JEAN : Mon Dieu, oui : je suis dans les affaires ; je les fais sur une grande échelle ; l'échelle peut casser. Il est bon que, dans ce cas, je retrouve par terre une bonne somme qui m'aide à me relever. Avec un million, on vit modestement, mais enfin on vit, ou l'on peut tenter de nouveau la fortune. Si je suis ruiné, si je perds plus que je ne possède, car on ne sait jamais, vous réclamerez votre dot et les créanciers n'ont rien à dire.
ÉLISA : C'est vrai ! Je suis bien heureuse de votre franchise, monsieur Giraud, je m'explique enfin votre mariage.
JEAN : Oui. Vous aviez peur que je ne fusse un mari ordinaire, un vrai mari jaloux, exigeant ; je comprends cela. Soyez tranquille : nous autres hommes d'argent, qui ne pouvons pas avoir d'amis véritables, ce que nous demandons surtout à notre femme, c'est d'être notre amie. — Des femmes, il y en a partout, mais celle qui nous convient est difficile à trouver.
ÉLISA : Oui, votre femme doit être un autre vous-même.
JEAN : Il faut encore qu'elle soit honnête pour ne pas se sauver un beau jour avec l'argent que nous sommes forcés de mettre sous son nom. C'est arrivé quelquefois. Je ne dis pas ça pour vous. Du reste, vous allez être riche de votre chef ; il y a une foule d'opérations que vous...
ÉLISA : Mais, dites-moi, monsieur Giraud, dans le cas où nous ferions de mauvaises affaires ?
Acte IV, Scène 7.
Théâtre : le demi monde à la Comédie Française
Sur les indications du metteur en scène, Maurice ESCANDE, Lise DELAMARE et Magali de VENDEUIL répétent une scène de la pièce d'
Alexandre DUMAS Fils, "Le demi monde", dans laquelle elles interprètent repectivement la baronne Suzanne d'Ange et Marcelle, deux demi-mondaines. Pierre DESCAVES assiste à la répétition.