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EAN : 9782707305244
70 pages
Editions de Minuit (01/03/1981)
3.65/5   52 notes
Résumé :
« Il semblerait que le sentiment ne soit pas représentable, ni dans son apparence, ni dans sa conséquence du désir. L’inceste de même mais au plus haut degré est ce qui ne peut pas être représenté ni dans son apparence ni dans sa conséquence du désir, ni dans son principe, ni dans son savoir, ni dans sa connaissance. L’inceste est invisible. Il est d’ordre organique, universel. Il est hors de la folie, il repose au fond des temps. Il semble être partout, dans l’inst... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Peut-être ai-je lu trop de Marguerite Duras en trop peu de temps... Il faut dire que si Duras peut me charmer, elle peut tout autant m'irriter ou m'agacer. Avec India Song, c'était l'amour parfait, avec Agatha, c'est la dégringolade.

Un frère et une soeur, adultes, se retrouvent dans la maison de leur enfance. Un amour incestueux les unit, consommé autrefois ou pas : on reste dans le flou à ce propos, et ce n'est sans doute pas le plus important. Toujours est-il qu'au cours de ces retrouvailles qui sont également une séparation, ils vont se remémorer leur enfance et leur adolescence et la journée où, peut-être, ils ont franchi le pas.

Histoire d'un amour défendu, impossible à vivre, d'un désir douloureux, histoire d'enfance, histoire d'un lieu qui se confond avec un personnage, histoire à retrouver, à recomposer, qui repose sur des souvenirs éparpillés, défaillants, fantasmés, histoire baignant dans une musique omniprésente, dialogues épurés, phrases inachevées... C'est bien du Duras, on ne peut pas s'y tromper, tout y est ! Mais, à mes yeux, c'est du Duras qui commence à se répéter, qui tend vers la caricature. Les années 80 ne constituent d'ailleurs pas, de mon point de vue, la meilleure période de l'auteure, même si elle a donné naissance à Savannah Bay, pièce où la question de la mémoire est bien mieux traitée.

Le langage, dans Agatha, m'a semblé être devenu franchement artificiel. Certes, on n'attend pas des personnages de Duras qu'ils s'expriment comme tout un chacun dans la vie, mais enfin, la recherche d'un dialogue épuré a ses limites... Ce vouvoiement entre le frère et la soeur dès les premières phrases m'a un rien exaspérée. J'ai bien compris pourquoi Duras l'utilisait : les deux personnages cherchent à instaurer une distance entre eux deux depuis la consommation de leur amour (consommation fantasmée ou réelle), et c'est dit assez clairement. N'empêche... J'ai eu l'impression immédiate qu'il s'agissait là d'un procédé inutile, et par la suite, tout le façonnage des dialogues m'a semblé surfait, pénible.

Il me semble que le sujet qui tenait tant à coeur à Duras en écrivant cette pièce, à savoir le désir nostalgique de retrouver une unité première (à travers un amour incestueux), aurait pu être traité plus subtilement. Et puis, soyons clairs, c'est le sujet même des Hauts de Hurlevent, et il faut se lever tôt pour rivaliser avec Emily Brontë là-dessus. Mais après tout, Duras aurait pu réussir là où d'autres ont échoué.

Ce qui m'a finalement le plus déçue, c'est l'absence, que j'ai ressentie très fort, de cette atmosphère si spécifique à Duras, cette ambiance nostalgique, mélancolique, qui n'appartient qu'à elle. Ce que j''ai retenu d'Agatha, c'est donc l'impression que cette pièce marquait le début de la fin pour Duras (malgré quelques sursauts) : un texte sans beaucoup d'âme, comme le seront Emily L., Les yeux bleus, cheveux noirs, etc. Bref, tous ces textes chiants que je trouvais absolument fascinants quand j'avais 18 ans. C'est peut-être moi qui suis devenue acariâtre avec le temps, cela dit...


Challenge Théâtre 2018-2019
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~ TRANSGRESSIF ~

J'ai feuilleté ce livre comme on s'interdit de rêver les yeux ouverts, c'est la tristesse & la peine qui se manifestent en longs dialogues d'amour où les corps se séparent & l'ombre du sourire s'efface !

De tous les romans de Duras, "Agatha" est cependant celui qui m'a le plus troublée, c'est un texte très beau, mais humainement affreux quand on réfléchit à ce qu'il aspire.

