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L'Evangile au risque de la psych... tome 1 sur 2
EAN : 9782020054041
174 pages
Seuil (01/01/1980)
3.45/5   49 notes
Résumé :
"En lisant les évangiles, je découvre un psychodrame. Les mots mêmes avec lesquels ils sont racontés, la sélection des phrases, le choix de certains thèmes peuvent être entendus d'une autre manière depuis la découverte de l'inconscient et de ses lois par Freud. Les découvertes actuelles de la psychanalyse, dialectique et dynamique de l'inconscient, sont illustrées par ce psychodrame qu'on nous relate. A l'élaboration des évangiles président, entre autres, les lois d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Françoise Dolto est surtout connue pour être la mère du chanteur Carlos, adepte de l'éloge fruitier dans des chansons aux mélodies tapageuses. Mais laissons-ça de côté quelques instants et abandonnons les rageurs qui entreprendraient de réduire à néant ce monstre de la culture populaire dans ce qu'elle a de plus brillant à leur vindicte. Donner naissance à un simplet lorsqu'on s'inscrit dans une certaine forme d'intellectualisme (si tant est que la psychanalyse fasse partie de ce domaine) n'a rien de contradictoire. le karma est imprévisible. Et qui d'entre nous n'a jamais rêvé, au moins une fois dans sa vie, d'être aussi heureux et épanoui que ce bon vieux Carlos semble l'être ? Françounette est donc avant tout psychanalyste et dans ce livre, elle décortique les Evangiles à l'aide de l'outil psychanalytique.


"En lisant les évangiles, je découvre un psychodrame. Les mots mêmes avec lesquels ils sont racontés, la sélection des phrases, le choix de certains thèmes peuvent être entendus d'une autre manière depuis la découverte de l'inconscient et de ses lois par Freud. Les découvertes actuelles de la psychanalyse, dialectique et dynamique de l'inconscient, sont illustrées par ce psychodrame qu'on nous relate. A l'élaboration des évangiles président, entre autres, les lois de l'inconscient de Jésus, des rédacteurs et des premiers auditeurs. Ces lois font partie intégrante de la structure de ces récits. Pourquoi ne pas aborder leur lecture avec ce nouvel outil : la psychanalyse ?"


Jakot dit Lacan considérait que Tirésias, le devin de Thèbes, constituait un bon exemple antique de ce qu'il entend être un psychanalyste ; Dolto considère quant à elle que Jésus, tel qu'il nous est raconté dans les Evangiles canoniques, agit selon les lois de l'inconscient que Freud a explicitées au siècle dernier. Françou nous permet donc de redécouvrir les Evangiles et de les relire avec une certaine innocence qui ne fait pas de mal, et elle indique également que la psychanalyse ne part pas uniquement des élucubrations d'un farfelu du siècle dernier mais qu'elle porte en elle une sagesse insue dont on peut retrouver des traces à toute époque.


Dans ce premier tome des aventures des Evangiles, Dolto revient sur plusieurs passages de la vie de Jésus. Elle démystifie cette Immaculée Conception qui a déchaîné la connerie de tous les culs coincés bouchés à l'émeri du langage métaphorique ; elle nous parle de l'épisode du Temple, lorsque Jésus échappe à ses parents pour découvrir sa voie (son désir) et échapper au leur ; elle explicite ces paroles de Jésus à Cana « Femme, qu'y a-t-il entre toi et moi ? » et plein d'autres choses encore. Françou approfondit également les différents épisodes de résurrection miraculeux infléchis par Jésus. le sens de ces miracles aurait été d'éveiller et de conduire les supposés morts à leur désir pour les resusciter et leur permettre d'échapper à l'emprise des lois mortifères.


« [Jésus] nous fait sans cesse basculer du champ de la loi dans le champ du désir ».


On ne va pas reprocher à Dolto de nous bassiner la tronche avec sa psychanalyse dans toutes ces histoires parce que c'est quand même son coeur de métier et que nous faisons tous pareil à notre niveau, c'est-à-dire qu'on ne peut guère s'empêcher de ramener notre fraise et les deux ou trois petites idées originales qu'on croit posséder sur n'importe quel sujet, à tort et à travers. Bon, il s'avère qu'ici, c'est plutôt à raison et de bon droit. Derrière le langage métaphorique de Jésus on peut retrouver des enseignements psychanalytiques chers à Dolto. Abandonner père et mère pour aimer Dieu, c'est-à-dire le Soi en soi-même, venir comme des petits enfants, dans l'innocence des préceptes moraux et des héritages toxiques pour s'ouvrir à son désir. Venez comme vous êtes, nous dit Domac ; venez à ce que vous voulez être, nous dit Jésus la Malice.


