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Les Démons (Les Possédés) - Actes Sud tome 0 sur 4

Élisabeth Guertik (Autre)Georges Philippenko (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253018254
571 pages
Le Livre de Poche (01/09/1977)
4.29/5   1019 notes
Résumé :
Ce n’est pas seulement sa mère, la générale Stavroguine, ce n’est pas seulement son ancien précepteur, Stépane Trofimovitch, c’ est toute la ville qui attend l’arrivée de Nicolas, ce jeune homme séduisant, fascinant, inquiétant. Il a vécu dans la capitale, il a parcouru l’Europe ; on raconte sur lui d’étranges choses. Il arrive. De quels démons est-il accompagné ? Avant même la parution du roman en 1873, l’éditeur avait refusé de publier un chapitre jugé choquant, «... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
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Avec Les Démons (ou Les Possédés, titre moins conforme mais plus célèbre en français, notamment en raison de l'adaptation théâtrale qu'en a faite Albert Camus, voir le nota bene au bas de cet avis), Dostoïevski s'attelle à un immense canevas politico-sociétal qu'il est difficile de définir en deux mots et dont les limites me semblent, elles-mêmes, assez floues.

Afin de situer quelque peu l'oeuvre, je vous propose de commencer par cet extrait, issu de la bouche de Stepan agonisant (Troisième partie, Chapitre VII, à la fin du sous-chapitre 2), qui me semble révélateur avant de commenter (N.B. : Dostoïevski vient de citer le passage correspondant dans les évangiles, pour ceux que cela intéresse, il s'agit de l'épisode du démoniaque gérasénien qu'on trouve dans les évangiles de Marc, Matthieu ou Luc) :

« Ces démons qui sortent d'un malade et entrent dans des porcs, ce sont toutes les plaies, tous les miasmes, toute l'impureté, tous ces grands et petits démons, qui se sont accumulés, pendant des siècles et des siècles, dans notre grande et chère malade, dans notre Russie. Oui, cette Russie que j'aimais toujours. Mais une grande idée et une grande volonté l'éclaireront d'en haut comme ce possédé du démon, et tous ces démons en sortiront, toute l'impureté, toute cette turpitude qui suppure à la surface... et ils demanderont eux-mêmes à entrer dans des porcs. D'ailleurs peut-être y sont-ils déjà entrés ; peut-être ! C'est nous, nous, et eux, et Petroucha... et les autres avec lui, et moi peut-être le premier, et nous nous précipiterons, déments et enragés, du haut du rocher dans la mer et nous nous noieront tous, et ce sera bien fait pour nous parce que nous ne sommes bons qu'à cela. Mais la malade guérira et "s'assoira aux pieds de Jésus"... »

On comprend bien je pense le message que cherche à nous délivrer l'auteur. En ces années 1870, la Russie connaît des troubles, l'ancien ordre établi vacille (notamment depuis l'abolition du servage en 1861), la religion vit une crise et les ferments de la révolte " à la française " commencent à voir le jour.

Des opportunistes de tous poils cherchent à souffler sur les étincelles à coups d'idéologies (socialiste, nihiliste, autres) pour mettre le feu à la Russie et se saisir du pouvoir quitte à s'adonner au bain de sang. L'aristocratie déchue et proche de la ruine (suite au partage des terres lors de l'abandon du servage) n'y est pas étrangère.

C'est donc ce faisceau de craintes et de menaces que l'auteur essaie de dépeindre dans cet étrange ouvrage, mi politique, mi social, mi romantique, mi mystique (les amateurs de Pagnol et qui savent mieux compter que moi noteront que comme César, moi aussi j'ai quatre tiers dans mon cocktail, voire même un peu plus mais je n'ai jamais réussi à dénombrer aussi loin).

Fiodor Dostoïevski bâtit un scénario à échafaudage complexe animé d'une myriade de personnages (les noms russes avec prénom + patronyme, à la longue, finissent par tous se ressembler, je vous conseille de mettre un repère à la page de présentation des personnages, ça vous sera utile jusqu'au bout) dont les principaux semblent être Nikolaï Vsévolodovitch Stavroguine et Petr Stépanovitch Verkhovenski.

Le premier symbolisant l'aristocratie décadente, le second, les classes supérieures arrivistes semant le trouble ; l'ensemble constituant " les démons " dont la Russie " possédée " devra se débarrasser pour recouvrer sa sérénité séculaire.

En somme, une lecture un peu alambiquée, mais pas désagréable, on ne sait pas trop où l'auteur nous emmène, mais il nous emmène. Un séjour en apnée dans la demie folie ambiante de presque tous ses personnages (comme presque toujours chez Dostoïevski), parmi les démons de la Russie tsariste. Tout ceci, bien sûr, n'est que mon diable d'avis, dont je vous invite à vous déposséder s'il ne vous convient pas car, à lui seul, il ne signifie pas grand-chose.

