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La Trilogie des Mousquetaires - ... tome 1 sur 3
EAN : 9782253008880
888 pages
Le Livre de Poche (18/09/2002)
  Existe en édition audio
4.26/5   7086 notes
Résumé :
Aux trois gentilshommes mousquetaires Athos, Porthos et Aramis, toujours prêts à en découdre avec les gardes du Cardinal de Richelieu, s'associe le jeune gascon d'Artagnan fraîchement débarqué de sa province avec pour ambition de servir le roi Louis XIII. Engagé dans le corps des mousquetaires, d'Artagnan s'éprend de l'angélique Constance Bonacieux.
En lutte contre la duplicité et l'intrigue politique, les quatre compagnons trouveront en face d'eux une jeune ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (397) Voir plus Ajouter une critique
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sur 7086 notes
J'explique souvent à ma fille qu'il faut chérir les méchants dans les histoires que l'on lit, car c'est souvent à l'aune des méchants que l'on mesure la qualité des héros. Et là, il n'y a pas à dire, il n'y est pas allé de main morte, l'ami Dumas, question méchants : on est servi et bien servi ! Il est probable qu'avec ce fantastique personnage de Milady, il nous ait mitonné au fond de son chaudron la plus infecte salope de toute l'histoire de la littérature mondiale !

J'explique également souvent à ma fille que deux et deux sont quatre, et que quatre et quatre sont huit. Alors comptons : quatre serviteurs, trois mousquetaires, deux hommes au sommet de l'état, un auteur… Non, décidément, rien à faire, j'ai dû me tromper dans mes calculs car le compte n'y est pas, cela ne tombe jamais juste comme cela.

Un auteur ? Oui, un auteur, bien sûr, Alexandre Dumas. Un auteur dites-vous ? Capable de pondre trois tomes à la minute avec des scénarii tarabiscotés, une myriade de personnages et des références incessantes à des détails minuscules de l'histoire de France ? Hmm… Il y a comme une anguille sous roche… Et vu d'ici, avec tous ces spadassins, c'est tellement gros qu'on peut même parler d'espadon sous gravier.

Il faudrait être un surhomme pour réaliser un tel tour de force (sachant que dans le même temps, Alexandre Dumas écrivait également une minuscule nouvelle intitulée le Comte de Monte-Cristo). Or, non, au risque de vous décevoir, Dumas était assurément un grand homme — un gros homme même — mais malheureusement pas un surhomme. La surhommie de Dumas s'appelait Auguste Maquet, un historien de formation, écrivain à ses heures. Il correspondait donc parfaitement à l'historien amateur et écrivain professionnel qu'était le père Dumas. Les deux se mettaient d'accord sur la trame du scénario, puis Maquet produisait un premier jet de qualité moyenne mais où tout figurait déjà et enfin Dumas remettait le couvert et allumait les phrases ternes de Maquet d'une lumière qui lui était propre.

Deux hommes au sommet de l'état ? Oui, bien sûr, le friable roi Louis XIII et l'inaltérable cardinal de Richelieu. Et s'il y avait une troisième éminence tapie dans l'ombre des deux autres ? Et si cette éminence était une femme ? La reine Anne d'Autriche, par exemple, future mère de Louis XIV et future régente du royaume, qu'en dites-vous ?

Trois mousquetaires ? Oui, bien sûr, Athos, Porthos et Aramis, cela va sans dire. C'est d'ailleurs de ces trois noms qu'Alexandre Dumas souhaitait baptiser son roman. Mais l'éditeur — vous savez bien, celui qui a les clés du coffre et qui rétribue les auteurs toujours en dessous de ce qu'ils mériteraient — et bien l'éditeur d'alors a pensé que comme titre, " Athos, Porthos et Aramis " ce n'était pas terrible et qu'il valait mieux le remplacer par Les Trois Mousquetaires. Les Trois Mousquetaires ? mais c'est stupide ! pensa Dumas, ils sont quatre ! Oui mais réfléchis un peu mon gars, l'autre il a les clefs du coffre ! Okay, a dit Alexandre, les clefs du coffre c'est bien aussi.

Quatre serviteurs ? Oui, bien évidemment, les quatre valets des quatre mousquetaires : Grimaud, Mousqueton, Bazin et Planchet. Mais n'y a-t-il donc que quatre serviteurs qui soient importants dans cette histoire ? N'y aurait-il pas deux magnifiques soubrettes qui joueront des rôles cruciaux ? Madame Bonacieux et Ketty, par exemple, respectivement au service d'Anne d'Autriche et de la Comtesse de Winter ? Allez savoir.

