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EAN : 9782359840469
Esperluète éditions (15/01/2014)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Cent pas ou mille? à cette question, Cheyenne et Abeille opposent la même réponse, quelle importance.
Elles sont sœurs. Au gré des moments de la vie, elles s’éloignent, elles se retrouvent.
Elles sont femmes. Leurs chemins se construisent en parallèle. Leur vie se nourrit au terreau de l’enfance… chacune à sa manière…

Avec beaucoup de douceur et un brin de mélancolie, Frédérique Dolphijn esquisse des personnages entiers et passionnés, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cheyenne et Abeille, quels drôles de prénoms pour ces deux soeurs (jumelles ?) ! D'ailleurs Granny s'est posé la question.

Abeille, professeur de braille, légère, virevoltante, éthérée, bénéficie d'une écriture plus primesautière. Cheyenne, infirmière, ancrée dans la réalité, est écrite en des termes plus solides. Et si tout ceci n'était qu'apparence, illusion ? Et si c'était l'inverse ?

Derrière tous ces mots, toutes ces phrases, il y a une grande tristesse, beaucoup de fragilité. La cassure ? le décès de leur mère et d'autres fêlures.

Dans ce livre, pas de chronologie, mais des billets comme ceux que les deux soeurs pourraient s'écrire. Beaucoup de retours en arrière, non pas vers leur mère, mais auprès de Granny la Grand-mère. Cheyenne et Abeille sont des femmes entières, emplies de leur monde fait de tendresse, de sensualité, de sexualité.

Au début de ma lecture, j'ai essayé de résister et je ne comprenais plus ce que je lisais. Alors, j'ai décidé de lâcher prise, de voguer au rythme des mots, des phrases et là, je suis entrée dans l'univers de Frédérique Dolphijn. Les dessins d'Annabelle Guetatra, nus aussi impudiques que simples, naïfs, soulignent les paragraphes.

Un livre inclassable, plein de poésie, de mots doux, au rythme langoureux. Les madeleines du passé construisent le chemin qui les mène vers l'amour. Un livre, Objet Poétique, hors des sentiers battus.

Les éditions Esperluète publient des textes et des images, réunissent des écrivains et des plasticiens, produisent des livres et les diffusent... le monde des éditions Esperluète est très bien défini par cette phrase, trouvée sur la page de présentation de leur site. Une maison d'édition, très attrayante, que je ne connaissais pas.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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C'est un peu difficile de parler de ce roman, il faut être délicat comme l'est l'approche de Frédérique Dolphijn.

Il est question de deux soeurs, Abeille et Cheyenne, déjà originales par leurs prénoms, deux filles qui sortent des sentiers tracés, sans doute à cause de leur enfance. Une enfance qu'elles ont passée ensemble, très proches, complices, unies contre le « crocrodile ». Plus tard, leurs chemins se sont un peu écartés, mais elles semblent toujours avoir ce point commun de la solitude, une solitude habitée malgré tout par l'autre soeur.

Il est question du corps, des sens, de la sensualité, de la sexualité. Abeille apprend le braille à des personnes qui deviennent aveugles, elle guide leurs doigts du bout de ses propres doigts. Cheyenne soigne des grands brûlés, le toucher et la relation sont compliqués par la souffrance. Elle travaille souvent de nuit et rejoint un homme, toujours masqué, qu'elle a contacté sur un site de rencontres.

Frédérique Dolphijn ne dévoile rien de cru, de complet, elle suggère les choses, les événements, pour ne rien déflorer qui ne soit déjà abîmé par la vie. Au fil de ce récit, en alternant les points de vue sur Abeille, sur Cheyenne, en revenant à l'enfance de Petite Abeille et Petite Cheyenne, elle nous fait percevoir à bas bruit ses personnages, les fait évoluer doucement vers une libération intérieure.

Accompagnant ce texte poétique, les silhouettes d'Annabelle Guetatra se posent elles aussi avec délicatesse sur la page blanche, des corps nus, d'enfants ou d'adultes (parois même entre adulte et enfant) dans des postures ou avec des détails (herbes, papillon, cage, arbre…) qui rappellent le récit. Sans trait qui les délimite avec précision, avec leur absence de détails marquants et leurs couleurs douces, ces images s'accordent parfaitement au côté suggestif de l'écriture de Frédérique Dolphijn.

