AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070365258
256 pages
Gallimard (25/01/1974)
3.92/5   19 notes
Résumé :
Afin de préparer sa thèse de médecine en même temps que celle de doctorat ès sciences, Laurent Pasquier, qui travaille dans le laboratoire du professeur Chalgrin, sollicite un poste de préparateur auprès d'une autre sommité de la biologie : le professeur Rohner. Le premier citant avec éloge les travaux du second, le choix de ces maîtres semble parfait. Laurent ne tarde pas à s'apercevoir qu'il s'est montré naïf : la courtoisie des propos dissimulait une âpre rivalit... >Voir plus
Que lire après Les maîtresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai beaucoup aimé Les maîtres. D'abord, j'ai apprécié la technique narrative utilisée par Duhamel. Ce tome se démarque en effet des précédents par le fait qu'il s, agit d'un roman épistolaire bien que nous n'ayons que les lettres de Laurent à son ami Justin. On ne connaît la teneur des réponses de ce dernier qu'à travers les commentaires que Laurent en fait. Ce procédé pourrait avoir quelque chose de fastidieux mais il m'a beaucoup plu car ça permet de vivre les émotions et le cheminement intellectuel de Laurent, en quelque sorte, de l'intérieur et ainsi d'approfondir le caractère du personnage et par conséquent de l'auteur puisque Laurent Pasquier en est le faux-jumeau. de plus, le roman donne une image des recherches en biologie et médecine en France au début du XXè siècle, sur les traces Pasteur, à un moment où la médecine prenait un tournant très rationnel pour devenir une discipline scientifique à part entière. J'ai été aussi très intéressée par la peinture du système de mandarinat que fait Duhamel de cette micro-société où les intelligences rationnelles ne coïncident pas toujours avec l'intelligence des relations humaines et où les égos mènent à des guerres intestines délétères. J'ai trouvé le personnage de Sénac, qu'on a connu dans le désert de Bièvres, particulièrement intéressant et bien campé dans ses contradictions et ses souffrances. Joseph, Cécile et Suzanne apparaissent aussi par quelques touches éparses qui nous permettent de les voir évoluer.
Bref, c'est probablement l'épisode que je préfère jusqu'à présent. Sorti de son contexte, il peut paraître aride mais je l'ai lu avec beaucoup d'enthousiasme, avide de connaître les développements de la querelle des maîtres de Laurent et j'aborde la suite avec la même motivation.
Commenter  J’apprécie          210
Georges Duhamel fut un grand écrivain qui est un peu oublié maintenant. Il a connu la notoriété entre deux guerres, notamment grâce à l'immense fresque intitulée "La chronique de Pasquier", composée de dix romans. Elle décrit la vie des membres de cette famille, entre 1889 et 1931. Le personnage principal s'appelle Laurent: c'est le héros de la saga. Mais son père, ses frères et soeurs jouent aussi des rôles qui sont très loin d'être négligeables; ils apparaissent dans tous les tomes de la série. Il est donc préférable de lire la totalité des volumes. Toutefois, il est possible de lire un seul livre sans être complètement perdu.

Ce roman me semble intéressant, car il traite d'un sujet original. L'e lecteur est introduit dans le milieu scientifique où évoluent des savants de haut niveau. Ils sont considérés comme des gloires nationales et révérés comme des "maîtres" par leurs élèves. Malheureusement, leur compétence et leur rayonnement ne les empêchent pas d'être rivaux entre eux. Ils éprouvent et manifestent des violents sentiments de jalousie, qui confinent à la haine.
Le jeune Laurent Pasquier, qui se destine à la recherche en biologie, commence à travailler avec deux brillants professeurs, Chalgrin et Rohner. Il éprouve de l'admiration et même de l'affection, pour le premier encore plus que pour le second. Mais Rohner se révèle vite agressif à l'égard de Chalgrin, qui s'en trouve gravement affecté et réagit mal. Les petitesses, les manoeuvres, les magouilles, enfin les affronts, aboutissent finalement à un drame. Laurent, qui est un idéaliste, tombe de haut...
