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EAN : 9782290305546
476 pages
J'ai lu (14/10/2000)
3.5/5   31 notes
Résumé :
C'est du fond de la Méditerranée en voie d'assèchement qu'avait surgi la première des AnimauxVilles. Celles qui allaient offrir à l'humanité la possibilité de voyager instantanément dans l'univers. Des villes dont les rues, les dômes et les beffrois étaient faits de chair. Des êtres gigantesques et vivants ausein desquels il était possible de vivre, à travers lesquels il était possible de voyager.Closter est un artiste. Il fabrique des convergences mécanistes, et pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Etoiles mortes est un roman à thèse autant le dire et soulignons que ce texte qui est engagé dans l'humanisme est excessivement lucide quand il est question de faire face avec justesse à la nature humaine dans sa dimension la plus paradoxale ..
Voici donc un roman engagé dans une sensibilité humaniste lucide et insistons encore pour souligner qu'il n'a rien de politicard et de véhément ( finesse .. nuance ... étique .. interrogations ... réalpolitique et lucidité sont bien au rendez-vous ) ..
J'apprécie Etoiles mortes parce que c'est un roman : ^pointu et la complexité des personnages et des thèses est densément ‘posée .. Elle vient étayer et nourrir le texte ainsi que irriguer des personnages fonctionnels et denses qui agissent avec tant de subtilité qu'il n'est pas possible de ne se complaire en ne les imaginant pas réels ..
L'humanité de ce roman est diverse et fracturée ... Quatre groupes de post-humains que tout sépare et dont le sentiment d'appartenir à la même espèce devient de plus en plus théorique.
Pour des raisons fonctionnelles et des raisons de rythme le récit privilégie l'éclairage de certains personnages qui ont tendance à résumer leur rameau et la civilisation dont ils sont originaires.
C'est un univers exquis de présence qui est très satisfaisant de réalisme et de légitimité car il est le résultat d'un effort créatif élégant , à forte charge éthique.
Il faut souligner que la présence intense que cet univers affiche n'est pas le résultat d'un matraquage maladroit de données jetées à la volée mais au contraire le résultat d'une invitation très justement pensée à faire une petite visite guidée dans ces mondes subtilement révélés qui n'en doutons pas une seconde existent certainement ( sourires ) et où l'auteur auteur est allé en douce pour en rapporter ce récit dont il affirme que c'est une fiction ..
Mais personne n'est dupe.
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Aïe, aïe, aïe ! Comme il est dur de (mal) vieillir ! Après une lecture douloureuse de Etoiles mortes, je ne pousserai pas le masochisme jusqu'à lire Voleur de silence en 2e partie de cette intégrale.
Rendons à César ce qui est à César : oui, c'est une ode métaphorique, sobrement imagée, philosophique, humaniste dans un style SF que l'on peut classifier de classique. Oui, c'est bien écrit (quand on supporte les enchaînements systématiques de longues phrases doucereuses et de phrases sans verbes dans un rendu que je ne qualifierais même plus de houleux, mais de vomitif.)
Mais bon sang, est-ce que j'ai vraiment mérité de m'enquiller 254 pages/376 de... de.. "ça" ?!
Il ne se passe rien, mais alors vraiment rien qui ne vous permette de prendre un tout petit peu de plaisir dans cette lecture. Après soit, toute lecture ne sert pas forcément à apporter du plaisir. Toujours est-il que je n'arrive pas à savoir si c'est parce que c'était à la mode dans les années 90 de foutre les nanas à poil et de décrire l'effet de la lumière sur leurs seins toutes les 2 pages, mais j'ai le vif sentiment que ce bouquin est si poussiéreux qu'il va bientôt se fossiliser. Donc, pour revenir à l'intrigue, c'est un mec, sa nana à poil, et son chat, et le pelotage de chair humaine architecturale jusqu'à l'orgasme dans une composition très prévisible. Voilà. A nouveau : métaphorique, philosophique, et humaniste, hein ?
A mon sens, je dirais que ça rentre plutôt sous la catégorie de "masturbation intellectuelle", et que la classification de cet ouvrage comme "chef d'oeuvre" provient principalement d'un effet façon "roi nu" (Seuls les gens soit-disant intelligents peuvent voir l'étoffe du costume du roi -nu- donc la cours entière clame les splendeurs du tissu imaginé pour ne pas passer pour des imbéciles). Oui, je suis dure... Oui, quelque chose d'absolument essentiel a dû m'échapper dans cette lecture, j'en suis intimement persuadée. Mais on ne peut nier que décrire les femmes dans un tel cliché de chattes chieuses, jalouses, sexualisées, mystérieuses, inconstantes et inutiles pour accompagner un homme tout aussi cliché est à lui seul justificatif d'une critique qui soulève le fait que, oui, ce bouquin -s'il a pu être remarqué et remarquable à une époque- a mal vieilli. Je suis féministe peut-être, mais ce livre ne date que de 1991, pas de 1943 ! Parti pris créatif vous me direz ? Ce à quoi je réponds en soulignant le manque total de crédibilité dans les dialogues qui me laisse plutôt penser à un auteur rédigeant une fan fiction de ses fantasmes.
Pour le reste, c'est original, fantasmagorique et ça adhère pleinement au genre SF, je lui accorde au moins ça.
Je remercie Babelio et les éditions Mnémos pour ce livre. Et je me permets quand même de dire à la stagiaire qui sera en charge de faire un relevé des avis sur cette sortie qu'elle peut dire à son directeur de collection d'arrêter de sniffer l'amiante dans les murs. Amitiés, Rubisblue.
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Un trope est une figure de style qui sort du code habituel de la communication. le signifié, ce dont l'on parle, n'est pas exprimé directement. le trope plus connu est la métaphore, l'image linguistique. Une métaphore est, essentiellement, une comparaison qui n'est pas rendue explicite par les indicateurs « comme », « pareil à » etc.
Souvent, le langage que Dunyach emploie vire au métaphorique. Mais, plus que ça, son histoire entière transmette la vision d'une métaphore. Souvent l'auteur saute sur des explications des éléments fantastiques ou les remplace par un langage saturé d'images. Souvent des allusions parsèment les conversations des personnages : « On n'en finit pas de démêler les sous-entendus. » Souvent, en autre mots, l'histoire n'exprime pas directement ce qu'elle signifie. C'est précisément en ceci que consiste la valeur de cette oeuvre.

