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C'est un roman d'atmosphère, de sensations, d'émotions, exprimant une sensualité retenue, l'ensemble à travers la brève rencontre d'un dessinateur français avec une jeune sud-coréenne qui travaille dans la pension où il va résider quelques temps au coeur de l'hiver de Sokcho.

L'un ne pense qu'aux dessins qu'il doit élaborer en profitant de ce séjour hivernal à l'étranger, seul lieu où il parvient à mettre en page son talent, l'autre ressent une attirance pour cet homme, ses mystères, ses dessins, elle voudrait être dessinée par lui. Entre eux, beaucoup de retenue, dans les mots, les attitudes, les gestes qui ne vont jamais au bout de là où ils pourraient parvenir, préservant ainsi tout l'indicible de cette rencontre particulière.

C'est aussi un roman qui parle de cuisine, avec de nombreux détails sur les différents mets et leur préparation. La jeune fille voudrait que le dessinateur goûte sa cuisine, et certainement secrètement son corps, mais, lui, n'est pas tenté par la première et semble incapable d'approcher de trop près le second.

L'histoire se déroule en une douceur délicate, avec de très nombreuses références à la nature, au vent, à la neige, au sable de la plage, aux vagues écrasées par le froid, aux oiseaux et tous les éléments de cette ambiance feutrée contribuent indiscutablement à la beauté qui émerge paisiblement de ce beau roman.
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Sokcho, petite station balnéaire côté sud de la frontière entre les deux Corées.
Sokcho en hiver, ville portuaire déserte et glaciale.
Une pension miteuse, où travaille une jeune femme franco-coréenne. Il n'y a rien de mieux à faire, entre les visites à sa mère et les rendez-vous avec son petit ami attiré par le bling-bling de Séoul.
Rien de mieux à faire que d'étouffer sous la pression sociale (il faut être mariée, il faut être belle, même si c'est grâce à la chirurgie esthétique) et la peur latente à l'égard de l'encombrant voisin du Nord.
Et pourtant.
Une parenthèse s'ouvre.
Un Français arrive dans cette pension du bout du monde. Il dessine des bandes-dessinées.
Elle l'épie, il refuse de goûter sa cuisine, elle l'emmène en excursion. Frôlements, regards, silences, quelques phrases pour peu en dire.
Pas de révélation, de révolution, pas d'histoire d'amour, pas de tremblement de terre passionnel.
Pudeur sensuelle (ou l'inverse), brèves attirances aussitôt repoussées, solitudes irréductibles, fragilités.
Parenthèse refermée.
Une histoire sans histoire, un texte épuré, délicat, subtil.
Pas d'histoire mais des sensations, des impressions, de la retenue.
Rien qu'une ambiance, c'est déjà beaucoup.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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C'est l'hiver à Sokcho. Il n'y a rien à faire. Les touristes ont déserté la station balnéaire, proche de la frontière entre la Corée du Sud et celle du Nord. le vent et le froid engourdissent la ville et les âmes. Aussi, lorsque cet homme, perdu dans son manteau de laine, une valise à la main, demande à la réceptionniste de cette pension s'il peut rester quelques jours, elle est surprise. L'enregistrement fait au nom de Yan Kerrand, originaire de Granville, elle lui présente l'annexe où il dormira et la salle de bain commune. Qu'est donc venu faire ce français, dessinateur de bandes dessinées, dans cet endroit si calme, si vide ? Elle ne le voit pas beaucoup, il vaque dans sa chambre, parle peu tandis qu'elle s'ennuie dans cette pension où elle y prépare les repas et nettoie les chambres...

