Notre existence est brève, elle est un chapelet d'illusions qui crèvent comme des petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n'avons rien d'autre. C'est la seule chose à peu près certaine sur cette terre.
Je vais vous dire ceci : vous avez souffert mais cela ne vous rend pas meilleurs que ceux qui vous ont fait souffrir. Ce sont des gens comme vous et moi. Le mal est en chacun de nous.
Le quatrième génocide du siècle restait une énigme et peut être fallait il en chercher la clé dans la tête d’un fou ou dans les mystérieux mouvements des planètes. Cette orgie de haine allait très loin au-delà de la lutte pour le pouvoir dans un petit pays. Il songea à un Dieu soudain pris de démence, écartant les nuages et les étoiles à grands gestes rageurs pour descendre sur la terre du Rwanda.
"Dans ces pays-là, un génocide ce n'est pas trop important..." François Mitterrand, été 94.
En Afrique, en Europe, partout, les rares rêveurs qui ont encore envie de changer le monde ont comme honte de l'avouer, ils ont peur de passer pour des idiots.
Notre existence est brève, elle est un chapelet d'illusions qui crèvent comme de petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n'avons rien d'autre. C'est la seule chose à peu près certaine sur cette terre.
Il voulait dire à la jeune femme en noir - comme plus tard aux enfants de Zakya, que les morts de Murambi font des rêves, eux aussi, et que leur plus ardent désir est la résurrection des vivants.
Notre existence est brève, elle est un chapelet d’illusions qui crèvent comme de petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n’avons rien d’autre.
La Coupe du monde de football allait bientôt débuter aux Etats-Unis. Rien d'autre n'intéressait la planète.
Il était stupéfiant pour Cornélius de constater que les événements de 1994 n'avaient laissé nulle part de traces visibles. Où avait-on installé, sur cette avenue, la fameuse barrière de Nyamirambo ? Est-ce que là, juste à l'entrée du Café des Grands Lacs, il y avait des cadavres que venaient dévorer les chiens et les charognards ? Seule la ville elle-même aurait pu répondre à ces questions qu'il ne pouvait encore poser à personne. Mais la ville refusait d'exhiber ses blessures. Elle n'en avait pas beaucoup, d'ailleurs. Kigali ne sortait pas d'une guerre, il n'y avait pas eu de tirs d'obus, des bombardements aériens et des fusillades de part et d'autre de quelque ruelle étroite. Les Interahamwe, qui voulaient de la viande vivante, avaient laissé les arbres tranquilles. Le long des avenues, rescapés et bourreaux se croisaient. Ils se regardaient un instant puis chacun s'en allait de son côté, pensant à Dieu sait quoi.
Cornélius ne se souvenait même pas d'avoir aperçu au cours de ses promenades des éclopés ou des malades mentaux. Le pays était au contraire intact et chacun juste occupé à vivre sa vie. Des rendez-vous amoureux. Un tour chez le coiffeur. La routine des jours ordinaires. Franky et les jeunes employés du Café des Grands Lacs faisaient leur travail comme les serveurs du monde entier. Ils prenaient les commandes, disparaissaient derrière le comptoir ou dans la cuisine, puis se faufilaient de nouveau entre les tables, le sourire aux lèvres. Ce mépris du tragique lui paraissait presque suspect. Était-ce par dignité ou par habitude du malheur ?