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EAN : 9782246852605
234 pages
Grasset (20/08/2014)
3.47/5   116 notes
Résumé :
1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de Paris. Toute l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art français se pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si élégante a traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret. Les gens du monde l'ont partagé en silence. « Ce sont des choses qui arrivent », a-t-on murmuré avec indulgence.

Revoici donc la guerre, la Second... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Ils sont nombreux, en ce jour glacial de février 1945, à se presser sur les bancs de l'église Saint-Pierre-de-Chaillot pour assister à la messe d'enterrement de la duchesse Natalie de Sorrente, née princesse de Lusignan. Officiellement, cette femme encore jeune est morte d'une embolie pulmonaire. La vérité est pourtant toute autre. Natalie de Sorrente est morte dévorée par la morphine, rongée par un secret de famille. Un secret de famille embarrassant mais si banal qu'autour d'elle on l'a balayé d'un désinvolte : ''ce sont des choses qui arrivent''. Mais pour cette princesse si fière de son ascendance, le secret s'est insinué comme un poison, balayant ses convictions les plus profondes, l'interrogeant sur ses origines à un moment de l'Histoire où l'occupant nazi en a fait une question de vie ou de mort.


C'est à Cannes et dans ses alentours que l'aristocratie parisienne trouve refuge pendant l'Occupation. Ils ne fuient pas les persécutions allemandes, ils n'ont rien à se reprocher, leur particule les met à l'abri d'une quelconque ascendance juive et ils apprécient tout ce que fait Pétain pour la France. Non ils essaient d'échapper à un Pris qui s'enlise dans l'ennui et les restrictions. Sur la Côte d'Azur, le soleil brille, les dîners sont charmants et le bruit des bottes reste lointain. L'aristocratie est pétainiste, frivole, cynique, et peut se faire antisémite si l'air du temps l'exige. Dans ce monde qui l'a vu naître et où elle évolue comme un poisson dans l'eau, Natalie de Sorrente se targue d'être anti-conformiste, même si elle participe à l'insouciance générale. Même la découverte de sa filiation ne la fait pas dévier de sa trajectoire pailletée. Bien sûr, elle va laisser le doute s'insinuer en elle, s'interroger sur le sort des juifs mais n'ira pas jusqu'à trouver le courage de se démarquer de la complaisance teintée de lâcheté de son milieu. Elle mourra d'avoir fermé les yeux, de s'être tue.
Un livre dérangeant dont le titre aux notes résignées décrit toute la passivité de l'aristocratie française à l'heure des choix. Eux ferment les yeux et essaient de maintenir leur train de vie. Dans ce monde où il faut avoir du sang bleu pour exister, les juifs ne sont pas dignes qu'on s'intéresse à leur existence ou à leur mort.
Les petites histoires de ces mondains se mêlent à la grande Histoire sans réellement s'y frotter. Tandis qu'on danse dans les salons parisiens, qu'on fréquente les plus grandes tables du marché noir, ailleurs des hommes, des femmes, des enfants, portent une étoile jaune... Ils se vantent du passé glorieux de leurs ancêtres mais ils n'ont rien de glorieux ces aristocrates qui pactisent avec l'ennemi.
Un beau roman qui décrit la guerre sous un angle original, même si l'empathie est difficile avec ces êtres frivoles et lâches.
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L'ironie mordante dés les premières pages, lors de l'enterrement de la Duchesse de Natalie de Sorrente, en l'église Saint-Pierre de Chaillot, l'une des paroisses les plus huppées de Paris, nous conforte dans l'idée que nous allons passer un riche moment de lecture.
Pauline Dreyfus nous donne à voir les années de guerre et d'occupation d'une façon inédite et originale, du côté de l'Aristocratie.
En1940, Natalie de Sorrente est astreinte en villégiature avec sa famille sur la Riviera pendant l'occupation allemande .
Plus de fêtes à thèmes , de bals costumés, de grands dîners entre gens du même monde.
"La guerre pour les Sorrente, c'est d'abord des complications domestiques".
Un roman parfaitement construit , dérangeant, oú l'auteur décrit la passivité, l'égoïsme, l'opportunisme de l'aristocratie française à l'heure de choix cruciaux.

