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Il existe encore des journalistes d'investigation, Davis Dufresne en est un authentique, de ceux qui ne s'arrêtent pas au vernis de surface, déclarations médiatiques des magistrats en charge du dossier relayées par une presse peu curieuse qui écrit dans l'urgence, sans véritables interrogations.
On découvre une contre contre-enquête sérieuse et sans partie pris et la description de l'emballement d'une machine judiciaire qui s'affole dans la tourmente du moment et à bien du mal à se remettre en question quand le train est lancé quitte à fabriquer des éléments.
Édifiant
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Le "groupe de Tarnac" aurait pu être broyé par cette construction politco-médiatique. David Dufresne nous donne beaucoup d'éléments mais ne conclue jamais à notre place, faisons-nous notre propre synthèse sur cette étrange affaire. Nous examinons dans ce livre les inter-actions de plusieurs groupes importants de notre société: politiques, police, justice, journalistes. Trouvez l'info, c'est avoir des contacts mais aussi savoir l'intérêt des ces contacts à parler pour pouvoir mesurer l'honnêteté des propos et c'est un exercice passablement compliqué. Entre guerre des services, intérêts politiques, carrière à mener, l'existence de quelques personnes pensant une société différente pèse peu voire peut être un outil opportun se mettre en avant et combler certaines obsessions. de là à fabriquer un événement dont on ne maitrisera pas l'emballement, il y a peu, chacun jouant sa carte.
Pour faire un parallèle actuel et casser un peu les mauvaises interprétations de Weber qui ont cours en ce moment même dans la bouche de certains ministre de l'intérieur, cet épisode montre encore que l'état à besoin de se désigner un ennemi intérieur. Ce dernier lui est utile pour faire peur au citoyen qui lui concédera l'usage de la force, de la violence pour y faire face ce qui assoira sa légitimité ( celle de l'État, pas celle de la violence qui reste empirique).
J'ai aimé le procédé d'écriture nous faisant passer l'action et le vécu de chaque protagoniste, formant un puzzle que chaque lecteur assemblera à sa façon, un drôle de puzzle donc. La plume de David Dufresne n'est pas encore celle de ses derniers récits mais on la sent poindre déjà dans celui-ci qui n'est plus tout à fait un "bouquin de journaliste" mais pas encore un récit construit à base de faits réels. le sujet nécessitait de toute façon de coller à la réalité pour y apporter un éclairage.
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Précieuse enquête détaillée sur la genèse d'un "moment" d'emballement de l'appareil anti-terroriste.

Publié en 2012, deux ans après le film "Prison Valley" et cinq ans après le livre "Maintien de l'ordre" (lui-même accompagnant le film "Quand la France s'embrase"), "Tarnac, magasin général" est l'une de ces enquêtes en profondeur qui rendent gloire au métier de journaliste, et le parfait approfondissement, dans le détail, de "La politique de la peur" de Serge Quadruppani.

Familier des arcanes des polices et du système judiciaire français, observateur attentif des mouvements contestataires, David Dufresne a pu ici, au prix d'un patient travail, de longue haleine, qui n'est visiblement pas allé sans doutes, interrogations et moments de découragement, reconstruire la genèse et le déroulement de l"affaire" des "inculpés" de Tarnac, et saisir largement et finement les raisons de ce "moment" d'emballement de la machine anti-terroriste médiatisée dont la France s'est dotée au fil des années.

Un livre indispensable pour tout citoyen curieux, inquiet ou même vaguement désabusé.

"Chez moi, je repris également le carnet de notes de notre premier rendez-vous. Alain Bauer avait été formel :
- Dans vos multiples rendez-vous à l'Élysée, à l'Intérieur, lui avais-je demandé, on en parle, de cette affaire ?
- Non.
- Parce que c'est un fiasco policier ?
- Parce que c'est un fiasco politico-policier.

C'était bien cela qui était passionnant."