Au début, le lecteur est plongé dans la confusion. Les informations pour tisser l'arrière-fond des événements racontés sont éparpillées dans les premiers chapitres Il y a un artiste, Closter, qui saute entre des villes qui paraissent se trouver sur des planètes différentes. À chaque saut, à travers un système d'échange, Closter, un des doubles du vrai artiste Monteori, change place avec lui. Et puis apparaît une Astrale, voyageuse spectrale qui réclame être à la recherche de son corps : Marika. Les destins des deux personnages s'unissent, sans indication par où leur chemin commun puisse déboucher.

Une métaphore est nécessairement détachée de l'immédiateté de la compréhension: elle est une image du signifié, pas le signifié lui-même. Plus la métaphore est inusitée, plus grand résulte le détachement entre l'énonciation et la compréhension.
« Étoiles Mortes » est, comme chaque histoire, une histoire unique. Ainsi elle est aussi une métaphore unique. le lecteur va tarder à la déchiffrer. L'auteur est économe avec des éclaircissements, le triage entre l'actuel et le métaphorique prend son temps, le signifié ne se dévoile que lentement – et quelques parts resteront à l'ombre.

Par exemple, au début, on est tenté de croire que les villes n'ont pas une vie organique, comme ils l'ont réellement, mais que c'est plutôt la perception artistique de Closter qui les dotent d'une telle vie. C'est assez difficile à imaginer, voire d'expliquer : une ville étant une entité sensible. Ainsi, c'est seulement conséquent que les descriptions dérivent au métaphorique. Cette tendance est le plus accentuée quand des éléments fantastiques prédominent dans le texte.
Par exemple, Closter se braque sur le système neuronal d'une ville et se met en communication avec elle. Ce procès n'est pas décrit en termes bio-physiques ou informatiques, mais par des images : « Je m'enfonce dans les profondeurs, parcours salle après salle le labyrinthe de son esprit. » Au lecteur revient d'interpréter ces images de l'immersion dans le réseau nerveux d'une ville : « Je suis une lame qui tranche, une épée qui pourfend. » etc.
La divergence du code habituel du langage ne s'achève pas seulement par le penchant vers le tropique, mais aussi sur le niveau de la syntaxe : « Froid, silence, flétrissure. Engourdissement. Vieillesse. » – « Je capte des bribes de pensée (lumière/douceur, vision d'un échiquier circulaire où s'affrontent des pions bicolores.) » L'effet est le même que pour les altérations au niveau sémantique. L'immédiateté de la compréhension est retardée, si peu qu'il soit, parce que les parties essentielles pour la formation d'une phrase ordinaire sont tronquées, principalement le prédicat. Pour que la compréhension se maintienne, le lecteur lui-même prête de la cohérence aux phrases, en ajoutant mentalement les parties manquantes.