N. B. : Selon les éditions et les traductions, le titre est transcrit soit sous la forme " Les Possédés ", soit sous la forme " Les Démons ", mais il s'agit bien du même livre. Traditionnellement et parce que les premières traductions françaises l'ont transcrit ainsi le titre Les Possédés s'est popularisé tandis que les traductions plus récentes et plus soucieuses de la lettre ont tendance à privilégier Les Démons.

Cette différence d'ailleurs se résout à une histoire de contenant et de contenu, c'est selon. Certains mauvais esprits ont tendance à croire qu'il y aurait peut-être aussi une toute petite motivation financière à faire croire à du nouveau sous le soleil avec ces changements de titre, mais personnellement je serais fort surprise qu'un quelconque démon de l'appât du gain puisse posséder un quelconque éditeur, allez savoir ?...
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Quelles difficultés démoniaques m'ont posé Les Démons, alias Les Possédés, de Dostoievski ! Difficultés pratiques d'abord : il m'a fallu pas moins de 2 ans pour le lire, en revenant évidemment en arrière quand je le reprenais après de longues pauses. Puis pas loin de 3 mois pour écrire ma chronique, intimidée que j'étais par le maître Dostoiveski, également un peu paresseuse je l'avoue... le point d'orgue étant les 45 minutes que je viens de passer à chercher frénétiquement (et en vain) les notes prises pendant ma lecture !

Difficultés à suivre et à bien tout comprendre, ensuite. Car non seulement les personnages s'appellent tous pareil, ou presque, tels Piotr Schpountzovitch et Bidule Piotrovitch (le second étant naturellement le fils du premier), mais ils sont nombreux et se ressemblent beaucoup dans leur exaltation, leur agitation un peu stérile et leurs délires verbaux. Le livre mêle en outre des considérations politiques, la narration proprement dite, des morceaux de bravoure ironiques et des digressions philosophiques. Et il fonctionne souvent par allusions, ellipses ou énigmes. Inutile de dire que je m'y suis parfois perdue...

J'ai du m'accrocher, donc, mais ça en valait sans aucun doute la peine ! Je ne savais pas que Dostoiveski pouvait être si fin psychologue et si drôle, et je me suis régalée de sa verve, par exemple dans sa longue caricature de l'oisif exalté qui écrit 2 lettres par jour à son amie, de la pièce à côté... Ou encore dans sa description du bal avorté et de la réaction de la sotte et frivole comtesse...

Plus profondément, j'ai eu l'impression que le livre me mettait en contact avec "l'âme russe", pour utiliser les grands mots, un peu de la même façon que Middlemarch m'avait montré la vie dans une petite ville anglaise. Qu'ai-je retenu de "l'âme russe" selon Les Possédés? Qu'elle est bien différente de la nôtre : pas de retenue, en tout cas ici, mais de l'exaltation, des cris, des crises de nerfs, des pleurs, des sentiments exacerbés et exprimés...

Enfin, j'ai côtoyé des révolutionnaires russes : nihilistes, fouriéristes, idéalistes, actifs ou beaux parleurs. Si je n'ai, là non plus, pas bien saisi toutes les différences et les tendances, j'ai compris à quel point la Russie tsariste était à cette époque en déséquilibre, sur le fil, prête à basculer.

Challenge Pavés 25/xx, challenge XIXeme siècle 4/xx et challenge Variétés
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Dostoïevski mêle avec talent roman, philosophie, politique et réflexions métaphysiques. Les Démons, dont le titre initial choisi par le traducteur était Les Possédés, est un roman puissant. Certains personnages font preuve d'une noirceur troublante. Piotr Stépanovitch Verkhovenski est à la tête d'une cellule révolutionnaire nihiliste et harcèle Nicolas Stavroguine afin qu'il en devienne le chef. Celui-ci refuse. Tourmenté, il a causé de nombreux esclandres qui ont fait douter de sa santé mentale. Ce thème de la folie était déjà présent dans Crime et Châtiment à travers le personnage de Raskolnikov, étudiant féru de théories politiques sur les grands hommes, qui en vient à tuer une vieille usurière. Il est persuadé d'agir pour le Bien de l'humanité.
Avec Les Démons, Dostoïevski approfondit ce thème de l'homme intelligent que l'idéologie rend fou quand elle devient extrémiste. Il lui donne plus de force et de violence. Verkhovenski est un criminel froid, calculateur, implacable, redoutable et sans pitié. Son pouvoir de nuisance est effrayant. Il n'a rien à voir avec Raskolnikov, étudiant sympathique et compatissant, malgré son arrogance. Verkhovenski commandite l'assassinat d'un membre de sa cellule révolutionnaire, Chatov, car ce dernier veut les quitter et pourrait les dénoncer, provoquant ainsi leur arrestation. Chatov ne partage plus les idées extrémistes de ses camarades qui prônent le terrorisme, la destruction radicale des structures sociales. Touché par le retour de sa femme enceinte, qui vient accoucher chez lui après avoir été séduite et abandonnée par Nicolas Stavroguine, il n'est pas vigilant et se laisse piéger. Dostoïevski s'est inspiré de l'actualité : Netchaïev, chef d'une organisation révolutionnaire, avait assassiné, avec quatre complices, l'étudiant Ivanov, soupçonné d'avoir voulu dénoncer l'organisation à la police.

