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Catherine de Bose (Autre)
EAN : 9782702901052
192 pages
Le Courrier du Livre (12/01/1999)
3.75/5   8 notes
Résumé :
Au seuil de l'ère qui vient, on peut observer une révolte croissante contre la prédominance d'une conception du réel qui se réfère exclusivement à un monde rationnellement connaissable et maîtrisé par la technique.

En effet, ce qui dépasse cette notion est classé comme appartenant au royaume de l'imaginaire ou des croyances. Ce point de vue fait négliger la totalité et la vérité de l'homme, car celui-ci, en son noyau, en son Être essentiel, participe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je crois que je ne suis pas mur pour ce genre d'approche spirituelle et transcendantale, à la recherche de l'ETRE et de la VIE... Je ne pige pas les concepts, ça ne me dit rien... j'ai lu 30 pages et je suis resté totalement fermé.
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Un beau livre ou le maître, l'élève, la voie, des concepts qui sont ici explorés par Dürkheim.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il était une fois un maître d’escrime du nom de Shoken. Dans sa maison, un gros rat causait du désordre. Même en plein jour, il courait partout. Un jour, le maître de maison l’enferma dans sa chambre et dit à son chat domestique de l’attraper. Mais le rat lui sauta à la gorge et le mordit si cruellement qu’il se sauva en miaulant très fort. Ensuite, Shoken amena plusieurs chats du voisinage, réputés pour leur grande vaillance et les fit entrer dans la chambre. Le rat était assis, ramassé sur lui-même dans un coin et dès que l’un des chats l’approchait, il lui sautait dessus, le mordait et le faisait fuir. Le rat avait un air si féroce qu’aucun rat n’osait l’approcher à nouveau. Alors le maître de maison se mit en colère et courut lui-même après le rat pour le tuer. Mais celui-ci évitait tous les coups du savant maître d’escrime qui cassa portes, shojis, karamis et autres objets, tandis que le rat fendait l’air, rapide comme l’éclair, esquivant chacun de ses mouvements. Enfin, lui sautant au visage, il le mordit.

Finalement, ruisselant de sueur, Shoken appela son serviteur. Il paraît, dit-il, qu’à six ou sept "ko" d’ici, vit le chat le plus vaillant du monde. Va et ramène-le ! " .

Le serviteur apporta le chat. C’était en fait une chatte qui ne semblait pas bien différente des autres chats. Elle n’avait l’air ni particulièrement intelligente, ni particulièrement dangereuse. Aussi le maître d’escrime ne lui fit-il pas particulièrement confiance. Néanmoins, il lui ouvrit la porte et la fit entrer. Calme et silencieuse, comme si elle ne s’attendait à rien de particulier, la chatte s’avança dans la pièce. Le rat eut un sursaut et ne bougea plus. La chatte en toute simplicité s’approcha lentement de lui, le prit dans sa gueule, le porta dehors.

Dans la soirée, les chats battus se réunirent dans la maison de Shoken. Respectueusement, ils offrirent à la vieille chatte la place d’honneur, s’agenouillèrent devant elle et dirent modestement : " Tous, nous avons la réputation d’être vaillants. Nous sommes entraînés dans cette voie et nous avons aiguisé nos griffes afin de vaincre n’importe quel rat, ou même des loutres ou des belettes. Jamais nous n’aurions cru qu’il pût exister un rat aussi fort. Par quel art l’avez-vous vaincu si facilement ? N’en faites pas un secret, dites-le nous ! "

La vieille chatte rit et dit : " Vous autres, jeunes chats, tout en étant assez vaillants, vous ignorez la vraie Voie. C’est ainsi que vous manquez la réussite quand vous vous trouvez en face de quelque chose dont vous n'aviez aucune idée. Mais d’abord, dites-moi comment vous vous êtes entraînés ? "