Un hiver à Sokcho, c'est la rencontre, presque impossible, de deux âmes esseulées, un Français et une Franco-coréenne. Ils se frôlent, se jugent et se jaugent, s'épient, s'approchent pour aussitôt s'éloigner. Leur rencontre se fait silencieuse. Un hiver à Sokcho, c'est ce moment suspendu, cette sorte de flottement, de parenthèse inattendue. Cet homme qui passe son temps à dessiner et elle qui ne semble ne vouloir être que sous sa plume. Moment d'abandon, de quête de soi, où l'on prend conscience que la vie n'est qu'une fuite, que l'autre, à jamais, reste inaccessible et les désirs inassouvis. La plume gracile, aérienne et tout en retenue d'Élisa Shua Dusapin nous plonge dans une ambiance intime, vaporeuse et céleste.
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce - pourtant - court roman. La faute à un sentiment de déjà-lu et à une écriture tellement épurée qu'elle peine au départ à donner du relief à ces pages de l'infime et d'un quotidien qui peut sembler insipide.
Et puis le charme m'a prise. Je me suis laissée bercer par la sensualité des mots pour décrire les liens qui se tissent en silence entre l'héroïne sud-coréenne et le Français taiseux, les ressentis météorologiques dans cette Corée hivernale, la préparation minutieuse des plats qui disent beaucoup plus que des paroles, le cheminement de l'encre sur le papier lorsque l'étranger dessine et peint sous le regard clandestin de la narratrice. Les sentiments s'affinent, l'envie et le besoin d'émancipation s'affirment chez la jeune femme sous emprise d'une vie qu'elle subit. C'est très subtil.
Certains passages sont surprenants, lorsque le roman quitte les sentiments éthérés pour revenir sur terre, notamment un, très saisissant, qui décrit le visage de la tante de l'héroïne lors d'un repas avec les aliments qui s'y engouffrent et en sortent d'une façon quasi animale.
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Rencontre improbable, aérienne, impalpable, contemplative entre deux êtres que tout sépare quoique…
A Sokcho, petite ville portuaire de la Corée du Sud, la narratrice, une jeune franco-coréenne qui n'est jamais allée en Europe rencontre Yann Kerrand, un auteur de bande dessinée, venu chercher l'inspiration loin de sa Normandie natale.
L'intrigue est mince, le vocabulaire précis, l'ambiance feutrée, semblable à un huit-clos.
Un récit très mélancolique, poétique, retenu, où les mots sont déposés d'une manière délicate qui nous plonge dans l'hiver sud-coréen, dans une pension de famille sclérosée , un peu délaissée par le froid et les liens fragiles se nouant entre deux êtres .
La narratrice conte et commente l'oeuvre de Yann Kerrand, son héros, dont la propre histoire se fond progressivement pour se clore sur « des traces de pas dans la neige ».

Je n'en dirai pas plus.
Une oeuvre difficile à commenter, d'une grande sensibilité, une rencontre singulière où le froid ralentit tout.
Une confrontation entre deux cultures qui touche le lecteur, une écriture lumineuse, efficace, épurée.
Un premier roman qui peut se relire afin d'en apprécier la subtilité et la délicatesse.
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On est à Sokcho.
Et c'est l'hiver.
D'où le titre.

Elle est sous la frontière entre les deux Corées, cette ville portuaire qui trimbale tant bien que mal sa routine assoupie sous une brume insistante. Il faut le savoir, Sokcho hors saison c'est un peu la misère.

Et puis, frémissement léger dans ce temps suspendu, une rencontre éphémère. Un auteur français en quête d'inspiration, une jeune autochtone figée dans ses journées ordinaires, deux sensibilités solitaires, deux cultures.

Entre eux, comme à Sokcho, il ne se passe pas grand-chose. Mais quand Elisa Shua Dusapin effleure ce pas grand-chose de sa plume singulière, à la fois pudique et lapidaire, c'est tout une atmosphère qui s'esquisse, mêlant le sensuel au trivial, le poétique à l'insignifiant, suggérant délicatement l'attente et les silences, quintessence de cette histoire qui n'en est pas vraiment une, mais peu importe.

C'est une belle expérience que la découverte de ce premier roman. Gracieuse franco-coréenne de vingt-cinq ans à peine, Elisa Shua Dusapin trouble et surprend par son écriture épurée, intimiste, et déjà si maîtrisée.

Une auteure subtile et prometteuse, incontestablement.




Entre nous je ferais juste ma chagrine quant à l'usage ici du verbe ramener, au lieu de rapporter. Trois fois en moins de vingt pages, ça m'a un peu chiffonnée (faut bien lui trouver un petit défaut à Elisa)
https://www.projet-voltaire.fr/regles-orthographe/apporter-ou-amener-emporter-ou-emmener/
(c'était la minute pédagogique)