Ce livre sur, entre autres, l'activité d'une cellule terroriste et la folie idéologique de ses membres m'a fait réfléchir à notre époque, même si le contexte est différent. le terrorisme et les attentats perpétrés par des étudiants dans la société russe des années 1860 étaient dirigés contre le pouvoir absolu du tsar. Néanmoins, la description de cette violence est intemporelle. Dostoïevski a lui-même côtoyé ces étudiants, en a fait partie dans sa jeunesse, au point d'être arrêté, envoyé au bagne et croire qu'il allait être condamné à mort. Les tourments des personnages sur le bien, le mal, la violence politique sont sans doute le reflet de ceux de l'écrivain.

Les Démons est une oeuvre forte qui garde encore aujourd'hui une part de mystère et est source de débats, notamment autour d'un chapitre censuré par l'éditeur d'origine « Chez Tikhone ». Stavroguine s'y confesse à l'évêque Tikhone, il lui explique l'origine des démons qui le hantent : il a abusé d'une fille d'une dizaine d'années pour se distraire et elle s'est ensuite suicidée, elle s'est pendue dans le grenier pour échapper au poids de la honte. Ce drame, qui aide à mieux comprendre le comportement perturbé de Stavroguine, avait été effacé des premières éditions car il avait été jugé trop choquant. Dostoïevski s'était-il inspiré d'une réalité dont il avait été le témoin comme pour la cellule terroriste ? Il laisse en tout cas une oeuvre et des personnages riches et complexes.
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Dans cette Russie de 1870, une province de libéraux devient le théâtre d'événements tragiques : Varvara Petrovna, la Générale, héberge depuis 20 ans Stepan Trofimovitch Verkhovenski, l'ancien précepteur de son fils. Mais la tranquillité de cette petite société bienséante est soudain troublée par l'arrivée de Nicolas Vselodovitch Stavroguine (fils de le Générale) et de Pitor Stepanovitch Verkhovenski (fils de l'ancien précepteur). Ce dernier, distillant des idées révolutionnaires afin de renverser le pouvoir établi, souhaite mettre à la tête de son mouvement Nicolas Vselodovitch dont l'étrange charisme, pense t-il, servira ses desseins. La ville est alors secouée de scandales : complots, manipulations, trahisons, Piotr Verkhovenski est prêt à tout pour parvenir à ses fins (mensonges, meurtres). Malheureusement pour lui tout ne se passe pas comme prévu car tous les protagonistes de l'histoire sont possédés...

La naissance de l'oeuvre
Publié pour la première fois en 1871, Les possédés ou Les démons (selon les traductions) sont le résultat d'un processus d'écriture complexe : " L'oeuvre naquit dans les affres d'une création douloureuse ; l'auteur était littéralement possédé par son idée qui lui commandait et le menait dans les directions les plus imprévues, lui faisant découvrir des horizons inconnus, des paysages terrifiants" (p.564). Les carnets de travail laissés par l'auteur témoignent de ses travaux de recherche et révèlent ses hésitations, ses doutes et ses contradictions. D'après les commentaires de l'éditeur, Dostoeïsvki, mu par son instinct nationaliste, souhaitait exprimer ses craintes sur le destin de la Russie en dénonçant les mouvements révolutionnaires influencés par le libéralisme de l'Europe occidentale et l'athéisme. S'inspirant de l'affaire de Netchaïev comme point de départ de son roman, Dostoïevski concerné par tous les courants d'opposition, défend l'idée d'une Russie portée par " un homme russe nouveau " entâchée par celle d'une Russie peu à peu gangrenée par le socialisme et le nihilisme. Ainsi, " Enclin à une vision apocalyptique et manichéenne de l'histoire, Dostoiesvki voyait donc proche le moment où allait s'ouvrir au grand jour le combat entre les forces positives de l'homme russe nouveau et les puissances ténébreuses de la révolution et de l'athéisme." p.563. Conscient que son oeuvre ne pouvait pas représenter les forces en opposition sur la seule base de son idée initiale, l'auteur décide au risque de soulever la colère, de développer son roman en " sacrifiant " son pamphlet à la polémique...

