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Critique de Ode


Ode
11 octobre 2012
Il arrive que la mort confère à certaines personnalités une emprise encore plus forte que de leur vivant. Comme si leur spectre vous suivait partout et jugeait votre fidélité à leur souvenir. C'est le cas de Rebecca, l'épouse disparue de Maxim de Winter.

Rebecca est déjà morte au début du roman, mais son souvenir imprègne tellement son mari et sa fidèle gouvernante, Mrs Danvers, qu'ils se comportent comme si elle vivait encore avec eux au manoir anglais de Manderley.
Max part oublier son deuil sur la Côte d'Azur. Lors de ses promenades, il se lie avec une timide jeune fille aussi solitaire que lui et décide sur un coup de tête de l'épouser. Quel choc pour la nouvelle madame de Winter lorsqu'elle débarque à Manderley ! Tout, dans cette demeure, rappelle Rebecca et l'hostilité de Mrs Danvers la persuade jour après jour de son insignifiance par rapport à la disparue, si belle, si élégante, si sûre d'elle, en un mot : si parfaite. Même Max, aux prises avec ses démons intérieurs, semble lui échapper, jusqu'à ce qu'elle arrive – au prix de bien des tragédies – à dénouer les fils du passé…

Ce roman écrit en 1938 n'a rien perdu de sa puissance, bien au contraire. J'ai été subjuguée par son atmosphère pesante et mystérieuse, comme par la justesse avec laquelle Daphné du Maurier exprime les sentiments de ses personnages. La dévotion maladive de Mrs Danvers à sa maîtresse disparue est une sorte de relation maître-esclave qui m'a fait penser à la servilité de l'âme damnée qui accompagne le comte Dracula. Quant au sentiment amoureux entre Max et la jeune fille (dont on ne connaît même pas le prénom… comme si personne ne pouvait rivaliser avec Rebecca), sa complexité est évoquée avec une rare délicatesse. de l'apparente naïveté du début, émerge peu à peu une femme beaucoup plus déterminée qu'on ne l'aurait cru.

La lecture de « Rebecca » vous donnera sans doute envie de (re)voir l'excellent film éponyme réalisé par Alfred Hitchcock, avec Laurence Olivier dans le rôle de Max de Winter : Mrs Danvers y est des plus inquiétantes et l'ambiance glaçante est parfaitement rendue, soulignée par l'effet du noir et blanc.

Magistral !
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