A côté de ces protagonistes principaux, d'autres personnages peuplent ce roman. Le lecteur rencontre divers membres de la famille Pasquier, notamment l'aîné (Joseph). Mais il y a surtout Sénac, qui a beaucoup partagé autrefois avec Laurent et qui devient peu à peu une épave: il joue ici un rôle méprisable… et décisif.

Le roman a une forme épistolaire: Laurent écrit régulièrement à son ami Justin; son style est assez châtié, mais je ne le trouve pas suranné. Racontant sa vie au jour le jour, Laurent décrit avec sincérité ses bons sentiments, mais aussi ses doutes, ses faiblesses. Il y a chez lui une recherche de perfection qui n'est jamais satisfaite.
Duhamel était un grand humaniste, mais il avait aussi un regard réaliste sur la société. Dans ce roman, il montre que la communauté scientifique - si honorable qu'elle paraisse - est gangrénée par la bassesse. En fait, les "maîtres" sont avides d'honneurs et se compromettent avec les politiciens. Question: peut-on espérer que le monde scientifique d'aujourd'hui diffère vraiment de celui de l'époque (1909) ? J'ai envie de répondre: non, hélas. Les antagonismes prennent maintenant des formes un peu différentes, peut-être moins "naïves"; mais le "savant" reste un homme, avec ses qualités et (surtout) ses défauts personnels.
Commenter  J’apprécie          60
En septembre 1908, Joseph use du subterfuge d'une fausse ruine pour soutirer de l'argent à sa propre famille alors qu'il est riche à millions. Laurent est tiraillé entre ses deux maîtres, Chalgrin avec qui il prépare son doctorat ès sciences au Collège de France et Rohner de l'Institut Pasteur pour son doctorat de médecine. Justin est devenu simple ouvrier dans une filature à Roubaix. Sénac, après avoir travaillé pour Chalgrin puis pour Joseph, se laisse de plus en plus aller à son mal de vivre. Il se dégoûte lui-même suite à une malversation qu'il a commise.
Commencé de manière plus sombre et plus dramatique que le précédent tome de la « Chronique des Pasquier », celui-ci avance par paliers sur le chemin des désillusions. Les deux maîtres vénérés de Laurent se livrent une guerre sans merci, Rohner se montrant particulièrement odieux avec Chalgrin lequel finira mal après avoir tenté une ultime réconciliation. Il en sera de même pour Sénac, cet être malveillant et torturé qui fut pour une grande part dans l'échec du phalanstère d'artistes et qui finalement retournera ce mal de vivre contre lui-même dans une sorte de conclusion logique. Toujours magnifiquement écrite et pleine d'observations judicieuses sur la réalité humaine, cette saga familiale se poursuit sous forme de lettres envoyées à Justin par Laurent. le lecteur, qui doit deviner les réponses, suit pas à pas le héros découvrant que, chez de grands hommes admirables et respectables, le génie scientifique peut s'allier aux pires bassesses et aux plus petites mesquineries.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          20
elle sera courte car le résumé en dit bien plus long, c'est juste mon idée bien que j'aie aimé les autres tomes
Les maîtres
J'ai lu pas mal de Duhamel, mais celui-ci je n'ai vraiment pas aimé, c'est plus une correspondance et pratiquement à sens unique sur les faits divers du jour, de la famille, des analyses des frères ou soeurs, sans plus
On peut facilement le lire en diagonale, pourtant comme d'habitude la prose est superbe mais le fond n'est pour moi pas intéressant
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation

M. Rohner n’a dit qu’un très petit mot:
« Alors ? »
Roch a haussé les épaules et a répondu d’une voix qu’il voulait indifférente, peut-être pour atténuer le coup:
« M. Chalgrin est nommé ».