Par endroits la cohérence semble aussi faire défaut au récit. La valeur exceptionnelle de cette oeuvre réside en que les failles dans la cohérence augmentent sa qualité, au lieu de l'abaisser.
Le livre ne perd en rien parce que certains faits sont recouverts de silence ou d'un voile d'ambiguïtés.
Tout le signifié ne se dévoile pas. Par exemple, pourquoi Closter se réveille deux fois dans la ville Nivôse, s'il n'y est sauté qu'une fois ? La double amnésie serait-elle un contrecoup tardif du saut ? Ou : comment sont censés fonctionner les échanges ? Est-qu'ils sont seulement immatériels, comme la nécessité d'avoir des doubles l'implique ? Mais dans ce cas, comment peut Closter affirmer qu'il ne devienne pas excédentaire quand il part d'une ville mourante où il laisse son corps ? Comment Closter et Marika peuvent quitter Aigue-Marine par la frontière, sans se voir incommodés par des gardes, malgré que les contrôles sont plus strictes aux frontières d'Aigue-Marine qu'aux autres villes ? Les autorités les auraient-ils laisser s'échapper par exprès ? Ou encore : Guanadi a-t-il trahi Closter en mettant à sa disposition une arme ineffective ? Pourquoi Vorst continue quand même de croire qu'elle fonctionne ?
Voilà quelques des questions que le livre évoque sans les résoudre. le lecteur remplit les lacunes en l'effort d'établir l'équilibre d'une unité de sens. Pourtant, s'il y avait lieu une résolution complète, la métaphore deviendrait méconnaissable : le signifié s'offrirait directement au lecteur. Comme ça, le livre perdrait son caractère particulier.

La parcimonie des explications donne aussi plus de poids aux explications qu'il y en a. Ces éclaircissements soudains, qui change pourtant profondément l'aspect de l'histoire, se glissent à pas feutrés dans le récit. C'est conséquent que l'auteur ne les signale pas expressément, parce qu'ils ne sont pas la clé pour entendre une métaphore, ils font partie même de la métaphore, c'est-à-dire, du récit entier. du reste leur apparence peu spectaculaire ne diminue point leur effet. Un de ces éclairs, lancé au début, j'ai déjà lâché : « Je suis un de doubles de Monteori. » Mais viendront des autres, plus significatifs encore : « Des dieux habitables. » – « Lui aussi est une personnalité multiple, n'est-ce pas ? » – « Tu es l'original. » – « — Et la bombe ? L'expression de son visage est éloquente. » – « Monteori m'a chargé de gérer son passé à sa place ».
Le lecteur, voyageant dans le clair-obscur du récit, est soudainement confronté à la clarté aveuglante que jette ces phrases. Sa perspective sur l'histoire se bascule, mais se stabilise aussitôt en nouveaux paramètres, le récit continuant dans son style ordinaire.

« Étoiles Mortes » arrive au but suprême de la création artistique, c'est-à-dire, l'unité de la forme et du contenu, du langage et du récit. Ici ni l'un ni l'autre se concrétisent complètement, ni l'un ni l'autre sont conçus pour achever une structure aboutie, mais ils sont conçus pour composer un ensemble que lui si irradie toute la vigueur d'une oeuvre d'art ciselée à la perfection.

Lien : http://simonbrenncke.wordpre..
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J'avoue qu'il est rare qu'une chronique me fasse appréhender sa rédaction. C'est pourtant le cas avec ce Étoiles Mortes de Jean-Claude Dunyach. Cette peur de passer à côté de l'essentiel du message qu'essaie de faire passer l'auteur me vrille le bide. Pourtant, sur le papier, l'histoire n'est pas franchement complexe.
Closter voyage de ville en ville (des AnimauxVilles à vrai dire) pour le compte de Montéori, un artiste renommé sur Terre. le but de ses voyages n'est pas très clair pour lui, toujours est-il que lui, a du mal à trouver l'inspiration pour créer, jusqu'au jour où il rencontre Marika, une Astrale qui a perdu son corps.
Voilà une synthèse des 245 pages de Étoiles Mortes. Seulement, dans ce nombre réduit de pages, l'auteur nous livre une histoire assez complexe dans sa symbolique pour celui qui n'a pas l'habitude de lire le double sens des textes et de déchiffrer les métaphores.
Quoi qu'il en soit, Étoiles Mortes reste et restera un incontournable de la science-fiction française et cette réédition des éditions Mnémo n'est pas volée. Je précise au passage que cette édition comprend en plus, Voleur de Silence dont nous parlerons plus bas.

