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EAN : 9782021163018
417 pages
Seuil (15/10/2015)
3.71/5   12 notes
Résumé :
Situé à Los Angeles dans les années 1940, True Confessions met en scène deux frères irlando-américains, Tom et Desmond Spellacy : exemple typique d'ascension sociale d'immigrés de l'Irlande misérable. Tom, inspecteur de police, enquête sur le meurtre d'une jeune femme dont on a retrouvé le corps coupé en deux. Il s'agit de Lois Fazenda, dont le martyre est inspiré par celui, bien réel, d'Elizabeth Short, qui deviendra le célèbre Dahlia noir de James Ellroy. Desmond,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne me souviens plus de l'âge que j'avais lorsque j'ai découvert Sanglantes Confessions, traduction quelque peu hasardeuse du titre True Confessions de John Gregory Dunne. J'avais dégotté le roman dans une librairie consacrée au 9ème art car l'ouvrage était publié dans la mythique maison d'édition Speed 17, affiliée aux Humanoïdes Associés. La collection dirigée par Philippe Manoeuvre mettait en lumière les traductions de Philippe Garnier, grand passeur de la littérature underground américaine. C'est donc bien avant la publication du célèbre roman de James Ellroy, que j'ai eu le plaisir de lire la version romancée de John Gregory Dunn faisant allusion à la célèbre affaire du Dahlia Noir en mettant déjà à mal, dans un langage cinglant, tous les clichés de la ville de Los Angeles durant la période flamboyante qui suivait la fin de la seconde guerre mondiale. Bien trop longtemps indisponible, c'est désormais par l'entremise de Seuil/Policiers que True Confessions revient à nouveau sur le devant de la scène avec une nouvelle traduction de Patrice Carrer et une préface de George Pelecanos qui tente maladroitement de rendre justice à ce roman culte. Car plus que n'importe quel auteur, cette préface aurait pu être rédigée par James Ellroy afin qu'il rende hommage à l'oeuvre de John Gregory Dunne quitte à reléguer son orgueil légendaire au second plan.

Avec True Confessions, John Gregory Dunn s'attache à dépeindre avec un brin de nostalgie une cité de Los Angeles sans fard où le climat de corruption presque institutionnalisée gangrène tous les services de police, tandis que les flics ouvertement racistes s'attachent plus à l'évolution de leur carrière qu'à la résolution des affaires. Malgré un portrait peu flatteur de la cité, on sent tout au long du récit, la fascination que l'auteur porte pour cette ville complexe et mythique où il a séjourné de nombreuses années.

Les portraits des différents personnages sont extrêmement caustiques et parfois féroces. Il n'y a pas de preux chevaliers ou de nobles personnages à l'exception peut-être de ce jeune flic noir en uniforme, Lorenzo Jones qui deviendra maire de Los Angeles dans le milieu des années 70, rendant ainsi hommage à Tom Bradley, premier maire noir de la cité des anges. Pivot de l'ouvrage le jeune policier consciencieux est celui qui rédigera les premiers constats relatant la découverte du cadavre mutilé de Lois Farenza.

Avec son personnage principal, John Gregory Dunne s'ingénie à flinguer d'emblée le mythe de la famille américaine idéale. Tom Spellacy est marié à une femme internée à Camarillo qui parle à des saints dont elle seule connaît les noms. Père d'une fille obèse entrée au couvent et d'un fils volage qui évolue dans le business des fournitures religieuses, Tom vit désormais avec sa maîtresse Corinne, une femme émancipée qui semble être une affaire au lit. du côté professionnel, l'homme est en disgrâce après avoir été impliqué dans une affaire de corruption au sein de la brigade des Moeurs alors qu'il faisait office d'homme de liaison avec Brenda, maquerelle notoire à la solde du caïd de la pègre, Jack Amsterdam. Flic corrompu, Tom assiste à l'ascension de son frère Desmond, prêtre bien en vue au sein de la communauté catholique qui évolue dans le milieu de l'immobilier et de la finance en tentant de tracer sa voie pour devenir le digne successeur du cardinal Danaher. Dépourvu d'une foi profonde, Desmond s'ingénie sans succès à trouver un sens dans sa carrière de prélat.

Le texte repose sur des dialogues vifs et acérés qui mettent en exergue le fiel et l'aigreur d'un monde cruel où la corruption et la compromission semblent être le moteur des relations entre les différentes arcanes qui gravitent autour de la cité. John Gregory Dunne dresse ainsi l'envers du décor d'une Cité des Anges déchues de toutes ses illusions.

Plus simpliste, notamment aux niveaux de l'enquête et des différents mécanismes décrivant les processus de corruption, True Confessions bénéficie d'une émotion bien plus intense que l'oeuvre d'Ellroy à l'instar de cette conversation entre Brenda et Tom Spellacy qui se déroule à Echo Park. C'est d'ailleurs par le biais de cette scène que le policier scellera le destin de son frère Desmond. Des instants poignants qui font de True Confessions, une espèce de préquel au célèbre quatuor de Los Angeles dont le Dog rédigera 11 ans plus tard le premier tome intitulé le Dahlia Noir.