Dostoïesvski, un romancier de l'idée
L'affaire Netchaïev (cf. le catéchisme du révolutionnaire du même Netchaïev) qui a servi d'intrigue au roman, n'a qu'un rôle secondaire dans le développement des Possédés. Si Dostoiesvski s'en est servi comme intrigue de départ, c'est parce qu'ayant lui-même été condamné à mort et envoyé au bagne en Sibérie (1849-1854) pour avoir fait partie du cercle de Petrachevski, il reconnaissait le danger de l'idéologie socialiste. Ainsi, ses personnages en proie à des conflits idéologiques, sont-ils possédés par des démons particulièrement capricieux. le thème de la possession chez Dostoïevski est remarquable en ce sens que ses personnages souffrent tous d'une dualité parfois incompréhensible. A tel point, qu'ils peuvent parfois paraître caricaturaux ou qu'ils peuvent passer pour de vrais schizophrènes : Stepan Strofimovitch, Varvara Petrovna, Nicolas Vseledovitch, Piotr Stepanovitch, Ivan Chatov, Kirilov, Lipoutine, Chigalev, Virguinski, Liamchine, Fedka, Lebiadkine, le couple des Lembke... sont tous "victimes" de leur possession/idée. Démon du socialisme athée, nihisme révolutionnaire ou encore superstition religieuse, les Possédés sont déchirés par des forces destructrices dont ils ne soupçonnent pas toujours la portée. Les personnages représentés incarnent d'ailleurs un bon échantillon des pensées en vogue dans la Russie des années 1870. Et Dostoievski profitant que " La vie littéraire de la Russie du XIXe siècle était le théâtre de polémiques particulièrement violentes ; la critique littéraire était en effet l'un des moyens les plus fréquemment utilisés pour exprimer des opinions politiques en déjouant la surveillance de la censure. " p.568, embraye pour prévenir du destin tragique vers lequel court la Russie. Évidemment, la folie qui frappe tous les possédés de ce roman reflète non seulement un esprit conservateur et nationaliste mais elle s'avère également être une critique particulièrement cinglante de tous les endoctrinements (" Est-il possible que jusqu'à présent vous n'ayez pas compris Kirilov, avec votre intelligence que tous les hommes sont pareils, qu'il n'y a ni meilleur ni pire mais seulement plus intelligent et plus bête, et que si tous sont des crapules (ce qui est d'ailleurs faux), c'est donc qu'il ne doit même pas y avoir de non-crapule ? " p. 510). Les réflexions que soulèvent ce romans sont d'ailleurs si nombreuses qu'il est difficile pour moi de toutes les évoquer (il existe déjà en ligne d'innombrables chroniques sur le livre).

Pour conclure, je dirais donc simplement que Les Possédés est une lecture ardue qui exige une connaissance de la biographie de Dostoïevski, une compréhension du contexte social (réforme paysanne et abolition du servage des moujiks), politique (règne de l'empereur de Russie Alexandre II) et religieux (croyance en l'église orthodoxe) de la Russie de la fin du XIXe siècle. Cette lecture nécessite également une appropriation des techniques narratives de l'auteur : la multitude des personnages (dont les noms sont pour nous difficiles à retenir) ainsi que les nombreux scénarios catastrophe qui ponctuent la fin de chaque chapitre, demandent par exemple beaucoup d'attention mais une fois toutes ces contraintes surmontées, le plaisir de la lecture est sans conteste au rendez-vous...

Pour aller plus loin, vous pouvez toujours lire cet intéressant article de la revue Chameaux sur une lecture nietzschéenne du suicide de Kirilov (un personnage que j'ai trouvé assez déconcertant). Sinon, la version PDF du livre en ligne sur Lirenligne.net.

En complément de ce compte-rendu, voici ci-dessous mon avis sur La confession de Stavroguine (http://livresacentalheure-alcapone.blogspot.fr/2013/02/la-confession-de-stavroguine-les.html).

Sur les instances de Dacha, Stavroguine se rend au Couvent de la Vierge pour rencontrer l'évêque Tikhone. La confession prend une tournure étrange lorsque Stavroguine après avoir avoué son athéisme, livre à Thikhone son intention de publier le récit des crimes commis sur la petite Matriocha pour se faire pénitence. Se laissant volontairement hanter par l'image de la petite levant contre lui un poing lourd de reproches, Stavroguine décide de mener une " vie ironique " qui finit par le lasser. Pensant que la publication de ses feuillets lui permettra de se repentir, Stavroguine se heurte à la " foi imparfaite " de Thikhone pour qui la démarche de Stravoguine n'est pas le fruit d'un esprit fou mais bien celle d'un homme à l'orgueil insensé...