Bref, nous voilà aux prises avec un jeune et fringant gentilhomme du nom de d'Artagnan, issu de son Béarn, fils d'un fidèle compagnon d'armes du feu roi Henri IV et qui monte à Paris avec deux désirs en tête. le premier étant d'endosser le prestigieux uniforme des mousquetaires du roi, le second de faire fortune. Peut-être l'une des deux aspirations de notre cadet de Gascogne est-elle plus aisée à assouvir que l'autre, surtout si l'on manie bien l'espadon et qu'on peut compter sur une certaine dose de courage comme lui semble porté à le faire.

Là dessus, les auteurs dépeignent un très bel esprit de camaraderie et d'honneur entre le novice D Artagnan et les vieux routiers du mousquet que sont Athos, Porthos et Aramis. Un thème qui donnera sûrement quelque inspiration à Edmond Rostand pour son magnifique Cyrano de Bergerac. Ils articulent l'ouvrage non pas sur une, mais sur deux boucles romanesques basées sur des faits historiques avérés. La première étant la disparition des ferrets de diamants de la reine, qui, s'ils ne sont pas rapidement retrouvés, seront la marque aux yeux de Louis XIII de l'infidélité de sa royale épouse.

La seconde boucle romanesque, prenant appui sur la première saute rapidement sur le deuxième pivot historique authentique, à savoir le siège d'un an mené par les catholiques Louis XIII et Richelieu contre la ville de la Rochelle, bastion des protestants soutenus par l'Angleterre.

Ici se développe dans toute sa plénitude le long chapelet d'ignominieux complots ourdis par la très belle et très redoutable Milady, l'éminence grise au service de l'éminence rouge, le cardinal de Richelieu.

Passes d'armes, trahisons, chances, héroïsmes, déveines, alliances, corruptions se succèdent à un rythme effréné dans cette magistrale partie d'échec qui oppose en définitive les forces spéciales du roi (qui joue avec les noirs) et les forces spéciales du cardinal (qui a l'avantage des blancs).

Qui l'emportera ? qui sera échec et mat ? y aura-t-il même un gagnant ? C'est ce que je me propose de ne pas vous dévoiler au cas où vous n'auriez pas encore vu dix-sept fois l'une des multiples adaptations, sous tout support, depuis votre plus tendre enfance.

J'en terminerai simplement en disant deux ou trois mots de la sauce typiquement imputable au seul Alexandre Dumas dans ce travail d'équipe où s'harmonisent la fiction et la réalité historique. Vous m'avez parfois entendu dire que ce que je reproche essentiellement aux polars actuels, ce n'est pas du tout le fait qu'il s'agisse de polars, mais surtout que, sorti d'un scénario bien ficelé, le livre ne pèse pas très lourd en unité de style. Bien qu'on ne catégorise jamais Les Trois Mousquetaires parmi les polars ou les thrillers, il n'est pas scandaleux d'affirmer que la mécanique d'écriture en est la même : beaucoup d'action, du suspense, des rebondissements, une manière d'enquête ou de livre d'espionnage, un scénario qui retombe sur ses pieds et qui redonne sens à des éléments distillés en passant au cours de la narration.

Et bien ici, ce qui fait selon moi de cette oeuvre une grande oeuvre, bien plus que l'aiguillage au millimètre d'un scénario où l'on constate ici qu'à plein d'endroits les raccords ne sont pas parfaits, bien plus que l'intérêt historique où l'on voit bien que la véracité des événements ne sert que de point d'ancrage, que d'élément d'ambiance, bien plus que cela donc, le grand intérêt du livre, c'est la langue employée, ce sont ces belles phrases, ces belles tournures, ces bons mots qu'on a envie de redire, ces descriptions qui n'ont pas toujours un caractère essentiel pour le bien comprendre de l'aventure mais qui le sont pourtant par la valeur esthétique qu'elles véhiculent, leur constitutive beauté littéraire.

En cela, Monsieur Dumas, on peut considérer votre oeuvre avec humilité et respect car c'est de la belle ouvrage, et dire un grand merci, à vous bien sûr, et à cet autre, cet oublié, cet auguste Monsieur Maquet pour ce brillant chef-d'oeuvre de la littérature française du XIXème siècle. Mais ceci n'est que mon avis, Messieurs, et, loin d'égaler vos mousquetaires, lui n'est pas une fine lame et ne représente donc pas grand-chose.
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Un monument de la littérature française.

