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EAN : 9782070314409
256 pages
Gallimard (08/04/2004)
3.66/5   198 notes
Résumé :
Décrété mort par son père, la veille de ses vingt ans. Mort pour la cause, la bonne, mort pour la France. Voilà un drôle d'anniversaire, en cette année 1940. Elevé dans une modeste famille de la banlieue parisienne, au bord de l'hippodrome de Champigny et dans les murs d'une maison en meulière, entre une mère employée aux chemins de fer et un père communiste, représentant en vins, le narrateur est rapidement plongé dans les travers de la Seconde Guerre mondiale, exp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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"Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte". C'est à cette phrase de François Fillon que j'ai songé en ouvrant ce livre Folio.
Je n'ai qu'un cri du coeur pour l'éditeur et l'imprimeur. Messieurs payez-vous un nez ! un nez indemne de longues années de tabagie. Un nez qui n'a pas subi des décennies de pollution urbaine.
Il vous dira que vos livres sentent la mort. Que la chimie de vos encres (et de vos papiers ?) empoisonne nos bibliothèques.
Qu'il n'est plus possible d'accueillir vos ouvrages dans nos chambres à coucher sans suffoquer. C'est devenu une horreur !
À l'instar des paquets de cigarettes, allons-nous voir sur vos couvertures cette inscription : bouquiner tue ?
Le plaisir que j'aurais pu avoir avec ce roman a été gâché par l'impression d'en faire la lecture aux abords d'une usine pétrochimique. Mais pas que.
N'avez vous plus d'argent pour salarier un correcteur ?
C'est mieux quand il y a un point à la fin d'une phrase (il en manque un certain nombre ici). C'est mieux quand il n'y a pas d'espace blanc à la place d'une lettre (forcer devient for er) et surtout c'est mieux sans fautes d'orthographe (tocards ne s'écrie pas toquards (page 29).
Parlons maintenant du roman.
Ceux qui auront lu son premier ouvrage, La Chambre des Officiers, ne vont pas retrouver son style sobre et direct. Ici il emploie parfois une langue beaucoup plus baroque, symbolistes même, qui ne manque pas de surprendre par son incongruité.
Heureusement que Marc Dugain n'est pas dénué d'humour et qu'il trouve souvent les mots pour faire sourire le lecteur.
Si le récit est cohérent dans son ensemble, j'ai trouvé trois passages qui me dérangent par leur manque de réalisme.
Comment le personnage principal peut-il s'interroger sur l'accent d'une résistante qui après la guerre d'Espagne continue la lutte en France ? Il me semble que c'est assez facile de reconnaître une espagnole qui parle français d'une allemande ou d'une citoyenne de l'Est.
La deuxième interrogation concerne un passage où il est question de victimes qui sont pendues par les pieds et égorgées par des soldats nazis. Dans aucun document historique je n'ai entendu parler de telles pratiques.
La troisième bizarrerie montre deux jeunes français en train de crever les pneus de la voiture d'un officier nazi qui les surprend et les exécute sur place, alors que la logique devrait le conduire à les livrer à la Gestapo pour savoir s'ils font partie d'un réseau de résistance.
Pour conclure, à cause des multiples imperfections, ce roman se situe dans la zone où je range tous ces ouvrages qui se lisent facilement, sans ennui, mais sans être des chefs-d'oeuvre de la littérature. Une note entre trois et quatre étoiles me semble correspondre parfaitement.
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A chaque livre de Marc Dugain je suis époustouflé par la façon dont l' auteur nous fait entrer dans des univers très différents, avec le même talent, la même exigence de réalisme dans la construction des personnages, des contextes et de leur interaction.
Heureux comme Dieu en France, nous permet d'aborder la seconde guerre mondiale par un prisme original, loin de la stratégie politico-militaire, même si elle n'est pas complètement absente, celui de l'homme seul qui doit lui même construire ses propres références avec le maigre héritage que lui ont laissé ses parents et grands-parents.
Au fonds, ce livre pose la question du choix et du hasard, sachant qu'il y a toujours des salauds et des héros, des traitres et des résistants, qui jouera quel rôle et pourquoi ?
Personne n'a encore trouvé la réponse.
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Heureux comme Dieu en France est  un roman dont l'intrigue se déroule pendant l'occupation allemande.  Ce récit  écrit à la première personne met en scène un très jeune homme devenu résistant bien malgré lui.

