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EAN : 9782070429080
416 pages
Gallimard (11/03/2004)
2.71/5   38 notes
Résumé :

Au collège de Clerval, près d'Orléans, Eric Capadis, jeune professeur d'histoire géographie, vient de se suicider en se jetant par la fenêtre de sa classe. Il est aussitôt remplacé par un autre enseignant du même établissement, Pierre Hoffmann, qui raconte l'histoire. D'abord par dévouement, puis mû par une obscure intuition, Pierre Hoffmann s'intéresse à l'entourage de Capadis, à ses p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Première page : février 1995, un jeune professeur d'histoire-géo tout juste sorti du CAPES, se défenestre de sa salle de cours des 4è F. Pierre Hoffmann, le narrateur et prof de français du même collège, se retrouve en charge de cette classe (on appréciera la conclusion du directeur pour qui français et histoire-géo, c'est kif-kif...).

Tout au long de ses 400 pages, le roman dégage une atmosphère éminemment oppressante. Les élèves de cette fameuse 4è F font un peu penser à ces gamins gamins hyper disciplinés et inquiétants du film le Village des Damnés. le groupe se présente soudé et asocial, rejetant toute altérité.
Mais le côté mortifère du livre se répand dans tous les autres champs : Hoffmann est un personnage blasé et comme étranger à tout y compris à lui-même, l'ambiance entre profs donne envie de se pendre entre marasme, petites piques et haines larvées. Tout le texte semble se lire à travers le rideau grisâtre d'une pluie constante. Pas de lueur d'espoir dans cette désespérance latente qui va crescendo, au même rythme que la progression du récit.

Une lecture qui s'est avérée à la fois immersive et dérangeante. La volonté de l'auteur d'instaurer un climat angoissant et pesant est d'une redoutable efficacité. J'ai refermé le livre avec la sensation de pouvoir reprendre enfin une profonde inspiration, le souffle libéré. Pas une lecture de tout repos pour l'esprit et le moral, donc, mais une lecture qui marque, indéniablement. Tant par le fond de l'histoire que par la narration.
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Qu'est-ce qu'un bon livre ? Il me semble que deux ingrédients sont nécessaires :
- une bonne intrigue, un récit qui avance et raconte une histoire dont on veut connaître l'issue. Ici c'est rempli. Alors bien sûr, il ne faut en aucun cas lire la quatrième de couverture (heureusement, je ne m'y suis intéressé qu'à la fin de ma lecture). Carton rouge sur ce point aux éditions Denoël. N'étant pas très perspicace, je n'avais rien vu venir et me demandais bien quelle tournure allait prendre les événements.
- une écriture de qualité. Alors là vous serez servis ! Des tournures de phrases comme on en lit peu (aux éditions de Minuit, éventuellement), avec 80 % d'érudition, 10 % de provocation et 10 % d'humour. Parfois, il faudra vous lever pour consulter le dictionnaire (enfin, je pense) ; c'est dans ces moments-là qu'on se sent un peu idiot.
Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l'intrigue. Tout commence par le suicide d'un professeur dans un collège. C'est suffisant.
Pour la plume, j'aimerais bien mettre une vingtaine de passages tout à fait jouissifs, mais je vais faire des choix.
« Elle habitait à Blois dans un quartier réputé « difficile », adjectif municipal censé dissimuler, d'après ses propres mots, une stratégie de parcage des classes dangereuses. »
« Elle éclata d'un rire de gorge nicotinique évoquant un assaut de criquets au nord de Madagascar. »
« la plupart des professeurs sont Lion ou Taureau »
« Seul un chômeur de quarante-cinq ans avait suscité un grand émoi en se pendant dans son salon à un crochet qu'il avait installé lui-même malgré l'interdiction du syndic de copropriété de percer des trous dans le mur. »
« quand nous étions petits, nous avions un cahier où nous notions toutes les stupidités que les parents disaient. On en remplissait un tous les six mois. »
« Ses cheveux coupés courts, presque rasés, suggéraient un certain scepticisme à l'encontre des accessoires de la féminité. »
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Récemment j'ai lu Un vrai dépaysement, auquel je reprochais une description idéalisée du "monde" de l'enseignement.