Fleuron du roman noir, True Confessions fait partie de ces ouvrages emblématiques qui ont émancipé le genre policier de la caste secondaire dans laquelle il a été bien trop souvent relégué et qu'il vous faut impérativement découvrir toutes affaires cessantes.
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Un roman noir, datant des années 1970 mais qui se lit avec un regard très actuel au vu des événements qui minent aujourd'hui la respectabilité de l'église catholique américaine. Dans les années 1940, le corps sauvagement mutilé d'une femme à la poitrine avantageuse avait été retrouvé dans un quartier pauvre de Los Angeles, majoritairement occupé à l'époque par lds immigrés irlandais. Prostituée mais en même temps participant aux "bonnes oeuvres" de sa paroisse, telle Marie-Madeleine, on l'avait surnommée la "Vierge impure". Près de trente ans après, Tom Spellacy se souvient de son enquête, une enquête difficile qui l'avait amené à s'intéresser aux rapports étroits existant alors entre la hiérarchie catholique et les mafias locales. Des rapports dominés par le blanchiment de l'argent sale, coulant alors à flots sous l'impulsion de son propre frère, le "distingué" révérend Desmond Spellacy. John Dunne n'hésite pas à utiliser le langage cru des protagonistes lorsqu'ils ne sont pas en représentation. Un parti pris de réalisme qui n'est pas sans rappeler un certain David Goodis, auteur de romans noirs américains des années 1950-1960, injustement oublié dans son pays mais qui a pourtant largement inspiré les cinéastes français, et non les moindres, de François Truffaut à Jean-Jacques Beineix. La lecture laisse un arrière-goût amer, personne dans l'histoire n'étant épargné par la plume féroce de cet écrivain qui signe là un polar magistral sur un sujet que très peu d'auteurs ont osé traiter.
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Si parfois je me fis aux critiques des lecteurs mais cette fois-ci, il y a que monromanoir qui a donné pas mal d'étoiles à ce livre qui ce veut un chef d'oeuvre du genre. Pour moi, je l'ai trouvé un peu vieillot autant dans les dialogues que dans l'intrigue hyper simpliste et mal travaillé par l'auteur John Gregory Dunne. Je savais que c'était un hommage (d'une certaine façon aux enquêteurs qui étaient sur le cas de la vrai Dahlia Noir dit Elizabeth Short). Autant dans la vrai vie, c'est une fleur ou un tatouage qui a permis de faire connaître son nom, cette histoire ni échappe pas. Mais le tatouage est placé dans un endroit plus intime qu'un mollet mais près du vagin. Tout au long de cette histoire très longue, on finit par trouvé son nom pourquoi les enquêteurs ne sont pas allez voir les tatoueurs professionnels je suis sûr qu'ils auraient pu avoir des informations mais l'imagination de l'auteur John Gregory Dunne n'allait pas dans cette logique. Pour ceux qui veulent lire un autre roman sur le même sujet il y a le Dahlia rouge de Lynda LaPlante et l'excellent documentaire l'Affaire Dahlia noir de Steve Hodel.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il se rappela son premier combat. En quatre rounds à Ocean Park. Il e avait tiré vingt-cinq dollars et une raclée par Jackie Ahearne. Il avait mis Jackie K.O. deux ans plus tard à San Bernardino, mais la syphilis lui bouffait déjà la cervelle. La vérité vraie c'était qu'il valait pas tripette comme boxeur. Il était toujours le premier à le dire. Ca passait mieux comme ça. Il ne blamait jamais ses mains de beuree. Il disait juste : "j'ai jamais valu tripette comme boxeur" et il laissait courir. C'était son cousin Taps Keogh qui l'avait amené au ring. Et sa mère. Ca il l'avait jamais dit à personne. Taps avait repéré une épicerie. A deux on peut se la faire facile, Taps avait dit. Pas de boulot, pas d'argent, alors pourquoi pas. Il avait toujours voulu dire à sa vieille que Dieu était intervenu. En la personne de la vieille elle-même. Une araignée au plafond qu'elle avait, depuis que le paternel s'était endormi sur les rails du tramway. C'était le Jeudi Saint que ça devait se passer, et comme tous les Jeudis Saints elle avait grimpé les escaliers sur les genoux en récitant un rosaire à chaque marche. Sauf que cette année-là elle était tombée bas et s'était cassé la hanche. Il avait fallu qu'il l'emmène à l'hôpital. Taps y était allé tout seul. Le flic de ronde l'avait poissé dans la cave. Il l'avait mis à l'ombre pour deux ans. Avec Taps en taule, il fallait bien qu'il fasse quelque chose, alors il s'était farci Jackie Ahearne. Pas de boulot, pas d'argent, le paternel mort et enterré, la mère qui débloquait et Des qu'était au séminaire.
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S’il y a une chose que savent les prêtres, Tommy, c’est que même quand leur sonnette fonctionne, ce qui n’est pas le cas de la mienne, personne ne vient jamais appuyer dessus pour leur dire que John a cessé de boire, que les adultes ont du travail et les gosses les meilleures notes de l’école religieuse – ni qu’il rentre tellement de fric dans la maison qu’on s’en sert pour rembourrer le matelas et que toute la famille a communié à la messe de neuf heures dimanche dernier.
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La « beauté mystérieuse » ! Belle parce que Crotty avait confié aux reporters qu’elle était dotée de beaux nichons et d’une somptueuse fourrure pubienne, mystérieuse parce qu’on ne l’avait toujours pas identifiée. Aucun élément sur quoi se fonder, pas même ses dents, tellement elle avait le visage esquinté. Enfin, à part les fringues – des tas, d’après les appels téléphoniques.
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Les curés n’aimaient pas non plus le voir fourrer son nez dans les affaires paroissiales ; s’il y avait une chose dont ils se montraient jaloux, c’était la liberté de diriger leur paroisse comme bon leur semblait. Pour eux, le coût d’une nouvelle chaudière n’était pas du ressort de la chancellerie.
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Une bonne parole par-ci, une autre par-là – accusations levées, affaire classée.
La seule monnaie avec laquelle Tom savait rembourser.
Homme de main un jour, homme de main toujours.
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