Ce personnage méfiant qui déteste par dessus tout qu'on pense pour lui est avant tout étranger à la vie que d'autres lui déroulent. Parfois à la limite du cynisme, ce texte capture nombre d'éléments, ou de fonctions, personnages.... de nos sociétés modernes pour en faire une critique le plus souvent acerbe.

Idéologies, autorité, pouvoir, politique .... tout est commenté par le personnage central au cours de son périple, par cet antihéros persuadé que tous (ou presque)  ne sont au final que des êtres indéniablement médiocres, égoïstes voire manipulateurs.
 
L'auteur a l'art de l'oralIté, car le pseudo témoignage  de celui qui s'est donné l'apparence nonchalante de subir un flot d'événements qu'il n'avait pas choisis est conté avec efficacité.
Dommage cependant,  que certains passages soient à la limite du grotesque et .... qu'il ne se passe rien de bien nouveau en ce qui concerne l'espace temporel : l'occupation nazie en France.

Marc Dugain a une jolie écriture fluide et travaillée, mais je ne me suis pas régalée, car j'ai eu l'impression qu'il avait écrit là le roman de l'anti-conviction permanente, et ça m'a déplu.


Lien : http://justelire.fr/heureux-..
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Je réalise soudain, lisant ce bon petit roman de Marc Dugain, que l'amour, pour chacun a sans doute toujours un nom : celui d'une femme ou d'un homme. La guerre, elle, n'en porte pas ! Bien sûr elle peut être associée à un nom propre (Troie, Crimée, Péloponnèse, Arauco, Boxers… elles sont si nombreuses). Mais parlez-moi de la guerre, aucun nom ne la représente plus qu'une autre (… elles sont si nombreuses). Parlez-moi d'amour, un nom vient envelopper mon coeur, un visage se dresse devant mon regard, un être l'incarne plus qu'aucun autre.

Ce n'est pas l'amour qui a donné à Pierre envie de s'engager dans la Résistance. Mais l'amour lui a donné TOUT son sens. Car on ne se bat pas pour l'humanité : « tu vois mon vieux, quand on parle d'humanité, on parle de celui-là aussi » dit Antoine à Pierre, son compagnon de détention. On se bat pour un idéal, qui s'incarne dans des figures. Et quel plus bel idéal que l'être aimé, l'être cher, l'être en chair.
A l'inverse, il bien possible que l'on se déclare la guerre au nom de l'humanité, pour la façonner à sa manière, pour en imposer sa définition…

Je ne suis pas (plus en réalité) d'accord avec Stefan Zweig qui reprenait à son compte, dans Conscience contre violence, que « tuer un homme ce n'est pas, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme » : il y a bien des circonstances où l'on tue pour une idée, un idéal, la Résistance en est un « bel » exemple (j'ai bien compris que Stefan Zweig voulait réduire le meurtre a sa plus basse réalité, mais je pense qu'il se trompe, qu'il impose un point de vue qui n'a pas de légitimité ; l'homme-la femme, est un être de sens, y compris dans le mise à mort). L'inverse est peut-être vrai aussi : sauver une vie c'est sauver l'humanité (comme le proclament les textes sacrés des religions du Livre). Mais aimer ? A moins d'être doué d'un amour infini tel le Christ, ou tel Platon de viser l'agapè, aimer n'est-ce pas toujours aimer celui-ci ou celle-là ?