Dans une France qui se divise entre Royaliste et Cardinaliste, les mousquetaires sont au service de leur capitaine royaliste et protecteur de la reine et vouent une haine farouche à l'endroit des gardes de Richelieu, au service de l'état français, beaucoup moins à celui du roi et pas du tout à celui de la reine.
Les quatre mousquetaires contre son éminence et ses âmes damnées, ses bras armés et ses armes de destruction massive dont la fameuse Milady, retorse et efficace.

Un début tonitruant, truculent avec un D'Artagnan susceptible et bagarreur et un peu niais aussi. Des bons mots et de la précipitation font de cette lecture un véritable plaisir, souvenir de jeunesse, je m'amuse de l'histoire, du vocabulaire, de l'écriture. Jusqu'au retour des ferrets de la reine, je suis en territoire connu, mais les souvenirs se font plus flous ensuite et je redécouvre l'histoire, mais aussi les lenteurs (dont cet interminable épisode de Milady chez Winter, où l'on prend certes toute la dimension du personnage mais qui m'a profondément ennuyé).

Il se dégage de ce roman un souffle (mais pas si épique) que ne ternissent pas les tournures de phrase, le vocabulaire et une grammaire que même mamie n'emploie plus. Wesh gros. J'irais même dire que l'écriture hautement mais désormais délicieusement retro participe à cette atmosphère. Et surtout dans la mémoire collective, et la mienne, cape et épée vont de pair avec l'imparfait du subjonctif. Parbleu.

On lisait cela en sixième ? On était bon à l'époque quand on voit ce qu'on file à lire de nos jours à nos chères têtes blondes à l'entrée au collège où « oui-oui à la ferme » est déjà limite avec des « mo tro conpliquai ».

Par contre dans mon souvenir, il y avait plus de bagarre, plus d'épée et moins de cape, plus de descriptions de ferraillage et de sang.
Par contre, enfin et c'est dommage, on reste dans le panache, l'honneur de gentilhomme, un monde à part, un peut trop propret et limite étincelant. On est loin de la pauvreté crasse, de la faim et en fait de la réalité de la majorité de cette époque. On meurt très, trop proprement, loin d'une atmosphère d'un roman historique de Cornwell ou de Follet (bien que pour ceux que je connais, l'époque n'est pas la même). Cela me fait penser au Western hollywoodien des années 50 avant que les spaghettis viennent nous rappeler que la terre et l'eau cela fait de la boue et que la boue c'est sale.

Une belle expérience donc, mais si quelqu'un peut me conseiller de la cape et de l'épée historique (pas de la fantasy) pleine de bruit, de fureur, de larmes et de crasse, je suis preneur. Du Hornblower de Forester, mais sur terre. Du Sharpe de Cornwell mais au 17ième. Et s'il le faut, tant pis pour l'imparfait du subjonctif.
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"Ma lettre de recommandation ! s'écria D Artagnan, ma lettre de recommandation, sangdieu !
Ou je vous embroche tous comme des ortolans !"

C'est quand-même fou comment une simple citation sur Babelio peut raviver des vieux souvenirs !
Alors j'aimerais bien dédier cette petite chronique à Deidamie, qui, sans le vouloir, m'a fait retourner vers les années collège et dans le verger de mamie, où je dévorais "Les trois mousquetaires" au soleil pendant les vacances d'été.
Quelle découverte!
J'avais honteusement trahi Tom Sawyer, Winnetou le Gentleman rouge et les héros de Jack London, pour déserter dans les bataillons français et y rester pendant un bon moment.

"Les trois mousquetaires" m'ont tout appris.
Qu'avec quelques bons potes (disons, grosso modo, trois) on peut faire face à tous les gardes du cardinal Richelieu, et s'en sortir sains et saufs.
Qu'il n'est pas recommandé de croire aveuglement à tout ce que disent les éminences en manteau rouge avec une croix pectorale en or, et qu'il vaut mieux se fier à ses propres mains et à sa propre raison.
Qu'il n'est pas bon de fâcher les femmes, car nous sommes friandes de la vengeance perfide, et nous pouvons assez facilement subtiliser les coûteuses parures d'importance politique.
Qu'il est agréable de regarder les garçons en costume d'époque pendant leurs parties d'escrime, que les serviteurs peuvent être aussi malins que leurs maîtres, que la France est un beau pays, les Gascons sont des têtes de mule, et Porthos est tout simplement le meilleur !

