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EAN : 9782847141597
200 pages
Editions le Cercle (02/04/2012)
4/5   1 notes
Résumé :
Orlandette, actrice à la Comédie française, est une veuve noire : les hommes qui passent dans ses bras trépassent... d'épuisement, dit-on. Jeanne est une beauté, mais il se murmure que son mari, l'industriel Georges Mexme, ne serait pas le seul à hanter sa couche... Raia est voyante, elle prédit aux bourgeoises parisiennes leurs aventures d'alcôve, et règne sur un monde de femmes avides d'émotions.

Dans ce climat délétère, où les couples de la bonne s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En fond de décor, une histoire de capitalisme, coups de bourse, corruption, bagne, qui sent bon la Troisième république d'avant la Grande Guerre. le fil principal raconte la vie d'un couple, lui financier et grand sportif, elle maîtresse femme qui l'a choisi. L'histoire est feuilletonnesque sans aucune honte, et marche rapidement. La fin est très morale.

L'édition numérique disponible sur Amazon a été recopiée de Wikisource. https://fr.wikisource.org/wiki/Entre_deux_caresses Hélas, celui qui l'a mise en ligne a égaré un chapitre (le cinquième de la deuxième partie, titre "le présage"). Où trouver ce texte ?
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Un véritable plaidoyer contre la sexualité immature et désordonnée.

Que de place pour la conquête de l'amour, latente, avec un discours empreint de réalisme, loin des banalités des romans à l'eau de rose !

In fine, afin de pouvoir goûter au ciment transcendant le couple doit subir l'épreuve du temps.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Jeanne se lève irritée et nerveuse. Quoiqu'il ne fasse aucunement froid, elle commute le radiateur électrique, sans savoir pourquoi, puis s'approche de la vaste lueur violacée qui illumine la cheminée. Elle prend une nouvelle cigarette et l'allume. Ses doigts tremblent. Elle sent en elle une colère sourdre, et la maîtrise avec difficulté.
Elle se tient debout, maintenant, le sourcil froncé et la face dure.
Son corps svelte s'enlève sur des lumières contrariées. On perçoit, à travers la jupe, la lueur du foyer et les longues jambes sont convergentes en un angle très aigu.
Elle tire brutalement sur la cigarette. Comme la chaleur lui apporte une sensation déplaisante, elle se secoue d'une nerveuse saccade. Georges Mexme admire un instant sa femme irritée. Mais brusquement les aspects voluptueux de ce grand corps souple éveillent en lui la bête mâle...
Le désir envahit ses méninges. Le sang monte en poussées fortes jusqu'à ses tempes gonflées. Une sorte de bouillonnement dans son cerveau efface peu à peu toutes les idées... Une seule flamme subsiste, ardente et croissante...
Inconsciente de l'action qu'elle produit sur son mari, Jeanne Mexme se tourne pour regarder elle ne sait quoi sur la cheminée. Elle lutte en son tréfonds pour ne pas dire mille choses qui seront pénibles et ouvriront un fossé entre les époux. Les Pétroles Narbonnais lui semblent un vaste abîme où va s'effondre le destin de la banque, et le sien... Georges s'est levé...
— Quoi ? Laissez-moi, mon ami... Je ne suis pas d'humeur à faire de la lutte à mains plates.
Elle crie d'une voix sèche qui claque dans la pièce bien close.
Son mari la tient par les hanches...
— Jeanne, ne te fâche pas. Tu es si belle, en ce moment...
— Reste donc à m'admirer de ton fauteuil, dit-elle, à demi-désarmée.
— Mais, Jeanne, il m'est impossible de t'admirer de loin...
Il esquisse un geste précis. Jeanne recule violemment.
— Laissez-moi, je vous prie. Vous avez des façons de paysan troussant une servante d'auberge...
Les deux époux sont face à face. Lui, un peu hagard, lutte contre un rut qui le mène. Sa volonté organique le pousse à saisir sans parler, à jeter à terre et à prendre cette magnifique créature faite pour la joie des hommes. La certitude d'être vainqueur tend en lui toutes les forces de l'être, en un désir brutal et incœrcible.
Elle sent le danger de repousser fermement son mari. Mais elle ne s'abandonne pas. Les dents serrées, elle le regarde avec un mépris énorme... Pour un peu elle aimerait plutôt le tuer...
Georges tient sur l'épaule féminine sa main de lutteur, bandée de muscles. Il veut poser l'autre sur les reins, là où commence ma cambrure plus bas épanouie dans la croupe géminée.
— Jeanne !... Jeanne !...
La voix de l'homme perd le nuancement du langage articulé. C'est maintenant une sorte d'aboi rauque. Dans l'âme virile monte comme un flux rapide l'instinct primitif, le réflexe de la bête attirée par sa femelle et qui ne connaît plus rien, hors son appétit sexuel.