Lecture assortie d'un bien curieux effet de résonance, s'étant déroulée juste avant de plonger (enfin) dans "La zone du dehors" d'Alain Damasio, "expérience de pensée" philosophique par le prisme de la science-fiction, qui, malgré ses maladresses et ses inaboutissements, se pose tout de même avec justesse la question d'un activisme contemporain, et de sa manipulation par le pouvoir...
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Dans la veine des écrivains-journalistes, David Dufresne livre une contre-enquête au ton souvent intimiste sur « l'affaire » des inculpés de Tarnac. Souvenez-vous : 11 novembre 2008, dans une petit village de Corrèze, la police antiterroriste arrête 10 personnes pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». On les accuse d'avoir saboté des lignes SNCF. Alors que les perquisitions ne sont même pas terminées, la ministre Alliot-Marie donne une conférence de presse pour se féliciter de la mise en déroute de ce qu'elle nomme menace « anarcho-autonome ».

Mais au fil des jours, le dossier judiciaire se transforme en fiasco. Il n'y a pas grand-chose à charge contre ces jeunes gens qui vivaient en collectif dans une ferme, et tenaient une épicerie solidaire. Rien, sinon leur militantisme libertaire affiché. A-t-on souhaité faire un procès politique ?

Le texte de Dufresne mêle PV d'auditions, retranscriptions d'écoutes, réflexions personnes et extraits de ses entretiens. Chaque chapitre, souvent assez court, est organisé autour d'un personnage.