Pour commencer, parlons des AnimauxVilles, le point central du roman et personnage à part entière de Étoiles Mortes. Ces villes de chair sont aux nombres de vingt-sept et il est possible de se téléporter de l'une à l'autre à condition de payer le prix imposé par le Cartel (et qui est extrêmement élevé). Bien sûr, chaque ville se trouve dans un endroit différent de la galaxie et quelques-unes bénéficient d'un climat différent. Seulement voilà. L'humain de notre Terre ne peut pas coloniser les villes afin de ne pas souiller celle-ci, comme il l'a fait sur sa planète actuelle (d'où le prix élevé du transfert).
Quand je parlais de métaphores, ces AnimauxVilles en sont une parfaite illustration. Closter entretient au fur et à mesure du récit, une relation particulière avec les villes. Il apprend à les connaître et à communiquer avec elles, un peu comme nous finalement.
Depuis la lecture du roman, je ne peux m'empêcher de penser, quand je déambule dans les rues de Lyon, que celle-ci est un peu vivante à sa manière. Toute cette vie qui grouille à sa surface, cette énergie qui s'en dégage, elle n'est rien d'autre qu'un clone des AnimauxVilles, elle vit aussi, sauf que l'auteur a doté les siennes d'une conscience et d'une peau.
L'autre sujet important dans Étoiles Mortes est l'art, et ses sources d'inspiration. Les deux personnages (un corps et un "esprit") se complètent pour aboutir sur la compréhension du problème de Closter qui oubliait ses oeuvres à chaque saut, et qui était constamment en manque d'inspiration.
Là aussi, le message est clair. Faut-il que le corps et l'esprit soient en osmose pour créer ? Les passages où Marika entre dans le corps de Closter sont d'ailleurs assez explicites. Difficile de répondre et de trouver un sens précis dans mon cas, moi qui n'ai aucune sensibilité pour l'art (il est question ici d'oeuvre d'art à proprement parler). Même si le sujet ne me parle pas des masses, il faut avouer que la réflexion est bien amenée et que l'amour de l'auteur pour ce sujet transpire à travers le roman.
L'histoire, elle aussi, est fichtrement bien amenée. le lecteur commence dans un flou total. Les voyages, les villes et les fonctionnements de tout ce monde se distillent discrètement de page en page. Dunyach est à la limite de nous livrer un film à grand succès hollywoodien tant il maintient le suspens jusqu'à la fin d'une manière habile. La tension monte crescendo et nous permet de ne rien voir venir du final assez bluffant. Inutile de préciser que les personnages sont travaillés et qu'il ne s'agit pas de stéréotypes grossiers courant après leur mémoire ou leurs corps.
Il est assez compliqué de réellement faire le tour du roman et de le décortiquer en une chronique qui ne ferait pas huit pages. Disons que le système de caste revient relativement souvent sur le tapis, la mémoire est un des autres sujets abordés et cette relation constante à la chair est omniprésente. le trio corps/esprit/chair forme les courbes délicates de ce Étoiles Mortes étonnant d'originalité, de délicatesse et de poésie.

Le Voleur de Silence quant à lui joue dans une autre catégorie, complètement différente de son grand frère. Ce roman présente la particularité de mettre en abîme... un recueil de nouvelles. Oui, des nouvelles dans un roman ! Quand je vous dis que Jean-Claude Dunyach est doué. Ce huit clos se passe dans un musée et ne présente pas d'autre protagoniste que Closter et Vorst pour un jeu de dialogue concernant l'art. Les nouvelles, quant à elles, peuvent varier de la pure hard SF (Le Coeur de la Perle) à la nouvelle poétique (Figures Imposées). L'auteur continue de nous dévoiler ses talents de conteur même si l'intérêt de Voleur de Silence est différent de Étoiles Mortes. Les enjeux et le rythme sont à l'opposé, du coup, il est difficile d'enchaîner sur ce dernier où l'action est inexistante. 
En revanche, le côté poétique de l'auteur prend tout son sens ici, car même si Étoile Mortes est écrit d'une plume habile, il met en avant un côté plus nerveux de l'écriture de Dunyach dû au rythme de l'aventure. Ce recueil, lui, est beaucoup plus posé, plus calme et donne lieu à plus de moments de réflexion dont le point central est constitué par les rêves. Closter va tenter de déjouer l'attentat de Vorst en le faisant pénétrer dans des Onyrines, des oeuvres qu'il a créées et qui ont la faculté de provoquer des rêves à celui qui rentre à l'intérieur.