L'heure de la sortie représente un absolu contrepoint.
Dans une ambiance pesante, tendue, angoissante il est ici question d'enseignants blasés, d'adolescents cyniques et calculateurs, de maladie grave et de dépression, de harcèlement (des élèves envers le prof), de suicide.

À la différence de Clément Benech, Christophe Dufossé connaît le milieu de l'enseignement et ses petits arrangements, les discussions désabusées en salle des profs et hors les murs, un « envers du décor » assez peu reluisant il est vrai.
Collègues enseignants, vous allez vous sentir compris… et peut-être prendre peur.

Je ne raconterai pas l'intrigue pour ne pas spoiler.

Malgré quelques invraisemblances (qui toutefois servent l'intrigue) j'ai adoré ce roman qui, toutes proportions gardées, m'a fait penser à La classe de neige d'Emmanuel Carrère et au Cercle de Bernard Minier.

L'heure de la sortie a remporté à sa sortie en 2002 le Prix du Premier Roman.
En 2018 Sébastien Marnier en a réalisé une excellente adaptation avec un rôle « sur mesure » pour l'acteur Laurent Laffitte.
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Un professeur d'histoire-géographie, Éric Capadis, se suicide en se jetant par la fenêtre de sa salle. Pierre Hoffmann, narrateur de l'histoire et professeur de français, remplace son collègue au pied levé devant les quatrième F, classe des plus étranges. On apprend que les élèves qui la composent se connaissent depuis le CP et forment un bloc soudé et indestructible. Une série de faits à rendre paranoïaque se révèlent à Pierre : coups de fil anonymes, réception de colis morbides, une élève se retrouve avec le visage balafré à coups de cutter, celle-là même qui a essayé de le prévenir d'un danger qui reste flou. D'autre part, Pierre entretient des relations ambiguës avec sa soeur dépressive qui tente de se tailler les veines ...Ses collègues, en dépit d'offrir un panel intéressant du corps professoral minimisent les faits, autant que le principal manipulé par les parents d'élèves. Lors d'un voyage à Etretat organisé par les élèves eux-mêmes, le drame se dénoue et trouve sa signification. Car à travers le roman, le narrateur offre de nombreuses digressions, notamment sur un concert punk des années soixante-dix auquel Pierre assiste avec sa soeur, de la visite que Pierre fait aux parents d'Éric, vieillards figés dans le temps où l'on apprend qu'Éric était un élève brillant qui s'est détaché progressivement de ses parents au cours de ses études...

Christophe Dufossé intègre un roman sociologique dans une tragédie avec des protagonistes au destin implacable. C'est le roman de l'adieu à l'enfance (destruction des peluches, début du raisonnement à l'adolescence qui m'a rappelé précisément mon professeur d'histoire-géo de quatrième qui répétait qu'à notre âge, on "devait commencer à sortir du cocon"...) et du nihilisme de l'adolescence (punk, violence, refus d'un monde étriqué où les adultes sont devenus comme des fantômes-les parents d'Eric, le principal ...) :

"- Je suis encore un enfant. Nous sommes encore des enfants. Comment expliquer qu'il n'y ait déjà plus rien d'enfantin dans ce collège? Il y a un effet général, c'est très bizarre. Quelque chose suit son cours, mais on ne peut jamais savoir quoi." (311)

Ce paragraphe semble résumer assez bien le mal-être adolescent, se nourrissant de rien, du non-dit, ce même indicible qui sourd dans la classe de quatrième F. Des réflexions philosophiques plus ou moins bien menées ressortent des conversations du professeur et de ses élèves. Non qu'il faille sous-estimer la pensée des adolescents, ils n'ont ni la culture ni le recul nécessaire à une réflexion aussi poussée que celle citée plus haut. C'est le premier écueil du roman hormis quelques invraisemblances -le professeur de français remplaçant un collègue d'histoire, des dames qui mangent des pêches au mois de mars dans un parc, des élèves organisant un voyage, les parents le décidant...
le style possède cette préciosité du premier roman comme si l'écrivain voulait montrer qu'il manie bien la langue, un peu comme un musicien qui ne cesserait de vouloir prouver qu'il sait jouer en étant par trop démonstratif On peut accorder à l'auteur qu'il trahit le détachement un peu cynique de Pierre mais chaque portrait en pied est détaillé presque comme un inventaire alors qu'il aurait peut-être fallu procéder par touches.
Par ailleurs, les descriptions de paysages de brumes et de pluie sont récurrentes jusqu'à la manie. L'idée est néanmoins excellente et le nihilisme du narrateur rejoint bien, à la fin celui des élèves malgré la différence de génération. Certains détails concernant l'Education Nationale et son système sont un peu surfaits voire peu utiles à l'intrigue. Faut-il par exemple parler des ISO? L'auteur devrait penser qu'il peut être lu par d'autres gens que des professeurs!
Etrangement, j'ai préféré le film avec Laurent Lafitte en Pierre Hoffmann, plus cohérent malgré ses défauts.

