L'utopie ou la mort

[Extrait de l'article "TUGPÉUA #31 Spécial écologie"]

Anticolonialiste, pacifiste, écologiste radical, René Dumont était un électron libre de la gauche, présent sur tous les fronts, et accessoirement un des fondateurs de l'écosocialisme. Dans cet essai volontiers provocateur, il décrit la situation déjà catastrophique de l'environnement dans les années 70, et propose une série de solutions pour que toutes les populations du monde y trouvent leur compte — ou du moins ne soient pas trop lésées.
Seulement, cinquante ans après, certaines parties du livre ont fait leur temps, et les utopies de Dumont font à présent un peu peur. Antinataliste, il prône malgré tout le contrôle des naissances, avec un malthusianisme auquel plus personne ne songerait de nos jours hors de la droite dure. C'est d'autant plus cringeant quand on sait qu'au moment de la seconde édition, en 1975, commençait en Inde une campagne massive de stérilisation forcée…
Il en va de même avec la colonisation : l'auteur met en évidence comment même les pauvres des pays riches sont privilégiés économiquement face aux pays pauvres, et polluent donc plus qu'eux ; mais René Dumont répète régulièrement à quel point les peuples d'Europe et d'Amérique du Nord sont pépouzes par rapport au reste du monde : ce n'est pas faux dans l'absolu, mais c'est oublier que la précarité y existe quand même, d'autant qu'elle a bien progressé aujourd'hui. Ce discours semble d'autant plus culpabilisant que les décoloniaux d'aujourd'hui parlent plutôt d'une alliance à faire « entre les beaufs et les barbares » (traduisez : entre prolétaires occidentaux et prolétaires tiers-mondiens) afin d'en finir avec la seule partie de la société qui veuille encore le maintien des inégalités : la bourgeoisie.
L'utopie ou la mort est un incontournable de l'écologie politique. C'est sans doute le livre le plus important de son auteur, et un très bon bilan global des ravages du capitalisme sur l'environnement. Seulement il a sa marge d'erreurs et d'imprécisions : sachez auparavant dans quoi vous vous embarquez.
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Intéressant de lire ce livre sorti en 1974 presque 50 ans après sa sortie et de voir que l'auteur parlait déjà à l'époque d'une urgence écologique / climatique qui n'est toujours pas de nos jours prise au sérieux par de nombreuses personnes.

Il est cependant un peu compliqué de se situer dans le contexte de l'époque n'étant né qu'une quinzaine d'année après sa sortie.

Aussi "amusant" de voir l'auteur citer souvent la Chine comme un exemple à suivre, à cette époque où elle était bien moins puissante et polluante qu'aujourd'hui.

Lecture importante à plus d'un titre mais principalement car René Dumont cerne, dès le début des années 70, ce que nos politiques actuels estiment en toute mauvaise fois imprévisible.
Les situations de crise y sont parfaitement décrites même si elles sont clairement datées.
En bref ce livre est une pierre importante dans la naissance de la prise en compte de l'écologie dans les politiques de socialistes.

L'auteur n'hésite pas à s

e montrer provocateur, à politiser les conclusions du club de Rome et malheureusement à laisser paraître un côté autoritaire plutôt effrayant.
Les solutions présentées de manière dense, semblent quelque peu à côté de la plaque 50 ans plus tard.

Lecture importante mais pas forcément facile d'accès.