Un chat noir s’approcha et dit : " Je suis issu d’une lignée célèbre en capture de rats. Aussi je décidais de poursuivre dans cette voie. Je sais sauter des paravents hauts de deux mètres. Je sais m'insérer dans un trou minuscule où seul un rat peut se glisser. Tout enfant, je me suis exercé dans tous les arts acrobatiques. Même si, sortant du sommeil, quand je ne suis pas encore tout à fait présent, au moment où je rassemble mes esprits, je vois un rat courir sur une poutre, d'un saut je m'en empare. Mais ce rat était le plus fort que j'aie jamais rencontré et j'ai subit la plus épouvantable défaite de ma vie. "

La vieille chatte dit : " Ce en quoi tu t'es exercé, ce n'est proprement rien d’autre qu’une technique, un art purement physique. Quand les anciens enseignèrent la technique, c’était pour eux une des formes de la Voie. La technique était simple mais enfermait en son sein la plus haute sagesse. Le monde d’aujourd’hui s'occupe uniquement de technique. Certes, beaucoup de choses furent inventées ainsi d’après la recette : " A condition de faire ceci ou cela, on obtient ceci ou cela. " Mais qu'obtient-on ? Rien que de l'habileté. En abandonnant la Voie, on instaura, par usage de l’intelligence jusqu’à l'abus, la compétition dans la technique et maintenant, on n'avance plus. C’est toujours ainsi, si on ne pense à rien d’autre qu’à la technique et si on ne se sert que de son intelligence. Bien sûr, elle est une fonction de l’esprit, mais si elle ne prend pas racine dans la Voie et si elle vise l'habileté seulement, elle devient le germe du faux et le résultat est néfaste. Donc recueille-toi et exerce-toi dorénavant dans le sens juste."

Puis un gros chat au pelage tigré s’approcha et dit : "C’est, je pense, uniquement l’esprit qui compte dans l'art chevaleresque. Ainsi, depuis toujours, je me suis exercé en ce pouvoir. Maintenant, il me semble, mon esprit est dur comme l'acier et libre, rempli de l’esprit qui comble le ciel et la terre. A peine l'ennemi perçu, déjà cet esprit tout puissant le fascine et d'avance, la victoire est à moi. Alors seulement j'approche sans réfléchir, tout comme la situation l'exige. Je m'oriente d’après le " son " de mon adversaire. Je fascine le rat d’après mon bon vouloir, à droite, à gauche, j'appréhende chacun de ses mouvements. Quant à la technique comme telle, je n’en ai cure. Elle se fait d'elle-même. Un rat court sur une poutre : je le fixe - et déjà il tombe, il est à moi. Mais ici, ce rat mystérieux arrive sans forme et s’en va sans trace. Qu’est-ce ? Je l’ignore ".

La vieille chatte dit : " Ce pour quoi tu t'es donné de la peine, n’est qu’une force psychique et ne ressort pas du bien qui mérite le nom de Bien. Le seul fait d’être conscient du pouvoir dont tu veux te servir pour vaincre, suffit pour agir contre ta victoire. Ton moi entre en jeu. Mais si le moi de l’autre est plus fort que le tien, qu'arrivera-t-il ? Si tu veux vaincre l'ennemi uniquement par ta force supérieure, il t'oppose la sienne. T'imagines-tu être le seul fort, et crois-tu tous les autres faibles ?
Mais comment se comporter s’il existe quelque chose que l’on ne puisse pas vaincre, avec la meilleure volonté, par sa propre force, fut-elle supérieure ? Voilà la question ! La force spirituelle que tu sens en toi " dure comme l'acier, libre et remplissant terre et ciel " ce n’est pas la grande Puissance elle-même, mais son reflet seulement. Et ainsi ton propre esprit est seulement l’ombre du grand Esprit. Il paraît être la vaste Puissance, mais en réalité, il est tout autre chose. De quel esprit faut-il faire preuve, quand on se trouve en présence de ce qui ne peut être vaincu par aucune force spirituelle contingente ? Un dicton dit " Un rat piégé mord même le chat ". L’ennemi en face de la mort ne dépend de rien. Il oublie sa vie, il s’oublie lui-même. Il est libre de vaincre ou d’échouer. Il oublie sa propre existence. C’est ainsi que sa volonté est telle que l’acier. Comment le vaincre avec une force spirituelle que l’on s’attribue à soi-même ?