Ils ferment les yeux en cette période sombre sur le drame et l''injustice dont est victime une partie de la population..
Ils tentent par tous les moyens même les plus indignes de maintenir leur train de vie.
Les juifs ne sont pas dignes que l'on s'intéresse à eux.
L'auteur montre avec cynisme éclairé, véracité et lucidité mêlées , ironie cinglante cette aristocratie pétrie de préjugés , de principes surannés, de snobisme indécent, de mépris de caste.
Une société refermée sur elle même, rétrécie, glaçante, imbue de ses priviléges ,encalminée dans son ennui superbe,.........sa superficialité, sa magnifique insouciance........

"Les juifs sont devenus des morts- vivants, tout leur est interdit, ils sont plus ostracisés que des lépreux au moyen-âge".
"Tout pour les apparences et rien au- delà";

"Rien n'empêchera les gens du monde de s'amuser".
Un roman coup de coeur à l'écriture ciselée, bien documenté, un portrait de femme bouleversant ,écartelée entre son éducation et son milieu,oscillant entre lâcheté et faiblesse.
Une vision saisissante et acide, juste , précise et sarcastique de ces milieux mondains et pétainistes.
Et aussi, comment le secret révélé d' une filiation peut chambouler une vie ?
Ouvrage intéressant par le décalage entre un monde aristocratique bardé de certitudes et de titres brandis comme une armure par delà le peuple, attentif au paraître , un monde disparu.........



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Événement mondain en 1945 : on enterre Natalie de Sorrente en l'église de Saint-Pierre de Chaillot.

Travelling arrière: La guerre et ses contraintes, "ce sont des choses qui arrivent..."
En 1940, la belle duchesse est astreinte en villégiature sur la Riviera pendant l'occupation allemande. L'exil forcé en zone libre sonne le glas des fêtes à thèmes et des bals costumés, des essayages chez les grands couturiers, des invitations quotidiennes qui remplissaient si bien un agenda de futilités raffinées.

Pauvre duchesse! Ce séjour en Méditerranée est d'un ennui!
En dépit d'une grossesse insolite ("Ce sont des choses qui arrivent": fatalisme d'époux trompé mais bien né donc bien élevé), en dépit aussi de leur microcosme de haute lignée contraint de se tasser dans les villas ensoleillées.

Cette guerre est une vraie plaie!
D'autant que le scandale d'une autre et ancienne bâtardise couve dans ces temps de peur des loi anti juives. La prise de conscience d'un malheur annoncé par un secret de famille révélé mettra Madame la duchesse face à elle même, assise à sa coiffeuse.
Envolée la frivolité, lors du retour dans un Paris vert-de-gris.

"Car là où on avait plutôt la manie de compter ses quartiers de noblesse, il faut désormais prouver ses quartiers de chrétienté".
Bien des secrets de familles sortent des alcôves des nantis, engendrant tristesse et regrets. Ce sont des choses qui arrivent et on fait avec, avec élégance.

J'ai dégusté cette peinture féroce et jubilatoire de la société aristocratique d'avant-guerre, un petit monde qui se croit grand, et "qui attache plus de prix à la naissance, même illégitime, qu'au caractère et au talent". Entre gazette mondaine et album-photos sépia, une certaine société ressuscite, vivant sur le postulat de base: "ce qui se fait"et "ce qui ne se fait pas".
Vanités, lâcheté, futilités, condescendance de caste, une société affligeante, à l'agonie dans son insouciance et son ennui, autiste aux bouleversements humains.

Un livre acide, ironique, bien moins léger qu'il n'y parait.

Un petit détail amusant, néanmoins... on y croise une rue du cirque :-)
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J'ai été absorbée dès les premières pages, car j'ai trouvé le sujet très original et superbement traité. L'occupation vécue du côté de l'aristocratie est en effet un thème que je n'avais pas encore rencontré dans la littérature.
A la mort de sa mère, Natalie de Sorrente, maman de deux enfants dont le dernier né est le fruit d'une relation adultère (ce sont des choses qui arrivent… ), doit faire face à une révélation qui va complètement bouleverser sa vie.
L'écriture très précise de Pauline Dreyfus, notamment sur la période trouble du Gouvernement de Vichy est également empreinte de sarcasme, c'est un régal !
C'est un coup de coeur. C'est assurément un livre à lire si le sujet vous interpelle.

Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Nous assistons à l'évolution d'une grande bourgeoise parisienne durant la seconde guerre mondiale qui découvre que son père naturel est d'origine juive. Sa vision futile de la vie est bouleversée, elle devient angoissée et de plus en plus droguée à la morphine qu'elle prend depuis plusieurs années pour calmer - au départ - une douleur physique.
Ce monde de la haute bourgeoisie et de la noblesse, royale et napoléonienne, ses revirements, ses adultères, sa frivolité et surtout ses secrets de famille sont décrits de manière abrupte et très caustique, tellement que j'ai eu peine à croire à tant de turpitude.
On est bien loin d'un roman à l'eau de rose !
Ces personnages ne sont guère sympathiques, en particulier la principale. Pour ma part, j'ai besoin d'un minimum d'empathie envers les acteurs d'un roman pour éprouver du plaisir à le lire.
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critiques presse (3)
Bibliobs
29 octobre 2014
Pauline Dreyfus [...] observe ces maréchalistes huppés avec un mélange de répulsion et de fascination. Elle le fait dans un style brillant et désabusé qui colle à son sujet, et donne parfois la chair de poule.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
29 septembre 2014
Pauline Dreyfus peint avec mordant la France des mondains sous l'Occupation. Entre frivolités et secrets.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Chro
09 septembre 2014
Pauline Dreyfus signe un petit roman sage et compassé, à l’ancienne, garni de jolis mots d’auteur [...].
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
La préfecture de police est débordée. Chaque jour, les sacs de jute apportés par les facteurs vomissent leurs mille cinq cents enveloppes. Ecrites en pattes de mouche ou en élégantes lettres anglaises, signées « Une Aryenne indignée » ou « Des voisins inquiets », ces lettres anonymes dénoncent en vrac les francs-maçons, les trafiquants du marché noir et bien sûr les juifs.
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"En ce printemps 1943, le plus grand plaisir des Sorrente consiste à se rendre à Groussay, ou Charles de Beistegui, protégé par son statut d'attaché à l'ambassade d'Espagne, reçoit dans un luxe digne de l'avant-guerre. Hormis l'angoisse que procure à Natalie la nécessité de se munir à l'avance de suffisamment de morphine pour ne pas en manquer une fois installée à Montfort-L'Amaury, ces séjours sont un délice. Personne ne sait comment sa table est toujours si bien garnie ni comment son enthousiasme pour les travaux d'embellissement du château qu'il a en tête n'est pas entamé par la guerre. La guerre ? Quelle guerre ? Allongés sur des matelas posés à même la pelouse, les invités se demandent parfois si elle est bien réelle".
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De toute façon, la duchesse douairière de Sorrente n’a jamais aimé les enfants, non plus que les contacts physiques qui présidaient à leur arrivée. Sitôt après la naissance d’un fils , elle s’était estimée quitte avec son mari et avait définitivement condamné la porte de sa chambre. Elle s’était réfugiée dans la lecture et la médisance, deux activités qui accomplie avec sérieux, auraient suffi à emplir la journée de n’importe qui.
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Les frasques d’Élisabeth sont indubitablement à ranger dans la case « ce qui ne se fait pas ». Dans la même nomenclature, il y a le divorce, le mariage avec une demoiselle ayant du sang juif(du sang protestant à la rigueur, si la jeune personne porte le nom d’une grande banque), et la bâtardise assumée. Tous ces comportements qui engendrent la pire des calamités pouvant s’abattre sur une famille: « le scandale ». En puriste des mondanités, il aurait volontiers ajouté à cette liste le fait de manger son dessert avec une cuillère…
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Un jour que la cousine de son mari d’autant plus à cheval sur sa généalogie qu’aucun parti ne lui semblait à la hauteur de la sienne, lui avait lancé: « Mais au fond votre nom ne vaut rien! » . Élisabeth avait eu assez d’esprit pour lui répondre « Pas au bas d’un chèque. .. »
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Videos de Pauline Dreyfus (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pauline Dreyfus
Pauline Dreyfus vous présente son ouvrage "Le Président se tait". Parution le 17 août aux éditions Grasset. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2639268/pauline-dreyfus-le-president-se-tait
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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