AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Le quatuor d'Alexandrie tome 3 sur 4
EAN : 9782702016459
312 pages
Buchet-Chastel (01/02/1996)
4.13/5   45 notes
Résumé :
L'Egypte, pour David Mountolive, c'est Alexandrie, la beauté du soir sur les eaux du lac Maréotis, son amitié avec Nessim et Narouz, son amour pour leur mère Leila. Les caprices du Foreign Office qui l'avaient envoyé à l'autre bout du monde le ramènent enfin ambassadeur au Caire. Nessim a épousé Justine, et les services secrets le soupçonnent de trafic d'armes en faveur de la Palestine. Mountolive n'en veut rien croire. Le suicide de Pursewarden qui s'était porté g... >Voir plus
Que lire après Le quatuor d'Alexandrie, tome 3 : MountoliveVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
@Mountolive est le troisième tome du quatuor d'Alexandrie. @Durrell le qualifiait de roman orthodoxe qui recoupait les deux premiers en plusieurs endroits. le narrateur erratique est cette fois-ci remplacé par un point de vue extérieur plus neutre.

Le roman s'ouvre sur une incroyable scène de pêche à laquelle participe David Mountolive dont la vie nous est partiellement contée. Notamment sa liaison avec la solaire Leila, la mère de Nessim qu'il rencontre alors qu'il est envoyé en Egypte par le Foreign Office pour se perfectionner en arabe. Au cours de son long séjour dans la demeure familiale Hosnani, le mari paralytique de Leila, Falthaus lui expliquera la position délicate des Coptes dans la société égyptienne et de la grande responsabilité des anglais dans ce déclassement avec la perte du contrôle du Moyen Orient qui mettra à mal toutes les minorités jusqu'alors très présentes en Egypte. L'histoire récente lui donnera malheureusement raison.

Nous suivons ensuite le jeune diplomate en Russie, à Berlin, mais également en Angleterre où Mountolive rencontre pour la première fois Liza, la soeur aveugle de Pusewarden, dont il s'éprend. Puis c'est le retour en Egypte où il vient d'être nommé ambassadeur.

De nombreux épisodes des livres précédents sont narrés pour la seconde ou troisième fois et les cartes sont à nouveau complètement rebattues. C'est le temps des révélations, les faux-semblants et les fausses pistes égrenées lors des deux premiers tomes implosent pour laisser place à la vérité incontestable dévoilée avec une grande dramaturgie. C'est le temps du contre-espionnage britannique et de ses luttes intestines, celui de la corruption et de la politique avec en point d'orgue la Palestine, celui des trahisons.

Je pourrai également écrire sur les réflexions profondes émises par les protagonistes de l'histoire notamment Pusewarden ou Leila ou de bien d'autres aspects du roman qui explorent tellement de sujets avec une maîtrise surprenante amis et le style me direz-vous ?

Le style est baroque, riche et d'une beauté absolue, combien de fois suis-je revenu en arrière pour relire des passages entiers, parfois plusieurs pages, pas question d'accélérer la lecture, la ralentir, profiter de chaque mot, du souffle inouï instauré par @Durrell dans son histoire.

Challenge Multi-Défis
Commenter  J’apprécie          50
Mountolive est le troisième mouvement du Quatuor d'Alexandrie. Par le biais d'un regard externe et omniscient la narration se concentre sur le personnage éponyme, ambassadeur britannique au Caire, dont la figure était à peine esquissée jusque-là dans les deux premiers volumes. Ce faisant le récit remonte aux origines, à des événements antérieurs à ceux qui occupent Justine et Balthazar. Ainsi, l'intrigue nous apparaît sous un prisme différent, le dévoilement se fait plus précis, mais le lecteur quelque peu échaudé devine que peut-être il n'en a pas fini avec tout ce jeu des apparences, ce chausse-trappe narratif. Plusieurs personnages dont l'ambassadeur en sont eux-mêmes pour leurs frais. Ce qui semblait n'être qu'intrigues amoureuses et tromperies triviales, bien que surprenantes, prend le tour d'un vaste complot politiques mettant aux prises les autorités égyptiennes, les représentants de la couronne britannique et certains notables coptes.

