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Critique de peloignon


Dostoïevski a écrit son meilleur roman en dernier et il en était parfaitement conscient.
Les Frères Karamazov sont un véritable drame spirituel où il reprend génialement tous les problèmes qui hantent son oeuvre. Dostoïevski y explore en effet tous ses thèmes favoris, en projetant les unes contre les autres diverses perspectives existentielles concernant la foi, la rationalité, le bien et le mal, le rapport au religieux ou a l'athéisme, etc.
Le chapitre intitulé « le Grand Inquisiteur » est un chef d'oeuvre littéraire, philosophique, moral et religieux en soi. Il s'agit d'un conte philosophique rempli d'ironie fait par Ivan à son frère Aliocha pour lui présenter la question de la responsabilité de l'humain envers le divin. Jésus s'y fait reprocher par un inquisiteur espagnol à la Renaissance de nuire à l'Église et de rendre malheureuse l'humanité. En refusant l'omnipuissance, Jésus surestimerait l'humanité en lui laissant une liberté dont cette dernière serait indigne et qu'elle ne saurait utiliser. L'inquisiteur croit que l'Église toute-puissante permet de palier à ce manque de jugement commis par Jésus en enlevant cette liberté à l'humanité de manière à lui rendre son bonheur rendu impossible par son divin fondateur.
Une autre idée forte que l'on trouve dans le roman, c'est la conclusion que, si Dieu n'existe pas, l'humanité est livrée à elle-même dans l'amoralité la plus totale. Cette pensée n'a rien d'originale puisqu'on la trouve déjà chez Paul dans le Nouveau Testament : « Si les morts ne ressuscitent pas, Mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Cor 15, 37), mais elle est explorée de manière très marquante par Dostoïevski, qui aborde les travers d'une vie purement matérielle aux désirs infinis condamnée à l'insatisfaction sans repos.
La croyance en Dieu permettant, au contraire, exactement comme dans la Critique de la raison pratique de Kant, d'ouvrir la possibilité d'une existence morale digne de ce nom et une espérance permettant de vivre dans la sérénité.
Dostoïevski prévoyait une suite dans les derniers mois de sa vie, l'action aurait repris vingt années plus tard. Peut-être l'a-t-il écrit au Paradis? Si Dieu existe, peut-être aurons nous l'occasion de la lire dans l'autre monde...
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