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EAN : 9782226141651
306 pages
Albin Michel (20/08/2003)
4.13/5   27 notes
Résumé :
Pour Belkrane, la cinquantaine venue, retrouver l'Algérie après vingt années passées en France est à tous égards un défi.

Défi de surmonter la rupture douloureuse avec Marise, sa compagne ; défi de renouer avec son enfance t d'écrire, peut-être, le livre qu'il porte en lui.

Défi, enfin, de voir un pays en proie à l'agitation de l'islam intégriste dériver inéluctablement vers la violence et la guerre civile. Une liaison brève et passio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Berkane, immigré et travailleur Algérien en France, décide de revenir au pays dans les années 90, et de faire valoir ses droits à une retraite anticipée. Sa pension ne sera pas bien importante, mais lui suffira pour vivre. Il renonce à son quart d'héritage, et en échange, s'installera à l'étage supérieur d'une villa familiale faisant face à la plage.
Un retour au pays dans lequel il devra d'une part, faire face à l'absence de Marise, qui, à la suite d'une rupture douloureuse, est restée en France et, d'autre part, retrouver, parler cette langue enfouie en lui, celle de son enfance.
Une douleur et un désir qui se mêlent
Marise sera dorénavant "l'absente"....Marise qu'il n'oublie pas, régulièrement il lui écrit de longues lettres pour partager avec elle ses souvenirs, ses impressions, longues lettres qu'il nous donne à lire.
Il lui parle de ses projets"Je vais me remettre à écrire ! J'aurai besoin alors de tout mon temps. Tout mon temps, avec la mer à mes pieds! Et le silence" Il n'a toujours pas renoncé à écrire son roman malgré "ses manuscrits refusés successivement par les éditeurs de Paris et même une autre fois, par un éditeur renommé de province".
Mais, avant, il va prendre le temps, le temps de retrouver son Algérie, celle de la langue de son enfance, en rencontrant Rachid, le pêcheur qui lui vend du poisson, qui est né après la guerre d'Indépendance, en parlant avec Nadjia, autre émigrée de retour au pays.
Il va les écouter et leur raconter l'Algérie de son enfance, ses souvenirs depuis les premiers mouvement d'insurrection face à l'armée français en 1952, le premier drapeau algérien qu'il a vu, les punitions à l'école....jusqu'à l'indépendance, les meurtres commis par le FLN, les tortures des soldats français, les camps d'enfermement des fellaghas ...
Une Algérie qu'il a contribué à bâtir, dans laquelle il est devenu aujourd'hui devenu un étranger : "Ils t'ont pris pour un coopérant, un riche touriste"
Il pensait retrouver sa Casbah, riche en couleurs, en sons, en images, celle qu'il nous décrit...mais les images de son enfance sont brouillées, elle est devenue sordide."Il s'est oublié dans ce passé d'images mortes. Depuis son retour, il se dit qu'il vit comme ensommeillé : tout se mêle, et tangue, et fluctue davantage d'ailleurs, le passé lointain, celui de sa première enfance, ou des années à l'école française."
La violence de son enfance, celle de l'émancipation d'un peuple est devenue la violence de l'enfermement, du repli sur soi : de nouveaux mouvements d'insurrection voient le jour, les fous de Dieu sèment la peur, la violence, la mort...prêchent et imposent leur religion, le silence, le vide culturel.
Le titre, le nom de cette auteure que je ne connaissais pas, m'avaient interpellé...J'ai passé de belles heures de voyage dans ces quarante ans de vie de l'Algérie, dans ces quarante ans de relation entre la France et l'Algérie, une Algérie qui tourne de plus en plus le dos à la France, quarante ans au coeur de cette âme algérienne, de ces occasions manquées de part et d'autre de rapprochement de nos peuples, dans cette Algérie qui dorénavant tue ses élites au nom de l'extrémisme religieux.
Un roman qui ne manquera pas d'émouvoir chacun de nous

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Après un long exil, 20 ans, pardi !... en France, c'est le retour au pays. Une retraite anticipée, même pas la cinquantaine. Il a tout laissé abandonner. Un travail bien rémunéré, et même une belle et bonne amante, pourtant bien-aimée. C'est tout dire de la soif du pays. A partir de son refuge, sur la côte ouest, du côté de Douaouda, au-dessus d'une plage automnale désertée, sauf par les pêcheurs et les joueurs de dominos, c'est la (re-) découverte des lieux de l'enfance et de la jeunesse : Alger, le vieil Alger, la Casbah, celle des humbles, des héros mythiques ou mythifiés, connus ou anonymes, la plupart oubliés malgré des plaques portant leurs noms…sans plus... Souvenirs, souvenirs !

