Raphaël Drommelschlager n'en est pas à son premier coup d'essai dans le genre. En 2011 il nous avait aussi fourni le non moins bon « Paris-New York New York – Paris ».
Mais n'allez pas croire que Londres-Santorin en soit une suite. Non, le récit de ce one-shot est totalement indépendant du premier bien que la structure du scénario et la maquette de l'ouvrage soient particulièrement similaires !
Le dessin :
Le dessin de l'auteur est du type réaliste fort agréable. le trait est léger, fin et distingué.
Les mises en scène et les cases sont toutes particulièrement soignées, admirables et fortement harmonieuses pour notre oeil, et tout particulièrement lorsque l'action prends place à Santorin.
On a vraiment une impression de liberté, d'apaisement comme si nous vivions nous aussi ces belles vacances.
L'auteur utilise admirablement bon nombre de plans cinématographiques ou bien d'angles de vue maintenant ainsi une constante attention du lecteur.
L'auteur use aussi d'un superbe artifice au niveau de la couleur : la bichromie (Noir et Blanc, ou ce qui s'y rapproche).
Raphaël Drommelschlager nous en avait déjà démontré sa maîtrise via l'ouvrage « Paris-New York New York – Paris », mais là il nous transcende encore bien plus !
Le blanc est omniprésent et a plusieurs symboliques :
Il évoque à merveille la monotonie et la perte de gout à la vie de notre protagoniste (cela saute particulièrement aux yeux lors des premières pages londoniennes)
D'autre part cela permet de réaliser un hommage à la Grèce et particulièrement l'île de Santorin où le blanc (associé au bleu) domine sur le territoire.
Il nous met admirablement bien en condition pour nous plonger petit à petit dans le thriller psychologique de cette aventure.
Les touches des couleurs différentes distribuées avec parcimonie, évoquent des souvenirs, des soupçons d'allégresse mais surtout des hallucinations. Elles sont chatoyantes et chaleureuses, et nous mettent bien à l'aise comme dans un bon rêve…
Les personnages expressifs sont certainement inspirés de l'entourage de l'auteur, et le héros a un trait de ressemblance évident avec l'auteur (c'est souvent le cas pour les ouvrages de cet artiste).
Londres et l'île de Santorin ne sont pas en reste dans le dessin. Il apparait quelques détails emblématiques de chaque lieu qui nous permettent de nous évader, de voyager avec le récit et nous font aimer tout autant Londres que Santorin.
Et ayant eu le plaisir de visiter ces différents lieux, je me suis projeté d'autant plus facilement.
Le scénario :
Comme je l'ai exprimé plus haut, on retrouve beaucoup de ressemblance à l'un des précédents ouvrages de l'auteur :
Une connotation au voyage dans le titre
Une construction visuelle en bichromie
Un chapîtrage en trois actes etc…
Mais étrangement nous n'éprouvons pas les mêmes sensations d'un livre à l'autre.
Dans le cas présent, la mise en place de l'intrigue peut paraître longue, et au moment où il nous semble avoir compris vers quoi l'auteur veut nous diriger, et bien le « Cliffhanger » de fou est placé et nous déroute complètement. On perd pieds et l'on essaie de se raccrocher à quelque chose… en vain. Il ne nous reste donc à nous laisser porter par le courant du récit, de voyager sans maîtrise…jusqu'au dénouement.
La confusion est telle que l'on finit par douter du scénario et le thriller psychologique prend tout son sens.
On s'interroge du comment l'auteur pourrait rebondir et aboutir, et la surprise est totale mais complètement cohérente !
Le découpage est épatant et efficace. L'auteur joue facilement par exemple avec des gaufriers de vignettes représentant dans leur ensemble une scène complète (et j'aime beaucoup cette astuce), ou bien sur une disposition de vignettes en quinconce alternées avec du texte etc… Pour notre plus grande béatitude !
Cette bande dessinée est donc une oeuvre particulièrement attachante, originale et renversante. Elle vous fera vivre beaucoup d'émotions et de sensations. Elle aura aussi le mérite de vous dépayser et de vous offrir un peu de soleil ou de rêves.
Bref, ça a été un pur bonheur de la lire.
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http://www.7bd.fr/2018/06/lo..