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EAN : 9782021247459
122 pages
Seuil (réédition numérique FeniXX) (09/10/2015)
4.56/5   8 notes
Résumé :
Le Dernier Été de la raison. Le dernier texte posthume de Tahar Djaout, assassiné à Alger le 2 juin 1993, une fable politique et poétique où éclatent son talent littéraire et sa grandeur d'âme. Les Frères Vigilants ont pris le pouvoir. Boualem Yekker, un petit libraire, résiste à l'oppression, avec une douce détermination que rien ne fléchit. Les livres, les rêves et les souvenirs d'enfance sont ses armes, l'intelligence, la beauté, la bonté ses espoirs.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La lecture de ce livre est difficile à disjoindre du contexte de son écriture, rappelé par l'éditeur dans la note de présentation. En effet, il s'agit d'un texte posthume, que Tahar Dajaout a écrit très vite, dans les quelques semaines qui ont précédé son assassinat en juin 1993 (à la veille de l'été). Posthume, et probablement pas tout à fait fini, et cela se sent dans la structure du livre, qui ne semble pas tout à fait écrit d'une pièce. On a plus l'impression d'entrées de journaux intimes (il y a 17 chapitres pour moins de 100 pages de ma version électronique), un peu disjointes les unes des autres, mais qui se suivent quand même avec une certaine logique . le Dernier Ete de la raison est l'histoire de Boualem Yedder le libraire, bien sûr, mais écrit ainsi à la première personne, il est difficile de ne pas se dire que c'est la voix de Tahar Djaout que l'on entend directement.
Le pays est maintenant sous le contrôle des Frères Vigilants, dont la montée inexorable nous est racontée au fil des souvenirs récents de Boualem Yedder. La disparition de la joie, de la beauté, la façon dont peu à peu les gens et même le monde s'éteint. Boualem Yedder n'est pas homme à accepter ces changements, il n'est pas non plus un homme capable de se lever ouvertement contre un système ; alors, caché derrière ses livres, il fait de la résistance passive sans même vraiment s'en rendre compte. Et peu à peu, il perd tout. Il se coupe de sa société, les membres de sa famille s'éloignent, trop effrayés pour résister ou bien happés par l'endoctrinement constant. Ambiant.
C'est un livre où la détresse se déploie peu à peu, où l'espoir s'éteint sans que l'on y prenne garde mais inexorablement. le récit passe lui aussi petit à petit d'une évocation de la situation autour de Boualem Yedder à ses pensées intérieures. Les dernières entrées de ce journal personnel se font de plus en plus sombres, Boualem Yedder reçoit des menaces de plus en plus précises et l'on ne peut bien sûr s'empêcher de faire le parallèle avec la mort qui se rapproche aussi de l'auteur.
Le ton sombre se répand, et les dernières pages sont difficiles à lire parce que Boualem Yedder se sent de plus en plus coupé de son propre pays, de son peuple. Il est seul, il est même peut-être mort avant d'être mort. Ce livre est celui d'un homme désespéré, qui ne voit plus d'issue, qui commence à croire que tout est perdu. Il ne succombe pas aux sirènes de l'extrémisme, mais pour lui aussi, peu à peu, le monde s'assombrit, perd ses couleurs et sa joie.
Le Dernier Eté de la raison (un titre choisi par l'éditeur parce que Tahar Djaout n'a pas assez vécu pour le choisir lui-même) est, on ne peut s'en cacher, un livre très triste. C'est un livre très contemplatif aussi, plus récit que roman, il s'y passe assez peu de choses. Mais la description des changements par lesquels passent le pays et ses habitants y est très bien rendue, et surtout, les états d'âme du personnage (et de l'auteur) sonnent douloureusement, trop douloureusement, juste.
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La mort fait elle du bruit en s'avançant? L'intitulé du dernier chapitre du dernier roman de feu Tahar Djaout publié 6 ans après son assassinat.
Savait-il qu'il était condamné ? Certainement !!!
Et il l'avait bien couché sur papier.
''Ceux qui, défiant l'injonction, s'agrippent aux mots incontrôlés, doivent être mis hors d'état de nuire. Par le baillonnement, la liquidation si nécessaire....''
Assassiné pour ses idées, ses écrits, sa vision futuriste et son combat pour une Algérie libre et moderne.
Un roman à lire et relire, les mots tracés sont d'une lucidité extraordinaire, mis bout à bout, créent un tourbillon de souvenirs d'un passé non lointain, un passé peint en noire par des fanatiques qui ont plongé le pays dans un obscurantisme sans fin.