Publiée à part du roman des Possédés, cette Confession de Stavroguine, censurée par l'éditeur de Dostoïesvki (Katkhov) à la sortie du roman en 1871, ne sera portée à la connaissance du public français qu'à partir de 1922 dans la Nouvelle revue française. Si les éditeurs successifs ont scrupuleusement respecté cette ligne éditoriale initialement imposée par Katkhov, ce n'est pourtant qu'à la lumière de cette confession que le personnage de Stavroguine prend toute sa profondeur. Beaucoup se sont accordés à dire que Stavroguine est la figure emblématique de la démonologie dostoïesvkienne. Mais c'est quelque chose que j'ai à peine deviné à la lecture des Possédés. Seule la connaissance de ce texte m'a révélé toute l'essence de la personnalité charismatique et mystérieuse de Stavroguine qui jusque là me parassait incohérente, voire insipide. Malgré les quelques coups d'éclat relatés par le chroniqueur des Possédés, l'arrogance de Stavroguine, ses contradictions, son indifférence et son mépris n'étaient jusqu'alors pour moi, que des effets de style employés par Dostoïevski uniquement dans le but d'étoffer le personnage. D'un coup, l'aura démoniaque du " nouvel homme russe " imaginé par Dostoïevski trouve ses explications. Pour comprendre le personnage de Stavroguine, la confession me semble donc un complément de lecture nécessaire. Sans cela, il n'est pas improbable que vous passiez à côté de l'oeuvre. C'est en tous cas mon point de vue...

L'âge d'or et le rêve de Stavroguine
Stavroguine évoque dans ses feuillets un rêve dans lequel Acis et Galathée, tableau de Claude Lorrain (cf. illustration ci-dessus) symbolise l'âge d'or : " C'est ce tableau que je vis en rêve, non comme un tableau pourtant, mais comme une réalité ". Ce rêve se transforme soudain en cauchemar avec l'apparition d'une araignée rouge. Stavroguine explique qu'au réveil de ce rêve : "Je vis devant moi (Oh ! pas réellement ! si seulement cela avait été une vraie hallucination !), je vis Matriocha, amaigrie, les yeux fiévreux, exactement telle qu'elle était lorsqu'elle se tenait sur le seuil de ma chambre et, hochant la tête, me menaçait de son petit poing. Et rien jamais ne me parut si douloureux. Pitoyable désespoir d'un petit être impuissant, à l'intelligence encore informe et qui me menaçait (de quoi ? que pouvait-il me faire ?) mais qui certainement n'accusait que lui-même. Jamais jusque-là rien de semblable ne m'était arrivé. Je restai assis toute la nuit, sans bouger, ayant perdu la notion du temps. Est-ce là ce qu'on appelle des remords de conscience, le repentir ? Je l'ignorais et ne le sais pas encore aujourd'hui. Il se peut que, même encore maintenant, le souvenir de mon action ne me paraisse pas répugnant. Il se peut même que ce souvenir contienne encore en soi quelque chose qui satisfait mes passions. Non, ce qui m'est insupportable, c'est uniquement cette vision, et justement sur le seuil, avec son petit poing levé et menaçant ; rien que l'aspect qu'elle avait à cette minute, rien que cet. instant, rien que ce hochement de tête. Voilà ce que je ne puis supporter ; car depuis lors elle m'apparaît presque chaque jour. Elle n'apparaît pas d'elle-même, mais je l'évoque et je ne peux pas ne pas l'évoquer et je ne peux pas vivre avec cela. Oh ! si je pouvais la voir une fois réellement, au moins en hallucination ! Ce rêve/cauchemar s'insinue profondément dans l'univers obsessionnel de Stavroguine et marque le début de sa " folie ".