C'est un court récit sous forme de dialogues avec didascalies qui raconte des retrouvailles mais aussi la séparation de la soeur & du frère qui partageaient autrefois un amour incestueux. Un amour fantasmé ou consommé, c'est assez nébuleux, qui a duré toute l'enfance, interdit, inachevé, douloureux, la soeur voudrait s'en éloigner, mais souhaiterait être retenue par le frère, ce frère qui est complètement perdu face à ce désir malsain, perdu dans cet amour, sans repère, complètement enfermé dedans.

Dans “La passion suspendue" Duras explique au sujet du livre:

« J'ai longtemps nié l'idée d'une passion que, sous la haine, j'aurais éprouvé pour mon frère. C'est la façon dont il me regardait qui m'a convaincue du contraire. Je ne voulais jamais danser avec lui, quand on nous a offert un tourne-disque : le contact avec son corps m'horrifiait, tout en m'attirant. Ce n'est qu'avec l'Amant que j 'ai pu me libérer de cette haine »

Elle explique aussi s'être inspirée de "L'homme sans qualité" de Musil, dans lequel l'amour entre Ulrich & Agathe doit son intensité à l'impossibilité de se traduire en acte & porte à son paroxysme cette dialectique du proche & du lointain : le frère & la soeur, attirés l'un vers l'autre, tirent « d'une impossibilité, d'une impuissance et d'une inertie un sentiment de force extrême ; il leur manquait l'acte qui eût été un pont conduisant vers le monde »
Mais ça c'est une autre histoire, un autre livre !
Revenons à Duras !

Des phrases déstructurées, épileptiques, spasmodiques, saccadées, où l'espoir est martelé comme un mantra puis vient le désespoir. le vouvoiement est là, entre eux comme pour établir une distance urgente !

En somme, du Duras qui dérange, à ne pas mettre entre toutes les mains !
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Tous les romans de Duras sont dérangeants... Avec ses phrases simples mais infiniment évocatrices et ses répétitions qui frappent l'âme, les mots de la grande Marguerite touchent quelque chose au fond de nous, ils grattouillent et chatouillent quelque part dans d'éminemment intime et en cela ils effleurent parfois des plaies mal refermées ou des désirs tabous et informulés...
De tous ses romans, "Agatha" est cependant celui qui m'a le plus troublée, gênée, écoeurée... Sans doute parce qu'il s'agit d'inceste, le tabou des tabous, toujours est-il que si j'en ai apprécié le style et si j'en ai perçu la grandeur, je n'ai pas vraiment aimé ce roman et je l'ai refermé avec plaisir, contente d'en être sortie... Il est de ces histoires dont on est content de se débarrasser, comme on est content, en se réveillant d'un cauchemar, de réaliser qu'on est en vie et que ce n'était qu'un mauvais rêve...
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Dans cette pièce de théâtre on trouve un frère et une Soeur amoureux depuis leur tendre enfance, la Soeur veut fuir cet amour impossible en partant loin alors que le frère veut la suivre pour l'aimer toujours. La Soeur sans se l'avouer souhaite que sont frère la suive.

