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EAN : 9782246244912
272 pages
Grasset (02/09/1982)
3.52/5   31 notes
Résumé :
En Charente-Maritime, un bouchot est un pieu fiché dans la vase et sur lequel s'agglutinent les moules. Telle est Teresa, enlisée dans le malheur mais tenant bon pour sauver les siens. Zino, son fils, qui dessine des squelettes, sa fille, Océan, qui s'enivre de l'air salé, Nono et Zia, vieux musiciens italiens éternellement amoureux. Monsieur le Juge les a abandonnés. Leur maison s'enfonce dans les marais . Mais Teresa l'amoureuse renait sans cesse. Son art de vivre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il y a des vies qui sont déjà des romans. Et des romans qui palpitent comme la vie même, qui épousent ses soubresauts,  ses accélérations, ses temps de cale sèche. 

Hortense Dufour, grandie dans une Charente maritime battue par les vents et secouée par les grandes marées, fille d'un juge d'instruction et d'une violoniste italienne, remarquée à  12 ans par Jean-Jacques Pauvert pour ses qualités de plume, avait, dans sa vie,  de quoi nourrir plus d'un roman!

Lire le Bouchot - livre Inter 1983- , c'est s'immerger dans une eau saumâtre et intranquille, attendre que les petits crustacés s'attachent ,s'agrègent, se fixent ...et vous grignotent : il y a un temps d'incertitude, de perplexité, d'inquiétude -  et un temps de folie, d'abandon , d'enthousiasme - au sens étymologique.

On hésite à  plonger, puis on est comme happé.  Et retenu.
L' Océan vous dévore,  vous possède.

L'héroïne du roman, justement, s'appelle Océan, fille de Maremme et d'Oléron, "programmée" par sa mère italienne et musicienne à devenir écrivain et qui,  à  douze ans, ne se sépare ni de son chien, Athos, ni d'un manuscrit "La femme cent têtes",  son journal de bord.

 Teresa , la mère,  violoniste fantasque,  accordéoniste à  l'occasion, règne sur une maisonnée à la dérive : le père, un notable,  que tous appellent le Juge, les a quittés pour un poste exotique et se contente de leur envoyer, s'il y pense, un mandat qui semble plus destiné à entretenir sa Bugatti décapotable que l'étrange smala qu'il laisse, volontairement, derrière lui.

Celle-ci se compose , outre Océan et sa mère, d'une vieille tante un peu  folle, Zia, du grand père,  Nonno, et du frère aîné d'Océan, Zino, un garçon sauvage, morbide et méchant  qui ne s'est jamais remis de l'abandon paternel.

Autour de la maison qui s'enfonce dans la vase des marais et se délite peu à peu - seul le garage de la Bugatti reste un asile acceptable- , grouille une faune de pêcheurs, de marins,  d'ostréiculteurs et de paysans , un peuple de gens rudes, violents, les Misérables de la Mer qui supportent mal cette tribu aussi misérable qu'eux, mais tellement  foutraque et regardent d'un oeil soupçonneux  cette Mère Courage prête à tous les expédients pour nourrir sa meute.

L'ambiance est électrique, en tension, chargée de toute la  violence des vents et de toute la torpeur perfide des marais. Mais,  on ne sait pourquoi, cette smala bigarrée,avec ses oripeaux miséreux, ses faims lancinantes  dont  la Bugatti flamboyante, les bijoux de famille disent les revers de fortune, après m'avoir décontenancée  - trop, c'est trop , pensais-je, mais la vie parfois est excessive...-  sonne le son du vrai derrière la fantaisie brillante, les notes du tragique derrière  l'imagination fantasque. 

Et quelle belle ecriture! Dans les dialogues,  des pépites.  Dans le récit proprement dit, les images jamais "cherchées",  éclatent , insolentes, comme ces petits pétards qui vous pètent sous le pied quand on les piétine involontairement. Bref, une vraie poésie et une plume  incisive et vive. 