Si comme moi, vous avez lu une édition à laquelle ne figure pas cette Confession de Stavroguine, notez qu'elle est accessible sur Wikisource.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Bien que j'ai lu plusieurs livres de Dosteiveiski, je suis toujours assez déconcertée par ces romans.
Peut-être encore plus avec " Les possédés" alias les démons. André Markowicz à qui j'accorde beaucoup de respect, l'a rebaptisé ainsi et visiblement ce vocable est le plus proche du russe.
C'est souvent dans un univers clos qu'évolue une poignée de personnages, ayant souvent des liens de parenté lointains. Les Démons ne déroge pas à la règle.
Le narrateur nous propose une chronique d'un personnage dans une petite ville de province, lié à d'autres. La plupart des personnages sont médiocres, obscurs. La trame commune aux livres de Dosteiveiski semble bien être la folie qui habite la plupart des protagonistes. de cette simple nervosité exceptionnelle à la folie complète.
C'est assez saisissant et fascinant à lire. Néanmoins, on a souvent l'impression de tomber dans une pièce de théâtre qui épuise le lecteur ou même les acteurs de ce drame. Beaucoup de tumulte, beaucoup de bruit, de confusion pour somme toute des histoires assez languissantes.
Une des grandes préoccupations, me semble-t-il chez Dosteiveiski est de connaître, d'identifier ce qu'est le peuple russe, ce qui définit l'âme russe ?
C'est certainement ce qui m'attache à le lire depuis si longtemps.



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Citations et extraits (229) Voir plus Ajouter une citation
- Chacun ne peut juger que par soi-même, dit-il en rougissant. La liberté sera entière quand il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre. Voilà le but de tout.
- Le but? Mais alors personne ne voudra peut-être vivre?
- Personne, prononça-t-il résolument.
- L'homme a peut de la mort parce qu'il aime la vie, voilà comment je comprend cela, dis-je, et c'est la nature qui le veut.
- C'est lâche et là est toute la duperie - ses yeux étincelèrent. La vie est souffrance, la vie est peur, et l'homme est malheureux. Aujourd'hui tout est souffrance et peur. Aujourd'hui l'homme aime la vie parce qu'il aime la souffrance et la peur. Et c'est ainsi que cela a été fait. La vie se donne aujourd'hui au prix de la souffrance et de la peur, et toute la duperie est là. Aujourd'hui l'homme n'est pas ce qu'il doit être. Il y aura un homme nouveau, heureux et fier. Celui à qui il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre, celui-là sera l'homme nouveau. Celui qui vaincra la souffrance et la peur, celui-là sera lui-même dieu. Et l'autre Dieu ne sera plus.
- Par conséquent, l'autre Dieu existe bien, selon vous?
- Il n'existe pas mais il existe. Dan sua pierre il n'y a pas de souffrance, mais c'est dans la peur de la pierre qu'est la souffrance. Dieu est la souffrance de la peur de la mort. Celui qui vaincra la souffrance et la peur, celui-là sera lui-même dieu. Il y aura alors une vie nouvelle, il y aura alors un homme nouveau, tout sera nouveau... [...]
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- Il est des secondes, il en vient à la fois cinq ou six, et vous sentez soudain la présence de l'éternelle harmonie, absolument atteinte. Ce n'est pas une chose terrestre ; je ne veux pas dire qu'elle soit céleste, mais que l'homme sous sa forme terrestre ne peut le supporter. Il faut se transformer physiquement ou mourir. C'est un sentiment net et incontestable. Comme si brusquement vous sentiez la nature entière et que soudain vous disiez : oui, cela est vrai. [...] C'est... ce n'est pas de l'attendrissement mais seulement comme ça, de la joie. Vous ne pardonnez rien parce qu'il n'y a plus rien à pardonner. Non que vous aimiez, oh — c'est plus haut que l'amour ! Le plus terrible est que c'est si extraordinairement net et une telle joie. Si cela dure plus de cinq secondes, l'âme n'y résistera pas et devra disparaître. En ces cinq secondes, je vis toute une vie et pour elle je donnerais toute ma vie parce que cela en vaut la peine. Pour supporter dix secondes, il faut se transformer physiquement.

