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Critique de PatriceG


Edvard Munch (1863-1944)
Un Poème d'amour, de vie et de mort de Claire Bernardi (sept 2022)

Sensationnel ! Prodigieux ! je ne sais plus quel qualificatif pour exprimer cette expo au musée d'Orsay qui s'ouvre pour 3 mois avec comme invité Edvard Munch, le peintre génial norvégien, selon une presse unanime.

Même l'"Humanité" est dans les clous en parlant de la cote marchande de l'artiste. Non je pense que c'est surtout le peintre social qui les a aguichés de la sorte
Il est vrai que les mines patibulaires, fantomatiques d'ouvriers en sortie d'usine sont d'une maîtrise et d'un réalisme inouis.

Avant le siècle, nous avions deux génies là-bas, deux monstres sacrés qui ont fait le tour du monde et imposer leur création comme des pionniers reconsidérant l'Art dans ce qu'il a de plus puissant dans le registre de la vie, de l'amour et de la mort : symbole, réalisme, modernisme. Après eux, le monde de l'Art se chaussera dans des chaussures de géant, le ton crépusculaire sera donné et éclairera par bien des aspects le siècle spectral qui va suivre, le siècle des grandes abominations. Ces maîtres l'avaient prévenu. Que ce soit pas le "Cri" ou par la Nuit d'Arzamas, ces génies des frimas que sont Munch et Tolstoï, vont imposer au monde entier une nouvelle lecture de la vie, ses aspects vivants et ses aspects sombres avec une acuité extraordinaire et par conséquent vont être les plus grands peintres respectivement de la mort. Poussés par une vie trépidente, charnelle, folle, la mort va rôder dans leur vie jusqu'à leur dernier souffle : ils n'auront de cesse de l'apprivoiser comme personne l'un avec sa plume, l'autre avec son pinceau ..

Je lis encore dans la presse dythirambique que Munch est encore méconnu. Bon je ne sais pas ce qu'il faut pour éclairer leur lanterne quand un "Cri" part à 119 millions de dollars au Sotheby's il y a 10 ans, quand les Scream saturent les écrans .. A chaque fois comme un élément de langage qu'on invite un monstre sacré, il est méconnu. Si l'éducation, la culture, n'est pas capable de faire le reste, je ne peux rien pour eux !

l'expo présente : Un poème d'amour, de vie et de mort, en collaboration avec le Musée d'Oslo, réunit une centaine de peintures de Munch qui s'étendent sur 60 ans de sa vie. Ils ont, nos artisans du musée d'Orsay laissé un peu de côté le "Cri" qui est aujourd'hui protégé comme Fort Knox, pour rappeler que d'abord Edvard il ne faut pas l'enfermer dans une image de peintre maudit et qu'il s'employa à vivre malgré la dureté de son sort .. Il en aura croqué du fruit défendu !..

Son école maintenant à Edvard, comme j'ai pris l'habitude de classer ou de donner l'influence plutôt que de donner encore dans le langage : éléments de langage, non il n'est pas inclassable. Il intervient après l'impressionnisme pour le couler ou le dater d'ailleurs, mais pas comme un garnement qui envoie promener son professeur, non c'est un gentleman, de bonne éducation, soyons clairs, on le rattache aux expressionnistes, mais il faut voir que c'est à l'avantage du mouvement qui a trouvé là une figure de proue exceptionnelle même s'il ne participa pas au Pont allemand. Notons au passage que nos Fauves français ont bien aidé objectivement au rayonnement de l'artiste, et on ne pourrait surtout pas dire que le maître n'avait cure de rien. Un vent d'une extrême violence qui vous met tout en mouvement, et arrondit les formes, usure du temps, des tons rouge comme l'hémoglobine se projètent sur des bleus nuit couchant des verts Rembranlt de paysages côtiers et au coeur de cela apparait une face humaine fantomatique peinte à la chaux bien souvent avec un air maladif et angoissant : tel est un peu le paysage de Edvard Munch dans lequel il excelle ..

Cette manifestation d'automne pour les amateurs de senteurs d'huile de lin et de térébenthine comme l'était Saint-Nom la Bretèche pour les golfeurs du monde entier se fend d'un catalogue magnifique que je n 'ai pas encore en main mais que j'ai eu l'occasion d'en feuilleter quelques pages. J'y ai découvert une oeuvre que je ne connaissais pas, ce "Premier cri" avant le "Cri", qui est désignée comme le fleuron de l'expo est une oeuvre de la toute puissance de Munch, je n'ai rien à ajouter, à un moment donné, plutôt que de babiller, il faut s'asseoir sur un banc, prendre son temps, et contempler !.. Et pour moi ce sera un beau cadeau de rentrée, car Edvard Munch me parle comme étant mon peintre préféré, ai-je besoin de le dire ..

Je serais vraiment de mauvaise grâce si je ne mentionnais pas le travail en amont considérable des artisans du musée d'Orsay pour nous offrir ce cadeau royal. Amour, vie, il y a aussi qui pénètre leur activité, forcément. Merci à eux.
Je vous passe les accrochages, les cimaises, les décaissages, l'agencement, les manipulations à plusieurs bras comme autour de la prunelle de nos yeux..PG 29 sept 2022.
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