J'ai beaucoup aimé ce Bouchot. Merci à Agnès, mon amie charentaise, qui sait si bien faire aimer son pays.
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On est surpris que cette histoire et ce cadre familial cabossé puissent être ceux de l'enfance de l'auteure. Un père notable local qui profite d'une mutation professionnelle pour quitter femme et enfants, une femme délaissée, véritable mère courage, qui va bousculer les montagnes pour élever avec peu d'argent ses enfants, tout en recueillant ses propres parents et sa tante. Elle se moquera des valeurs étriquées des institutions, de la bêtise des voisins, du qu'en dira-t'on, imposera des valeurs différentes de celles qui sont par habitude et paresse intellectuelle, les plus communes: ses valeurs sont le courage, le travail, le droiture, la défense des faibles face aux puissants. Et un simple bon sens. Musicienne, (violonniste avant tout, mais elle sait prendre l'accordéon pour gagner quelques sous dans les bals des mariages), elle force l'admiration par la force de son caractère, son engagement dans le travail, son refus d'un quelconque statut social autre que celui que représente la valeur de chaque personne; On se souviendra de cette Téresa, capable de manier l'archer de son violon tout comme la pelle et la truelle du maçon, quand il s'agit de nourrir ses enfants ou de leur offrir un toit solide et étanche. Un roman vif, bien écrit.
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Le Bouchot est un roman noir à la fois burlesque et bouleversant où Hortense Dufour rend les moments dramatiques en une joie de vivre à travers le personnage de Térésa, car cette dernière arrive à faire des miracles dans un monde difficile et donc, on se demande où elle puise toute cette force.
Dans ce récit, il est aussi question de musique prenant une grande place au sein de cette famille soudée et cela, met un peu de bonheur dans cet univers assez rude, on n'en vient même à s'interroger sur la manière que possède cette famille pour avoir encore la joie de vivre.
Néanmoins, je n'ai pas du tout apprécié le caractère de Zino (fils de Térésa), je l'ai trouvé lâche envers sa famille et n'a aucun respect pour sa soeur.
Au niveau de l'écriture de l'auteure, elle est fluide et cocasse, facilitant ainsi la lecture de ce livre : il a été terminé en quelques heures.
En conclusion, j'ai passé un assez bon moment de lecture mais, l'histoire en elle-même ne va pas me marquer longtemps dû au faite que je n'ai pas eu d'attache particulière pour l'un des protagonistes.
Lien : http://univers-des-livres.ov..
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Très décontenancée, dans un premier temps, par le langage employé dans les dialogues, j'ai quand même poursuivi ma lecture. Bien m'en a pris : l'auteure met l'accent sur l'intolérance et surtout sur la force, le courage et l'abnégation dont fait preuve cette femme chargée de famille, abandonnée par son « homme » et dont la philosophie de vie ne plaît pas à tout le monde. Un roman qui se lit facilement !
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
"... en fait de bonne farce, les hommes ont toujours de l'imagination. Il n'y a que pour le bonheur qu'ils soient complètement nuls."
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« Il va falloir écrire des livres mais toujours greffer des fleurs aux arbres. Institutrice, c'est bon pour ce paysan de Monsieur le Juge. Cela le rassure. Rien de plus sinistre que les vrais plants... Fais-lui croire n'importe quoi. Sois même institutrice s'il le faut. Mais à moi, seule devant ce figuier, jure-moi que tu seras écrivain. »
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"..., l'écriture est un moyen de faire du tapage sans sortir de chez soi."
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« Voilà, dit-il. Voilà. » Dans « voilà », il désignait les morceaux de violon, la cabane, les parcs, les remparts de Brouage, plus loin. Voilà. Ils sont comme ça. Pleins de haine. Très forts. Il n'y a rien à faire, rien à espérer ici. Voilà. Sa joue gauche était meurtrie, zébrée et je vis, tombé à ses pieds, l'archet brisé en deux.
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« – A deux mois de la communion, votre fils a dit que Dieu c'était RIEN, PERSONNE. Avec un œil crevé... – Eh bien, cela prouve que s'il ne va pas à l'école, il a quand même des lettres, dit Térésa en s'accoudant aux coussins et attirant à elle sa blague à tabac. Où est le mal? – Partout, gronda l'archiprêtre Pingoin en considérant les murs biscornus, les portraits étranges, les dentelles mortes, le pressoir de Zino, partout.
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