— Non... Georges... Laissez-moi !...
Jeanne, d'une poussée, éloigne son mari. Mais lui revient, furieux comme un félin blessé. Il se jette sur elle.
— Vous me faites mal... Georges.
Il ne répond pas. Les mots et le langage humain ne sont plus à portée des actions animales qui occupent tout son cerveau. Son corps entier est une baliste, et seul le geste d'amour accompli saura ramener l'homme en cette bête farouche.
Il parvient à étreindre sa femme de ses deux bras rigides. Elle se défend, blême et haletante. Il veut la soumettre et plie en arrière, puis en avant, le corps souple et frémissant. Il tire si violemment sur la ceinture de la robe que tout vient en une large déchirure montant jusqu'aux seins. Il n'est pourtant pas encore devant la chair nue, encore scellée, mais qui l'attire férocement.
Sans dire un mot, elle tente de se dégager par petits gestes prestes et agiles. Ils bataillent ainsi trois minutes. Elle tient l'homme à distance et la conquête n'avance pas...
Alors, dans une colère bestiale, il empoigne toutes les étoffes qui le séparent encore de cette chair nue qu'il immobiliserait par la mort plutôt que de l'abandonner. Il se tend en un effort de prisonnier faisant éclater ses menottes. Un crissement atteste la défaite des soies et des lions. Une sorte de large baie lacérée s'ouvre dans les vêtures de Jeanne. La jeune femme pousse un cri de douleur et se replie comme un serpent. Alors, attirées invinciblement par la nudité entrevue, les deux mains du mâle descendent vers cette plaie de soie, où, tout près, il sait trouver la femme même...
Mais Jeanne a vu le double geste commencer. Avant qu'il soit achevé elle a glissé hors l'étreinte de son mari.
Elle bondit derrière le guéridon aux liqueurs et s'arrête en maintenant d'une main son cœur affolé. Elle est couleur de craie et ses yeux flamboient. Si son mari veut encore s'approcher, elle lui casse sur la face cette bouteille de liqueur.
Lui, désemparé, congestionné et stupide, reste béant, chu soudain dans une sorte de coma. L'intelligence revient lentement en son cerveau bouleversé.
Alors Jeanne saute vers la porte, l'ouvre et va sortir. Elle dit toutefois :
— Mon cher ami, si vous traitez vos affaires de finance aussi intelligemment que votre femme, toutes vous joueront quelque vilain tour...
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Mexme fait l'arrière-garde. Devant lui Sophie et Idèle de Javilar glissent avec une souplesse merveilleuse à travers les taillis. Il entend seulement les branches qu'elles font plier et qui froissent l'air en se détendant, puis les herbes dures qui crissent sous leurs pas.
Et Mexme soudain se sent seul. Il a perdu ses compagnes. Il avance sans but, en trébuchant. Plus proche de la scène, il ne sait pourquoi l'aventure cesse d'avoir soudain aucun intérêt pour lui.
Il s'arrête. Il est au bord de la clairière où cela de passe. Il voudrait s'en aller. Cette nuit, ce silence, les chuchotements qui par moments viennent jusqu'à lui sans qu'il comprenne les paroles prononcées, tout l'emplit de tristesse. Mon Dieu, comme on est mieux dans une salle de restaurant de nuit parmi les bruits du Jazz-Band, les paroles audacieuses des femmes décolletées, et ces parfums ardents, cette volupté partout répandue et qui vous grise. Ici, on dirait que c'est la veillée d'un mort.
Il n'y a pas qu'une femme nue... il y a...
Deux hommes, qui causent ensemble, s'approchent de Mexme sans le voir et s'arrêtent juste devant l'arbre auquel il est appuyé. Ils parlent :
— Mon cher, vous ne me l'enlèverez pas de l'esprit. Mexme est foutu.
— Vous êtes fou.
Mexme reconnaît mes deux voix. L'une, c'est celle de Bigoinot, le député de la Basse-Seine, et l'autre, c'est Barleigne.
— Je suis certaine que Mexme est coulé. D'abord Séphardi le laissera mettre à bas.
— C'est idiot, mon vieux. Leurs intérêts sont indissolubles. Vous ne prenez pas Mexme pour un gosse. Il a pris ses précautions. Séphardi ne peut pas lui nuire sans se nuire à lui.
— Plaisanterie ! Séphardi est un jouteur plus fort que vous ne croyez.
— Mais pourquoi coulerait-il Mexme ?
— Pour prendre sa femme.
Barleigne éclata de rire.
— Vous êtes piqué, mon cher !
— Pas du tout. D'ailleurs, je suis certain que Séphardi a déjà couché avec la belle Jeanne.
— Pensez-vous ?