Un chat gris, plus âgé, s’inclina et dit : " Oui, en vérité, c’est ainsi que vous le dites. Aussi grande que puisse être la puissance psychique, elle a en soi une forme. Mais tout ce qui a une forme est saisissable. C’est pourquoi, depuis longtemps, j’ai entraîné mon âme ( la puissance du cœur ). Ce n’est pas moi qui exerce cette puissance qui terrasse l’autre spirituellement, comme le fait le deuxième chat. Je ne me bagarre pas non plus comme le premier. Je me " concilie " celui qui est en face de moi, ne fait qu’un avec lui et ne m’oppose d’aucune façon. Quand l’autre est plus fort que moi je cède et m’abandonne, pour ainsi dire, à sa volonté. D’une certaine façon, mon art consiste à s’emparer d’un jet de gravier avec un filet souple. Le rat qui veut m’attaquer, aussi fort qu’il soit, ne trouve rien où s’appuyer, rien où s’élancer.
Or ce rat-ci n’a pas joué le jeu. Il est arrivé, il est parti, insaisissable comme une divinité. Jamais je n’ai rien vu de pareil. "

La vieille chatte répondit : " Ce que tu appelles conciliation ne procède pas de l'Etre, de la grande Nature. C’est une conciliation voulue, artificielle, une astuce. Consciemment, tu veux échapper ainsi à l'agressivité de l'ennemi. Mais si tu y penses, fût-ce furtivement, il perçoit ton intention. Or si dans une telle disposition tu te montres conciliant, ton esprit prêt à l'attaque se trouble : ta perception et ton acte sont perturbés dans leurs tréfonds. Tout ce que tu entreprends avec une intention consciente entrave la vibration originelle de la grande Nature, gêne le surgissement de la source secrète et perturbe le cours du mouvement spontané. D'où viendrait alors l'efficacité miraculeuse ?

Je ne suis nullement d’avis que tout ce que vous vous êtes efforcés d’acquérir soit sans valeur. Tout et n’importe quoi peut être une manière de suivre la Voie. ( Cf. Le tantrisme de Chögyam Trungpa ) Mais une seule chose importe : que pas le moindre soupçon de conscience de soi n’entre en jeu, sinon tout est perdu. Si on pense au but, même d’une façon fugitive, tout devient artificiel. Et dans ce cas, l’ennemi vous résiste. Alors quel art doit-on utiliser ?
C’est seulement lorsqu’on agit " sans agir ", libre de toute conscience de soi, sans intention, sans astuce, que l’on est sur la vraie Voie. Abandonnez toute intention, entraînez-vous à la non-intentionalité et laissez faire l’Etre. Cette voie est sans fin et inépuisable.

Et puis…la vieille chatte ajouta encore quelque chose d’étonnant :

" Vous ne devez pas croire que ce que je viens de vous dire soit ce qu’il y a de plus élevé. Il n’y a pas longtemps, dans un village voisin du mien, vivait un matou, A longueur de journée, il dormait. Rien en lui ne laissait soupçonner quoi que ce soit ressemblant à une force spirituelle. Il était là, étendu comme un morceau de bois. Jamais personne ne l’avait aperçu attrapant un rat. Or là où il dormait et vivait, aussi bien qu'aux environs, il n’y avait pas de rats. Où qu’il apparût et s'étendît, on ne voyait plus aucun rat.
Un jour, je lui rendis visite et lui demandais comment il fallait interpréter ce fait. Je ne reçus point de réponse. Non parce qu’il ne voulait pas répondre, mais parce que, de toute évidence, il ne savait que répondre. Ce matou s’était oublié lui-même et avait du même coup oublié tout
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