J'avais adoré tous les personnages. Même cette salope de Milady et ce fumier de Rochefort ont su trouver grâce à mes yeux. Je suis devenue folle des châteaux français, des intrigues à la cour et des robes à corset brodées de perles.
Jusqu'à maintenant, je reste fascinée par la légèreté du style de Dumas - sa plume a dû glisser sur le papier aussi facilement que la pointe d'épée de d'Artagnan !
Il est très facile de succomber au charme des mousquetaires ! Une affaire de coeur, en somme... au point de pardonner quelques improbabilités et raccourcis.
Une aventure idéale pour les vacances d'été, et pas seulement pour les mômes. Une fois votre bac en poche, vous passez tout naturellement de choucard D Artagnan et sa naïve Constance au duo tragique d'Athos et Milady. Et ça devrait toujours marcher...

Merci, monsieur Dumas... pour cet été inoubliable, passé en compagnie de trois mousquetaires et d'un Gascon têtu en bonus.
Et merci à Deidamie !
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Ce n'est pas sans crainte que j'ai entrepris de relire Les Trois Mousquetaires, LE Livre de mes 10 ans lu relu re-relu à l'époque!.Les années ont passé ajoutez-y 50 ans et ô surprise ô merveille le même ^plaisir , j'ai retrouvé mes Mousquetaires ouf ! c'est génial !
Bien sûr Mr Dumas n'est pas le plus précis des historiens, bien sûr il prend beaucoup de liberté avec ses personnages , avec les lieux et les dates !Mais au fond quelle importance? Pour moi la magie opère toujours et n'est-ce pas cela le plus important ?
J'ai donc retrouvé avec grand plaisir D Artagnan mais découvert avec un autre regard Athos et son désespoir, Porthos et sa fatuité , Aramis et sa vocation religieuse.Je n'oublierais pas leurs laquais respectifs et cette vipère de Milady...
certes il s'agit d'un grand roman de cape et d'épée mais surtout un hommage vibrant à l'amitié sans faille de ces 4 hommes aussi différents
allez un petit "tous pour un et un pour tous " ...
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, si je vous dis « Un pour tous », vous me répondez…

-Ah, c'est aujourd'hui la critique des Trois Mousquetaires ?

-Euuuh… oui. J'attendais une réponse plus spontanée, mais oui.

-Super, le chapeau à plume. Et la moustache aussi, on jurerait Porthos !

-Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai pas mis de moustache !

-Ah ? ah oui… peut-être bien…

-Grmblbl. Or donc, le jeune D Artagnan monte à la capitale muni d'un mauvais cheval, d'un baume guérisseur et d'une lettre de recommandation dans l'espoir de rejoindre le prestigieux corps des mousquetaires du roi. Hélas, il perd bêtement son courrier. Il parvient néanmoins à se faire embaucher dans un corps de garde et surtout, à se lier d'amitié avec trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis. Et comme nous sommes dans un roman d'aventures, nos héros sont vite pris dans des intrigues mortelles et des complots passionnants machinés par l'infâme cardinal de Richelieu.

-Mékilécon.

-Quoi ? le cardinal ?

-Mais non, D Artagnan ! Jamais vu un crétin pareil ! Je pensais que c'était un héros, moi, un jeune homme plein de droiture, de galanterie respectueuse, prêt à lutter pour le Bien contre le Mal ! Et les premières pages, je regrette, mais j'ai pensé comme on dirait dans Fluide Glacial : Mékilécon !

-Ah oui, c'est vrai qu'il manque de bon sens… en revanche, cette bêtise et cette maladresse lui permettent de faire connaissance avec les autres héros lors de scènes hilarantes ! Car, en dépit du classicisme, en dépit du XIXe siècle, en dépit du nombre accablant de pages, nous lisons là une oeuvre de pur divertissement, pleine d'humour et de combats spectaculaires. Fi des descriptions à n'en plus finir, non messieurs-dames, de l'action, de l'action, de l'action ! Et le narrateur, en commentant l'histoire, se comporte en conteur, ce qui lui donne une amusante proximité avec le lecteur.