Un livre que j'ai trouvé passionnant, qui ne donne aucune conclusion hâtive, mais prend bien le temps de donner tous les éléments, tous les points de vue, et même tous les doutes des acteurs impliqués dans ce « fiasco politico-judiciaire ». C'est sans doute ce qui fait de livre une très bonne enquête : il ne cherche pas à démêler coute que coute tous les noeuds de cette affaire, au risque de produire des conclusions hasardeuses, mais fait confiance en son lectorat pour se faire sa propre opinion au regard des (très) nombreuses pièces que Dufresne apporte au dossier.
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Récit passionnant d'une affaire médiatico-politique durant laquelle une communauté installée dans la ferme le Goutailloux à Tarnac se vit inculper d' « association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste ». Une affaire d'utopies et de fantasmes que retrace David Dufresne à travers interviews, rencontres, humeurs personnelles et pièces du dossier. Une enquête digne d'un excellent polar qui explore les méthodes du renseignement français.
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On rentre dans ce livre par le récit d'une rencontre avec une des personnes mises en examen de l'"Affaire de Tarnac", le récit étant entre-coupé d'extraits de procès-verbaux venant confirmer, infirmer, souligner, expliciter le témoignage. Puis la méthode se précise : chaque chapitre porte le nom d'une personne différente, de l'un ou l'autre côté de la barrière, et résume son apport au livre et à l'affaire, pourquoi et comment l'auteur a été reçu, avec toujours en parallèle les extraits de procès-verbaux pour rappeler l'écume factuelle et officielle de l'affaire. le puzzle s'assemble ainsi peu à peu, jusqu'à préciser le tableau d'une France qu'on a presque oubliée, celle d'avant 2012, à l'écart du péril islamiste, mais encore un peu préoccupée par les émeutes de banlieue de 2005 et les mystérieuses menaces, en 2004, du groupe AZF contre le réseau ferré. Dans ce contexte, les fantasmes personnels, les valeurs, l'éducation et le besoin d'exister du pouvoir et de sa nébuleuse de conseillers, d'amis et d'officines se cristallisent sur une théorie : la gauche classique se montrant de plus en plus décevante pour ses sympathisants, c'est la gauche radicale, "ultra", possiblement violente, qui va en profiter. Voilà à quoi il faut prendre garde en priorité. le bingo, c'est quand une série d'"actes de malveillance" (parmi les 4000 (!! - oui, c'est aussi ce qu'on apprend dans ce livre) commis chaque année) sur le réseau SNCF en 2008 parvient à être rapprochée (on se demande encore comment) d'un groupe "anarcho-autonome" de Corrèze que les services de renseignement surveillaient depuis un moment dans l'espoir de tenir là l'embryon d'une nouvelle cellule Action Directe. On connait la suite : le "Groupe de Tarnac" est arrêté à grand fracas le 11/11/2008 au petit matin, le dossier se vide de sa substance quasiment dans la semaine, et le pouvoir, ses bras armés et autre porte-voix entament aussitôt une longue fuite judiciaire en avant pour faire oublier le fiasco. Voilà ce que raconte ce livre écrit pendant cette course. Je connais, comme tout le monde, la fin de l'affaire, à laquelle la justice a mis un terme en avril 2018 en déclarant que le "Groupe de Tarnac", tel que décrit par ses accusateurs, était une "fiction" (rejoignant par là la thèse assumée par l'auteur). Par contre, je ne connais pas la fin du livre puisque ma lecture en a été brutalement interrompue, peu après la page 300, quand je me le suis fait voler, dans ma voiture, avec la sacoche qui le contenait...
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Un gros pavé, qui, je l'avoue, m'a un peu effrayé au départ et a séjourné dans ma PAL pendant quelques semaines : complexité et aridité du sujet abordé (pourtant passionnant), lourdeur de la documentation jointe... Puis j'ai fini par me lâcher dans le "grand bain" et j'ai été agréablement surpris par le style et la manière dont l'auteur, David Dufresne, avait choisi de mener son enquête : un peu hors des sentiers battus mais de façon exhaustive.
L'auteur ne porte pas de jugement sur le fond de l'affaire mais se contente d'examiner la manière dont la procédure s'est déroulée et de quelle façon, en se tirant dans les pattes, les différents services ont peu à peu dégonflé le ballon de baudruche initial. A travers l'enquête qu'il mène, David Dufresne examine également à la loupe les relations entre les médias et le pouvoir, et la façon dont les journalistes peuvent être utilisés pour mettre en valeur telle ou telle information ou disqualifier tel ou tel témoin. C'est d'ailleurs après avoir "bouclé" cette enquête qu'il a démissionné de son poste à "Libération" pour essayer de trouver une plus grande indépendance en travaillant en "free-lance". Il s'intéresse de très près, depuis cette période, à la notion de "maintien de l'ordre" et à la manière dont le pouvoir réprime les revendications populaires.
Beau travail en tout cas sur ce dossier de Tarnac : passionnant à lire, inquiétant sur le devenir de la démocratie dans nos contrées...
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Récit passionnant d'une affaire médiatico-politique durant laquelle une communauté installée dans la ferme le Goutailloux à Tarnac se vit inculper d' « association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste ». Une affaire d'utopies et de fantasmes que retrace David Dufresne à travers interviews, rencontres, humeurs personnelles et pièces du dossier. Une enquête digne d'un excellent polar qui explore les méthodes du renseignement français.
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Cette enquête de fond sur l'affaire Tarnac est un travail d'orfèvre : avec le recul nécessaire et désormais si rare, le déroulement de l'enquête est décortiqué. Histoire des protagonistes, pièces à convictions, policiers et familles, ... tout y passe et les contradictions sont intelligemment mises en question.
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C'Tarnac
11 novembre 2008, flicaille et GiGN investissent le paisible village de Tarnac en Corrèze et arrêtent pour terrorisme des membres d'une communauté installée dans le village. Ce ridicule montage médiatico-politique rapidement mis à jour, permet à un petit président autocrate d'agiter le spectre de l'ultra gauche et de rassurer l'opinion pour sa bonne police.
A lire ou relire, l'ouvrage d'un de mes vieux copains poitevins:
David Dufresne, "Tarnac magasin général", Calmann-Lévy, 2012
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