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EAN : 9782371270923
La Cheminante (16/03/2017)
3.65/5   13 notes
Résumé :
Algérie, 1961-1962. Angélique a 7 ans et relate sa vie au coeur de la guerre, son amitié avec Djamila, les attentats et la peur qui s'insinue dans la famille. Cette histoire s'entremêle avec le récit des relations conflictuelles entre les parents de la petite fille après leur retour en France et jusqu'à la disparition du père en 2010. Premier roman.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un roman très émouvant que signe Martine Duquesne, sur une époque dont je ne suis pas très coutumière dans mes lectures, une histoire récente que je connais assez mal, celle de l'Algérie des années 60 et plus particulièrement des français qui ont fini par être rapatriés pour échapper aux violences.
Les événements sont relatés à hauteur d'enfant, par le regard d'Angélique qui, à la mort de son père se remémore ces années au cours desquelles, âgée de 7 ans, son monde a basculé. Et c'est la bonne idée de ce livre car le regard de la petite fille permet d'instiller une dose d'humour et de naïveté à un contexte dramatique. En jouant en quelque sorte le rôle d'un candide, elle permet au lecteur de vivre les événements comme s'il y était, de ressentir l'atmosphère de peur qui entourait les "colons" et les tensions de plus en plus fortes entre les partisans de l'indépendance et ceux de l'Algérie française.
Les parents d'Angélique, enseignants reflètent parfaitement la position de nombre de leurs semblables persuadés d'apporter le bien, méprisants envers une population locale jugée ignorante et fainéante, incapables de se rendre compte des réalités. Un contraste fort avec les sensations de la petite fille et des enfants en général plus tentés de faire fi des barrières sociales ou raciales pour partager des jeux et plus curieux de l'autre aussi d'une certaine manière.
Par des allers-retours entre passé et présent, l'auteur recrée les conditions du drame politique mais également du drame personnel, celui d'une famille compliquée avec notamment la personnalité nocive de la mère que le drame algérien et le rapatriement n'ont pas arrangé.
J'ai beaucoup apprécié la précision de l'auteur et sa façon de tisser la trame contextuelle avec finesse, sans pour autant donner une leçon d'histoire mais en faisant la part belle aux sensations tout en permettant aux novices comme moi de rassembler(ou retrouver) les principaux éléments de cette période dont les conséquences se font encore sentir de nos jours.
Et puis il y a cette relation avec Djamila, l'amitié entre deux enfants impactée par la folie des hommes et la violence ordinaire.
Martine Duquesne mêle avec dextérité l'intime et l'histoire dans ce roman qui prend apparemment sa source dans des souvenirs personnels mais parvient à toucher à quelque chose d'universel. A commencer par le coeur.
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J'ai d'abord accepté de lire "La solitude des enfants sages" parce que « les évènements » racontés dans ce livre font échos à un pan de mon histoire familiale. Mes grand-parents paternels étaient des français nés en Algérie ou plus communément appelés des Pieds noirs. le samedi ou le dimanche midi, nous aimions partager un repas souvent composé de Chachouka, d'omelette oranaise, et de poulet aux olives façon tajine. Il n'était pas rare que pour le dessert, mon grand-père serve des fruits déguisés. Toutes ces recettes me mettent encore l'eau à la bouche ! Ils ne sont malheureusement plus de ce monde pour confirmer ce que je suis en train d'écrire mais je pense que ce couple bienveillant a su conserver des habitudes acquises au Maghreb tout en acceptant courageusement de repartir à zéro dans le sud de la France.