Troisième Partie, Chapitre V, 5.
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- Je réduis Dieu à un attribut de la nation? s'écria Chaton, au contraire, j'élève le peuple jusqu'à Dieu. Et en a-t-il jamais été autrement? Le peuple, c'est le corps de Dieu. Tout peuple n'est un peuple que tant qu'il a son dieu propre et qu'il exclut tous les autres dieux sans aucune concession, tant qu'il a foi qu'il vaincra par son dieu et qu'il chassera du monde tous les autres dieux. Ainsi tous ont cru, depuis le commencement des siècles, tous les grands peuples, du moins ceux qui ont tant soit peu marqué, tous ceux qui ont été à la tête de l'humanité. On ne peut aller à l'encontre du fait. Les juifs n'ont vécu que pour attendre le vrai Dieu et ils ont donné au monde le vrai Dieu. Les Grecs ont défié la nature et ont légué au monde leur religion, c'est-à-dire la philosophie et les arts. Rome a déifié le peuple dans l'État et a légué au peuple l'État. La France, au cours de sa longue histoire, n'a été que l'incarnation et le développement de l'idée du dieu romain, et si elle a enfin jeté son dieu romain aux orties et s'est lancées dans l'athéisme, qui pour le moment s'y appelle socialisme, c'est uniquement parce que l'athéisme est tout de même plus sain que le catholicisme romain. Si un grand peuple ne croit pas qu'en lui seul est la vérité (précisément en lui seul et précisément en lui exclusivement), s'il ne se croit pas seul capable, seul appelé à ressusciter et à sauver le monde par sa vérité, il dégénère aussitôt en matière ethnographique et cesse d'être un grand peuple. Un peuple vraiment grand ne peut jamais se résigner à jouer dans l'humanité un rôle secondaire ou même un rôle de premier plan, il faut que ce soit absolument et exclusivement le tout premier. Le peuple qui perd cette foi n'est plus un peuple. [...]
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Il éprouva aussitôt du dégoût et se révolta. Il voulut se lever, partir, d’autant plus qu’il crut Tikhon pris de boisson. Mais, soudain, l’autre leva les yeux et le fixa d’un regard si ferme, si chargé de pensées, d’une expression si inattendue et énigmatique, qu’il en fut saisi. Il lui sembla que Tikhon avait déjà deviné dans quel but il était venu (bien que nul au monde ne pouvait le savoir), et s’il n’en parlait pas le premier, c’était parce qu’il le ménageait, craignait de l’humilier.
— Vous me connaissez ? demanda brusquement Stavroguine, Me suis-je présenté à vous en rentrant ? Je suis fort distrait...
— Vous ne vous êtes pas présenté, mais j’avais eu le plaisir de vous rencontrer une fois, il y a quatre ans environ, ici, au monastère... par hasard.
Tikhon parlait lentement, d’une voix égale et douce, en prononçant distinctement les mots.
— J’étais venu il y a quatre ans dans ce monastère ? demanda d’un ton désobligeant Nicolas Vsévolodovitch ; j’étais venu ici tout petit, quand vous n’y étiez pas du tout...
— Peut-être avez-vous oublié, fit Tikhon sans trop appuyer.
— Non, je ne l’ai pas oublié, et ce serait vraiment ridicule si je ne m’en souvenais pas, insista outre mesure Stavroguine. Peut-être avez-vous simplement entendu parler de moi, vous vous en êtes fait une certaine idée et il vous a semblé que vous m’aviez vu.
Tikhon ne répondit pas. À ce moment, Stavroguine s’aperçut que des tics contractaient par moment son visage, témoignant d’un ancien affaiblissement nerveux.
— Je m’aperçois que vous êtes un peu souffrant aujourd’hui, il vaudrait mieux que je m’en aille.
Il se leva même de sa place.
— En effet, je sens depuis hier de fortes douleurs dans les jambes et j’ai mal dormi cette nuit...
Tikhon n’acheva pas. Son hôte retomba soudain dans sa vague songerie de tout à l’heure. Le silence dura ainsi assez longtemps, deux bonnes minutes.
— Vous m’examinez ? demanda soudain Stavroguine soupçonneux.
— Je vous regardais et me remémorais les traits du visage de votre mère. Avec une dissemblance extérieure, il y a entre vous une grande ressemblance intérieure, spirituelle.
— Aucune ressemblance, surtout spirituelle ! Aucune, absolument ! s’écria le visiteur avec inquiétude et insistance, sans savoir pourquoi. Vous le dites... par pitié pour mon état... Des sornettes, ajouta-t-il avec brusquerie. Au fait, est-ce que ma mère vient vous voir ?
— Oui.
— Je ne le savais pas ; elle ne m’en a jamais parlé... Souvent ?
— Chaque mois presque, plus souvent parfois.
— Jamais je n’en ai entendu parler, jamais... Et vous, vous l’avez sans doute entendu parler de moi comme d’un fou ?
— Non, pas comme d’un fou, à vrai dire. Mais d’autres personnes m’ont fait allusion à cela.
— Vous avez donc une excellente mémoire si vous pouvez vous rappeler de pareilles vétilles... Et du soufflet que j’ai reçu avez-vous entendu parler ?
— Oui, quelque chose.
— C’est-à-dire, tout. Vous avez beaucoup de temps du reste. Et du duel ?
— Du duel aussi.