Mountolive propose donc un éclairage nouveau sur les évènements qui marquent les deux premiers volets du Quatuor en présentant les ressorts profonds qui ont conduits les figures de ce vaste palimpseste littéraire à leurs actes fatals. A l'orée du dernier opus, Cléa, le lecteur, une nouvelle fois désarçonné, se campe derechef sur ses jambes, préparé à l'ultime assaut, attendant le signal de l'arbitre Durell : « En garde ! », « Prêts ? », « Allez ! ».
Commenter  J’apprécie          30
La saga d'Alexandrie se développe et s'ancre un peu plus profondément dans le drame dans ce troisième volet du "Quatuor" .
L'intrigue nous confronte à la fin tragique de Pursewarden , le poète et écrivain qui finit par se suicider au cyanure . le complot de Nessim , le richissime copte amoureux de Justine la reine de beauté juive , se développe et prend corps . Il ne s'agit plus d'un aimable cercle de doux étudiants de la Kabbale , mais bien de dangereux comploteurs qui trafiquent des armes pour en procurer aux colons israéliens pour leur permettre de se battre contre les Palestiniens qui se retrouvaient à l'époque en position de force au départ des Anglais .
" Toute notre fortune a passé dans la lutte qui est sur le point de s'engager ici ...Les Anglais et les Français nous aident , ils n'y voient pas malice ... Ils sont dans une situation lamentable parce qu'ils n'ont plus de désir de se battre , ni même de penser ... Les juifs au contraire , représentent un élément jeune: ils sont le poste avancé de l'Europe dans ces marécages croupissants d'une race moribonde ." Déjà !?
" Nous savons , dit encore Durrell , que nos jous sont comptés depuis que les Français et les Anglais ont perdu le contrôle au Moyen-Orient . Nous , les communautés étrangères , avec tout ce que nous avons édifié ici , nous sommes petit à petit absorbés par la poussée arabe , la marée musulmane ..." Déjà!?
Nous voilà bien loin de l'aimable adagio du début de la saga . Nous sommes en plein drame : le complot est découvert , le frère de Nessim en paiera de sa vie les frais .
Quand à David Mountolive , le jeune et fringant diplomate britannique qui donne son nom au titre , c'est en fait un personnage secondaire . Il a quitté Alexandrie assez jeune pour mener une brillante carrière dans divers ambassades et bien longtemps après , pour revenir au Caire et à Alexandrie pour y voir toutes ses illusions et ses amours sombrer ...
Un livre magnifique qui donne à réfléchir sur la vanité des choses et les dérisoires efforts des hommes pour s'inscrire dans la longueur du temps historique . Les tendances lourdes des évènements majeurs ont toujours leurs racines bien loin en arrière ...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          40
Je globalise ma critique aux quatre tomes que j'ai lus reliés en un seul volume, chez Buchet Chastel, 1997, 1029 pages. En reprenant l'ensemble afin de me remémorer les sensations éprouvées il y a une bonne vingtaine d'années, j'ai renoué avec l'incandescence romantique, l'exotisme d'une Égypte révolue, les passions exacerbées ou rentrées, la beauté d'une écriture dense, évocatrice et charnelle. L''envie est là de relire, mais n'est-ce pas du temps perdu... J'avais mis plus d'un an à lire un de mes romans préférés.
Commenter  J’apprécie          30
Je referme ce livre une larme à l'oeil. Les mots sont beaux, les mots sont forts.
J'ai adoré ce 3ème volume du Quatuor d'Alexandrie. On y découvre la vie de la famille Hosnani à travers Mountlolive, diplomate anglais tombé amoureux de l'Egypte dans ses jeunes années.
Les différents tomes du Quatuor racontent une même histoire vue par des personnages différents... C'est au lecteur de mettre ces 3 premiers tomes en parallèle pour essayer de les comprendre...
Je suis impatiente de lire le 4ème volume pour voir s'il y a une clé...