J'aime beaucoup les oeuvres de Marguerite Duras, je pense que cette pièce est l'exception qui confirme la règle, je n'ais pas apprécier du tout l'histoire ni les personnages.
Seule l'écriture et le style Duras m'as interpellé, l'ambiance aussi toujours mélancolique.
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Petite pièce de théâtre de Marguerite Duras, une nouvelle qui me permet la profondeur de l'auteure. Elle m'a attiré par la première phrase de sa quatrième de couverture : « L'inceste ne peut être vu du dehors. » Je juge presque impertinent que cette pièce ait réussi à me faire avoir de l'empathie envers une relation que je juge fondamentalement, éthiquement et politiquement incorrecte. Ici, plus aucune donnée n'est applicable pour ressentir. Il est question ici d'un amour perdu entre un frère et sa soeur. Ils s'aiment, lui peut-être plus, ou bien elle peut-être moins. Ou d'une façon différente, à présent. Ils arborent des statuts relationnels qui ne sont plus en adéquation, et alors nous assistons à une séparation, à la fin d'un monde connu, et surtout inconnu à nos yeux, qui ne peut être qu'imaginé, sans jamais être égalé. Jamais nous ne pouvons imaginer une chose pareille se produire, mais si elle arrive, c'est pour des raisons qui sont, elles existantes. Ici, on ressent l'amour, la perte silencieuse. Un amour à la Marguerite Duras, un amour qui n'est pas fou, déluré ou enfantin, plutôt sage, réfléchi, et paisible. Et cet amour tombe. L'amour tombe, dur, et éclate une fois atteignant la surface du sol. Agatha est là, et ne s'en va pas, encore, tandis que lui, probablement, mourra de chagrin lorsqu'elle sera partie. Cela arrive souvent, mourir d'amour. Et la présence scénique ne peut que prédire cette mort qui ne sera jamais clairement exprimée, que je ne fais qu'analyser. Ici, la douleur crie encore plus fort que l'amour, avec un champ sémantique musical décriant la forteresse de coeur des personnages qui se déchirent mutuellement sans vraiment le vouloir, et cela l'a toujours été, un déchirement. Marguerite Duras a toujours quelque chose à faire passer dans ses oeuvres, et je ne pensais pas vraiment voir un jour un inceste respirer à l'air libre au sein de son Oeuvre, même si finalement, avec le recul, je ne suis que le moins étonné du monde.

Cette très courte pièce est des plus déchirantes. Ne pas savoir quoi vraiment en dire est signe fort, et on se dit tous condamner les actes d'inceste, mais la vérité est qu'on perd tout sens de la réalité face à la fanure qu'est l'amour qui se perd devant nos yeux enchaînés. Quand on lit cette pièce, on étouffe, on perd le souffle et on pleure. {18}
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je vois que vous avez quinze ans, que vous avez dix-huit ans. Que vous revenez de nager, que vous sortez de la mer mauvaise, que vous vous allongez toujours près de moi, que vous ruisselez de l'eau de la mer, que votre cœur bat vite à cause de la nage rapide, que vous fermez les yeux, que le soleil est fort. Je vous regarde. Je vous regarde après la peur atroce de vous perdre. J'ai douze ans, j'ai quinze ans, le bonheur pourrait être à ce moment-là de vous garder vivant. Je vous parle, je vous demande, je vous supplie de ne pas recommencer à vous baigner lorsque la mer est si forte. Alors vous ouvrez les yeux et vous me regardez en souriant et puis vous refermez les yeux. Je crie qu'il faut me le promettre et vous ne répondez pas. Alors je me tais. Je vous regarde seulement, je regarde les yeux sous les paupières fermées, je ne sais pas encore nommer ce désir que j'ai de les toucher avec les mains. Je chasse l'image de votre corps perdu dans les ténèbres de la mer, flottant dans les fonds de la mer. Je ne vois plus que vos yeux
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Il s’allonge sur le divan dans une pose équivoque et décente mais qui pourrait évoquer la présence de son corps à elle près du sien. Alors elle se détourne de lui. Ils sont d'ailleurs presque toujours détournés l'un de l'autre quand ils se parlent, comme s'ils étaient dans l'impossibilité de se regarder sans courir le risque irrémédiable de devenir des amants. Ils sont restés l'un l'autre dans l'enfance même de leur amour.
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Il y a là un homme et une femme. Ils se taisent. On peut supposer qu'ils ont beaucoup parlé avant que nous les voyions. Ils sont très étrangers au fait de notre présence devant eux. Ils sont debout, adossés aux murs, aux meubles, comme épuisés. Ils ne se regardent pas. Dans le salon il y a deux sacs de voyage et deux manteaux mais à des endroits différents. Ils sont donc venus là séparément. Ils ont trente ans. On dirait qu'ils se ressemblent
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Il y a là un homme et une femme. Ils se taisent. On peut supposer qu'ils ont beaucoup parlé avant que nous les voyions. Ils sont très étrangers au fait de notre présence devant eux. Ils sont debout, adossés aux murs, aux meubles, comme épuisés. Ils ne se regardent pas. Dans le salon il y a deux sacs de voyage et deux manteaux mais à des endroits différents. Ils sont donc venus là séparément. Ils ont trente ans. On dirait qu'ils se ressemblent.
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J'ai envie de vous quitter autant que j'ai envie de vous voir, je me laisse aller à ces choses sans les comprendre.
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