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Hélène Bamberger (Illustrateur)
EAN : 9782862342108
68 pages
Marval (02/07/1999)
3.68/5   25 notes
Résumé :
J'ai rencontré Marguerite Duras à Trouville pendant l'été 80.
Nous avons pris l'habitude de nous promener tous les après-midi.
Pendant ces promenades, je faisais des photos. Peu à peu, Marguerite s'est mise à me diriger. D'année en année, les photos sont devenues indispensables à nos promenades, comme un devoir de vacances, sur lequel Marguerite manifestait des exigences de plus en plus précises. Peu à peu on en est venu à parler d'un album.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un petit volume ravissant retrouvé dans mes rayonnages, Jolie publication énigmatique... une sorte d'OVNI....
Durant des années, la photographe, Hélène Bamberger a parcouru les paysages normands avec son amie, Marguerite Duras, et comme chauffeur, Yann Andrea !...

Des clichés, images insolites, de plus en plus dirigées pa M.D, qu'elle revisionnera ultérieurement et y apposera des textes aussi insolites...l'idée d'un album naîtra !!!

Des instantanés souvent habités par la mer, des lieux divers, surprenants,un terrain de tennis déserté, symboles disparates évoquant la
mort , le temps qui passe inexorablement, comme une plage animée, une gare abandonnée, comme un cimetière, le haut d'un crucifix....des images plus sereines, comme des cordages, la pénombre-lumière de l'intérieur d'une église, un ensemble de troncs d'arbres coupés , en attente sur un quai... une belle maison , sans fenêtres, abandonnée...
de belles plages, etc.


"Ces cordages faits pour retenir les bateaux
de rejoindre le vent et de s'y perdre.
La mer est toujours surveillée, vérifiée.
Des fois qu'elle ne voudrait plus vivre.
Comme il y a des gens qui ne veulent plus
partir mais seulement rester là, à vivre dans
l'immobilité du temps. " (p. 34)

Plusieurs clichés me fascinent dont cet ensemble de troncs d'arbres coupés, marqués, en attente sur un quai...

"C'est du bois.Des BOIS. Venus des arbres des sols des
pays de grandes misères, venus des forêts d'Asies
différentes, comme le Siam qui a donné son nom
à des continuités terriennes perdues dans la géographie.
Celles des contrées perdues, comme étant d'un
autre temps.
Que pourrait-on montrer d'autre que ce qu'on voit ? Ce
qui est simplement vrai et qui échappe à l'homme ." (p. 38)

Il est aussi de nombreuses allusions aux guerres et au second conflit vécu par m.d.
un détail d'ombre d'un balcon de son appartement normand :
"Lire : l'ombre.
C'est l'ombre du balcon de notre appartement aux Roches Noires.
(...) La guerre est devenue lointaine comme l'âge des
enfants, comme la guerre, le temps passé en guerre. On
ne sait plus où elle a lieu. Parfois on va jusqu'à ne plus
savoir s'il y a encore des guerres, aujourd'hui ou hier.
On ne sait plus rien, presque, à force de savoir Tout.
Tout comme on croit savoir. C'est ce qu'on appelle un
état avancé du désespoir. (p. 20)

Un petit volume original... qui peut laisser perplexe...la meilleure attitude ,du moins personnellement, est de lâcher prise, de se laisser happer , dériver par la contemplation des photographies comme par les mots accompagnateurs !!!
Une rêverie multiforme, personnelle et différente pour chaque lecteur !!!
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Entre promenades et écritures, Marguerite Duras cherche à découvrir ce que cache les lieux qu'elle traverse, identifiant les signes du passage des hommes, d'empreintes, comme pourrait le faire un chercheur ou un enquêteur.

Là où son regard se pose, sa complice capte avec un appareil photo les indices. de leurs multiples balades Marguerite Duras et Hélène Bamberger, de la voix et par l'image offrent un récit de l'histoire des familles, des communautés qu'elles tracent, imaginant les hommes et les femmes, leurs enfants nés dans ces contrées..


De ce minerai, il restait à composer une musique, à roder une histoire. Peu à peu, les photos dessinent la côte normande depuis Trouville, peut-être à la recherche des ombres laissées par la guerre, comme le suggère, page 50 ces mots : "Tout s'est effondré. On a seulement gardé le désordre de la nature, sa folie".


Il y a les lieux habités, il y a aussi les lieux déserts, comme la maison sans fenêtres, "elle a dû durer 100 ans, puis elle a été fermée comme ses collègues", page 62. Il y a aussi "le calme, le calme du blanc. le reste est le temps", souligne Marguerite Duras, page 43,
Ces promenades longent parfois la mer, on aperçoit alors les champs du débarquement des armées françaises. "Les morts sont invisibles. Là". page 44.
Chaque photo est une nouvelle redécouverte des chemins tracés, ici "c'est Venise à Honfleur, et puis la haute mer", page 11, là, "c'est le petit bac de Quillebeuf". "C'est la seine, déjà, oui, c'est beau comme un écrit. C'est très beau", page 32.