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ils se mirent en selle et prirent le chemin de la maison. Donnant l’ordre au régisseur de marcher devant avec la lanterne, Leila amena son cheval tout contre celui de Mountolive pour que leurs genoux se touchent et que le contact de leurs corps apaise en partie leurs sens. Ils n’étaient amants que depuis peu – dix jours à peine – mais ces dix jours semblaient un siècle, une éternité de désespoir et de joie, au jeune Mountolive. Il avait reçu en Angleterre une éducation conventionnelle qui ne l’avait nullement préparé aux fêtes de la sensibilité. Il avait déjà, en dépit de sa jeunesse, parfaitement assimilé toutes les précieuses leçons qui lui permettaient d’affronter, avec sang-froid, tous les problèmes que la bonne société pouvait lui proposer ; mais aux émotions personnelles il ne savait encore qu’opposer le silence taciturne d’une sensibilité nationale presque totalement anesthésiée : une éducation à base de réticences et de pudeurs de bon ton. L’éducation et la sensibilité vont rarement de pair, encore que la lacune puisse être soigneusement masquée sous les règles du savoir-vivre et des convenances. Il n’avait de la passion qu’une connaissance livresque ; il s’était mêlé à des conversations où il en était question ; mais il l’avait toujours considérée comme une réalité avec laquelle il n’aurait jamais à se mesurer ; et voilà qu’elle avait fondu sur lui, qu’elle animait en secret sa vie d’écolier grandi trop vite et menait une existence autonome derrière l’écran des bonnes manières et des activités quotidiennes, des conversations et des amitiés de tous les jours. Chez lui l’homme du monde portait déjà des fruits avant que l’homme intérieur eût épanoui ses fleurs. Leila l’avait retourné comme on retourne une vieille malle, éparpillant tout son contenu autour de soi. Et il n’était pas loin d’admettre qu’il était encore un béjaune qui avait déjà épuisé toutes ses réserves. Il se rendait compte, presque avec indignation, qu’il touchait enfin quelque chose pour quoi il se sentait presque capable de mourir — quelque chose dont la crudité même portait en soi un message ailé qui blessait son esprit au vif. Même dans le noir il sentait qu’il avait envie de rougir. C’était absurde. Aimer était absurde, cela fichait tout par terre. Que dirait sa mère, se demanda-t-il tout à coup, si elle pouvait les voir, chevauchant ainsi parmi les spectres de ces palmiers, près d’un lac où se mirait un mince croissant de lune, genou contre genou ?
Commenter  J’apprécie          20
Le canot à fond plat qui l’emportait maintenant, par lents à-coups, sur l’eau trouble, virait lentement vers l’est pour se placer dans le vaste demi-cercle de bateaux, qui se refermait progressivement sur l’espace délimité par les tresses de roseaux marquant l’emplacement des filets. Et tandis qu’il se rapprochait, par petites poussées, la nuit égyptienne tomba : tous les objets prirent soudain une apparence de bas-reliefs sur fond d’or et de pourpre. Dans les dernières lueurs mauves du couchant, la terre était devenue opaque comme une tapisserie, frissonnant par endroits en mirages de brume, en reflets d’horizons qui se dilataient et se contractaient, comme si le monde se réverbérait sur une bulle de savon tremblotante, prête à s’évanouir. Les voix aussi sonnaient tantôt plus graves, tantôt plus douces et claires au-dessus de l’eau. L’écho de sa propre toux se propagea sur le lac comme une chauve-souris aux ailes incertaines. C’était le crépuscule, mais il faisait encore chaud ; sa chemise lui collait à la peau. Les rais d’ombre qui avançaient vers eux découpaient seulement les contours des îles frangées de roseaux, ponctuant la surface de l’eau comme de grandes pelotes d’épingles, comme des pattes, comme des touffes.
Commenter  J’apprécie          10
Alors se produisit un autre phénomène insolite : le ciel s’épaissit à son tour et se mit à frissonner et à grouiller comme la surface de l’eau. La nuit fut tout à coup peuplée de formes indistinctes, car tous ces bonds, ces craquements et ces cris avaient réveillé les habitants des rives, et ces nouveaux visiteurs, par centaines – pélicans, flamants, grues et martins-pêcheurs – arrivaient, en bandes désordonnées, de tous les nids de roseaux de l’estuaire et venaient participer à la curée en jetant des cris perçants et en décrivant d’audacieuses figures aériennes pour saisir le poisson au vol. L’air et l’eau grouillaient