommes,de femmes et d enfants qui nous sont inconnus mais a qui il faut néanmoins penser,pour ne pas oublier...
L auteur dit souvent que les mots ne sont pas assez forts pour rendre son vécu, cette horreur de la guerre,de la haine,de la famine,du froid,des conditions inimaginables de vie et de survie.
Je recommande vivement la lecture de cette brique car la guerre c est avant tout le courage des hommes quelque soit leurs nationalités, leurs opinions.
Ce livre est pour moi très bouleversant,et je ne regrette pas de l avoir lu.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Trop de gens font connaissance avec la guerre sans en être incommodés. On lit tranquillement dans un fauteuil ou dans son plumard l'histoire de Verdun ou de Stalingrad, le cul au chaud, sans comprendre, et le lendemain, on reprend son petit business...Non, il faut lire ces livres dans l'incommodité, de force, en s'estimant heureux de ne pas être obligé d'écrire aux siens depuis le fond d'une tranchée, le cul dans la boue. Il faut lire cela dans les pires situations, quand tout semble aller mal, afin de se rendre compte que les tourments de la paix ne sont que des choses futiles pour lesquelles on a bien tort d'attraper des cheveux blancs. Rien n'est vraiment grave dans la paix douillette et il faut être très con pour se soucier d'une augmentation de salaire ! La guerre, il faut la lire debout, en veillant tard, même si l'on à sommeil. Comme je l'écris, moi, jusqu'à ce que l'aube apparaisse, et que ma crise d'asthme ait lâché prise avant moi. Alors , bon Dieu, même si la fatigue me pèse, que le travail de la paix me semblera doux !
Ceux qui lisent Verdun ou Stalingrad et en tirent une dissertation entre amis autour d'une tasse de café, n'ont rien compris. Ceux qui savent lire cela, en conservent un sourire silencieux, ils sourient en marchant et s'estiment heureux.
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Les impacts des Russes soulevaient la terre dans une succession de geysers de plus en plus serrés. Nous vîmes la rafale monter vers nous. Avec un cri de désespoir et de grâce, nous disparûmes dans le fond de la position, les uns contre les autres, agités du même tremblement. Les chocs se rapprochèrent avec une violence effroyable. Des giclées de neige, des myriades de mottes de terre, dévalèrent en déluge dans notre trou. Un éclair blanc, accompagné d'un déplacement d'air formidable et d'un bruit qui nous rendit sourds, souleva le bord de la tranchée. Sans comprendre immédiatement ce qui nous arrivait, nous fûmes projetés tous en bloc sur l'autre versant et sur le blessé. La terre retomba dans un grand bruit et nous recouvrit.
Dans cet instant si proche de la mort, j'eus un accès de terreur qui faillit me faire éclater le cerveau. Emprisonné par la masse de terre, je me mis à hurler d'une façon anormale. Le simple souvenir de ce moment m'affole encore maintenant. Se sentir enseveli vivant est une impression si terrible que je ne sais comment l'exprimer. La terre était partout, dans mon cou, dans ma bouche, dans mes yeux ; mon corps entier était maintenu par une chose lourde et phénoménalement inerte. Mes plus grands efforts ne contribuaient qu'à la faire se resserrer un peu plus sur moi. Sous mes cuisses, la jambe d'un camarade bougeait avec l'acharnement d'un cheval dans les brancards d'un lourd tombereau. Quelque chose se dégagea sur mes épaules. Dans un brusque sursaut, j'arrachai ma tête à la terre et à mon casque, m'étranglant à demi avec la jugulaire. A côté, à cinquante mètre, un masque horrifié, d'où s'échappait un bouillonnement de sang, hurlait d'une façon inhumaine.
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La Pologne du Nord était vraiment peu peuplée ; nous n'avions croisé que quelques rares bourgades. Soudain, bien à l'avant du train, j'aperçus une silhouette qui courait le long de la voie. Je ne pensais pas être le seul à l'avoir vue, mais personne, apparemment, dans les voitures qui me précédaient, ne réagissait.
Rapidement, je manoeuvrai la culasse de mon mauser, plaçai celui-ci en bonne position sur le coffre qui était devant moi et couchai en joue ce qui ne pouvait être qu'un terroriste.
Notre train roulait lentement : l'occasion devait être bonne pour lancer un explosif. Bientôt, l'homme arriva à ma hauteur. Je ne distinguais rien d'anormal dans son comportement : c'était sans doute un bûcheron polonais qui s'était approché par curiosité. Les deux mains sur les hanches, il regardait tranquillement. J'étais déconcerté : je m'apprêtais à faire le coup de feu et rien ne justifiait mon geste. Je n'y tins plus : je visai un peu au dessus de sa tête et pressai la détente.
La détonation secoua l'air, et la crosse de mon arme, que j'avais nerveusement ajustée, me heurta violemment l'épaule. Le pauvre type fuyait à toutes jambes craignant le pire. Je suis persuadé que, par mon geste inconsidéré, j'ai fait un ennemi de plus au Reich.
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Contrairement à tous ceux que nous avions pu voir jusque-là, notre capitaine n'avait pas un visage révulsé par la douleur ou l'angoisse de la mort. Son visage tuméfié esquissa même un sourire. Nous le crûmes sauvé. D'une voix très faible, il nous parla de notre aventure collective. Il réclama notre union devant tout ce qui allait suivre. Il désigna une de ses poches d'où l'adjudant Sperlovski tira une enveloppe, sans doute destinée à sa famille. Puis il se passa une cinquantaine de secondes durant lesquelles nous vîmes notre chef mourir lentement. Nos regards habitués à ce spectacle ne frémirent pas. Il y eut seulement un silence terrible.. [...]
Nous venions de perdre celui sur lequel reposait le sort de la compagnie. Nous nous sentîmes abandonnés.
Dans la nuit nous retrouvâmes le village oublié du monde où les camarades attendaient avec anxiété notre retour. L'annonce de la mort de notre officier provoqua stupeur et consternation. Nous étions tous en péril de mort, mais la disparition de Wesreidau semblait impossible. Comme paraît impossible à des enfants la vie sans leurs parents.


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On a tort d'employer, sans les peser suffisamment, les termes les plus intenses du vocabulaire. Plus tard, ils vous manquent; on ne peut plus exprimer ce que l'on voit ni ce que l'on ressent. On a tort d'utiliser le mot "effroyable" pour quelques compagnons d'armes qu'une explosion a mélangés à la terre. On a certainement tort, mais on a l'excuse de ne pouvoir imaginer pire.
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