-C'est quand même bizarre…

-Quoi ?

-Les duels et la violence ! Tous ces gens se battent avec la politesse la plus raffinée !

-En effet, et cela crée un nouveau décalage entre la gravité de l'action (des gens vont se battre à mort ou jusqu'à blessure grave, tout de même) et la façon dont les acteurs le vivent : avec désinvolture. « Nous disons donc à dix heures derrière l'enclos aux chèvres ? –Je consulte mon agendâ en beau cuir, cadeau d'une dame… Oui, j'ai un créneau pour nous entretuer. le bonsoir et à demain, cher monsieur. »

On dirait que Dumas a voulu mettre en scène une comédie héroïque : comédie parce que cette légèreté est tout à fait décalée et inappropriée aux circonstances, et héroïsme parce que les personnages font preuve de sang-froid et de talent pendant lesdites circonstances.

-Quoi qu'il en soit, j'aime pas D Artagnan. Il est manipulateur, bouffi d'orgueil, brutal, calculateur…

-Que veux-tu, il fallait un pendant masculin à Milady !

-Ah tiens, parlons-en, de Milady. Je n'ai pas aimé la façon dont le narrateur la traite. Impossible pour moi de la haïr dans ces conditions.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce qu'elle est souvent comparée à un prédateur, une lionne, une panthère. Je comprends bien qu'il s'agit d'une figure de style pour la faire détester, mais le procédé manque à ce point de subtilité que je ne parviens pas à entrer dans le jeu. Un peu comme si Dumas la faisait suivre sans cesse avec une pancarte marquée « VILAINE MECHANTE » en grosses lettres clignotantes : bon, ça va, Alex, tu es relou, là.

J'aurais préféré une autre Merteuil au lieu de cet animal perfide qu'en fait Dumas : une méchante qui commet des horreurs sans remords, certes, mais qui a aussi été une victime. M'enfin, de toute façon, même taillée dans le bloc de la plus pure scélératesse, je ne parviens pas à la détester : sans doute parce que les châtiments qu'elle subit me paraissent barbares.

-Et pour rester dans les figures féminines, j'ai adoré la reine.

-Un peu bête quand même d'offrir des cadeaux aussi compromettants que ses ferrets !

-Oui… bien sûr… mais j'ai adoré les belles scènes d'amour chevaleresque qu'elle provoque.

-Berk. Tu es tellement fleur bleue !

-J'avoue. Et puis, il n'y a pas que les histoires d'amour ! Outre la légèreté, l'humour et l'action, il y a l'histoire de cette amitié formidable entre quatre hommes aux caractères fort différents et unis par le respect, l'estime et le sens du devoir. Leurs liens les rendent presque invincibles, et cela aussi, cela me fait rêver… Grâce au pouvoir de l'amitié, on peut surmonter tous les obstacles et affronter mille dangers !

-Ouais. Hé bien, moi, je préfère le Comte de Monte-Cristo.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce que je préfère les Ulysse aux Achille. D'Artagnan, avec sa susceptibilité, sa promptitude à la baston et son talent pour celle-ci, me fait penser à un autre Achille, un héros d'action. Or, j'aime mieux les héros qui réfléchissent, calculent, ourdissent sans pour autant démériter au combat. »
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critiques presse (1)
BulledEncre
16 mars 2015
Une adaptation en manga très réussie du roman classique du même nom !
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (497) Voir plus Ajouter une citation
On arriva dans le cabinet du procureur après avoir traversé l’antichambre où étaient les clercs, et l’étude où ils auraient dû être : cette dernière chambre était une sorte de salle noire et meublée de paperasses. En sortant de l’étude on laissa la cuisine à droite, et l’on entra dans la salle de réception.
Toutes ces pièces qui se commandaient n’inspirèrent point à Porthos de bonnes idées. Les paroles devaient s’entendre de loin par toutes ces portes ouvertes ; puis, en passant, il avait jeté un regard rapide et investigateur sur la cuisine, et il s’avouait à lui-même, à la honte de la procureuse et à son grand regret, à lui, qu’il n’y avait pas vu ce feu, cette animation, ce mouvement qui, au moment d’un bon repas, règnent ordinairement dans ce sanctuaire de la gourmandise.
Le procureur avait sans doute été prévenu de cette visite, car il ne témoigna aucune surprise à la vue de Porthos, qui s’avança jusqu’à lui d’un air assez dégagé et le salua courtoisement.
- Nous sommes cousins, à ce qu’il paraît, monsieur Porthos ? dit le procureur en se soulevant à la force des bras sur son fauteuil de canne.
Le vieillard, enveloppé dans un grand pourpoint noir où se perdait son corps fluet, était vert et sec ; ses petits yeux gris brillaient comme des escarboucles, et semblaient, avec sa bouche grimaçante, la seule partie de son visage où la vie fût demeurée. Malheureusement les jambes commençaient à refuser le service à toute cette machine osseuse ; depuis cinq ou six mois que cet affaiblissement s’était fait sentir, le digne procureur était à peu près devenu l’esclave de sa femme.
Le cousin fut accepté avec résignation, voilà tout. Maître Coquenard ingambe eût décliné toute parenté avec M. Porthos.
- Oui, monsieur, nous sommes cousins, dit sans se déconcerter Porthos, qui, d’ailleurs, n’avait jamais compté être reçu par le mari avec enthousiasme.
- Par les femmes, je crois ? dit malicieusement le procureur.
Porthos ne sentit point cette raillerie et la prit pour une naïveté dont il rit dans sa grosse moustache. Madame Coquenard, qui savait que le procureur naïf était une variété fort rare dans l’espèce, sourit un peu et rougit beaucoup.