Si le roman de SF française devait avoir un chef de file, ce serait sans doute Étoiles Mortes. Tout y est, la réflexion, le talent d'écriture, l'originalité du sujet traité, la richesse du monde proposé, bref, le livre que tout fan de SF devrait avoir lu. Je pense n'avoir pas traité le quart de ce qui constitue le roman et je m'en excuse par avance, mais il tellement fastidieux d'aller au fond des choses que je dirais (de mauvaise foi) que c'est pour ne pas vous gâcher le plaisir.
Je terminerais avec un petit détail, tout petit, tout noir, qui ronronne et qui se nomme Ombre. Ce petit chat, compagnon de Closter dans Étoiles Mortes est une véritable valeur ajoutée pour tous les amoureux des boules de poils qui souriront à chaque intervention du félin.
Pour conclure, s'il y avait une section "coup de coeur" sur Acheron, Étoiles Mortes y trouverait sa place sans problème. de plus, la présente édition est un objet magnifique avec sa couverture cartonnée, limite psychédélique. Je peux vous assurer qu'il rend parfaitement bien dans une bibliothèque, vu que Noël approche, je dis ça, je ne dis rien. À bon entendeur...

Zoskia


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Le cycle des Étoiles mortes a vécu quelques autres vies avant d'arriver aux éditions Mnémos, notamment chez J'ai lu puis, avant cela, au Fleuve noir dans la collection anticipation. La belle édition de Mnémos regroupe en un seul les trois volumes, sous une couverture cartonnée. Ce chef-d'oeuvre de la SF méritait bien cela.
Ce cycle est donc composé de trois parties, mais la deuxième étant la suite directe de la première, je choisis de les évoquer ensemble et d'en séparer la dernière qui constitue un roman bien distinct.

Dans un futur difficile à situer, mais probablement pas si loin de notre propre époque, la Terre est surpeuplée, les zones cultivables de plus en plus rares et la méditerranée est devenue un vaste désert. Au coeur de celui-ci, les hommes ont fait une découverte : un AnimalVille. Ils l'ont nommé Aigue-marine et cette immense créature, grâce à sa connexion avec ses soeurs, leur a ouvert les portes de l'espace.
Quelques années plus tard, on rencontre ainsi Closter, artiste en manque d'inspiration devenu doublure, qui sillonne les AnimauxVilles avec son chat au rythme des échanges entre les cités. Il semble se laisser balloter par l'existence, jusqu'à sa rencontre avec Marika, une ancienne Aléatrice qui erre à la recherche de son corps…
Et vous vous demandez probablement de quoi je parle, mais le mieux à faire pour comprendre tout cela est de lire ce récit aussi complexe que brillant. Je ne savais pas moi-même où j'allais et n'en ai que plus apprécié ce roman époustouflant qui, outre ses qualités de texte de SF, offre au lecteur qui s'implique une course poursuite déchaînée et des mystères dignes d'un bon polar.
Les personnages eux-mêmes évoluent beaucoup au cours du voyage. On apprend à les connaître. Les esquisses se complexifient sous nos yeux, gagnent en relief et en zones d'ombre. Fuyants, quelquefois inconsistants (c'est le cas de le dire, mais Marika l'Astrale l'est moins que Closter) de temps en temps malaisés à suivre, on finit par les aimer, les détester aussi, parfois en même temps. Cependant, même les caricatures se fissurent et nous laissent entrevoir la complexité de l'âme humaine. Et il y a Ombre, un des plus formidables chats littéraires qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Je me suis glissée lentement dans l'intrigue, jusqu'à ne plus pouvoir lâcher ce roman avant d'en connaître la conclusion. C'est de la très bonne SF, imaginative sans perdre contact avec la réalité, offrant une vraie réflexion tout en restant ludique et distrayante. Ce roman m'a tout de suite plu, mais il n'est pas facile de prendre pied dès les premières pages sur ces cités de chair. L'histoire se dévide petit à petit, se dérobe souvent, comme les souvenirs de Closter. J'ai adoré cela, mais si ce dédale vous décourage, je vous exhorte à la patience. Elle sera récompensée.
Ce texte est magistral, déroutant, empli de suspense jusqu'à la toute fin. J'en suis sortie lessivée. Cette première partie des Étoiles mortes m'a offert mon dernier, mais pas des moindres, coup de coeur de l'année. Je ne l'avais pas encore terminé que je bousculais ma liste de Noël pour faire passer en priorité Étoiles mourantes, autre facette de l'histoire des AnimauxVilles que Dunyach a écrit en collaboration avec Ayerdhal, c'est dire.

