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EAN : 9782253158707
379 pages
Le Livre de Poche (18/10/2012)
3.63/5   46 notes
Résumé :
Edition enrichie (Introduction, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)En juin 1553, Du Bellay arrive à Rome que les troupes de Charles Quint ont mise à sac vingt-six ans plus tôt ; il y accompagne comme intendant le cousin de son père, le cardinal Jean Du Bellay, auquel le roi Henri II vient de confier la mission de négocier avec le pape une alliance contre Charles Quint. Et c'est pendant ce séjour romain qu'il compose - outre des poèmes en latin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Déclaration préliminaire : je ne sais pas commenter la poésie.

Sur ce, lançons-nous !
Les Regrets sont un recueil où Du Bellay revendique une poésie simple, une peu terre à terre, car dans un premier temps, il confesse que la haute inspiration l'a quitté. Ce séjour à Rome dont il attendait tant le déçoit et "l'éteint" - façon de parler car les poèmes de ce début sont très beaux. On y trouve le célébrissime "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage". Il retrouve quelques forces pour faire la satire de la vie à Rome et en particulier de la cour papale contre laquelle il peut être féroce. Enfin, la perspective du retour et le retour en France auprès de Marguerite de Valois, la soeur de François 1er, lui réouvre les portes de la Poésie d'éloge à laquelle il aspirait - ce qui est totalement étranger pour nous… Ce recueil m'a plus par sa simplicité justement, qui ne l'empêche pas d'utiliser tous les tours possibles pour varier les sonnets et faire briller "la pointe" des derniers vers.
Les Antiquités, consacrées aux ruines de Rome, sont plus recherchées : références à la mythologie, comparaisons et métaphores abondent. le résultat est peut-être finalement plus froid et impersonnel mais très évocateur de la grandeur et décadence de la civilisation romaine antique .
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Envoyé au sein d'une ambassade française dans une Italie à la fois transfigurée par sa Renaissance et meurtrie par les luttes fratricides entre cités-Etats, d'ailleurs encouragées par les ingérences de toutes les grandes puissances européennes du XVIème siècle, Du Bellay quitte pour longtemps la terre de sa patrie. Ses sonnets sont une longue manifestation du mal du pays ; l'intendant de l'ambassadeur assume ses missions avec sérieux, mais une mélancolie croissante s'empare du coeur du poète, à laquelle la constatation des abjections romaines fait regretter la France jusqu'à en étouffer.

L'oeuvre se présente le plus souvent, non pas comme une adresse au lecteur anonyme ou à un moi intérieur, mais plutôt à des connaissances explicitement nommées du poète. On retrouve parmi eux des noms illustres, au premier rang desquels Ronsard et le roi lui-même, sans oublier bien sûr la soeur du roi, Marguerite, à qui Du Bellay rend un hommage appuyé en sa qualité de protectrice des arts et des lettres ; mais aussi des noms moins illustres qui, par leur abondance, font penser à un recueil épistolaire rangé par thématique. On repère des schémas relativement répétitifs : Du Bellay envie son interlocuteur de la chance qu'il a de demeurer en France, prenant prétexte de la comparaison pour faire état des turpitudes des Etats pontificaux. Les quatrains décrivent le plus souvent la réalité française heureuse ou les rêves passés sortis de l'imagination du poète en entrant en Italie, et les tercets leur répondent en présentant le contraste décevant de la situation italienne, ou les constats au présent qui ont brisé l'image fantasmée. Si les accents tristes dominent l'oeuvre, la colère et l'humour arrivent à y trouver leur place. Pour qui a quelques notions d'histoire italienne et du pouvoir qui fut à l'époque celui de l'Eglise, il est possible de mesurer la violence de ce que l'on pourrait appeler très anachroniquement des « clashs », et le risque encouru par son auteur, même si on a plutôt envie d'en sourire aujourd'hui. La carte postale de l'Italie est considérablement écornée, on l'aura compris.