Chapitre XXXII.
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- J’ai été élevé à la campagne, et mon père, dans ses moments perdus, était quelque peu braconnier.
- Et le reste du temps, que faisait-il ?
- Monsieur, il pratiquait une industrie que j’ai toujours trouvée assez heureuse.
- Laquelle ?
- Comme c’était au temps des guerres des catholiques et des huguenots, et qu’il voyait les catholiques exterminer les huguenots, et les huguenots exterminer les catholiques, le tout au nom de la religion, il s’était fait une croyance mixte, ce qui lui permettait d’être tantôt catholique, tantôt huguenot. Or il se promenait habituellement, son escopette sur l’épaule, derrière les haies qui bordent les chemins, et quand il voyait venir un catholique seul, la religion protestante l’emportait aussitôt dans son esprit. Il abaissait son escopette dans la direction du voyageur ; puis, lorsqu’il était à dix pas de lui, il entamait un dialogue qui finissait presque toujours par l’abandon que le voyageur faisait de sa bourse pour sauver sa vie. Il va sans dire que lorsqu’il voyait venir un huguenot, il se sentait pris d’un zèle catholique si ardent, qu’il ne comprenait pas comment, un quart d’heure auparavant, il avait pu avoir des doutes sur la supériorité de notre sainte religion. Car, moi, monsieur, je suis catholique, mon père, fidèle à ses principes, ayant fait mon frère aîné huguenot.

Chapitre XXV.
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Puis, jetant un dernier coup d’œil sur le beau jeune homme, qui avait vingt-cinq ans à peine et qu’il laissait là, gisant, privé de sentiment et peut-être mort, il poussa un soupir sur cette étrange destinée qui porte les hommes à se détruire les uns les autres pour les intérêts de gens qui leur sont étrangers et qui souvent ne savent pas même qu’ils existent.

Chapitre XX.
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- Votre affaire n’est pas mauvaise, dit Athos [...], et l’on pourra tirer de ce brave homme cinquante à soixante pistoles. Maintenant, reste à savoir si cinquante à soixante pistoles valent la peine de risquer quatre têtes.
- Mais faites attention, s’écria d’Artagnan, qu’il y a une femme dans cette affaire, une femme enlevée, une femme qu’on menace sans doute, qu’on torture peut-être, et tout cela parce qu’elle est fidèle à sa maîtresse !
- Prenez garde, d’Artagnan, prenez garde, dit Aramis, vous vous échauffez un peu trop, à mon avis, sur le sort de madame Bonacieux. La femme a été créée pour notre perte, et c’est d’elle que nous viennent toutes nos misères.
Athos, à cette sentence d’Aramis, fronça le sourcil et se mordit les lèvres.

