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EAN : 9782847141528
270 pages
Editions le Cercle (14/12/2011)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Des aventures étranges, paradoxales et fascinantes, des situations tragiques et émouvantes, des circonstances délicates et charmantes, des idées à foison: idées nouvelles, inattendues, âpres ou amusées, ironiques ou puissantes, et enfin une vision nette, fulgurante, aiguë, de réalités authentiques, qui apparaîtront pourtant très neuves.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La culotte en jersey de soie est un roman écrit en 1923 par l'écrivaine Renée Dunan. Féministe et anarchiste, elle écrivit pour de nombreux journaux et publia de nombreux livres pendant les années folles, avant de tomber dans l'oubli. Pourtant, ce livre traitant de viols et de l'impunité des hommes mérite d'être relu aujourd'hui.
La culotte en jersey de soie, c'est en fait cinq histoires, racontées par des femmes entre elles. Au début de chaque histoire, elles s'interrompent et à la fin elles en discutent, avec les hommes présents autour d'elles. La plus longue est celle qui donne son titre à l'ouvrage, mais les autres sont tout aussi intéressantes. Ce que toutes ces histoires ont en commun : la place des femmes dans la société de l'époque. Qu'elles soient médecins, lycéennes, jeunes aristocrates déchues ou simples employées, ces femmes sont la proie du regard concupiscent et des violences sexuelles des hommes.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman oublié. Parce qu'il est très bien écrit tout d'abord. J'ai été entraîné dans ces aventures, j'ai souri à certains traits d'humour. Ça se lit très bien, malgré une écriture à laquelle on n'est plus habitué·e. Et puis parce que le propos de Renée Dunan est à mon avis toujours d'actualité.
Lien : https://ledevorateur.fr/la-c..
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La culotte en jersey de soie est un ouvrage particulièrement fascinant à découvrir, d'autant plus que sa récente réédition se fait dans un contexte particulièrement propice : aujourd'hui, nous observons une multitude d'oeuvres et d'artistes (principalement féminines ou queer) d'hier resurgissant à la surface des eaux troubles où elles s'étaient noyées (où on les avait poussé ?).

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je me sentais guettée par je ne savais qui ou quoi. Tout était d'un silence massif, au-dehors. De temps à autre, seul, le train passant dans la campagne faisait résonner l'atmosphère et agrémentait son roulement métallique de sifflements enroués et sinistres. Au fond, les soirées promettaient de ne pas être amusantes. De plus, je n'ai jamais su parler à la domesticité. Cette familiarité un peu hautaine qui rehausse le prestige des patrons, ces façons intéressées et négligentes, grâce auxquelles certains arrivent à s'attacher les étrangers les plus méfiants, tout ça me fut constamment impossible. Il faut, pour savoir s'entretenir avec le peuple ancillaire, beaucoup le mépriser, et je ne le méprise pas, avoir une idée très haute de soi-même ; or, je n'ai aucune vanité, enfin savoir ne rien dire en beaucoup de mots et entendre des paroles vides sans étonnement ni attention. Je n'ai encore pas cette vertu. Quant à s'intéresser réellement aux actes et à la vie de personnages incolores et amorphes dont le destin repose sur la mécanisation totale, sur l'habitude devenue l'existence même, cela, je ne le puis. Au demeurant j'ai connu beaucoup de types qui s'affirmaient amis et frères de ce prolétariat domestique. J'ai constaté qu'ils pensaient au fond comme moi, mais ne l'avouaient point. Au contraire, ils étalaient une sympathie loquace et obscure à l'égard de travaux et de destinées fort inconnus.
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— Écoutez ce bruit lointain.
— Ils ont dû faire sauter quelque chose. Au-delà des collines...
— Cela se rapproche...
