L'homme-machine et ses avatars

A rebours des Unes criardes sur l'homme augmenté et autres cyborgs de la presse actuelle, les différents auteurs nous font entrer dans l'histoire longue de l'imaginaire de la relation des humains et des machines. Comme le titre le suggère la base de cette histoire est construite principalement autour de la forte influence des pensées de René Descartes, de Julien Offray de la Mettrie ou de Thomas Hobbes. Toutefois pour certains auteurs, cette relation entre l'état de la culture matérielle et la description de l'homme pourrait être plus ancienne (l'exemple du Golem). Ainsi, mais c'est hors du cadre de cet ouvrage, la question pourrait être posée aux préhistoriens selon moi. Ce n'est pas par hasard d'ailleurs si Hubert Desmarets évoque l'une des rares nouvelles de Jacques Boucher de Crèvecoeur de Perthes - Mlle de la Choupillière (1832) - qui fut l'un des principaux instigateurs en France et en Europe des recherches sur l'homme préhistorique au XIXème siècle. L'un des protagonistes est en effet décrit comme l'exemple type de l'homme-machine. Cette profondeur historique donc nous renvoie à une interrogation qui se révèle beaucoup plus ancienne que celle avancée à l'heure actuelle. Les questionnements éthiques sur les relations de l'homme et de la machine ne sont donc pas si nouveaux et cela contrebalance la problématique d'une interpénétration réelle ou fantasmée entre l'organique et le mécanique qui se voudrait parmi les plus récentes des critiques sur notre monde. Le court texte de Frédéric Kaplan intitulé « Métaphores machinales » ouvre la seconde partie de l'ouvrage consacrée aux « Perspectives contemporaines sciences robotiques et sciences humaines ». F. Kaplan propose ici un découpage historique en quatre métaphores qui, je trouve, synthétise bien les différentes idées avancées dans l'ouvrage. Tout d'abord pensé comme un réseau de canaux par les penseurs de la Grèce antique se penchant sur les problèmes d'irrigation des champs, l'homme est vu par le prisme des automates chers à Descartes et Vaucanson avant d'être perçu par la lorgnette des découvertes faites sur l'électricité et sur le système nerveux. La quatrième métaphore concerne elle la grille de lecture des théories de l'information et de la cybernétique où le cerveau mais aussi le reste du corps humain fonctionneraient comme un système computationnel. Il y a bien sûr tellement plus de choses à dire sur ce livre mais je ne souhaite pas gâcher le plaisir...