J'avais besoin de digérer cette première partie et n'étais pas particulièrement emballée à l'idée de me plonger immédiatement dans une suite, surtout axée sur un personnage secondaire. Mais je n'avais pas le choix. En tournant les pages de Voleurs de Silence, je ne savais pas vraiment dans quoi je m'embarquais. Après un récit pour le moins haletant, j'ai pénétré dans une oeuvre très différente. le changement d'ambiance fut perturbant, mais les événements plus encore.
Voleurs de Silence est une création esthétique, peut-être trop pour moi. le lecteur passe sans cesse du réel au rêve, à la suite des personnages. Les songes qui sont ainsi vécus par Vorst comme par le lecteur éclatent le récit, le fragmentent ou le lient de force. Ils sont artistiques, contemplatifs et peu perméables. Ces rêves sont des cabochons incrustés dans la part de réel du roman, des parties qui semblent indépendantes, mais sont nécessaires à l'ensemble.
On apprend ou non à aimer ce roman bizarre qui ne m'a pas semblé facile d'accès. Je pense que le premier rêve, qui m'a profondément dérangée, a contribué à ma difficulté à entrer dans ce texte, mais je me suis laissé convaincre au fur et à mesure. L'harmonie vient malgré le doute, ou peut-être grâce à lui.
Voleurs de Silence est à la fois un labyrinthe et un puzzle, une méditation active, quelque chose à vivre et non à raconter, le voyage y compte autant que la destination. Deux forces s'y opposent, mais laquelle représente vraiment le chaos ? Et, surtout, vont-elles saisir qu'elles ne sont pas dissociables ?
Encore plus déroutant que le roman précédent, Voleurs de Silence m'a laissé une très étrange impression. Cette lecture fut épuisante, nettement moins plaisante, et me donnera longtemps à réfléchir.

Étoiles mortes est un chef-d'oeuvre qui ne doit pas être uniquement réservé aux amateurs de Science-Fiction. Donnez-vous la peine de découvrir ce cycle qui sait garder ses secrets, éveiller l'intérêt tout autant que l'intelligence du lecteur et qui crée un équilibre artistique qui, ma foi, est bien digne de ceux de Closter.
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les notes meurent dans l’obscurité. Nous sommes les derniers à hanter les Étoiles. Il y a longtemps que le musicien ne joue plus que pour lui-même et ses mélodies bizarres se perdent dans la salle vide. Ombre s’étire. Je l’imite, heureux de cette nuit qui se prolonge bien au-delà du raisonnable.
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À chacun de nous, on a fait miroiter la possibilité de devenir un Astral. Des mois d’entraînement épuisant : j’ai appris à parler en projetant une illusion de voix, un murmure sans épaisseur avec lequel il est impossible de crier. Je me suis résignée à n’être qu’une silhouette fragile dont la cohésion demande de perpétuels efforts de volonté. Il y a des règles, vous savez : la matière non organique me repousse, seule la chair vivante peut choisir de m’accepter. Je ne suis pas un fantôme, même si j’en ai l’air. Je n’ai pas les moyens de traverser les murs.
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La ville sentit les remous engendrés par son passage jusqu'au plus profond de sa chair .
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Vidéo de Jean-Claude Dunyach
Silène Edgar nous parle de ses deux derniers romans, de ses découvertes littéraires du moment, de Jean-Claude Dunyach, son parrain d'écriture, et bien évidemment des Imaginales.
L'autrice assure chaque année la coordination du speed dating auteurs - éditeurs des Imaginales avec Élise Dattin.
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