C'est une pièce de théâtre surréaliste, aux limites de l'absurde, dans laquelle deux marginaux tentent de trouver leur place dans le monde tout en refusant de rentrer dans les rangs, constamment tiraillés entre leur besoin d'être aimés et leurs envies de liberté. C'est un thème récurrent chez l'auteur, donc pas trop de surprise de ce côté-là.
Leur histoire, à la fois comique et tragique, nous est racontée dans cette langue truculente propre à Ducharme. le texte est rempli de jeux de mots et de sens cachés, parfois drôles, symboliques ou même poétiques. Les personnages sont loufoques, colorés et attachants.
C'était une lecture sympathique. J'espère que j'aurai l'occasion de la voir jouée un jour!
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Pièce absurde où les personnages principaux, Inès et Inat, se battent contre un monde qui voudrait leur dérober leur attachement aux idées et à la liberté qu'ils aimeraient faire perdurer au milieu des convenances sociales et de l'obéissance docile à laquelle se plient leurs contemporains, devenus des personnages-fonctions porteurs d'uniformes plutôt que des êtres humains vraiment habilités à aimer et à penser. Ducharme écrit toujours des textes de qualité, mais il faut apprécier l'humour absurde pour y trouver son compte.
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Notre place n'était pas dans la rigueur de ce désert. Nous étions invités dans l'été, dans la gaieté. On s'est levés, on s'est dépêchés : on croyait que c'était tout près. Nous avons couru. Nous sommes fatigués. Nous avons navigué et là nous barbotons. Nous n'avons pas trouvé. Après toutes ces années, nous cherchons encore, à qui mieux mieux.
Ils ont acheté la terre, toute la terre. Ils en ont acheté une moitié, puis une autre moitié, le quart plus les trois quarts. Ils se la sont tapée, envoyée. Il se la sont payée et les autres les ont laissés faire. Cette pierre est à celui-ci. Ces concombres à celui-là. Ce marais à cet autre. À la plupart des autres: un salaire! Ceux qui ont acheté la terre, lient les pieds et les mains des autres pour ne pas qu'ils touchent à trop de pieds carrés de la terre, ou ils les chassent à coup de lois et de contrats. La terre est fermée comme un salon de barbier le dimanche, interdite comme un concert à guichet fermé. La terre est vaincue, envahie; et occupée comme par une armée.
Nous somme ensemble c'est vrai. (...) Deux comme deux trottoirs du meme cotés de la rue! comme deux moitié, comme deux fois deux font quatre quart, comme deux fois moins quelqu'un que si nous etions un par un.
J’ai vu dans le noir une montagne tourner comme un carrousel. Ou c’étaient les lumières rouges et blanches qui roulaient autour d’elle comme les joyaux d’une couronne. Et ça rougeoyait, blanchoyait, ça bouillonnait encore plus fort dans la ville à ses pieds.
Quelle horreur: vivre dans sa propre maison. Ce doit être encore plus dur que vivre dans sa propre peau. Comme d'autres murs par-dessus ceux qui m'emmurent déjà derrière mes yeux. Quel accueil peut-on trouver dans sa propre maison? Son propre accueil?
"C'est un monstre sacré de la littérature
canadienne qui est mort cet été.Réjean Ducharme avait su conquérir le monde
francophone avec seulement 9 romans en 50 ans d?existence."
Réjean Ducharme - le conseil d'Emmanuel Khérad
https://www.franceinter.fr/emissions/la-librairie-francophone