Ce texte fut assez difficile à lire pour moi car mon papa avait cinq ans lorsqu'il a quitté sa ville de naissance : Casablanca au Maroc. A peu de choses près, il aurait pu lui aussi, raconter ses souvenirs comme le fait celle que j'ai surnommé affectueusement Angèle. J'ai aimé son caractère. Lorsqu'en 2010, elle doit aider sa mère suite à la disparition suspecte de son père, elle fait preuve d'un grand calme. Ce retour au domicile parental dans le Jura, lui permet de se remémorer des moments forts en émotion à Sebdou au début des années 1960. Elle a sept ans à l'époque. le langage enfantin qu'elle utilise pour décrire un quotidien rythmé par les attentats, les disputes incessantes de ses parents et l'incompréhension que suscite sa passion pour la lecture, apporte une touche d'innocence à un livre qui rend hommage aux survivants de cette guerre civile en faveur de l'indépendance et de la décolonisation de l'Algérie. Ma prochaine lecture sur le sujet s'intitule "Juifs d'Algérie hier et aujourd'hui - Mémoires et identités" par Joelle Allouche-Benayoun et Doris Bensimon.
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Merci aux éditions "La cheminante" et à la masse critique de Babelio pour la découverte de ce livre.
J'ai beaucoup aimé ce livre, qui sort des sentiers battus, différent, les dernières pages prennent aux tripes.
Dans leur résumé (celui de la 4ème de couverture), tout est dit et rien n'est dit en même temps, tout comme le titre, mais assez intrigant pour donner l'envie de se pencher dessus.
J'ai adoré le style très entraînant, ça change, ça rappelle l'enfance, jeux de mots, comptines, contes, des passages en italique. Ou comment faire passer les choses plus facilement.
Angélique est une enfant douce, sage, intelligente, qui aime les livres, s'évader dedans, ça l'a beaucoup aidé. Mais avec cette sacro sainte règle de vouloir protéger les enfants, on lui ment, seulement elle sent que ce qui se passe n'est pas normal et finalement ça ne la protège en rien, et l'inquiète encore plus.
Le livre oscille entre 2 périodes : 1961/1962 où Angélique a 7 ans, et 2010 où son père disparaît. Que lui est-il arrivé ?
Les années d'innocence d'Angélique lui ont été volé à cause de la guerre d'indépendance d'Algérie, et plus d'une fois on tremble pour elle. De la hauteur de ses yeux d'enfant et avec des mots qu'on lui sert qui sonnent faux, on voit les choses se désagréger autour d'elle, on tremble pour elle et sa famille. On voit aussi la merveilleuse amitié se former avec Djamila. Et elles se disent tout, ne se cachent rien, avec elle, elle comprend comment ils sont considérés, comme des roumis, que certains ne veulent plus d'eux, plus de la colonisation française. Elles peuvent partager leurs cultures et s'ouvrir à l'autre. Mais qui peut-elle elle enfant du haut de ses 7 ans, doit-elle subir de telles conséquences ? Et ses parents, ni pauvres, ni riches, qui transmettent le savoir.
Sa famille aussi est compliquée, surtout sa mère surnommée la commandante. On croit que c'est une famille parfaite, mais c'est un drôle de couple, qui se livre une drôle de guerre par moment. La mère a une personnalité particulière, nocive par moment, qui a marqué Angélique à jamais.
Martine Duquesne livre là un très beau récit, qui touche en plein coeur.
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J'ai beaucoup aimé "La solitude des enfants sages" de Martine Duquesne. On y suit en parallèle deux périodes de la vie de l'héroïne, Angélique : en 1961, lorsque petite française de 7 ans elle vit avec ses parents dans un village d'Algérie où ils sont instituteurs ; et en 2010, lorsque son père décide de se suicider. A l'insouciance d'une époque s'oppose la gravité de l'autre, même si au final on s'aperçoit petit à petit que l'enfance d'Angélique est loin d'avoir été idyllique. ..
J'ai jusqu'à présent très peu abordé le thème de la guerre d'Algérie dans mes lectures, et la découvrir ici à travers les yeux de cette petite fille a été assez intense : la vie au quotidien avec cette guerre sourde, les menaces, la peur, tout ça avec des parents qui ne veulent rien vous dire pour ne pas vous inquiéter (et ce qui a bien évidemment l'effet inverse), c'est assez glaçant. le passage sur la fuite et le rapatriement est également très fort. L'autre thème abordé dans ce premier roman est la figure de la mère, absolument monstrueuse : Angélique la déteste sans arriver à mettre ce mot sur ses sentiments, et nous décrit son enfance sans amour dans les cris et la colère. Dur dur à lire quand on est soit-même maman et qu'on essaye de faire de son mieux...
Mais quand même, j'ai beaucoup aimé. En un grand merci à Babelio et aux éditions La Cheminante pour cette belle découverte.


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De Sebdou, Algérie, à Lachassagne, France.
De 1961 à 2010. Hier, l'enfance, aujourd'hui la mort du père.
Angélique, enfant précoce, a six ans en 1961 lorsque s'amplifient les "zévénements". Elle relate deux années d'incompréhension, d'appréhensions. Ses parents, instituteurs se taisent en sa présence, ne répondent pas à ses questions. Pour l'épargner. Ce qui ne fait que l'angoisser davantage. Alors elle écoute aux portes, enregistre, engrange tous les mots nouveaux, les mémorise sans les comprendre, croit souvent que son coeur va exploser.
Elle se réfugie dans les contes, puis dans les livres qu'elle lit et relit, qu'elle fait partager à son amie de coeur Djamila.
L'angoisse de la fillette est palpable, sa force pour résister à la tension extérieure, à celle de ses parents.
Elle doit affronter la dureté de sa mère qu'elle surnomme "la commandante" et découvre la fragilité de la famille.
En 1962 il faut quitter "le pays" avec juste une valise qui ne peut contenir toute une vie.
2010 :"On ne se remet pas de la mort d'un père, même vieux". Un père épuisé qui se donne la mort.
"Le passé ne voulait pas passer".

Il y aurait tellement à écrire sur ce désastre algérien, ses morts atroces, la torture.
Martine Duquesne nous offre un témoignage bouleversant de cette période.
Tout sonne juste.
Je remercie vivement Sophie Darreau des éditions La Cheminante de m'avoir offert ce livre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Mes livres ont le pouvoir d'effacer les tourments et je me suis inventé une phrase magique, tant que tu es dans la lumière des mots, tu échapperas aux ténèbres. »
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Une famille c'est fragile, ça ne tient qu'avec la confiance qu'on se donne, il suffit d'un drame, de paroles malencontreuses et on voit de quoi chacun est fait.
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On vit dans un autre monde, le temps du malheur est un temps dilaté, irréel, sauf que les minutes qui passent ne servent, tout comme les commentaires lénifiants des policiers, qu'à maintenir un semblant d'espoir pour préparer les esprits au pire.
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Non, on n'apprend rien de ses erreurs, elles vous collent à la peau, c'est tout.
Dingue ce qu'on est prévisible.
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Garder les secrets ça creuse à l'intérieur comme des galeries souterraines
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