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EAN : 9782330005757
220 pages
Actes Sud (11/04/2012)
3.87/5   101 notes
Résumé :
Inspiré d'une histoire vraie, celle des frères Homer et Langley Collyer, les célèbres ermites new-yorkais décédés en 1947, un roman qui narre à travers deux personnages délirants l'épopée du matérialisme américain, mais aussi de la solitude américaine. Un insolite portrait de la condition humaine entre romantisme et psychose.
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Les frères Collyer, une histoire extraordinaire, de celles qui dépassent de loin l'inventivité de la fiction.
...
L'auteur, ou le scénariste, qui s'empare de ce récit — affranchi d'une démarche de biographe, impossible dans ce cas-ci — doit faire son choix entre tenter de remplir les trous de l'histoire le mieux qu'il le peut, en imaginant ce qui peut être vrai ; ou bien, et alors les possibilités sont infinies, n'en faire que prétexte à nous parler d'autres choses, n'utilisant la réalité uniquement pour avaliser le reste de ce qu'il veut nous raconter.
Doctorow hésite entre les deux chemins, on le comprend. Il n'a aucune envie de se lancer dans des suppositions d'exactitude, des vaines recherches de « on dit », ou bien de remplir des silences.
...
Il n'a pas trop envie de nous parler médical, de syndrome de Diogène, de syllogomanie, ou autre nomenclature pouvant faire office de froid et parcellaire résumé.
...
Il prend la voie de l'intime, tout en pudeur, sous la forme de mémoires, écrite à la fin de sa vie par l'un des deux frères, Homer.
...
Il décide d'y modifier de larges pans de leur biographie, surtout dans son déroulé chronologique, sans doute pour en faire la chronique d'une Amérique qui bascule dans la Modernité, le XXème siècle vu par deux êtres qui, en partie malgré eux (la cécité d'Homer avancée de plus de 20 ans), y oppose une farouche volonté de ne pas évoluer.
Leur donner presque trente ans de plus d'espérance de vie semble évident dans cette optique, et ne modifie davantage l'histoire réelle que ce handicap avancé à la jeunesse du narrateur, scellant le rapport de dépendance entre les deux frères.
...
Ces libertés, comme autant de variations des possibles d'une histoire incroyable, sont d'une grande cohérence.
Les anecdotes, en grande partie exactes, sont redistribuées sur cette nouvelle ligne de temps, confirmant l'ambivalence de l'ensemble, l'auteur empruntant un chemin qui pourrait épouser cette phrase de Melville, mantra de son Bartleby, « I would prefer not to ».
...
Possible résonance, ce refus de l'extérieur, et cette relative « modestie » narrative, face à ces faits divers, qu'un autre aurait pu développer avec davantage de couleurs, voir nous donner le point de vue de Langley, et s'ancrer en avant dans les délires et la folie.
...
Une douceur diogénique flotte sur ces pages, ignorant ce qu'aurait pu être cette histoire si l'appartement d'Harlem s'appelait la Maison des Feuilles, enténébrant le lecteur de claustro' et d'agoraphobie, ou toute autre « ambition » que ce réel aurait pu créer.
Place est laissée à un autre livre, preuve que l'on n'est pas rassasié, bien qu'on ait apprécié ce roman bien tempéré.
...
Hasard des lectures récentes, et sans tenter de les comparer, je pense qu'il est impossible d'écrire autre chose sur le siège de Barcelone après avoir lu « Victus : Barcelone 1714 » d' Albert Sànchez Piñol, dont je vous parlerai bientôt (et suffit de lire ce qu'en dit Pecosa…)…
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Voici un roman comme je les aime, original dans son propos comme dans sa forme.

Le propos : L'histoire vraie (ou à peine romancée) de deux frères new-yorkais,
qui après la mort de leurs parents, victimes de la grippe espagnole, vont vivre seuls, de plus en plus seuls au fil des années, pendant que les personnes qui les entourent meurent, ou les quittent.
Ils finissent cloitrés dans une maison, encombrée d'un incroyable bric -a- brac.