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À Fiume, au sommet d'une colline parfumée. Des roses en grappes émaillent partout les perspectives. En face, c'est l'Adriatique et ses îles charmantes, jetées comme des bouquets sur les eaux. Au-dessus de ce paysage harmonieux et polychrome, le soleil plastronne dans un ciel d'indigo doré.
Georges Mexme et Jeanne Mexme conversent à l'ombre d'un épais platane. Elle désigne la côte dalmate, qui, tout au Sud devient grise et barbare. On entrevoit des falaises abruptes et la mer les assiège durement.
— Vois, là-bas, ce fut le repaire des hors-la-loi durant dix siècles. Le pays des Uscoques que ni Rome, ni Venise, n'ont jamais pu vaincre.
Il dit avec un sourire :
— Cette terre est protectrice...
Elle répond :
— Certes ! Nos voisins sont des Frangipani. Cent ans, la couronne d'Autriche fit chercher, pour les faire mourir, les derniers porteurs de ce nom. Je te les ferai connaître...
Il approuve :
— Te souviens-tu Jeanne, de notre entretien, jadis avec des amis, touchant l'Amour ?
— Oui ! Comme c'était vide ! Les uns n'y voient que la perpétuité des sangs et un acte de physiologie, qu'ils veulent seulement embellir.
— Par honte...
— C'est cela ! Les autres y trouvent un moyen de justifier toute la phraséologie politico-sociale, qui, au fond, n'est rien plus qu'une sorte de verbiage alchimique.
— « L'inanité sonore » de Mallarmé !
— Oui ! Un jet de mucus ou bien de la métaphysique, un chatouillement profond ou des idéologies transcendantes.
— Ils ignorent la vie.
C'est cela, car l'Amour est un élan vital, une force qui s'accroît par ses échecs et ses épreuves, et la possession qui le complète est une fonction de l'intelligence, comme les sexes avec les jouissances qui leur sont propres, sont, en vérité :
— Esprit...
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— Pourquoi ne pas donner la signature sociale à Orlandette ?
— Je vous assure qu'elle est très intelligente.
— Je le crois...
« Mais elle sait mieux escoffier ses amants que faire des affaires. Entre parenthèses, prenez garde ! Il existe encore des moyens qu'elle n'a pas essayé de vous faire passer le goût du pain...
Boutrol, qui dut être vexé, ne répondit rien. Un silence régna. Enfin Séphardi reprit railleusement :
— Ce qui m'étonne, mon cher, c'est qu'étant le frère du ministre le plus astucieux et le plus habile en moyens de police qu'on ait jamais vu depuis Fouché, vous parliez comme vous venez de faire.
— Que voulez-vous dire ? Mon frère est un homme d'honneur...
— Oui da !... Sachez donc que Mexme a certainement entendu tout ce que vous disiez de lui depuis que nous sommes ici. Il a son téléphone et ses postes d'écoute, tout comme Tancrède de Boutrol...
— Mon frère ne s'abaisserait pas...
— S'il vous plaît, mon cher, ne faites pas le naïf. Quand il était au ministère des Voies et Communications il y a un an, j'ai eu affaire à lui. Il est tombé le surlendemain. Je savais que le ministère était condamné et je lui ai fait jouer un tour, en obtenant de son électricien de confiance qu'il créât des courts-circuits partout dans son organisation secrète. Il m'avait demandé des choses que je ne lui aurais pas dites, sachant que ce serait enregistré. Mais je ne me suis pas gêné. Il a été furieux, après coup, lorsque son sténographe lui avoua n'avoir rien saisi...
« Il a bien fait rédiger de mémoire un document constatant mes réflexions. Mais, le lendemain de sa chute, j'ai fait enlever la pièce des dossiers.
— Vous êtes un type dangereux !
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Trente mille terrassiers Piémontais, car les Français s'étaient refusés au labeur imposé, taylorisé et à journées longues, affouillaient un sol illustre, dévasté par eux comme par un cataclysme. On rasait les villages, on brûlait des vignes millénaires, on détruisait les collines à la panclastite, on faisait plat comme une table un bâtiment géant, des entrepôts babéliques, des halls vertigineux et des voies ferrées innombrables commençaient de naître hâtivement.
Les habitants de la Narbonnaise émigraient comme des fourmis. L'antique Narbôn créée par les Phéniciens mille ans avant notre ère redevenait, après bien des aventures et des avatars innombrables, une des cités-reines de la Méditerranée.
La côte ligustique allait retrouver une splendeur égale à celle de cette Venise, née, comme Narbonne, sur pilotis, dans son golfe harmonieux. Mais Venise n'a pas eu ce fleuve redoutable : l'Atax (l'Aude), qui véhicule depuis des siècles et des siècles ses millions de tonnes d'humus. Elle est donc restée marine, tandis que Narbonne est désormais loin de cette mer qui jadis lui fut amie et protectrice.
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