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A vrai dire...j'ai été "dérangée" par cette histoire. Dérangée par ce prof qui n'aime pas particulièrement son métier, qui est désabusé avant l'heure, qui n'aime pas vivre, dirait-on. Dérangée par ces élèves bizarres, qui n'aiment pas vivre non plus et qui, sans aucune morale, n'ont aucun scrupule à éliminer ceux qui n'entrent pas dans leurs vues. Dérangée par ce principal du collège qui est soumis aux parents d'élèves...Bref, c'est un roman assez glauque, bien écrit (Quel art de dresser les portraits en quelques lignes assassines ! Quel sens de la métaphore ! ). Mais duquel je suis sortie, soulagée d'avoir fini.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On dit souvent que le culte des objets s'enracine dès l'enfance et qu'ils enchâssent les périodes marquantes de l'existence, comme une sorte de métaphore personnelle. Un jour, il faudrait que quelqu'un retrace l'importance anthropologique des airs musicaux et la place qu'ils occupent dans les biographies familiales. Récemment, j'ai entendu parler par hasard du joueur de pipeau de "Bonne nuit les petits". Il s'appelle Antoine Berge et a soixante et onze ans. Il avait demandé sur le tard 150 000 francs de droits d'auteur au tribunal de grande instance de Paris. Il ne lui avait finalement été accordé que 632,50 francs.
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La radio diffusait "California Dreamin'" des Mamas and the Papas, un morceau qui, inexplicablement après autant d'années, me faisait éprouver un pincement de terreur mélancolique chaque fois que j'en entendais les premières mesures. Je me suis levé pour l'éteindre avant le solo de flûtiau qui avait toujours eu le même effet sur moi : je fondais en larmes et je voulais mourir.
Cet air me rappelait la flûte de "bonne nuit les petits" qui venait achever de sa tristesse poignante chaque soirée de ma petite enfance vers huit heures. J'allais me coucher - accompagné de milliers d'enfants de ma génération, je le sus bien plus tard - après que le débonnaire Nounours m'avait jeté une poignée de sable pour que je m'endorme.
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Je me souvenais de lui comme de quelqu'un de jeune avec des pattes-d'oie, un mental grisonnant, des rides et une peau qui semblait avoir essuyé tous les coups de vent d'une existence vécue sans discernement. Ayant dix ans de plus que moi, il appartenait à cette génération qui, la première, avait tourné la bonté et la gentillesse en dérision, et dont l'heure de gloire se situait au milieu des années quatre-vingt.
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Allongé sur un tapis pseudo-persan que j'avais acheté à un soudeur au chômage pour m'en débarrasser, je cochais des destinations peu onéreuses (Liechtenstein, Andorre, Valenciennes) sur un catalogue Fram. Ce n'était pas le mépris de la populace qui m'encourageait à éviter les plages ensoleillées - il est vrai que quand on bronze, on a toujours un peu l'air con - mais la peur de me sentir encore plus seul sous un climat propice aux relaitions.
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Elle souleva une immense valise grenat avec des sangles si serrées que je fus presque surpris de ne pas entendre le cuir pousser des hurlements de douleur.
Le poids de son bagage faillit l'emporter en arrière. Elle vacilla quelques instants, la valise contre elle, donnant l'impression comique qu'elle était en train de faire quelques pas de danse avec un obèse un peu gris.
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