— Qu'y faire ? Le monde entier et atteint de furie destructrice. J'arrive des îles de la Sonde où l'on et aussi incendié qu'ici ; Georges dit que la Mongolie est en fureur, Tahiti s'ensanglante aussi contre sa tradition millénaire... Nous sommes, par chance, en un refuge heureux. La forêt qui nous entoure a mauvaise renommée et les masses, affolées, redeviennent crédules. Des murs solides et élevés nous protègent et mes Thibétains sont de fidèles gardiens. Nulle part le globe ne nous offrirait un asile semblable et nous jouissons, en surplus, du rehaut sentimental d'être proches des fureurs ennemies...
— Mais des avions pourraient voir ce coin civilisé, qui doit se manifester là-haut par le château et ses pelouses, les jardins et l'ordre qui y règne...
— Idèle ! il n'y a plus d'avions. Les intellectuels ont succombé. Il ne subsiste que des masses illettrées et stupides.
— Cela, c'est leur triomphe...
— Il doit pourtant résister un peu partout comme nous des gens qui philosophent en attendant le hasard. S'il consent à les servir ?...
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Valsaudry me regardait attentivement...
— Petite ! je regrette de t'avoir dit que ma maîtresse fut belle que toi. Je l'ai fait pour ne pas sembler chercher à te plaire, car je voyais bien que tu fuyais les hommes. Mais enfin je n'aurais pas dû. Tu es plus jolie qu'elle. Ce qui est admirable c'est cet accord entre ton regard et ta bouche. Tu parles sincèrement de toute la face. J'ai longtemps cherché une femme telle. Je ne cherche plus et, j'aurais tort, car ni toi ni moi ne nous sentons de taille à nous aimer. Mais enfin ce qui caractérise les faces humaines dans les sociétés modernes depuis trois ou quatre siècles, et les portraits de femmes le disent tout net, c'est le divorce des traits du visage. Les jeunes filles passent leurs jeunesses devant leurs miroirs à faire dire aux yeux ce que la bouche dément et à plier la bouche aux paroles niées par le regard. Il a été obtenu évidemment des résultats admirables dans ce jeu menteur. La Joconde fit pâmer des générations d'imbéciles. Mais aujourd'hui tout le monde fait sa Joconde. On n'admire donc plus guère que de confiance ce masque de femme laide. Elle médite d'injurier la chambrière qui raccommode mal ses bas de soie, tandis que le peintre lui dit : souriez naturellement, comme lorsque vous voyez votre amant le plus chéri. Vinci ne savait pas que le plus chéri des amants de Monna Lisa la battait comme plâtre.
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Il y a un retour au chaos dans les âmes depuis un an. Ce retour affecta d'abord des formes pratiques puis impraticables, comme il convenait pour des cerveaux rudimentaires investis de tâches supérieures au génie même. Bon ! Il y eut donc retour accéléré à la barbarie. Cela est mécanique quand les hommes perdent les inhibitions sociales sans acquérir les inhibitions morales. Le fléau peut être calculé dans sa marche jusque-là.
Mais il arrive un point où le relâchement de tous les liens use les forces même de destruction, dans le fait et dans les âmes. Alors les individus vidés de toute révolte et de toute passion de violence ne sont plus que des moutons qu'on pourrait, selon les circonstances, remettre au dressage. Si le phénomène affecte une forme générale et unique, c'est le retour fatal à l'animalité, mais s'il garde des vitesses diverses selon les lieux, il peut rester des milieux non encore vidés de toute raison. Alors, devant la misère psychique de ceux qui les précèdent dans le néant intellectuel, ils feront frein. Ils constitueraient donc volontiers un noyau autour duquel pourrait s'agréger à nouveau une forme sociale. Il faut toutefois qu'il y ait aussi une, ou des, âmes de chefs sous pression. Là est le centre de polarisation indispensable.
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On a coutume de faire, en littérature, les fillettes semblables à l'idée que s'en doit créer un professionnel de la séduction : un mélange adroit de vices et de chasteté, de pudeurs perverses et d'ignorances lascives. Je me garde bien d'affirmer que cette image soit fausse, car elle fut illustrée au naturel et orne parfois les faits divers de presse. Mais enfin, je la crois artificielle et suggérée par toute une série d'écrits, dont la chasteté n'est qu'une perversion, d'ailleurs foncièrement malsaine.
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