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EAN : 9782213677149
234 pages
Fayard (02/05/2013)
3.59/5   17 notes
Résumé :
Avant-propos

Première partie

Genres de vie

1 – À bicyclette
2 – Variations sur le mariage gay
3 – Dieu contre-attaque
4 – La justice sommaire du sexe
5 – Du pain et du football
6 – Les poussettes
7 – Éloge des drogues douces

Deuxième partie

Politique

1 – La privatisation de l’État
2 – Pourquoi tout le monde déteste la France
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Benoît Duteurtre - Polémiques - Fayard ( 17€ - 225 pages)

La couverture de Polémiques , signée Sempé , parle d'elle même. Ce 'non' brandi annonce le ton vindicatif de l'ouvrage. Benoît Duteurtre y brosse une portrait tour à tour au vitriol ou admiratif de ses contemporains, dévoile ses goûts artistiques, livre une litanie de réflexions sur la société et ce qui lui paraît scandaleux ( le tabou sur la mort assistée). Il brasse de multiples thématiques, depuis la politique, la vie au quotidien jusqu'à l'esthétique, rassemblant des bulletins d'humeur.

Benoît Duteurtre , romancier lui-même,aborde une réflexion sur le renouveau du roman français.
Il donne sa conception de « la bonne littérature » qui, pour lui, doit rimer avec humour « un excellent indicateur, presque indissociable de l'art romanesque ».Il met en lumière les « esprits drolatiques » qui savent poser « un regard décapant sur le monde. Il inventorie les ouvrages de quelques humoristes majeurs. Parmi eux:Philippe Jaenada, Martin Page, Igor Gran, Bernard
Quiriny et Olivier Maulin. Ne boudant pas le name dropping, il en mentionne une pléthore d'autres qui savent aussi manier l'humour,l'ironie avec brio,comme Serge Joncour, David Foenkinos, Jean-Claude Lalumière ou Marin de Viry. Où sont les femmes? « au royaume de la douleur, du cri ».
Il n'hésite pas à pratiquer le «  Angot bashing », qualifiant cette auteure de « championne de France de l'autofiction ».Il s'étonne de voir «  les experts en modernité » l'encenser, la critique littéraire accorder du crédit à son écriture. Quant à Michel Houellbecq,cet arpenteur du dernier rivage, il lui dresse un piédestal, balaie son oeuvre et montre comment il a imposé sa plume dans le paysage littéraire contemporain. N'ont-ils pas en commun cette clairvoyance acide sur le monde et notre finitude? Chez Benoît Duteurtre, on devine la hantise du vieillissement et cette façon d'anticiper sur l'évolution pressentie et redoutée qui est l'élégance du pessimisme.

Ceux qui aiment Monet auront plaisir à partager l'engouement de Benoît Duteurtre pour ce peintre dont il se sent proche pour diverses raisons qu'il analyse. Dans une envolée dithyrambique, il explique en quoi sa peinture a modifié sa vision des choses. La magie Monet opère.

Si certains dressent la liste de leurs envies, Benoît Duteurtre décline celles des choses qui l'agacent, l'insupportent, l'indignent, l'horripilent. Qui n'a pas pesté contre « la terreur des trottoirs » qu'est un cycliste pour le piéton? Et l'auteur de dénoncer l'absence de verbalisation. Ou contre « un char d'assaut » désignant ainsi la poussette que vous devez éviter, contourner.
Comment ne pas déplorer l'intoxication du lexique par l'anglais, la francophobie de certaines nations étrangères? Et l'auteur de retracer des pans d'histoire afin de disséquer les raisons de cette vague antifrançaise. Comment ne pas adhérer à cette revendication d' acheter français?
Comment ne pas être irrité quand les ondes n'ont rien d'autres à offrir que du sport? Cette uniformisation des contenus au détriment de la littérature, du cinéma, des arts laisse perplexe.
Benoît Duteurtre souligne également la disproportion budgétaire, le sport devenu un vrai business.

Certains passages apparaissent comme un droit de réponse à ceux qui l'ont éreinté, en ce qui concerne le mariage pour tous. L'auteur fait part de sa stupéfaction face aux conclusions hâtives et sectaires d'un jeune journaliste pour qui toute personne opposée au mariage gay est homophobe.
Il s'insurge contre cette tendance à « cultiver la part de l'enfance »,contre le culte de la famille cellulaire. Il n'hésite pas à afficher clairement ses opinions sur l'ère de l'enfant roi . En tant que musicologue émérite, Benoît Duteurtre ne pouvait pas faire l'impasse d'un chapitre sur la musique.

Il revient avec ironie sur la déroute face à un épisode neigeux d'une ampleur exceptionnelle, comparant aux hivers combien plus rigoureux que ses ancêtres ont connus. Non sans un brin de malice, il distille de précieux conseils en cas d'un éventuel futur blocus.