« C'est d'une césure de la zone d'influence de la génération parentale que surgit la liberté dans l'invention du Désir de la génération des fils et des filles. »


Last but not least, une belle relecture de la parabole du Samaritain s'offre à nous. Françoise nous raconte que l'interprétation souvent donnée de cette parabole (aime ton prochain comme toi-même) l'a longtemps dérangée. On sous-entend qu'il faut aimer son prochain comme on aimerait n'importe qui d'autre ce qui fait que finalement, l'amour aurait peu de prix et finirait par s'avilir dans une sorte d'égalitarisme proche de l'anesthésie sentimentale. Freud aussi n'aimait pas trop ce précepte, soit dit en passant. Mais en fait non, ce n'est pas ça. le Samaritain s'en foutait du pauvre gars, il l'a aidé parce que c'est la vie, d'ailleurs il s'est même montré un peu radin en donnant seulement quelques sous à l'aubergiste chez qui il a foutu le pauvre mec pour s'en débarrasser, et une fois reparti sur la route, il n'y pensait déjà plus. Quand on aide, c'est qu'on a déjà assez en soi pour le faire, sinon on n'aide pas. « Il faut savoir s'éprouver ! Si nous sommes incapables de rendre service, soyons réalistes pour ne pas le faire, nous le ferions mal ». C'est en recevant ce don de temps et d'effort du Samaritain que le pauvre mec a pu comprendre un truc : la valeur de l'amour gratuit, du don de soi sans préoccupation pour son fruit (comme dirait Pacôme Thiellement), et c'est ce genre d'enseignement qui touche au plus profond de l'être qui devient performatif pour les siècles à venir. le pauvre mec à son tour va pouvoir se mettre à kiffer et à s'ouvrir aux autres parce qu'on lui aura un jour accordé un geste totalement indifférent, mais qui l'aura remis d'aplomb sur la route et qui aura été de la plus grande importance pour lui (alors que pour le Samaritain, c'était que dalle).


« Je t'ai donné et tu ne m'as rien rendu. Je n'en ai pas eu le bénéfice. Mais toi, tu as eu le bénéfice de savoir que tu es aimé et que tu aimes. Alors jaillit un lien nouveau de nouvelle alliance, une « alliance » d'amour entre les êtres sans bénéfice commercial. […]
« Aime ton prochain comme toi-même », c'est-à-dire : « N'oublie jamais cette plus-value de vitalité dont ton prochain t'a fait don, sans s'appauvrir lui-même. En passant, il t'a permis de reprendre, debout, ton chemin ». »


C'est ce qui décrirait un peu l'éthique du psychanalyste, et ce qui ferait de Yésou le first but not least de tous les psychanalystes de ce monde de dingues.
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Livre qui, selon moi, ne tient pas ses promesses.

Interprétations sauvages en référence au modèle psychanalytique Freudien, je me suis ennuyé à mourir tout le long du livre, attendant en vain une phrase ou un mot traduisant une certaine pertinence vis à vis de la réalité.

Vraiment, je ne recommande ce livre à personne, et j'imagine mal ce qu'il pourrait apporter...
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Je ne connaissais Dolto que par ce que l'on dit d'elle et de ses écrits. le titre de ce livre m'avait tout d'abord séduit, mais son contenu m'a tout d'abord stupéfié, puis horrifié.
Dolto, telle une névrosée, voit partout dans les Evangiles, des relations pédophiles et/ou incestueuses.
J'ai lu et relis depuis plusieurs années les Évangiles sous différentes versions, je ne comprends pas, si ce n'est avec un esprit passablement pervers, comment et où on peut y trouver de telles horreurs.
Un livre à jeter aux orties.
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éclairant
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
G.S. : Il pourrait paraître étonnant que le Christ se prête à ces régressions ou à ces fixations non dépassées.

