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Critique de berni_29


Ne dit-on pas : il ne faut jamais dire jamais ? Ici ce mot est un peu magique. Il est en même temps fort, puissant, déterminé. Il est un cri du cœur, celui d'une vieille dame, depuis sa maison au-dessus de l'océan.
C'est une falaise grignotée par la mer, peu à peu. Nous sommes à Troumesnil, en Normandie. Le maire de la commune, dans un souci de vouloir protéger ses concitoyens, prend ce sujet sérieusement et tente de trouver une solution pour ceux qui sont concernés. Son action est bien accueillie sauf par Madeleine, 95 ans, qui refuse de voir le danger et ne veut pas quitter sa demeure qui se rapproche inexorablement du vide fatal. Ah ! Petite particularité : Madeleine est aveugle de naissance.
J'ai adoré cette BD de Bruno Duhamel, sur fond d'humanisme et d'écologie. Madeleine est à la fois acariâtre, adorable, touchante et drôle. Il y a des scènes émouvantes, d'autres qui font rire. Celles émouvantes, ce sont lorsque Madeleine continue d'imaginer à table au dîner son mari défunt toujours présent. Une scène m'a fait rire, celle où la vieille dame s'approche au plus près de la falaise pour arroser ses fleurs et nous voyons le vide à deux pas d'elle grignotant la terre sous ses pieds.
J'ai adoré ce personnage qui s'élève contre l'ordre public, un côté un peu anar, violente quand on menace son univers, douce quand on l'écoute...
En lisant cette BD, je me suis souvenu de mon enfance, d'un endroit de vacances sur la côte nord du Finistère, à Plouescat. Avec mes parents, nous allions voir cette fameuse maison de granit plantée sur une dune, au bord d'une baie. Chaque année, la mer grignotait vingt mètres de cette dune. C'était une sorte de pèlerinage dominical. Nous n'étions pas les seuls devant ce spectacle. C'était comme si nous venions observer jusqu'où c'était maison était capable de résister à l'assaut inexorable de la nature.
Plus tard, adolescent, je suis revenu un été camper dans les parages avec des copains. Nous allions la nuit avec nos bicyclettes et nos lampes-torches en expédition secrète à l'assaut de la maison mystérieuse qui s'était encore un peu plus rapprochée du vide, tenter de chercher une ouverture improbable, notre imagination nourrissait des hypothèses folles sur la nature des personnages qui pouvaient habiter une telle demeure. Mais celle-ci semblait désormais abandonnée, barricadée de part en part...
Il y a deux ans, je suis revenu sur les lieux, la dune était encore là mais la maison avait disparu, elle avait été démolie...
J'ai adoré ce roman graphique, il y a un chat obèse qui ressemble au mien, un mari absent en compagnie duquel elle dîne et parle tous les jours et qui ressemble à mon Papa, il y a la mer qui ressemble à celle que j'aime contempler une à deux fois par jour, pas plus, cela me suffit, parfois m'y baigner. Il y a le temps qui passe, qui grignote des falaises, des illusions.
Il y a cette vieille dame penchée au bord d'une falaise et je l'aime.
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