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EAN : 9782707301796
136 pages
Editions de Minuit (01/05/1977)
4.15/5   10 notes
Résumé :
L’ouvrage que nous publions est composé de deux textes littéraires d’une part du scénario qui se présente de la même façon que Détruire dit-elle avec des indications techniques, d’autre part de l’entretien qu’a eu Marguerite Duras avec Michelle Porte, à la suite de la réalisation du film.
Le scénario indique que pratiquement tout le film se déroule dans un même lieu où on lit une histoire. Dans une chambre fermée où tous les rideaux sont tirés, un homme (Géra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quel étonnant objet littéraire !
On aurait pu le croire un scénario, il est un huis clos théâtral où l'auteure parle d'icelui à Gérard Depardieu.
On aurait pensé que dans une fiction cinématographique des acteurs jouent un rôle ; dans les séquences visuelles, réalisables ou réalisées, l'on ne voit que rouler un trente-deux tonnes Saviem, sur des routes très spécifiques de telles zones périurbaines des Yvelines, mais on n'aurait pas vu les deux personnages assis ensemble dans la cabine du camion ; dans une « chambre noire », Marguerite Duras et (un petit peu) Gérard Depardieu, attablés, lisent les feuilles d'un texte concernant ces deux personnages.
On aurait compris, dès la citation de Maurice Grevisse en exergue, que l'oeuvre est une sorte de rhapsodie centrée sur le conditionnel composé (et non le futur antérieur), appelé aussi « conditionnel préludique », exprimant le fait éventuel que les deux personnages (l'écrivaine et le comédien ET le routier et l'auto-stoppeuse) se seraient fait leur film.
On aurait recherché en vain un intérêt quelconque ou même seulement une cohérence dans le quasi monologue d'une heure vingt que l'auteure attribue à la femme ; pas plus qu'elle n'intéresse, ni sexuellement ni intellectuellement, le camionneur qui ne l'écoute pas, elle n'a de quoi captiver le lecteur, qui aurait été amené à se demander si elle était tombée en panne en rendant visite à son petit-fils Abraham nouveau-né, si elle avait fait une habitude d'assommer verbalement les malchanceux conducteurs qui l'auraient prise régulièrement à bord, ou si elle était simplement en cavale, évadée d'une clinique psychiatrique identifiée. Par ailleurs, une note de bas de page à mi pièce (p. 50) nous aura ainsi informés :
« Le récit qui suit est, bien entendu, indéfiniment interchangeable. Mises à part, cependant, d'une part, les données géographiques du lieu décrit, ou, si on veut, les menaces latentes de la fin du monde, la force du vent, la mer toujours proche qui suit le voyage, et, d'autre part, les allusions à la naissance d'un enfant nommé Abraham et à la confusion mentale. »
On aurait été déçu si l'on avait recherché « des choses plus substantielles » au moins dans les très verbeux propos politiques de la raseuse, hormis son usage de la terminologie propre au PCF qu'elle rejette à la suite des événements de Mai 68 (à Prague autant qu'à Paris), parvenant au joli slogan : « Que le monde aille à sa perte, c'est la seule politique. » - un slogan qui possède toute sa pertinence actuelle, aurais-je eu envie de conclure.

Formidable essai, dans la filiation, selon mes propres références, du meilleur Pirandello expérimental : Six personnages en quête d'auteur et Ce soir on improvise.
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Il faut être Marguerite Duras pour avoir l'idée de raconter plutôt que de tourner le film car "Le camion" est une rencontre entre la littérature et le cinéma, entre les mots et les images dans un même espace.
Le film est une mise en abyme très subtile des deux « comédiens » qui lisent les textes des deux personnages en parlant d'eux avec les pronoms « il » et « elle ».
Il s'agit d'une femme prise en stop par un routier.
La dame du camion est-elle folle, sortie de l'asile de fous ou une femme libre qui aborde une nouvelle manière d'exister en faisant du stop et parlant avec des inconnus ? le conducteur du camion est-il vraiment un syndicaliste borné ou simplement un auditeur peut-être un peu désarmé et muet face au flot verbal de sa passagère ? Tout est laissé en suspens, une manière de ne pas fixer une représentation, un imaginaire forcé et imposé.
On sent que Marguerite Duras a des comptes à régler sur son engagement politique au parti communiste mais les beaux sentiments restent présents surtout quand elle fait dire à la femme du camion « ma fille pense que la poésie est la chose la plus partagée dans le monde. Avec l'amour. Et la faim. »
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Deux personnes parlent dans une pièce sombre, un homme une femme, Marguerite Duras et Gérard Depardieu. La femme lit le scénario de son film. L'histoire est celle d'une femme qui monte à bord d'un camion de routier et qui parle tout le long du trajet au chauffeur qui n'écoute quasi pas, ne répond quasi pas. La femme parle de tout et de rien, c'est assez décousu. Il est difficile de savoir d'où vient cette femme, difficile de savoir où est et où va ce camion. le texte est suivi d'un entretien de Marguerite Duras avec Michelle Porte, parties que je ne lis normalement pas, mais que j'ai apprécié ici pour pouvoir appréhender un peu mieux ce scénario… qui reste malgré tout assez particulier. Ça doit valoir la peine de regarder le film pour ajouter une dimension à l'histoire.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- MP - Vous utilisez toujours le futur antérieur dans ce film : « ç’aurait été un film. – C’est un film ».
- MD – Oui, je pense que c’est le premier film que je fais, et peut-être le premier film qu’on fait, où le texte porte tout. Dans la grammaire de Grevisse il est dit que le futur antérieur est le conditionnel préludique employé par les enfants dans leurs propositions de jeu. Les enfants disent : toi tu aurais été un pirate, toi tu es un pirate, toi tu serais un camion, ils deviennent le camion ; et le futur antérieur, c’est le seul temps qui traduise le jeu des enfants : total ; Leur cinéma.
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On oublie quatre-vingt-dix pour cent des choses de la vie, on deviendrait fou, on mourrait si on avait présent en mémoire tout le temps vécu, on mourrait, ce serait insoutenable. Ce serait un peu comme si la mort n’existait pas : il y a autant de vécu dans l’histoire extérieur du monde que dans un seul homme. Autant, depuis la première époque de l’Égypte, que dans un homme. C’est ce que je crois, moi. On dit toujours que l’oubli est un défaut, mais heureusement qu’il existe, si on se remémorait parfaitement tout, les douleurs, les passions, les joies, l’instant serait blanchi, complétement spoliée, n’existerait plus… L’oubli, c’est la vraie mémoire…
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La situation commune entre le chauffeur et la femme, c’est celle-ci : lui, est dans l’exercice de son métier, et elle, elle est transportée par lui : mais tous deux sont face à la route.
Vous voyez ?
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PANORAMIQUE. On part de la route nationale 12 à Ponchartrain (Yvelines). On arrive sur place : le camion est là. Un trente-deux tonnes Saviem. Bleu. Avec remorque. Arrêté.
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Ma fille pense que la poésie est la chose la plus partagée dans le monde. Avec l'Amour. Et la faim.
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