— Vous apprenez ici bien des choses. Voilà où les journaux sont superflus ! Et Schatov, vous a-t-il entretenu de moi ?
— Non. Mais je connais parfaitement M. Schatov, bien que je ne l’ai pas vu depuis longtemps.
— Hum... Qu’est-ce donc cette carte, là-bas ? Tiens, la carte de la dernière guerre. Quel besoin en avez-vous, vous ?
— Je consulte la carte pour éclairer le texte... Très intéressante description.
— Montrez... Oui, c’est assez bien décrit. Étrange lecture tout de même pour vous.
Il attira le livre et y jeta un regard. C’était une narration volumineuse fort bien faite des événements de la dernière guerre, au point de vue littéraire plutôt que militaire.
Après avoir rapidement feuilleté le livre, il le repoussa d’un geste impatient.
— Je ne sais décidément pas pourquoi je suis venu ici ! prononça-t-il avec dégoût en regardant droit dans les yeux de Tikhon, comme s’il en attendait la réponse.
— Vous semblez souffrant aussi.
— Oui, un peu.
Et il se mit aussitôt à raconter en courtes phrases brusquées qu’il était en proie, la nuit surtout, à des sortes d’hallucinations, qu’il voyait ou sentait parfois auprès de lui un être méchant, railleur et « raisonnant », qui est « en plusieurs personnes et en divers caractères, tout en étant une seule et même personne et qui m’enrage toujours... ».
Ces confidences saugrenues semblaient réellement venir d’un fou. Cependant, Nicolas Vsévolodovitch parlait avec une telle singulière franchise, avec une naïveté si contraire à sa nature qu’on eût dit qu’il était devenu un tout autre homme. Il n’eut aucune honte de manifester la crainte du spectre qui lui apparaissait. Mais cela ne dura qu’un instant et disparut aussi soudainement que cela était venu.
— Des bêtises, s’écria-t-il avec dépit comme s’il reprenait ses sens. J’irai voir le médecin.
— Allez le voir sans faute, fit Tikhon.
— Vous parlez avec une telle assurance... Avez-vous déjà rencontré des hommes comme moi, ayant eu de pareilles visions ?
— J’en ai rencontré, mais fort rarement. Je ne me souviens que d’un seul cas semblable au vôtre. Il s’agissait d’un officier qui venait de perdre son épouse, irremplaçable compagne de sa vie. De l’autre malade, j’ai seulement entendu parler. Tous les deux se sont soignés et ont été guéris à l’étranger... Mais vous, en êtes-vous depuis longtemps tourmenté ?
— Depuis une année environ... Mais c’est sans importance. J’irai voir le docteur... En somme, des bêtises... d’énormes bêtises... C’est moi-même qui suis sous divers aspects, voilà tout. Puisque je viens d’ajouter cette... phrase, vous allez certainement croire que je suis toujours dans le doute et ne suis pas certain que moi c’est moi et non pas réellement un diable.
Tikhon le considéra d’un air interrogateur.
— Alors... vous le voyez vraiment ? demanda-t-il. Je veux dire, en écartant le moindre doute que votre hallucination soit maladive, vous voyez réellement quelque image ?
— C’est assez étrange de vous voir insister quand je vous ai dit que je la vois.
Stavroguine s’irrita à nouveau et son humeur croissait à chaque mot. Il reprit :
— Mais naturellement je le vois, comme je vous vois, vous... Parfois je le vois sans être certain de le voir, bien que je sache que c’est la réalité... c’est moi ou c’est lui... Bref, des bêtises. Mais pourquoi ne supposeriez-vous pas que ce soit un diable en chair et en os ? Ce serait plus conforme à votre profession, ajouta-t-il, en passant brusquement au ton railleur.
— Il me semble plutôt que c’est maladif... Toutefois...
— Quoi, toutefois ?
— Les démons existent certainement, mais on peut le comprendre de diverses façons.
— Vous venez encore de baisser les yeux, parce que vous aviez honte pour moi de ce que je crois au diable et que, sous prétexte de ne pas y croire, je vous pose l’insidieuse question : existe-t-il ou n’existe-t-il pas ? fit Stavroguine irrité et railleur.
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J'ai déjà fait allusion à l'apparition chez nous de toute sorte de vilaines gens. Aux époques troubles ou de transition, des vilaines gens surgissent toujours et partout. Je ne parle pas de ceux qu'on appelle «l'avant-garde», qui se hâtent toujours de devancer tous les autres (c'est là leur principal souci) et qui ont un but, très souvent on ne peut plus stupide mais tout de même plus ou moins défini. Non, je ne parle que de racaille. En toute période de transition, on voit surgir cette racaille qui existe dans toute société et qui, elle, non seulement n'a aucun but mais est même dépourvue de toute trace d'idée et s'efforce uniquement d'exprimer l'inquiétude et l'impatience. Cependant, à son insu, cette canaille tombe presque toujours sous la coupe de la peine bande des «avancés» qui agissent dans un dessin déterminé, et c'est cette bande qui dirige toute cette poussière comme elle veut, pour peu qu'elle ne se compose pas elle-même de parfaits idiots ; ce qui au demeurant arrive aussi.
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