Mais, un retour raté. Car, c'est, aussi la re-découverte de l'autre face, pas cachée du tout, du paysage : La Casbah, entre autres, «s'est présentée souillée»... et les «lieux de vie d'origine sont retrouvés dégradés, délabrés, avilis»...«Un laisser-aller collectif, une citadelle où chacun n'est plus que chacun, et jamais le membre d'une communauté, d'un ensemble bruyant, mais vivant,cette ville-village, de montagne et de mer, devenue (pour Berkane, le héros) désert du fait de son état de dépérissement misérable». Il y a, aussi, et surtout,... la disparition de la langue française , remplacée par une langue (sic !) qui n'est ni de l'arabe dit classique, ni de l'arabe dialectal tel qu'utilisé si bien auparavant pour communiquer entre soi (même au lit, en couple) et contre le colonisateur. Il y a, aussi, la montée de l'islamisme politique et l'arrivée, comme moyen d'action politique (re-sic !), du terrorisme. Heureusement qu'il y a l'amour. Mais que peut faire ce dernier face aux semeurs d'ignorance, de désespoir et de mort ? Des solutions ! Accepter son sort ? La vie clandestine ? l'exil ?
Avis : Un roman qui tient beaucoup de l'essai (La société d'hier, celle de la lutte contre l'oppression coloniale, celle de la répression, celle des tortures et des camps... et , celle de l'islamisme qui monte, qui monte…).A (re-) lire toujours avec plaisir... Certes, pour apprécier l'histoire, mais surtout l'écriture. le titre tel que présenté, lu au premier degré, peut prêter à équivoque. En fait, c'est l'Algérie qui «bascule» dans un «autre monde» ! Assez incompréhensible pour une si longue absence. Visionnaire, l'auteure ! Une écrivaine à l'immense talent auquel il faut ajouter une part de de génie. Fierté de la nation. Monument de la littérature... universelle. de plus, elle (l'auteure) est (était) belle …et pas prétentieuse pour un sou.
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J'ai découvert Assia Djebar pendant les cours de littérature francophone à la fac. J'ai eu la curiosité d'en lire un peu plus d'elle.
J'ai tout de suite adoré son écriture: fluide, pudique et poétique.
La disparition de la langue française est un essai, et pourtant, je l'ai lu comme on lirait un roman. En évoquant la francophonie, elle nous raconte une histoire. Je n'ai jamais pris autant de plaisir à lire une analyse critique sur une problématique. J'aime apprendre, alors là avec cette manière d'écrire, j'ai pu savourer ce plaisir.
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Berkane, migrant algérien, décide de rentrer au pays, là où il a ses racines. Mais la langue lui est moins familière que le français. IL choisit de vivre de ses écrits. Sa petite retraite devrait lui suffire. Il aime ce pays, sa langue, mais il aime aussi la France, sa langue et sa culture. Il s'embarque à la recherche de lui même tantôt ayant le sentiment d'appartenir plus à l'un qu'a l'autre. IL part à la recherche de ses racines, de son peuple, de lui même. Même si au fond de lui, il n'a pas de doutes, Berkane expérimente ce que ressent tout expatrié à un moment ou à un autre. le pays, les gens que nous y avons laissés ont évolué sans nous. Nous idéalisons cette terre, mère patrie mais elle ne nous reconnait plus comme l'un de ses enfants. Au fond, Berkane est aussi étranger dans son pays qu'il l'est en métropole. Au cours de son séjour, il découvre les exactions dont se sont rendues coupables les factions des deux camps. IL n'est pas bon de vouloir faire parler les morts et de faire remonter les souvenirs à la surface, Berkane l'apprend à ses dépens.
L'auteure s'exprime dans une langue fluide et poétique qui est douce à lire..
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Les histoires d'amour, bellement lyriques, du héros - pas la lutte pour l'indépendance - ni les niveaux de langue, arabe, kabyle, montagnard, oranais, français - au début une maison sur une plage à l'ouest d'Alger, le pécheur qui livre son poisson tous les jours.
Son attachement à son pays qu'il retrouve et sa détresse devant le délabrement de la Casbah, son observation impuissante de la société algérienne de 1991, Boudiaf..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tu n'es qu'à une heure de la capitale...tu vis en ermite, comme dans un désert. As-tu réalisé que tout près de toi, le pays est devenu un volcan : les fous de Dieu, ou plutôt les nouveaux Barbares s'agitent, occupent des places publiques, mobilisent les jeunes chômeurs, et surtout, surtout, maîtrisent les nouveaux médias....tu sais, j'ai l'impression qu'ils vont gagner les élections."(P. 155)
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. cette heure matinale - six heures, ou six heures et demie, lorsque l'aube va s'épuiser : quelques vapeurs au-dessus de l'eau, une écume de vague. Tout près, sur le rivage, un frémissement d'eau ; en arrière, un bosquet de roseaux ou le début d'un toit de tuile, sur le côté du cadrage
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les passantes au voile blanc de soie et de satin, celles dont les yeux.. vous regardent fixement, au-dessus de la voilette raidie sur l'arête du nez.
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Comme deux autres de ses collègues, il recevait, depuis deux ou trois semaines, à son domicile, à Alger et par la poste, la «lettre fatale» : à savoir un morceau de coton blanc, une petite dose de sable dans un étui, et un papier plié en quatre sur lequel etait écrit en langue arabe un seul mot «renégat». Driss, à la première des lettres en avait parlé à son directeur qui lui avait dit sobrement «avec toi au journal, nous sommes donc trois à être condamnés à mort par les fous de Dieu». Alors seulement Driss avait médité le sens de ces signes macabres : le tissu blanc annonçait le linceul et le sable, la terre de la tombe, puisque tout musulman, enveloppé de tissu blanc, repose au fond de sa tombe, à même le sol. (P. 253)
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Deux solutions pour recouvrer la mobilité dans cette «ville des tempêtes», comme dirait Berkane : choisir d'être barbu, avec un air hypocrite de dévot, [....] ou alors m'habiller en tchador des pieds à la tête et marcher ainsi, comme une femme se mouvant dans la ville ! Hélas.....(P. 292)
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Videos de Assia Djebar (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Assia Djebar
L'écrivain prix Goncourt 2015 pour "Boussole (Actes Sud) Mathias Enard et l'écrivaine Kaouther Adimi ("Au vent mauvais", Seuil, 2022) rejoignent le Book Club pour parler de littérature algérienne : l'incontournable "Nedjma" de Kated Yacine, Assia Djebar, Mohammed Dib... L'occasion de partager avec les auditeurs et auditrices des lectures fondatrices de leur rapport à l'écriture et à l'Algérie.
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