F.D. :Il n'y a là rien d'insolite. Tous les désirs, Jésus peut les avaliser et les rédimer. Il laisse chaque être humain les vivre, ensuite, il les transfigure mais il les transfigure par la castration, c'est-à-dire, je le répète, par une séparation, une rupture d'avec le premier être qui a suscité leur désir authentique et, par-delà ce deuil de leur objet élu, il suscite ce même désir à s'accomplir dans la vie, à l'égard des autres.
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Ni esclaves ni dépendants, librement aimants par gratitude. Le modèle "samaritain" de cette parabole laisse I'autre libre. Il se retire de notre chemin et continue le sien. Cette dette d'amour, de reconnaissance que nous avons envers le connu ou l'inconnu qui nous a aidé, nous ne pouvons la régler qu'en faisant de même avec d'autres.
G.S. : Ainsi les autres à qui nous ferons du bien, que nous dépannerons, nous serviront à régler une dette et à nous donner bonne conscience!
F.D. : Quand tu es « samaritain », dit le Christ, tu dois ignorer et la dette et la reconnaissance. C'est désintéressé, quand celui qui a accompli un geste genéreux n'en a plus aucun souvenir. Il n'a pas à en chasser le souvenir. C'est accompli.
C'est un acte de sublimation génitale. C'est comme la mère qui accouche. C'est un acte d'amour. C'est donné. C'est comme dans un coit d'amour, c'est donné.
Mais qui s'en souviendra? L'enfant. Il est en dette d'une vie, en dette de refaire la même chose avec ses enfants ou ses compagnons de vie. Mais non par devoir, non par « justice ». C'est un courant d'amour. S'il est stoppé c'est la mort.
Combien de fois n'entend on pas des gens convaincus d'avoir été charitables ou d'avoir donné, reprocher ensuite aux autres de manquer de reconnaissance : «Quand je pense à tous les sacrifices que j'ai faits pour toi..., maintenant tu me laisses..., tu vas dans un autre pays..., tu épouses la fille dont je ne veux pas... », « Quand Je pense à tout ce que j'ai fait pour cet homme, et maintenant il m'abandonne. » Ce n'est pas au « samaritain » que la reconnaissance est directement manifestée. On pense à ce qu'il a fait pour nous, et on agira de même avec un autre. Si celui qui a été « charitable » garde en lui une exigence vis-à -vis de celui qu'il a un jour aidé, s'il en attend de la reconnaissance, il prouve qu'il cherchait à acheter quelqu'un et qu'il n'était donc pas « samaritain ».
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Il me semble que cette parabole apporte deux lumières sur notre manière de vivre.
-D'abord celle de l'amour à vie pour celui qui nous a sauvé alors que nous étions démuni de tout, en état de détresse, abandonné de tous et de nous-même. C'est là la nouveauté de la parabole.
-Ensuite, un exemple de conduite, de façon d'agir. Quand tu as, comme ce Samaritain, un peu de temps et la possibilité matérielle, ne tourne pas le dos à qui tu vois dans la peine. Quand tu n'es pas occupé à autre chose et que tu as un surplus de vitalité, donne à celui qui, sur ton chemin, est dans le besoin, si tu le peux. Mais n'en fais pas davantage. Ne te détourne pas de ton travail. Ne te détourne pas de ton chemin. Ne sois pas retenu par celui que tu as sauvé. Ne sois pas lié par la reconnaissance à manifester à celui qui t'a secouru, mais fais comme il a fait. Ne sois pas arrêté par le souvenir de celui que tu as pu secourir. Souviens-toi que ta survivance, toi aussi, tu la dois à un autre; aime cet autre en ton cœur, et, quand l'occasion s'en présentera, fais pour un autre comme il a fait pour toi.
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G.S. : Dans ce passage d'evangile, nous découvrons, là encore, des humains arrêtés prématurément dans leur destin.
F.D. : Oui, la source de leur désir s'épuise à cause d'une relation émotionnelle destructurante. Ils sont tous trois retenus à leur corps d'enfance par un lien d'amour non rompu qui les voue à une stagnation stérilisante. Le Christ rompt ce lien et les rend autonomes. Elles éclosent, libérées – la fillette, d'être survalorisée, la femme, d'être méprisée. Enfin capables, depuis douze ans, l'une de marcher seule, l'autre de vivre femme.
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«Donnez lui à manger, ne la dévorez plus. » Destinée à quitter bientôt sa famille, qu'elle advienne à la liberté de son désir, et bien sur à ses risques aussi.
G.S. : Ils sont saisis de stupeur...
F.D. : Ils découvrent tout d'un coup que l'enfant qu'ils aimaient n'est pas celle qui ressuscite. Une résurrection, c'est une rupture, une mutation. La voilà ressuscitée. Au lieu de leur donner, donc, cette enfant à embrasser, à couvrir de baisers, Jésus leur dit :« Donnez-lui à manger; c'est votre seul rôle maintenant vis-à-vis de votre fille. »
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Vidéo de Françoise Dolto
Samedi 3 juin 2023 : Éducation et sécurité affective. Comment préparer les enfants à l'avenir ? Entretien avec Catherine Dolto animé par Myriam Saligari. Notre invitée, médecin, haptothérapeute et auteure est détentrice du droit moral de Françoise Dolto.
L'antre des livres est le festival de l'édition indépendante qui réunit à Orange (84) des maisons d'édition indépendantes venues de toute la France et De Belgique accompagnées de leurs auteurs et illustrateurs. https://www.lantredeslivres.com
>Religion>Bible>Evangiles et actes des Apôtres (42)
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