Une lecture à fleur de peau, tout en douleur et en douceur.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Ce livre, c'est une bulle légère, un kaléidoscope d'images délicates évoquées par l'auteure (et joliment mises en couleurs par l'illustratrice Annabelle Guetatra), mettant en scène deux soeurs jumelles - ou tout comme - qui partagent des moments de douceur, de chagrin, de complicité, d'abord dans leur enfance confiée à Grany, la grand-mère réaliste, qui fait ce qu'elle peut pour combler le vide laissé par le décès de la maman, puis aujourd'hui, dans leur vie de femmes.

L'une écrit, en un style aérien et poétique, elle enseigne aussi le braille aux aveugles, du bout des doigts. L'autre, infirmière, apporte douceur et compétence aux grands brûlés de son service, quand elle ne vibre pas sous les caresses d'amants inconnus.
Abeille et Cheyenne, unies, différentes et si semblables !

Ce livre est un festival de sensualité et d'érotisme. Après que les corps se sont fermés pour trop de douleur (s), les sens s'éveillent et s'affinent : les couleurs tournoient, du noir brillant d'un ciré assorti à des chaussures à hauts talons, au rouge vif d'un canapé en velours rubis, récupéré chez les parents ; l'hibiscus éclate de couleur au local des infirmières, le sang s'épanouit en fleur sur la compresse du grand brûlé, une étrange fillette erre dans le couloir, un soulier verni rouge à la main.
Les sens s'affinent, caresses et frôlements, exacerbés quand on devient aveugle comme Claire, ou comme ce magistrat qui perd tout contrôle et commet l'irréparable. Des baisers entre soeurs, derrière le canapé, des baisers entre les parents avant le jour fatal, la moiteur des corps qui s'unissent, à l'infini les corps qui se répondent et vibrent du même plaisir.

Il y a comme une obsession du mot « mot » dans ce livre, occurrences multiples, comme si les mots avaient pour rôle, outre de dire, de réparer, d'expliquer, de ressusciter le passé, in fine d'accepter l'inacceptable. Est-ce pour cette raison qu'Abeille a appelé sa tortue Kailo, qui signifie « sans blessures » (dans « sa » langue d'origine!) ?

Il y a quelque chose de tristement gai dans ce livre, un appel au bonheur malgré tout. Résilience et reconstruction. Donner, se donner, aider, sentir en soi la vie, profondément, malgré tout. Et si nous avions, nous aussi, cachés au fond de nos ourlets, quelques secrets bien gardés qui ne demandent qu'à resurgir pour parvenir à la réparation ?
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Ce livre là est rempli de tendresse jusqu'au bout des mots. La plume est délicate. Les dessins sont légers. La collaboration entre l'autrice et l'illustratrice semble évidente. Une complémentarité entre les deux univers existe. Les illustrations corporelles sont toutes aussi gracieuses les unes que les autres et apporte une belle dimension dans le rythme des deux histoires racontées en parallèle. En lisant ce livre, j'ose imaginer que l'on ne reste pas indifférent à la sensibilité qui fait écho à notre propre histoire, si par chance, nous avons également une soeur.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Où sont les mots ? Où restent les mots ? Où sont les mots ?
Non pas de cris, tu ne cries pas tu ne cries pas.
Que reste-t-il de la nuit ? Quelques heures.
Des mots non dits. Son histoire cachée.
Elle rentre telle une péniche qui atterrit dans l’univers de l’ombre.
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Sa nuit recèle un secret.
Laisser le temps effacer de son disque dur la férocité. Laisser le temps effacer le souffle laid qui courts dans ses os. Ce morceau d’histoire bien réel qui ne s’évapore pas. Qui résiste à ses nouvelles mémoires.
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« Avec le temps, pense-t-elle, les choses devraient se tapir, peut-être s'oublier. C'est ce qu'elle espère, mettre le chagrin au fond d'une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes poches. »
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Lorsqu’elle sort de l’immeuble, la pluie aboie sa soif de la rajeunir de quelques milliers d’années. Ses crépitements tigrent la danse de ses hanches, et l’odeur du ciel fanfaronne comme un essaim d’abeilles.
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Comment vais-je me réconcilier ? demande Abeille. Je suis devenue une femme cabossée. Je m’en veux de ne pas avoir crié, de ne pas avoir été au bureau de police.
Souillure.
Viol.
Cheyenne prend Abeille dans ses bras.
- Je m’en veux de me sentir sale. Je me sens coupable de ne plus m’aimer
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