Par ce regard caustique, sans complaisance, que Benoît Duteurtre pose sur notre époque, la comédie humaine, l'auteur rejoint la confrérie des humoristes , de ceux défendent la langue et luttent contre l'invasion de l'anglais. Car trahir la langue n'est-ce pas trahir notre vraie patrie selon Barbara Cassin? Dans Polémiques, on retrouve également ses récurrentes bouffées de nostalgie. Ne cherchez pas ce pourfendeur invétéré dans les cafés. Il les fuit! Il s'interroge sur l'avenir, y voyant « le versant noir de la modernité », voué à l'obsolescence programmée de nos objets usuels.
Polémiques , avec ce ton grinçant du pamphlet, de la diatribe déjà remarqué dans les ouvrages précédents de Benoît Duteurtre, ne sera pas sans susciter les réactions des détracteurs. Mais en passéiste, il ralliera ceux qui militent comme lui pour sauvegarder la beauté, la poésie des paysages. Et de revendiquer « l'amour du passé » pour suppléer au manque de fantaisie du présent.
Ne passez pas à côté de cet essai audacieux, coup de poing, qui dézingue, étrille, éreinte,décapite, brocarde à tout va, mais aussi encense et valorise le beau, l'authentique.
On ne peut qu'apprécier cette approche.
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Polemos signifie guerre. Duteurtre s'en va-t-en guerre contre un certain nombre de phénomènes récents-d'aucuns diraient modernes- qui pourissent la vie des citoyens lambda que nous sommes tous. Ainsi le cycliste envahisseur de tout l'espace public, arrogant ou hargneux, il intimide et oblige à le fuir en lui laissant le passage. Pire il continue son chemin , masqué d'un sourire qui ravale votre protestation de survivant ,face à ses zizags erratiques, au rang d'une attaque incivique,rétrograde et hostile à la planète, contre le seul moyen de transport ou de déplacement qui va partout et n'importe comment, en toute impunité. Pan dans le mille.
Dans le collimateur du piéton militant qu'est Duteurtre, il y a encore les poussettes, qui semblent avoir aussi gagné cette bataille-là en devenant de plus en plus volumineuses et dotées d'accessoires tout terrain. Il faut dire que l'interdiction de fumer dans les lieux publics a beaucoup fait monter la densité de poussettes au mètre carré dans les bars cafés et autres restaurants, sans parler des concerts et vernissages. Les poussettes étant généralement dotées d'occupants égocentriques et brailleurs, le fond sonore de ces lieux de rencontres s'en trouve considérablement modifié.
Un sujet encore chaud est longuement traité: le mariage pour tous. Je n'en déflore pas les détails, pas plus que ne dévoilerai les aspérités du discours duteurtrien dans le concert d'opinions concernant l'énergie nucléaire.
J'avoue:sans être d'accord sur tout, je partage sa réactivité à tout ce qui , au nom du changement, ou du progrès, ou de la nécessaire harmonisation avec le reste du monde américanisé, vient restreindre l'autonomie de penser, ou interdire l'usage tempéré de la raison, ainsi que la possibilité de continuer à jouir d'un certain art de vivre. Et je n'aime pas les impostures ni les escroqueries, ni qu'on nous refile du vieux et du faisandé comme étant du nouveau et du flambant neuf. Alors polémiquons, sans trop en abuser. Réagir à ce qui sort de la radio chaque matin c'est "vitupérer l'époque" comme disait Aragon, ou faire des "considérations intempestives", comme disait Nietzsche.Ou polémiquer, comme dit Duteurtre.
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Partisans de la bien-pensance et du politiquement correct, passez votre chemin ! le nouvel ouvrage de Benoît Duteurtre, sobrement baptisé Polémiques, risque de vous prendre à rebrousse-poil... "Je sais que tout cela risque de m'attirer des ennuis", prévient d'ailleurs l'auteur dans l'avant-propos du livre, avant d'égrener, un à un, ses nouveaux ennemis intimes. Les cyclistes qui peuplent désormais les trottoirs de la capitale ? Des "chauffards à deux roues" qui vous bousculent au nom du "bien". Les poussettes ? Des "chars d'assaut" pour rois fainéants. le football ? Une "zone franche où tout est permis", y compris l'esprit cocardier et l'indécence salariale. Sans oublier son regard circonspect sur le mariage gay, ce cérémonial normatif qui consacre le "retour de la cellule familiale au centre de la société".
L'arrière-petit-fils de René Coty aurait-il succombé aux sirènes néoréacs et à l'illusion passéiste ? La conclusion serait hâtive, même si l'auteur se définit lui-même comme un "nostalgique de la modernité". Il n'est pas sûr en tout cas que ses critiques virulentes contre la résurgence du religieux, et son lot de "fariboles et calembredaines", ou son apologie des drogues douces et de l'euthanasie séduisent complètement les esprits conservateurs. Anarchiste favorable au rôle de l'Etat et au maintien des services publics, Européen effrayé par l'uniformisation du monde, l'auteur de Tout doit disparaître préfère jouer sa musique propre, celle d'un observateur méfiant devant cette religion du progrès qui éteint tout plaisir.
Car plus qu'à l'époque en elle-même, le romancier s'attaque en vérité aux dogmes qui désormais la gouvernent, ce catéchisme moral qui enseigne la dangerosité de l'atome et les bienfaits du tramway, la haine de la France et le triomphe des pneus neige. Derrière ces saillants, c'est toute l'évolution infantile de la société que l'écrivain dénonce, agacé qu'on célèbre les "papas" et les "mamans", gages de réconfort et de sécurité, plutôt que d'encourager à la responsabilité - le tout avec un humour et une clairvoyance que n'aurait pas reniés Philippe Muray. Avec Polémiques, Benoît Duteurtre signe un essai poil à gratter teinté d'hédonisme, un pamphlet savoureux qui rappelle à point nommé que l'homme "n'a pas besoin d'éoliennes, de barrières de sécurité, ni de poubelles de tri sélectif pour retrouver la beauté du monde".

Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Toujours enthousiasment et vain lorsque l'on est «réac» d'en lire un autre, prêchant inexorablement ses convaincus d'avance de lecteurs.
Mais si vous pensiez que Benoit Duteurtre était un réactionnaire lambda à la Philippe Murray, vous faite fausse route. Il montre quelques nuances l'éloignant de la doxa réactionnaire. Par exemple, sont soutien au mariage «gay» tout en restant sceptique face aux revendications. Aussi, il est partisan de la légalisation du cannabis, son côté libertaire sans doute, mais la liberté ayant des limites il s'oppose aux privatisations.
Duteurtre alimente les polémiques et il le fait bien, arguments à l'appuie par respect pour le lecteur qui est invité à allumer son cerveau.
Certaines polémiques sont un peu obsolètes, ce genre d'ouvrages se périmant forcément assez vite.
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Pas fini. Mauvaise foi. Poil à gratter sans doute, mais quel est l'intérêt ? Particulièrement énervée par son couplet sur les croyances qui seules justifieraient d'être contre le nucléaire. J'ai eu envie de répondre à Duteurtre là-dessus, juste pour connaître ses motivations. Mais je crois que j'ai mieux à faire. C'est déjà assez difficile d'écrire comme ça, sans ajouter le conflit.
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critiques presse (2)
Lexpress
04 juillet 2013
Polémiques, un pamphlet drôle et bien vu par Benoît Duteurtre sur la modernité, la sociale-démocratie et les poussettes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
21 mai 2013
Les cyclistes l'agacent, les poussettes aussi, Benoît Duteurtre s'amuse à observer la société et propose une série de textes politiquement incorrects. Il ose parfois dire tout haut ce que certains pensent tout bas. Un livre léger à mettre entre toutes les mains.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je prie à ma façon en écoutant Duke Ellington ou en marchant dans la forêt ; mais je n'oublie pas que Nietzsche nous a annoncé la mort de Dieu et je pense qu'il s'agissait d'une bonne nouvelle, invitant nos esprits à ne plus confondre la réalité avec des croyances devenues sans objet. Contre la légende et les racontars, nous avons gagné la liberté de l'esprit ; ce qui ne nous empêche pas de nous interroger sur nous-mêmes, sur l'infini des choses, sur le sens de la beauté, et sur notre héritage de mystères.On peut même le faire dans la nef des églises qui rappelle l'immense perspective du temps. Pour le reste, je ne parviens pas à prendre la religion au sérieux, sauf pour m'inquiéter des méfaits qu'elle inflige encore, dans ses habits de lumière barbares, à toute une partie de l'humanité.
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Toute l'époque tient dans cette contradiction : d'un côté, une prétention à l'anticonformisme - parce que ce n'est pas bien d'être conservateur ; de l'autre côté, la revendication d'une institution ringarde, comme le mariage - parce que ce n'est pas bien 'être privé de certains droits. Et, pour finir, cette apologie de la famille, célébrée avec une énergie qu'on n'avait pas connue depuis le maréchal Pétain.
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Vidéo de Benoît Duteurtre
Benoît Duteurtre - Livre pour adultes .Benoît Duteurtre vous présente son ouvrage "Livre pour adultes". Parution le 18 août 2016 aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/benoit-duteurtre-livre-pour-adultes-9782072548093.html Notes de Musique : When You Leave by Sergey Cheremisinov. Free Musique Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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