On appréciera l'omniprésence de la nature dans les rapprochements et les métaphores du poète. La plupart des sonnets donnent à contempler un paysage tantôt bucolique et enluminé, tantôt sombre et froid. La nature participe de façon active à l'opposition quasi-manichéenne entre le pays étranger et la patrie perdue. Dévalorisant impitoyablement ses vers par rapport à ceux qu'il a pu écrire en France (ce qui est assez cocasse puisque c'est justement l'oeuvre qui a fait la renommée de du Bellay qui est ainsi dévaluée, il revient donc au lecteur de décider si ces lamentations relèvent d'une posture de fausse modestie ou d'un talent inconscient de lui-même), le poète établit un rapport de causalité entre son éloignement de la terre natale et la perte de la faveur des Muses. de manière générale, à côté de la nature, la mythologie latine et la culture chrétienne sont souvent sollicitées pour fournir les images poétiques et les rapprochement intertextuels, installant la plainte poétique dans une transcendance permanente où l'interaction directe avec le divin n'est pas invraisemblable.

En dépit de la langue du XVIème siècle, assez peu accessible aujourd'hui sans appareil critique, Les Regrets donnent à entendre une voix fondamentalement poétique, c'est-à-dire marquée très sensiblement par la concordance des images, des rythmes et des sonorités. le fait que cette démonstration de la musicalité de la langue française soit mise au service d'une exaltation de la France suscite une fierté vis-à-vis de ce que nous sommes qui n'a rien de chauvin, mais qui nous invite à perpétuer le lien qui nous unit à notre culture, notre histoire et notre terre.
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« Les regrets » est un recueil composé de sonnets écrits par Joachim du Bellay pendant un séjour de quatre ans à Rome. Un séjour pénible où il a pu constater que Rome n'était plus la Rome antique mais un monceau de ruines.
Les premiers sonnets sont des chants d'exilé, des plaintes adressées à ses amis, et dans lesquels il exprime la peine que lui cause son isolement ainsi qu'une grande nostalgie de la France et de la douceur angevine. Du Bellay se reconnait dans le personnage d'Ulysse, affrontant mille tourments dans le seul espoir de retrouver sa chère patrie. le célèbre « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… » illustre parfaitement l'esprit de ces premiers sonnets. Puis le ton change, il devient plus moral. Une moralité en accord avec le fameux Carpe diem des poètes de la pléiade : « Celui vit seulement, lequel vit aujourd'hui », écrit-il. Un Carpe diem qui a peu de rapport avec l'hédonisme, ainsi qu'on veut bien trop souvent les confondre aujourd'hui. Il suffit de lire ces Regrets pour en comprendre la différence. Il y a toute la distance entre le Carpe diem et l'hédonisme qui sépare le contentement de l'avidité. Des poèmes satiriques (dénonçant l'esprit de cour qui règne dans les Etats de l'Eglise, l'hypocrisie, la cupidité, la pédanterie) qui s'inscrivent dans une vraie tradition française. Du Bellay en profite pour régler ses comptes avec ses ennemis et aussi parler un peu des évènements qui secouent l'Europe à l'époque. Les dernières poésies sont consacrées à ses amis, à la France, à la famille royale, il y fait l'éloge de leur vertu.
Les trente-deux sonnets sur Les Antiquités de Rome sont moins amers, bien qu'ils soient eux aussi empreints de nostalgie. Mais ce n'est plus une nostalgie tournée vers la France, elle regarde les ruines de Rome et son ancienne gloire. Ainsi du Bellay médite sur l'inconstance du monde, sur la fuite du temps et le fait que la Rome éternelle n'a jamais existée. « Rome de Rome est le seul monument, et Rome Rome a vaincu seulement. le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit, reste de Rome. » Fortune divine, destin d'un peuple trop cruel et trop orgueilleux ? Quoi qu'il en soit, Du Bellay retient que « Tout en rien doit un jour devenir ».