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Charme saisissant d'une rencontre éphémère dans une Corée pittoresque
*
Lu dans le cadre du challenge #varionsleseditions où ce mois-ci, les éditions Zoé sont à l'honneur.
J'ai choisi ce roman pour son ambiance intimiste d'un pays encore mal connu, la Corée du sud. (le Nord, n'en parlons même pas :).
*
Vous me direz, une jeune auteure suisse peut-elle en parler si bien? Oui, puisque cette jeune femme est également de nationalité coréenne.
Focus sur une ville balnéaire proche de la frontière avec la Corée du Nord. Sokcho...Une ville exotique? En tout cas, elle nous paraît si lointaine, presque le bout du monde.
Dans cette saison glaciale qu'est l'hiver, une rencontre fortuite entre deux êtres esseulées qui n'ont rien en commun.
Une jeune autochtone (mais française par son père), travaille dans une pension de famille. Arrive un jeune breton, dessinateur, qui cherche de l'inspiration dans cet endroit inattendu et quelque peu assoupi.
*
Quelques jours feutrés et intimistes dans leur vie. Ils se croisent, se recroisent, se parlent, se jaugent, et se séparent.
Une parenthèse toute mélancolique, tendre et douce-amère se façonne dans ce coin reculé. Cela pourrait être le début d'une histoire d'amour (j'y ai pensé très fort), mais non, pas du tout, je l'ai inventé. Il y a cette retenue des sens, une pudeur où l'apprivoisement ne peut se créer.
Le choc des cultures y est pour beaucoup. Rien que dans la nourriture (un breton n'aimant pas les plats épicés). La jeune coréenne est elle-même engoncée dans le matriarcat austère, peinant à sortir de sa coquille.
*
Se lisant assez vite, on a tout de même le temps de s'imprégner de ce climat entre le sensuel et l'âpreté . Des descriptions si brutes et sensorielles m'ont permis un voyage en 3D.
Un brin poétique avec des phrases d'une rigueur toute ascétique, on se prend à apprécier cette ambiance (qui ressemble beaucoup aux estampes japonaises).
Y-a-t-il une part autobiographique? Qui sait? En tout cas, l'auteure a une plume délicate qui me donne envie d'en lire davantage.
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Dans le froid de l'hiver coréen, Yan Kerrand, dessinateur de BD normand, débarque à Sokcho, une ville portuaire proche de la frontière nord-coréenne. Il échoue dans une petite pension où travaille une jeune franco-coréenne qui n'a pas connu son père, n'est jamais allée en France, parle la langue mais préfère s'exprimer en anglais. Elle est immédiatement attirée par cet homme qui apporte avec lui un coin de ce pays qu'elle porte en elle sans le connaître. Leurs deux solitudes vont se jauger, se confronter, s'apprivoiser. Pudeur pour elle, choc culturel pour lui, un homme, une femme, une ville engourdie par l'hiver...

Un livre court où il ne se passe pas grand chose et pourtant...Beaucoup de poésie, de délicatesse, de pudeur s'en dégagent, et tellement plus que l'histoire d'un homme et d'une femme séparés par des cultures différentes. En peu de mots, avec pour cadre une petite ville, l'auteure réussit à nous faire voir la Corée dans son ensemble avec ses sourires, son sens du service, sa savoureuse cuisine, sa douceur de vivre, sa quiétude mais aussi la tentaculaire Séoul qui attire les jeunes de province pour les perdre, la pression sociale qui s'exerce sur les filles en âge de se marier, le culte de la beauté qui a fait de la chirurgie esthétique un acte banal, un cadeau que l'on offre pour un anniversaire et, bien sûr, la guerre civile de 1953 qui a coupé le pays en deux et la voisine du Nord qui reste une menace permanente.
Un huis-clos subtil et délicat où les sentiments sont tus pour laisser parler les sensations, la suggestion, la retenue. Une moment hors du temps à savourer au coeur de l'été pour se rafraîchir un peu.
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Il y a parfois des petits moments de grâce dans la vie, des instants où un regard semble vous pénétrer profondément, des moments où une chanson vous emporte très loin et vous laisse ensuite les yeux brillants, des minutes qui paraissent durer des heures ou des heures qui défilent à toute vitesse et vous laisse abasourdie, vidée mais heureuse.
La lecture de ce roman fait partie de ces moments empreints de poésie qui touche le lecteur en plein coeur, c'est un texte lumineux dont je ressors émerveillée.
C'est l'histoire d'une rencontre entre une jeune femme franco-coréenne et un dessinateur de bande dessinée normand, dans une petite ville du sud de la Corée en plein hiver.
Ils n'ont rien en commun, mais quelques jours passés ensemble vont laisser une empreinte indélébile sur chacun d'eux, comme une tache d'encre ou une cicatrice qui s’estompe mais ne s'efface jamais complètement.
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Quel étrange et troublant récit que cet Hiver à Sokcho. Ville balnéaire envahie par les touristes à la belle saison, la bourgade sombre dans un marasme froid et humide durant l'hiver. Située à une soixantaine de kilomètres seulement de la Corée du Nord, Sokcho porte en elle une histoire singulière où l'Histoire rattrape parfois le présent.

Là vit la narratrice, jeune femme métisse dont le père, français, a abandonné sa mère très vite. Elle travaille dans une pension piteuse où vient s'installer un dessinateur de bd normand, aux allures erratiques et décalées. Fascination pour ce Français, cette nationalité qu'elle porte pour moitié dans ses gènes, pour sa profession originale, pour la Normandie idéalisée par la jeune femme à travers ses lectures De Maupassant et les oeuvres picturales impressionnistes. Fascination pour sa conduite déroutante. Peu d'action mais un texte contemplatif et d'introspection.

Tout le roman tourne autour de ce quotidien hivernal, les précipitations tantôt fine brume, tantôt déluge ou bruine impalpable. Cette esthétique météorologique reflète l'ambiance floutée du récit. Elisa Shua Dusapin, franco-coréenne comme son héroïne, effleure les mots d'un doigté délicat. Elle tisse une arachnéenne dentelle autour de ses quelques personnages.

Bien que court et d'une structure éthérée, le roman possède une force indéniable. Voilà un premier roman qui annonce une auteure à suivre avec intérêt.
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