Ce roman de Dugain, qui aura vingt ans demain, me réconcilie avec son auteur, que j'avais beaucoup apprécié pour La Chambre des officiers, Avenue des Géants ou encore La malédiction d'Edgar, mais qui m'avait déçu avec Transparence. J'y retrouve une écriture d'autant plus forte qu'elle sait laisser penser le lecteur entre les mots, qu'elle nous invite au travail : d'imagination, de mémoire, d'appropriation. Chez Dugain, le style ne vous ensevelit pas, il laisse respirer. le style n'éblouit pas, et donc permet de bien regarder. le sujet est comme toujours important, il ne parle pas de son auteur : il parle de tous, à tous. Dugain est l'ami du lecteur.
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Encore un très bon livre de cet auteur que j'apprécie vraiment.On partage très vite les sentiments éprouvés par son héros qui se trouve un peu malgré lui enrolé dans la Résistance et devient peu à peu un élément important du dispositif.
Pour ceux qui n'ont pas vécu cette époque ce livre est très révélateur de l'état d'esprit des français; ainsi résumé..."1% de résistants, 1% de collaborateurs zélés et 98% de pauvres gens ballotés entre la faim, le désespoir et l'irrépressible nécéssité de trouver des responsables à leur malheur"
La difficulté de réinsertion après la fin de la guerre est particulièrement bien traitée .."La France des collaborateurs qui avaient cru bien faire laissait place à celle des récupérateurs." Marc Dugain aborde avec le recul nécessaire cette période peu glorieuse et son écriture très fluide et sans prétention nous fait apprécier pleinement l'humanité de ses personnages et même le côté romanesque de son récit.Du bel ouvrage.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Å l'abri de la lumière du jour derrière des volets clos, elle cachait la trace des coups qui lui marquaient le visage, un dégradé de bleu et de noir. Cela ne suffisait pas à masquer qu'elle était une belle femme. On lui avait reproché ce que le pays profond tout entier avait fait : coucher avec l'Allemand.
Elle l'avait fait par amour, le pays par intérêt. Å la façon qu'elle avait de se tenir, les jambes serrées, je crus comprendre que certains bons samaritains avaient joint l'agréable à ce qu'ils pensaient utile, l'humilier.
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Ils te fusillent dans la cour de la prison. Ou ils t’envoient en déportation. Et là, tu finis découpé en petits morceaux, prêt à l’emploi pour l’industrie allemande. Ils font du savon avec ta graisse, des oreillers avec tes cheveux, ils recyclent tes plombages et te volent tes dents en or si tu en as. C’est encore pire. Crois-moi, il veut mieux être fusillé. J’ai l’impression qu’ils réservent la déportation à ceux qui dans leur esprit méritent plus que la mort : l’humiliation et la négation de leur existence. Les nazis auront montré à l’humanité qu’ils pouvaient faire plus que de faire mourir les gens. C’est tout ce qui restera d’eux.
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J'étais parvenu, à force de patience, à dériver l'acidité de Claudine sur les autres, de telle sorte qu'elle n'avait jamais aucun propos désobligeant à mon égard. Et puis avec mon embonpoint je devais lui rappeler le nounours de son enfance.
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C'était une intellectuelle, son corps semblait n'être que l'accessoire de son esprit et la platitude de ses formes l'affichait. (p 43)
Si seulement encore les Allemands avaient été seuls. Mais ça fleurait tellement la guerre civile. La France se divisait en trois tas inégaux. Le plus gros, celui qui pensaient qu'il était urgent de ne pas se faire remarquer et qui s'affairaient comme des petits mammifères à l'approche des grands froids. Un tas moins gros de gens polis, qui savaient recevoir et qui trouvaient seyante la mode des invités. Qui prenaient un certains plaisir à nous passer à la question et nous finir au grand ball-trap organisé en l'honneur des Allemands. Le plus petit tas, c'était nous.
p 70
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Les clés étaient déposées chez la concierge. Qui ne dérogeait pas à la règle. L'œil inquisiteur de l'auxiliaire de préfecture qui donnerait le monde pour une tranche de saucisson d'âne.
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Vidéo de Marc Dugain
Extrait du livre audio « Tsunami » de Marc Dugain lu par Mathieu Buscatto. Parution numérique 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/tsunami-9791035414825/
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