Russie, Saint-Petersbourg, vers les années 1850 / 1860.
C'est ainsi que le grand
Dostoïevski commence sa nouvelle, ainsi nous nous familiarisons immédiatement avec le personnage principal, dans son jus, avec le contexte émotionnel de sa logeuse envers lui :
“Dans I'appartement d'Oustinia Fédorovna, dans son réduit le plus obscur et le plus humble, Sémione Ivanovitch Prokhartchine, homme d'un âge déjà certain, bien pensant et non buveur s'était fait une place. Comme
Monsieur Prokhartchine, étant donné la minceur de son grade, touchait un traitement en concordance parfaite avec ses aptitudes de service, Oustinia Fédorovna ne pouvait en aucune façon tirer de lui plus de cinq roubles par mois pour son loyer. D'aucuns disaient qu'il y avait là de sa part un calcul spécial ; quoi qu'il en fût, néanmoins,
monsieur Prokhartchine, comme pour faire la nique aux mauvaises langues qui parlaient contre lui, se trouva même parmi ses favoris, entendant cet honneur au sens le plus honnête et le plus noble.”
Ce héros Dostoïevskien, petit fonctionnaire qui doit faire face régulièrement à des menaces de liquidations, se lamente auprès de sa logeuse et de ses colocataires. Prokhartchine cache ses richesses sous son matelas, il vit dans la misère, tout ce qu'il montre qu'il possède, c'est une vieille malle cadenassée et dedans trois vieilles fripes.
Les heurts avec ses jeunes colocataires sont fréquents, notre héros se défend comme il peut, l'argumentaire est léger et burlesque tant il a du mal à enfiler ensemble deux mots qui ont une logique entre eux.
“Voilà pourquoi Sémione Ivanovitch, homme pourtant sensé, disait parfois des bêtises terribles.
- T'es bête, répondait-il à présent, grande perche, rouleur de foires ! quand t'auras ta besace, la main que tu vas tendre; libertin, toi - coureur de jupes, oui et vlan, poète!
- Mais; dites, vous délirez toujours, ou quoi, Sémione Ivanovitch?
-T'entends, répondit Sémione Ivanovitch, c'est le crétin qui délire, le pochard qui délire, le chien qui délire, le sage, lui, il sert la raison. T'entends, t'entends rien à l'affaire, espèce de coureur, savant, va, tiens, livre écrit ! Mais, vlan, tu vas brûler, tu le verras même pas, ta tête qu'aura le feu, tiens, tu connais l'histoire ?”
Cet homme économise chaque kopeck, il est en souffrance psychique. PROKHARTCHINE est rongé par la peur de manquer, c'est son obsession, elle le rend misanthrope et avare, il s'interroge, devient paranoïaque, elle le rend sournois, il devient menteur, voleur et au fil du récit sa personnalité prend des contours fantastiques car il sombre dans la folie.
À sa mort, ses colocataires feront une grande découverte que je ne peux vous dévoiler bien qu'elle soit inscrite sur la 4ème de couverture.
Ce que je peux vous rapporter, c'est la conclusion d'ANNENSKI “
Monsieur Prokhartchine est mort de peur devant la vie.”