Chapitre IX.
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- C'est avec monsieur que je me bats, dit Athos en montrant de la main d'Artagnan, et en le saluant du même geste.
- C'est avec lui que je me bats aussi, dit Porthos.
- Mais à une heure seulement, répondit D'Artagnan.
- Et moi aussi c'est avec monsieur que je me bats, dit Aramis en arrivant à son tour sur le terrain.
- Mais à deux heures seulement, fit d'Artagnan avec le même calme. Et maintenant que vous êtes rassemblés, Messieurs, permettez-moi de vous faire mes excuses.
A ce mot d'excuses, un nuage passa sur le front d'Athos, un sourire hautain glissa sur les lèvres de Porthos, et un signe négatif fut la réponse d'Aramis.
- Vous ne me comprenez pas, Messieurs. dit d'Artagnan en relevant la tête, je vous demande de m'excuser dans le cas où je ne pourrais vous payer ma dette à tous trois, car M. Athos a le droit de me tuer le premier, ce qui ôte beaucoup de valeur à votre créance, M. Porthos, et ce qui rend la vôtre à peu près nulle, M. Aramis. Et maintenant, Messieurs, excusez-moi, je vous le répète, mais de cela seulement, et en garde !
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
R : 0:06 - RÉFLEXION - Jean Cocteau 0:14 - REMARIAGE - Armand Salacrou 0:28 - REMORDS - Pierre Reverdy 0:39 - REPOS - André Prévost 0:50 - RÉVOLUTION - Maurice Chapelan 1:06 - RICHESSE - Félicité de Lamennais 1:18 - RIDICULE - Jules Noriac 1:32 - RIRE - Jean de la Bruyère
S : 1:42 - S'AIMER - Henri Duvernois 1:52 - SAGESSE - Frédéric II 2:04 - SAVOIR-VIVRE - Saint-Évremond 2:15 - SCEPTICISME - Louis-Désiré Véron 2:24 - SE COMPRENDRE - Romain Coolus 2:34 - SE TAIRE - Comte de Voisenon 2:45 - SE TUER - Théophile Gautier 2:56 - SINGE - Jean-Baptiste Say 3:08 - SOLITUDE - Maurice Toesca 3:18 - SUICIDE - Alexandre Dumas fils
T : 3:29 - TEMPS - Jean Martet 3:41 - TÊTE - Yves Constantin 3:54 - TOMBE - Xavier Forneret 4:04 - TRAVAIL - Jules Renard 4:19 - TROMPERIE - Sainte-Beuve
V : 4:30 - VALEUR - Marivaux 4:40 - VÉRITÉ - Louise d'Épinay 4:51 - VERTU DES FEMMES - Ninon de Lenclos 4:59 - VIE - Louis Aragon 5:10 - VIE ET MORT - Rastignac 5:22 - VIEILLE FEMME - Charles de Talleyrand-Périgord
5:35 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Jean Cocteau : https://filmforum.org/film/jean-cocteaus-orphic-trilogy-testament-of-orpheus Armand Salacrou : https://lotincorp.biz/creation-affiches-publicitaires-etats-des-lieux-ville-douala-1/ Pierre Reverdy : https://lamediathequepatrimoine.files.wordpress.com/2022/09/p5-pr-jeune.jpg Maurice Chapelan : https://www.cambridgescholars.com/news/item/book-in-focus-the-poems-and-aphorisms-of-maurice-chapelan Félicité de Lamennais : https://en.muzeo.com/art-print/felicite-robert-de-lamennais-ecrivain/ary-scheffer Jules Noriac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Noriac#/media/Fichier:Jules_Noriac_Nadar.jpg Jean de la Bruyère : https://www.ecured.cu/Jean_de_La_Bruyére#/media/File:Bruyere.jpg Henri Duvernois : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/programs/theatre-des-nouveautes-paris-la-guitare-et-le-jazz-de-henri-duvernois-et-robert-dieudonne-1928-1929-1034826850.html Frédéric II : https://www.calendarz.com/fr/on-this-day/november/18/frederick-ii-of-prussia Saint-Évremond : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Saint-Évremond#/media/Fichier:Charles_de_Marquetel_de_Saint-Evremond_by_Jacques_Parmentier.jpg Louis-Désiré Véron : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Désiré_Véron#/media/Fichier:Louis_Véron_-_engraving_-_Mirecourt_1855-_Google_Books.jpg Romain Coolus : https://picclick.fr/Portrait-Romain-Coolus-René-Max-Weill-Scénariste-Cinéma-225296515824.html#&gid=1&pid=1 Comte de Voisenon : https://www.abebooks.fr/art-affiches/Claude-Henry-Fusée-Voisenon
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Thème : Alexandre DumasCréer un quiz sur ce livre

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