Tahar djaout s'interrogeait '' le printemps reviendra-t-il? ''
Oui diront certains, le noire est bien derrière et le printemps est bien là nous chatoyant de ses couleurs. Mais je m'interroge: est ce réellement le printemps ?
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Tahar Djaout est un poète et romancier né en Algérie en 1954 et mort en 1993. le livre est paru en 1999. L'auteur a collaboré avec les éditions le Seuil dans les années 1980. Il s'intéresse à des thèmes universels : la nature, la mort, la vie, l'amour, l'amitié mais considère que ce qui fait la différence c'est le style, la manière d'écrire. Il s'intéresse à la culture, aux artistes, et se montre attentif à la politique. Dans le dernier été de la raison, il imagine un pays sous l'emprise des intégristes. Il pose une question : comment lutter contre ça ? le manuscrit a été découvert après sa mort. le récit commence par le discours enflammé d'un prédicateur, la description des Frères Vigilants, un groupe armé qui a pris le pouvoir. Tout devient alors interdit : la musique, la peinture, la poésie, la liberté... L'humanité se retrouve en proie aux pires turpitudes. On remplace l'éducation par le dressage ; la compassion et la tolérance par la foi aveugle. On purge la société. Boualem le personnage au centre de l'histoire est libraire. Il témoigne de ce qui se passe réellement dans le pays et de son déchirement intérieur. Sa profession est de plus en plus menacée. Il est lui-même pris pour cible. " le printemps reviendra-t-il ? "
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Peu avant qu'il en soit victime, Tahar Djaout imagine dans ce roman une Algérie passée sous le règne des islamistes. Un libraire, comme personnage principal fait face aux sinistres bouleversements, dans la plus grande solitude, et son aventure est alors relatée dans le style qu'on connaît à l'auteur, beau, profond et respirant la sagesse.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ils ont compris le danger des mots, de tous les mots qu'ils n'arrivent pas à domestiquer et à anesthésier. Car les mots, mis bout à bout, portent le doute, le changement. Il ne faut surtout pas que les mots entretiennent l'utopie d'une autre forme de vérité, de chemins insoupçonnés, d'un autre lieu de la pensée. On ne se défait pas facilement de l'utopie: c'est un acide qui creuse, dans l'opacité du dogme, des trous où se loge la controverse, où prolifèrent les questions. Ceux qui, défiant l'injonction, s'agrippent aux mots incontrôlés, doivent être mis hors d'état de nuire. Par le baillonnement, la liquidation si nécessaire. Car le monde appartient désormais aux thérapeutes de l'esprit, la ville retentit de leurs oraisons et de leurs pas cadencé.
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Dans le citronnier rabougri de la cour, Boualem Yekker entend roucouler des pigeons ramiers. Heureux volatiles ! On ne les a pas encore contraints à changer de mœurs et de chants, à moduler des airs qui contre diraient les pulsations de leur coeur. Les oiseaux sont la personnification même de la liberté. Dès qu'un ciel cesse d'être à l'image de leurs désirs, ils se rassemblent, se concertent puis prennent leur vol en une très lointaine migration où certains laissent leur vie. C'est le prix à payer pour vivre à l'unisson de ses désirs, dans les paysages et les horizons qui réconcilient avec soi-même. L'oiseau ne courbe pas l'échine et ne grelotte pas, pitoyable, sous un climat qui l'accable ; il préfère prendre son essor et fracturer les horizons.

p.113
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Parfois, les mots vous traînent pareils à des chiens impatients, et vous êtes obligé de suivre, essoufflé et trébuchant. La course peut s’avérer assez longue pour que vous commenciez à être dérouté par une multitude de chemins qui bifurquent, s’enlacent ou se délitent. Vous hésitez, commencez à vous troubler, mais, en fin de parcours, réussissez à enrêner les mots rétifs qui se sont emballés. Ces derniers cessent de se cabrer et piaffer, s’immobilisent, dociles, et tendent le cou à Boualem qui leur attribue des significations et des fonctions. Ils redeviennent compagnons, fanaux éclairant la planète et dévoilant ses merveilles. Lettres cursives ou griffues, bedonnantes ou filiformes. Lettres pensionnaires d’une ménagerie capricieuse.
(p. 45, “Le Texte ligoteur”).
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Les couples! Peut-on réellement parler de couples dans une société scindée en deux, avec une des parts effacée du regard, niée, réduite à un réceptacle, à un lieu de jouissance dans l'obscurité coupable?
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Le pays est entré dans une ère où l'on ne pose pas de question, car la question est fille de l'inquiétude ou de l'arrogance, toutes deux fruits de la tentation et aliments du sacrilège.
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