Je suis obligé d’avouer que le visage de M. Rohner est devenu très laid. (…) Il a crié:
« C’est un intriguant ! Nous le savions ! Il n’est entré à l’Académie des Sciences que parce que je l’ai bien voulu. (…) Mais puisqu’il veut la guerre, eh bien ! ce sera la guerre. Je le briserai comme… comme… »
M. Rohner cherchait de l’œil quelque objet fragile et il s’est emparé d’une petite bouteille vide, qui se trouvait sur la table. Il répétait:
« Je le briserai comme cette bouteille ! »
Il a jeté la bouteille par terre, d’un geste furieux. Et il s’est passé la chose la plus ridicule du monde: la bouteille a rebondi deux ou trois fois et ne s’est point cassée. (…) Nous avions envie de rire et nous faisons de grands efforts pour n’en laisser rien paraître.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne crois pas en Dieu, Pasquier, mais le Christ est la plus belle oeuvre de l'humanité. Des millions et des millions d'hommes ont mis des milliers d'années pour faire un Dieu, pour composer, de tous leurs rêves et de toutes leurs espérances, un Dieu. C'est un phénomène respectable. Ceux qui ne le comprennent pas sont de médiocres observateurs. Aujourd'hui, le christianisme est en péril. Il s'est encombré de trop de choses. Il traîne avec soi toutes les fables orientales de l'Ancien Testament, comme s'i l'on devait sauver tout ce sublime bric à brac. C'est une grande faute. Il faut sauver l'essentiel. Il faut sauver cette idée d'un dieu humain et charitable qui s'est cristallisée dans les âmes au prix de tant de souffrances. Et pour sauver l'essentiel du christianisme, s'il faut consentir à sacrifier quelques vieilles légendes barbares, vraiment, qu'est-ce que cela peut faire ?
Commenter  J’apprécie          30
M. Rohner n'a pas le culte de l'intelligence, il a le culte de son intelligence. Il est parfaitement sûr que lui seul est intelligent et que les autres hommes sont plus ou moins doués pour la stupidité. Ce dédain, il ne le réserve pas au vulgaire, il l'étend libéralement aux esprits réputés pour leurs mérites, pour leurs travaux pour leur ingéniosité. M. Rohner méprise indistinctement tous les autres savants et ne laisse jamais perdre une occasion de manifester son mépris. Je n'ai pas encore, des hommes, une expérience approfondie ; mais il me semble que méconnaître à ce point l'intelligence chez les autres, c'est pêcher contre l'esprit.
Commenter  J’apprécie          20
Dans les guerres, on fait d'abord tuer les jeunes et l'ont dit, naturellement, que les vieux ne peuvent plus faire campagne. C'est possible. Nous verrons peut-être cela plus tard. Ce dont je suis sûr, c'est qu'on fait tuer les jeunes d'abord parce que les hommes très jeunes ont, plus que les autres, le hautain mépris de la vie. Ils vieilliront, ils connaîtront toutes les douleurs, toutes les hontes, toutes les détresses ; chose terrible à dire, ils se prendront à aimer cette vie misérable et ils n'auront plus la moindre envie de mourir. 
Commenter  J’apprécie          20
Les lapins ont recommencé, sournoisement de se battre. Hélas ! Les lapins ne sont pas, comme on le croit souvent, de doux et timides rongeurs ; ce sont des bêtes féroces, comme tous les êtres vivants. Le mâle suit la femelle et l'importune. Si la femelle n'est pas bien disposée, elle manifeste son impatience en frappant le sol avec ses pattes de derrière – comme nous, mon vieux, comme nous, – si le mâle insiste, la femelle le mord, et sois bien sûr qu'elle ne le mord pas n'importe où : elle tâche d'atteindre le malheureux dans le siège même du désir. Il arrive qu'elle l'émascule, d'un seul coup.. Alors la bête blessée pousse des cris terrible et le silence du laboratoire en est transpercé.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Georges Duhamel (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Duhamel
Première partie de la conférence sur Georges Duhamel donnée le 25 mai 2016 à l'Institut Henri Poincaré à l'occasion du Festival Quartier du Livre (Paris 5ème) par Philippe Castro.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (46) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1429 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..