de vies tandis que les pêcheurs commençaient à entasser leurs prises dans les bateaux ou retournaient leurs épuisettes pour laisser ruisseler des cascades d’argent par-dessus les plats-bords. Les timoniers se trouvèrent bientôt enfoncés jusqu’aux chevilles dans une masse de corps à l’agonie, qui se tortillaient désespérément. Il y en avait assez pour les hommes et pour les oiseaux, et tandis que les plus grands échassiers du lac pliaient et dépliaient leurs ailes timides comme d’antiques parasols de couleur ou rôdaient d’un vol lourd sur les eaux bouillonnantes, les martins-pêcheurs et les mouettes fendaient les airs à la vitesse de l’éclair, affolés par la faim et l’excitation de la chasse, volant à une allure de suicide, certains se rompant le cou en fonçant droit sur le pont des bateaux, d’autres piquant du bec dans la chair brune d’un pêcheur, ouvrant une joue ou une cuisse, dans leur terrifiante avidité. Les éclaboussements d’eau, les cris rauques, les craquements de becs et d’ailes et le battement furieux des tambourins donnaient à toute cette scène une splendeur inoubliable qui évoquait vaguement dans l’esprit de Mountolive, d’antiques fresques pharaoniques de lumière et de ténèbres.
Commenter  J’apprécie          00
Le cercle de bateaux s’était resserré autour des filets et dans le chaud crépuscule les petites flammes des allumettes commençaient à jaillir ; bientôt les lampes à carbure fixées aux proues s’épanouirent en fleurs jaunes et tremblotantes, vacillant un instant avant de se mettre au point, permettant ainsi à ceux qui n’étaient pas à l’alignement de rectifier leur position. Narouz passa par-dessus son hôte en s’excusant et se dirigea à tâtons vers la proue. Mountolive sentit la sueur de son corps puissant quand il se pencha pour aspirer au tuyau de caoutchouc et agiter le réservoir de la lampe, rempli de morceaux de carbure. Puis il tourna une clé, craqua une allumette, et pendant un instant ils furent enveloppés par une fumée épaisse qui les obligea à retenir leur souffle ; elle se dissipa rapidement tandis qu’au-dessous d’eux s’épanouissait, tel un immense cristal de couleur, un demi-cercle d’eau, éblouissant comme une lanterne magique, révélant des formes étrangement nettes de poissons qui se dispersaient et se rassemblaient de nouveau avec des frétillements de surprise, de curiosité, peut-être même de plaisir. Narouz chassa bruyamment l’air de ses poumons et regagna sa place.
Commenter  J’apprécie          00
L’eau était devenue plus dense, épaisse comme une bouillie d’avoine que l’on tourne lentement à feu doux pour la faire épaissir. Mais en regardant de plus près, il vit que cette impression était causée non par l’eau mais par la prolifération des poissons eux-mêmes, surexcités sans doute par la conscience de leur multitude : c’était un grouillement ponctué de bonds, de glissades, de brèves escarmouches. Le cordon s’était resserré comme un nœud coulant, et chaque embarcation n’était plus maintenant distante de sa voisine, autre flaque de lumière cireuse, que de six ou sept mètres. Les hommes s’étaient mis à pousser des cris rauques et à frapper l’eau autour d’eux, excités eux aussi par la présence de ces grouillements poissonneux qui se faisaient de plus en plus denses, sous la surface, à mesure que le fond se relevait et qu’ils se sentaient pris dans le cercle éblouissant. C’était une frénésie de mouvements qui tournait au délire. De vagues silhouettes d’hommes commencèrent à déplier de grandes épuisettes et les cris augmentaient. Mountolive sentit que son sang se mettait à battre plus vite.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Lawrence Durrell (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lawrence Durrell
1965 Intimation BBC
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (134) Voir plus



Quiz Voir plus

L'énigme Toutankhamon

Toutankhamon était un enfant pharaon. A quel âge a-t-il accédé au pouvoir?

9 ans
22 ans
11 ans
44 ans

34 questions
67 lecteurs ont répondu
Thèmes : pharaon , mystère , antiquité , animaux , énigmes , egypte , archéologieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..