La forme: c'est Homer, le pianiste aveugle de la fratrie, qui est le narrateur, Langley, gazé à la guerre est le principal protagoniste du récit de son frère. Pas de chapitres, juste des paragraphes de quelques pages, pour un récit fluide et linéaire.
L'auteur, semble avoir une véritable tendresse pour ses personnages, et l'on ressent vite une grande empathie pour eux.
D'ailleurs, à ce titre, la dernière phrase du livre est poignante.
Ce n'est donc pas un roman très gai, mais il reste un très bon moment de lecture.
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Homer et Langley Collyer vivent ensemble dans la maison laissée par leurs défunts parents. C'est Homer, le narrateur de leur histoire. Il est aveugle, Langley est revenu de guerre après avoir été gazé. Tout se passe dans leur maison, dans la cinquième Avenue, ils y accumuleront énormément de choses, il s'y passera beaucoup d'évènements...
La vie des deux frères Collyer est raconté avec beaucoup d'à-propos par E.L. Doctorow, un peu d'humour de temps en temps pour montrer l'excentricité de ces frères qui n'hésitent pas à accumuler ce qu'ils aiment, de la voiture au piano en passant par la machine à écrire et les journaux. le passage des différentes personnes qui ont fait un passage chez eux, mafiosi italiens, domestiques japonais racontent les différents moments de l'Histoire avec beaucoup d'originalité. Les coups de sang de Langley sont jubilatoires… Juste un peu étonné que le récit semble se poursuivre après longtemps après la seconde guerre mondiale (une évocation de mai 68 avec les hippies ?) mais aucune date n'est avancée dans le récit si je ne me trompe, on ne se repère qu'avec les événements historiques. Enfin, il est bien indiqué que Homer et Langley est inspiré de la vie des frères Collyer, l'auteur a dû prendre quelques libertés. Mis à part ce point, j'ai beaucoup apprécié cette biographie plein de dynamisme. Un auteur à relire.
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Histoire véridique de :
« Homer Lusk Collyer (né le 6 novembre 1881 et mort le 21 mars 1947) et Langley Collyer (né le 3 octobre 1885 et mort le 9 mars 1947), sont deux frères américains qui devinrent célèbres en raison de leur nature snob, de la saleté de leur maison et de leur syndrome d'accumulation compulsive (syllogomanie) qui causa en définitive leur perte » (dixit).
Ce livre m'a été conseillé par une amie. J'ai adoré : je vous le conseille vivement.
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Cet ouvrage raconte l'histoire de deux frères, reclus dans leur maison de la cinquième avenue, depuis la mort de leurs parents en1918, aussi cultivés qu'excentriques.....
Ce roman s'appuie sur un fait divers révélé en 1947: les corps des deux frères Colley sont découverts dans leur maison de Harlem oú ils ont vécu toute leur vie, elle contient des débris divers , une Ford T, 14 pianos....et des monceaux de vieux journaux...
L'auteur transpose cette extraordinaire histoire mais il fait traverser tout le siécle à nos deux héros qui vont devenir des témoins éclairés.
Ces aristocrates considèrent le monde à la fois d'une façon naîve et émerveillée... Cette histoire palpitante, trés bien écrite, méticuleuse est un portrait splendide à double vue: le narrateur devenu aveugle ..puis sourd progressivement dont les perceptions sont décuplées par son handicap donnent à ce récit une puissance sensorielle rare ....
Comment se rendre compte de sa vie?
Comment assumer sa dépendance et les problémes récurrents liés à son handicap?
Puis L'aîné, Langley,, au second plan, gazé pendant la premiére guerre mondiale, dont les élucubrations tragi- comiques instillent un climat d'angoisse étouffant, sa folie loufoque est prétexte à des situations amusantes qui

rythment le récit.
Leur maison accueille des bonnes hongroises, des gangsters italiens,des musiciens de jazz,des hippies, des domestiques japonais,....différentes communautés s'installent dans leurs meubles puis disparaissent....
Tapis derrière leurs portes closes, ils sont recroquevillés dans leur cocon, coupés de l'extérieur, Langley est friand d'objets en tout genre, pianos ,grille pain, phonographes, une Ford T installée dans leur salle à manger,..... il classe et archive méthodiquement toute la presse quotidienne....la maison devient un vrai capharnaüm.. Un bric à brac sans nom.....
Un roman original, drôle et émouvant, pétri d'humanité oú la loufoquerie le dispute à l'humour et à la cocasserie,chez ces deux personnages qui assument leur vocation d'ermites.....
Le narrateur nous montre avec grand talent,leur glissement social inexorable....vers la marginalité et l'isolement dans une Amérique où le matérialisme féroce se joint à une solitude et une indifférence extrême!

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critiques presse (2)
Liberation
23 avril 2012
Sous la plume de Doctorow, les saynètes de la vie quotidienne, portées par une écriture très visuelle, prennent corps et se fondent en narration soutenue, grouillante de vitalité.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
18 avril 2012
Ramassé, méticuleux, palpitant, ce roman est un splendide portrait à double focale.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Et puis il y avait ce sentiment que l'on éprouve quand on se rend au cimetière en remorquant un corps dans un cercueil: une impatience envers le mort, un désir d'être de retour
à la maison où on pourra retrouver l'illusion que la condition permanente, ce n'est pas la mort mais la vie. (p.79)
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Mes souvenirs pâlissent à mesure que je fais encore et encore appel à eux.ils deviennent de plus en plus fantômatiques. Je ne crains rien tant que de les perdre complétement et de n'avoir plus pour y vivre que le désert illimité de mon esprit. Si je pouvais devenir fou, si mon propre vouloir pouvait provoquer cela,peut - être ne saurais- je pas combien je vais mal, combien est affreuse cette conscience qui est irrémédiablement consciente d'elle même.
Avec seulement le contact de la main de mon frère pour savoir que je ne suis pas seul.
Il y a eu un grand fracas, la maison entière a tremblé.Oú est Langley? Oú est mon frère ?......
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Les morceaux classiques ont des rythmes multiples. (Homer)
Il y a de l'art aussi dans les paroles, dit Langley. Les paroles sont presque plus intéressantes que la musique. Elles réduisent les émotions humaines à l'essentiel. Et elles touchent à des choses profondes.
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Nous étions d'humeur sombre. Avec en tête l'image de Siobhan et le souvenir de mes trajets vers le cimetière de Woodlawn pour enterrer mes parents, je ne pouvais penser qu'à la facilité avec laquelle on meurt. Et puis il y avait ce sentiment que l'on éprouve quand on se rend au cimetière en remorquant un corps dans un cercueil : une impatience envers le mort, un désir d'être de retour à la maison où on pourra retrouver l'illusion que la condition permanente, ce n'est pas la mort, mais la vie.
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Un jeune homme aveugle, beau et de bonne famille était donc particulièrement appréciable dans la mesure où il ne pouvait pas, même en secret, se mal conduire. Sa vulnérabilité exerçait un grand attrait sur une femme elle-même entraînée depuis sa naissance à être vulnérable. Elle en retirait l'impression d'être forte, d'être au pouvoir, ma cécité pouvait susciter en elle un sentiment de pitié, elle pouvait faire beaucoup de choses. Une jeune femme pouvait s'exprimer, se laisser aller à ses émotions refoulées comme elle n'aurait pu le faire sans risque avec un type normal. (p. 12)
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