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Critique de NMTB


NMTB
20 décembre 2014
La douleur, le journal qui ouvre ce recueil, a eu lieu à Paris, au printemps 1945, alors que les alliés sont en train d'achever l'Allemagne, qu'on découvre peu à peu l'horreur des camps nazis, que les prisonniers de guerre se font fusillés, qu'il faut pourtant envisager le pardon, la reconstruction et les prochaines élections. Et tout le monde se positionne. Il y a ceux qui sont déjà prêt à oublier, ceux qui ne pensent qu'à se venger, ceux qui ménagent leurs futurs électeurs. Et parmi eux, Marguerite est comme en suspension, dans l'attente d'un coup de téléphone, de son mari peut-être mort. Elle erre de son appartement à la gare d'Orsay, centre de rapatriement des prisonniers de guerre. La première question qu'on lui pose lorsqu'on la croise n'est plus « ça va ? » mais « alors ? ». « Rien », pas de nouvelle. Elle l'imagine dans un fossé noir, face contre terre, troué de balles, ou bien avançant dans une colonne de prisonniers, affamé, presque mort. Mais rien, toujours l'attente. Puis le téléphone sonne enfin, c'est François Mitterrand, le chef de son groupe de résistants, il a retrouvé Robert à Dachau. Robert revient à Paris, « trente-huit kilos répartis sur un corps d'un mètre soixante-dix-huit ». Il va devoir réapprendre à manger et à vivre en silence. Ce premier récit est très fort émotionnellement, direct comme un journal intime peut l'être. Les autres récits, s'ils sont en partie issus de l'expérience de Marguerite Duras en tant que résistante, sont plus romancés. Même si dans l'introduction de « Monsieur X. dit ici Pierre Rabier », Duras précise qu'il s'agit d'une histoire vraie jusque dans le détail, ça reste une histoire ; et une histoire bien construite, avec des coïncidences, des rebondissements, de la tension. Une histoire de résistant. Les deux textes qui suivent concernent le traitement des prisonniers au sein de la résistance, tandis que les deux derniers sont assez courts et plus évasifs, bien qu'ils concernent aussi la deuxième guerre mondiale. Ce recueil vaut surtout d'être lu pour La douleur. Mais l'ensemble du recueil sert aussi à rappeler la seule véritable conclusion que devrait inspirer les camps de concentration : « Nous sommes de la race de ceux qui sont brûlés dans les crématoires et des gazés de Maïdanek, nous sommes aussi de la race des nazis. »
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