Du Bellay et les poètes de la pléiade sont pratiquement les inventeurs de la langue française. C'est eux qui ont donné au parlé populaire issu de la langue d'Oïl ses lettres de noblesse, une certaine fixité. Et, de fait, quand on compare les écrits de du Bellay à ceux de ses prédécesseurs, tels que François Villon un siècle plus tôt ou même Rabelais (ainsi qu'ils ont été écrits à leurs époques respectives), le vocabulaire, l'orthographe et la grammaire de du Bellay sont beaucoup plus proches du français d'aujourd'hui. Toutefois, on trouve quand même quelques mots désuets et formulations baroques. J'ai été particulièrement frappé par le nombre de répétitions dont use Du Bellay, qui ne sont pas du tout dans les conventions actuelles.
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La plupart des poèmes de ce recueil ont été écrits en Italie alors que Du Bellay est à Rome chez le cardinal Jean du Bellay dans les années 1555. S'il est content de partir, de faire ce voyage dont rêvent tous les poètes humanistes, très vite, c'est la déception et l'amertume qui l'emportent: son rôle d'intendant l'ennuie fermement: "Je suis né pour la Muse, on me fait mesnager", les moeurs romaines le déçoivent, et très vite, c'est le mal du pays qui le fait souffrir.
le ton est sincère et les mots sont simples et émouvants, c'est peut-être pour cela que ces sonnets sont si beaux: "Je me contenterai de simplement écrire/ Ce que la passion seulement me fait dire/ Sans rechercher ailleurs plus graves arguments" Cette poésie est vraiment touchante et l'on ressent aisément toute la douleur de l'exilé qui souffre de façon poignante. Il veut que ses textes soient;" ... une prose en rime et une rime en prose". En lisant ces textes, on se sent proche de l'homme malgré les siècles qui nous séparent, c'est vraiment troublant...
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On aura beau revenir sans cesse (tant que la lecture de ce poète n'aura pas totalement disparu de l'école française nouvelle manière) sur ces poèmes, dont certains sont très célèbres, on ne se lassera pas : Du Bellay, comme La Fontaine, n'est pas notre "patrimoine" ou quelque objet de musée, c'est notre compagnon vivant. Il chante son amour et son regret de la France, ce qui lui vaudrait les foudres des crétins autorisés d'aujourd'hui. Il est donc encore plus actuel qu'à la Renaissance.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'habitude s'est perdue de lire intégralement des recueils de poésie : l'école et la paresse nous ont habitués à lire un peu au hasard, ou à nous contenter de morceaux choisis. Or Les Regrets, comme Les Fleurs du Mal et certains autres recueils particuliers de notre littérature (mais non tous) est un ensemble de poèmes construit selon une progression, un développement thématique, et dans le cas des Regrets, des itinéraires géographiques de voyage (dans Rome, de Rome à la France, etc). Si chaque sonnet est comme un "arrêt sur image", il appelle sa suite et commente celui qui l'a précédé. Donc une lecture progressive s'impose, même lente, et peut-être l'accompagnement d'un commentaire comme celui que proposent les éditions Folio, où l'on trouvera différentes manières de traverser les Regrets, selon les thèmes, et de lire le livre comme l'auteur voulait qu'on le lise.
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Je n'écris point d'amour, n'étant point amoureux,
Je n'écris de beauté, n'ayant belle maîtresse,
Je n'écris de douceur, n'éprouvant que rudesse,
Je n'écris de plaisir, me trouvant malheureux.
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Esprit royal, qui prend de lumière éternelle
Ta seule nourriture, et ton accroissement,
Et qui de tes beaux rais en notre entendement
Produit ce haut désir, qui au ciel nous rappelle,

N’aperçois-tu combien par ta vive étincelle
La vertu luit en moi ? N’as-tu point sentiment
Par l’œil, l’ouïr, l’odeur, le goût, l’attouchement,
Que sans toi ne reluit chose aucune mortelle ?

Au seul objet divin de ton image pure
Se meut tout mon penser, qui par la souvenance
De ta haute bonté tellement se rassure,

Que l’âme et le vouloir ont pris même assurance
(Chassant tout appétit et toute vile cure)
De retourner au lieu de leur première essence.
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Vidéo de Joachim Du Bellay
Joachim du BELLAY – Anthologie intime de l'Olive lue par Jacques Roubaud (1971) Une cassette audio enregistrée par Jacques Roubaud après 1971 à l'attention de sa mère.
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