Et puis de çà on a tout oublié... il y avait zéro touriste, y avait rien. On a tout laissé comme ça.
Car il est des événements comme des lieux, certains s'effacent, d'autres expriment des moments, des drames, ou peut-être la "force invisible de la mer et des sables"...


Ce petit recueil de textes la "Mer Écrite", écrit à quatre mains est un ensemble de réflexion sur le temps qui passe. Ces plages normandes ont encore des secrets cachés, des petites merveilles à dévoiler une autre couleur à écrire, et à nommer.
C'est "le bleu, à crier tellement c'est bleu. Acharné. le bleu des enfants comme celui d'un ciel". Page 24.

Magique !
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Ce petit recueil poétique en forme d'album photos-souvenirs, est une curiosité dans l'oeuvre abondante de la grande écrivaine, plus prolixe dans le domaine du romanesque. Au travers de courts textes mélangeants, réflexions, pensées et poésie, l'autrice nous emmène dans une balade mémorielle le long de la côte Normande, racontant en mots et photos le cauchemar qu'a subi la Normandie durant l'occupation nazie et le débarquement allié. En évoquant les sacrifices des soldats américains et anglais, elle nous renvoie à notre propre devoir de mémoire envers ces jeunes hommes venus nous délivrer de l'infâme et rendre la lumière à nos vies. Les vers concis, d'une simplicité fluide, s'accouplent merveilleusement bien aux jolies photos illustrant le recueil, donnant à cette réminiscence poétique, un souffle libérateur, empreint de mélancolie, mais aussi d'espoir, en admirant les beaux paysages de la côte Normande redevenus paisibles et libres.
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La mer écrite” est un livre qui devrait surtout plaire aux lecteurs qui ont déjà pu apprécier la plume de Duras. On rentre ici un peu dans le quotidien de l'écrivain : les photos sont des paysages que Duras a pu voir et ses commentaires nous permettent de profiter de ses réflexions.
A mon goût, l'intérêt du livre tient plus dans les commentaires de Duras que dans les photos, même si les deux vont ensemble. J'avoue ne pas avoir eu un coup de coeur pour ces clichés, leur valeur ajoutée réside plus – selon moi – dans l'aspect témoignage des balades de Duras que dans leur qualité purement esthétique.
On notera que l'ouvrage est paru en 1996, soit l'année de la mort de Marguerite Duras. Il faudrait que je me renseigne, mais la dernière page étant signée par Yann Andréa, je me demande s'il n'est pas à l'origine de cette publication (si vous pouvez confirmer ou infirmer, n'hésitez pas !).
Bref, à conseiller pour tous les amoureux de l'oeuvre de Duras. Les autres ne devraient pas y trouver un grand intérêt !

http://www.art.souilleurs.free.fr
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Entre pensées et poésie, ce petit livre recueille la parole de Marguerite Duras face à des fragments de paysages pris en photo par Hélène Bamberger lors de promenades se déroulant sur plusieurs années aux alentours de Trouville;
L'idée de ce recueil s'est faite petit-à-petit lors de ces balades ensemble.
On y voit la mer, bien sûr, calme et industrielle, mais aussi des ombres de balcon, les traces de la deuxième guerre mondiale, et la dualité entre instant et éternité.
La voix saccadée, les paroles brèves et décidées de Marguerite Duras deviennent peu à peu une poésie hypnotisante emplie de ses propres morts et de sa vie.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
ça, c'est la capitale des mouettes.
Sont tranquilles, là, les mouettes, restent où c'est tranquille, les mouettes. Ressemblent à rien. Mais règnent dans les sables invisibles et dans les livres des écrivains. Et près des soleils et des heures arrêtées par la force invisible de la mer et des sables.
Ce sont des endroits où on revient toujours, pour voir si on est encore vivant face aux mouettes. (p. 66)
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Ces cordages faits pour retenir les bateaux
de rejoindre le vent et de s'y perdre.
La mer est toujours surveillée, vérifiée.
Des fois qu'elle ne voudrait plus vivre.
Comme il y a des gens qui ne veulent plus
partir mais seulement rester là, à vivre dans
l'immobilité du temps.
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[ L'image : des grèves à perte de vue...des vaches qui paissent et la mer au loin...]

Les champs du débarquement des armées françaises. Les morts sont invisibles. Là. (p. 44)
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Tout s'est effondré.
On a seulement gardé le désordre de la nature, sa folie.
p 50
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(...) La guerre est devenue lointaine comme l'âge des
enfants, comme la guerre, le temps passé en guerre. On
ne sait plus où elle a lieu. Parfois on va jusqu'à ne plus
savoir s'il y a encore des guerres, aujourd'hui ou hier.
On ne sait plus rien, presque, à force de savoir Tout.
Tout comme on croit savoir. C'est ce qu'on appelle un
état avancé du désespoir. (p. 20)
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